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  • jeudi, avril 16, 2020

    BARRY LYNDON (STANLEY KUBRICK)

    Oui, j'avais bien prévu de  parler un jour ou l'autre de ce film, daté de 1975, et qui comme presque tous les Opus de Stanley Kubrick reste absolument unique, d'une nouvelle forme, et expérimental sous un tas d'aspects, dont le premier reste bien sûr la lumière :
    Tourné bien après 2001, A Space Odyssey (1968), et 5 ans avant le fascinant Shining, Barry Lyndon nous raconte l'histoire emprunté au XVIIIème siècle à William Makepeace Thackeray, parfois d'une manière détournée par un narrateur extérieur, et qui se résume à la vision de sa vie sous ses deux phases principales... Ce que je vais bien sûr conserver ici, en plaçant son existence sous cette double filiation, dont vous connaissez très certainement le point final !
    1) "Comment Redmond Barry a acquis la manière et le titre de Barry Lyndon", tel est le point de départ de cette intrigue, qui cite la façon dont le personnage principal va finalement parvenir au but souhaité, malgré pas mal de conflits potentiels... Cela commence évidemment avec le personnage principal, Redmond Barry (joué par Ryan O'Neil), qui en jeune irlandais qu'il est, tombe amoureux sans plus tarder de sa cousine Nora Brady (Gay Hamilton) :
    Elle était au début plutôt contente de la chose, mais va très vite changer de point de vue à l'occasion de la drague du capitaine John Quinn (Leonard Rossiter), qui non seulement est anglais, mais en outre plutôt riche... Ceci va donner lieu à une immense jalousie de la part de Redmond Barry, qui provoquera John Quinn en duel (on remarque d'ailleurs l'un des premiers emplois de l'ancienne peinture anglaise par Stanley Kubrick) :
    Croyant l'avoir tué, mais ne pouvant rester inutilement à Dublin, Redmond Barry se voit à son tour obligé par les frères de Nora de partir, ce que contraint et forcé il finit par faire - convaincu du meurtre de John Quinn :
    C'est en fait le véritable démarrage du film, lorsque Redmond Barry se retrouve privé de tous ceux dont il a l'habitude, sa cousine Nora, sa mère fidèle Belle, se perd un petit peu dans l'Irlande, et finit par tomber face au très guerrier capitaine Feeny (Arthur O'Sullivan), ce à quoi il ne s'attendait absolument pas :
    Le capitaine Feeny et son fils lui prennent tout, qu'il s'agisse du cheval, de son équipement, ou de son argent... Il va ainsi continuer à pied, ayant la grande chance de profiter encore de ses bottes, qui normalement sont volées avec le reste :
    Résultat : n'ayant rien sur lui, il va se résoudre à s'engager dans l'armée britannique comme simple soldat :
    Ce qui lui semble, inutile de la dire, tout à fait exagéré, vu ce que mangent les soldats et comment ils dorment :
    Fort heureusement, il va se trouver rejoint par un ami de sa famille, le capitaine Grogan (Godfrey Quigley), qui l'informe que non seulement il n'a pas tué John Quinn, comme il le croyait, mais que celui-ci s'est bien marié avec sa cousine Nora :
    Le capitaine Grogan a reçu de la famille de Nora une assez grosse somme, en échange de son silence... Mais il refuse finalement de s'en tenir là, et sur le point de mourir sous le bombardement des français, dit finalement tout à Redmond Barry, et lui lègue tout ce qu'il lui reste comme argent :
    C'était le seule occasion qu'il attendait pour déserter, et même, allant cette fois-ci plus loin, à s'emparer du cheval, de l'uniforme et des papiers d'identité d'un couple d'officiers homosexuels en train de se baigner...
    Bien lui en prit, car il se retrouva pour une fois en présence d'une fort jolie jeune fille allemande, qui l'invita à manger, lui parla de son mari parti à la guerre, et finalement l'hébergea pour de long mois (à noter que c'est l'un des premiers usages de la lumière pure, dont je vous reparlerai plus tard) :
    A la suite de tout cela, il décide de se rendre en Hollande, le seul pays à être en paix durant cette guerre de sept ans, et se trouve assez vite intercepté par le capitaine Potzdorf (Hardy Krüger), qui malgré son uniforme et ses papiers volés, finit assez vite par le faire arrêter comme il se doit... Résultat, Redmond se trouve obligé d'intégrer cette fois l'armée prussienne, encore bien pire à ses yeux que la précédente britannique :
    Par une sorte de miracle, le capitaine Potzdorf se trouve néanmoins sauvé in extremis par Redmond Barry au cours de la bataille de Warburg... De sorte qu'une fois la guerre terminée en 1763, Potzdorf le présente personnellement à son oncle, ministre de la police :
    Celui-ci lui confie alors une mission qui peut paraitre un peu délicate, surveiller en entrant à son service le chevalier de Balibari (Patrick Magee), que les autorités soupçonne non seulement d'être un libertin et un grand joueur, mais surtout d'être un espion irlandais...
    Hélas, c'est sans savoir que Redmond Barry est lui aussi irlandais, avec pour résultat une confiance innée entre tous les deux, et très vite, des propos au ministre de la police qui, sous une apparence convenable, sont en réalité très peu intéressants :
    Très vite, il se lie avec le chevalier de Balibari, dont il apprend les différents trucages aux cartes et la façon de les faire passer discrètement, et ils deviennent un couple assez difficile à battre...
    Peut-être est-ce le moment du film où l'on voit le mieux cet éclairage absolument impeccable, qui est utilisé comme seule source de lumière pour tout le film - ce qui était aux limites de l'impossible en 1975 ! Mais Kubrick, c'est Kubrick (comme chacun sait), et après avoir lu une longue documentation à ce sujet, il utilisera un objectif Zeiss de 50 mm et d'ouverture f/0,7, initialement conçu pour la NASA :
    Pour tout dire, ces moments passés autour de la table de jeu s'avèrent absolument fascinants, et si l'on ignorait les trucages dont l'un et l'autre se servent sans scrupule, l'on n'hésiterait pas à y participer :
    Mais ils commencent un petit peu trop à devenir vaguement connus... Et c'est à priori la bonne occasion pour le ministère de la police d''expulser Balibari de Prusse, ne sachant pas que sur ce coup-là, les deux vont volontairement s'embarquer ensemble, Redmond Barry en profitant pour partir avec lui sans papiers ni passeport :
    C'est le moment où il se rend compte qu'il est du même coup lié à une errance perpétuelle avec Balibari, toujours pauvre, malgré des apparences grandioses, et dès lors, il se sépare de ce dernier, et se lance à la recherche d'une femme possédant titre et fortune, afin de l'épouser au plus vite...
    Il tombe rapidement sur la très belle comtesse de Lyndon (Marisa Berenson), une britannique très riche, qui en outre se trouve à l'occasion à ses tables de jeu :
    Voici le passage le plus sublime du film, lié à trois phénomènes : 1) L'absence totale de parole 2) Son éclairage merveilleux, qui va du bleu extérieur à l'orange intérieur avec une délicatesse extrême 3) La propre beauté de la comtesse de Lyndon, alliée à celle de Redmond Barry - autrement dit, Marisa Berenson et Ryan O'Neil :
    Et bien sûr, j'ai volontairement oublié le quatrième élément, l'andante du célèbre trio de Schubert (violon, violoncelle et piano), non seulement parce qu'on n'entend que lui, mais surtout parce que son propre thème est à l'image de la vie de Redmond Barry, comme l'a fort bien démontré Stanley Kubrick... Ecoutez-le, je vous en supplie, c'est un passage absolument merveilleux, qui dure seulement 4 minutes, et où vous découvrirez à la fois cette musique impeccable et sa façon de la filmer, hallucinante :
    Son précédent mari, le très honorable Sir Charles Reginald Lyndon (Frank Middlemass), finit par mourir d'une crise d'asthme, bien qu'ayant de très forts soupçons sur l'intention réelle de Redmond Barry... Et celui-ci va finir par la réaliser à peine un an plus tard, en épousant aux yeux de tous la comtesse de Lyndon, à qui il va assez vite donner un enfant : 
    2) "Relation des malheurs et désastres qui menèrent Barry Lyndon à sa chute", nous en sommes donc à la seconde phase du film, et comme l'a fait Stanley Kubrick dans la toute première, il n'y a pour ainsi dire aucun suspense digne de ce nom, alors que la réalisation en est tout simplement impeccable... Présentons d'abord la toute récente famille, tout d'abord avec sa nouvelle femme, la comtesse Lyndon (Marisa Berenson), et son "vrai" fils, Bryan Patrick Lyndon (David Morley) :
    Ensuite, beaucoup plus gênant, le beau-fils lord Bullingdon (Dominic Savage), c'est à dire le fils de Sir Charles Lyndon, qui est ici à gauche de la comtesse :
    Bien que cette cohabitation semble un petit peu pénible, Barry Lyndon - autrefois Redmond Barry - se débrouille comme il peut, organisant de temps en temps des fêtes somptueuses, où tous les amis sont bien sûr invités :
    De même pour sa propre mère, Belle Barry (Marie Kean), qui est venu habiter avec eux il y a déjà quelques années, et se rend compte que Barry Lyndon serait dans une réelle fragilité de sa position sociale, si jamais sa nouvelle comtesse de Lyndon venait à mourir, laissant ainsi tout son argent à celui qui est tout sauf son fils, lord Bullingdon :
    Ainsi Barry Lyndon cherche-t-il à se rendre de plus en plus convaincant vis à vis de ses prétendus amis, et malgré tout l'argent que cela lui coûte, il semble prêt à n'importe quoi pour acquérir un titre nobiliaire - même à se réconcilier avec la fragile comtesse de Lyndon, qu'il a délaissé depuis plusieurs années au profit de différentes maîtresses, et en dépensant sans compter :
    Malheureusement, tous ses efforts semblent sans effet, sauf sa dégradation, de pire en pire, aux yeux du vrai fils de cette maison, lord Bullingdon... Le jour de l'anniversaire de sa mère, la comtesse de Lyndon, on pourrait croire à une nuit magique, avec la comtesse au clavecin et son vrai fils Bryan Patrick au violoncelle, mais cela dégénère très vite à la suite de l'entrée de lord Bullingdon, tellement catastrophique que cela lui vaut des violences en public de Barry Lyndon :
    Résultat immédiat : lord Bullingdon quitte définitivement le château, et la course de Barry Lyndon après son titre, ou à la reconquête de ses anciens amis, s'avère totalement inutile... Et comme l'on a jamais la main sur quoi que ce soit, Barry Lyndon, très bienveillant envers son vrai fils Brian Patrick, lui offre pour son anniversaire de neuf ans un cheval très imposant, qui va hélas se lancer pour de bon, le condamnant pour ainsi dire à une mort certaine, après quelques jours dans un lit :
    Ayant vu son grand fils partir à l'étranger, et le plus jeune décéder, autant dire qu'il n'y a plus grand chose qui tienne encore la comtesse de Lyndon en vie, qui va d'ailleurs tenter de suicider - heureusement, sans en atteindre le but :
    Quant à Barry Lyndon, fou de douleur et se sentant vivement responsable de tout ce qui vient d'arriver, il sombre de plus en plus dans l'alcoolisme - ce qui a valu encore une fois à Stanley Kubrick de réaliser ce plan sublime, qui est directement inspiré d'une toile anglaise de William Hogarth (1697-1764) :
    Plus rien n'empêche donc lord Bullingdon (cette fois, interprété par Leon Vitali) de se résoudre à ce qu'il a envie de faire depuis très longtemps, défier Barry Lyndon à un duel - ce que celui-ci ne pourra s'empêcher d'accepter, d'autant que ceci nous rapproche du tout début du film :
    Dans la grange mythique où le duel a lieu, Bullingdon gagne par tirage au sort le droit de tirer en premier ! Mais hélas, son arme se déclenche très mal, et cela laisse le tour à Barry Lyndon, qui par  pure honnêteté, tire par terre, dans l'espoir que tout cela pourra se finir à peu près bien... Mais c'est hélas sans compter avec le caractère de lord Bullingdon, qui s'accorde le second tir avec succès, blessant irrémédiablement Barry Lyndon à la jambe, qui devra être amputée :
    Durant toute cette convalescence, lord Bullingdon prend le contrôle total des affaires de la comtesse, et il finit par proposer à Barry Lyndon son seul arrangement possible : lui verser à vie 500 guinées par an, à condition que celui-ci quitte définitivement l'Angleterre, et mette fin au mariage avec la comtesse de Lyndon...
    En deuil de tous les côtés, Barry Lyndon ne peut qu'accepter, basant sa vie restante en Irlande avec sa mère, puis sur de petites tournées en Europe, où hélas il ne pourra jamais connaître la fulgurante carrière qu'il a parcouru avec Balibari... Et je vous laisse découvrir la scène finale, en 1789, où la comtesse de Lyndon signe d'un air nostalgique le chèque de celui qui se nomme à nouveau Redmond Barry - et ceci se fait de nouveau sans le moindre dialogue, toujours accompagné par le trio de Schubert, cette fois-ci joué légèrement moins vite, et allant tout droit sur sa conclusion sinistre :
    3) "Ce fut sous le règne du roi Georges III que ces personnages vécurent et se querellèrent ; bons ou mauvais, beaux ou laids, riches ou pauvres, ils sont tous égaux maintenant" : telle est l'ultime phrase que Stanley Kubrick se permet de livrer, mettant ainsi fin à ce film plutôt long de 2h57', mais absolument filmé d'un bout à l'autre d'une façon remarquable, avec une lumière, une musique, et des acteurs impeccables...
    Le film a été assez mal compris lors de sa sortie en 1975, principalement dans les pays anglo-saxons, mais il a été très bien reçu en Allemagne, en Espagne, en France et en Italie, ce qui explique qu'il put remporter, après différents Oscars, la BAFTA en 1976, dû au meilleur photographe et au meilleur réalisateur :
    Je m'arrête là, car je pourrais encore en parler des heures, et ceci est bien moins bon que de voir réellement le film...
    Autres biopics (avec entre parenthèses la date du film, et le nom de la personne traitée) : Patton (1970, George Patton), Raging Bull (1980, Jake LaMotta), Elephant Man (1980, John Merrick), Bird (1988, Charlie Parker), Ed Wood (1994, Ed Wood), Braveheart (1995, William Wallace), A Straight Story (1999, Alvin Straight), The Insider (1999, Jeffrey Wigand), Ali (2002, Cassius Clay), Frida (2002, Frida Kahlo), Girl with a Pearl Earring (2003, Johannes Vermeer), Marie-Antoinette (2006, Marie-Antoinette), The Last King of Scotland (2006, Idi Amin Dada), La Môme (2007, Edith Piaf), Into the Wild (2007, Christopher McCandless), Silence (2017, jésuites portugais)

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    mardi, avril 14, 2020

    FRIDA (JULIE TAYMOR)

    Histoire de se détendre un peu après ces deux films parlant de la seconde guerre mondiale (Lettres d'Iwo Jima et Mémoires de nos Pères), il est temps de se consacrer à une cinéaste qui a réalisé en 2002 son chef-d'œuvre en prenant comme personnage principale une peintre mexicaine assez célèbre, Frida Kahlo (1907-1954) :
    Julie Taymor a d'ailleurs connu grâce à ce film une certaine célébrité, que méritent très peu de films ayant des sujets similaires… Je veux entre autres parler de Van Gogh (Pialat), ou de William Turner (Leigh), très rares artistes à donner l'occasion à des cinématographes de leur rendre hommage (et là, je ne parle même pas des musiciens classiques, situation quasiment désespérée, exception faite du fabuleux Amadeus de Milos Forman) !
    Comment débuter cet Opus ? Et bien,  tout simplement, par la fin de cette peintre, qui fut assez mouvementée, pour le moins que l'on puisse dire :
    Mais cela dure juste le temps qu'il faut… Pour se retrouver confronté avec son histoire vue en détails, tout d'abord avec son enfance assez heureuse à Mexico :
    Puis avec le terrible accident de bus et de tramway, subi à l'âge de 18 ans, et qui fit d'elle l'une des rares rescapées de ce drame :
    C'est peut-être l'occasion de constater que, de temps à autre, Julie Taymor réagit avec pas mal de sincérité dans ses images de synthèse rajoutées :
    Et une grande beauté dans la description de la réalité telle qu'elle fût en réalité :
    Toujours est-il que l'on se retrouve alors confronté à la même question que se posait Frida Kahlo : comment occuper tout ce temps contrainte au lit, si ce n'est par de la peinture ?
    Trois ans plus tard, finalement debout, elle rencontre enfin un peintre qu'elle admire beaucoup depuis longtemps, Diego Rivera (joué ici par Alfred Molina) :
    Et lui-même se voit impressionné, non seulement par le talent et toute l'énergie qui se dégage de cette jeune fille :
    Mais aussi par tout autre chose, malgré une vingtaine d'années d'écart, et de fait, c'est bien compréhensible, vu la grande beauté et le style puissant de l'actrice fondamentale de ce film, Salma Hayek :
    Comme on ne le sait peut-être pas, Frida Kahlo reste assez hantée, depuis son trop long séjour dans l'hôpital, par des autoportraits assez étranges :
     
    Mais ceci ne l'empêchera pas d'épouser Diego Rivera en 1929, à peine quatre ans après son accident :
    Et cela n'empêchera pas non plus la réalisatrice de jouer avec ses multiples images, dues comme ci-dessus, à Frida Kahlo, ou comme ci-dessous, à Alfred Molina et Salma Hayek :
    Moralité : tout peut se révéler tout à la fois très positif comme très négatif, dans l'alliance entre deux peintres proches l'un de l'autre, mais aussi séparés par l'âge, la conception de la vie, et les différences assez nettes dans leur vision du couple… C'est ce qui va se manifester très peu de temps après dans le dégoût de Frida pour l'Amérique, grande responsable de l'emploi de Diego Rivera à San Francisco :
    Ceci est très bien rendu par Julie Taymor, qui utilise presque du noir et blanc… Et ne se prive pas de mentionner, assez rapidement, la bisexualité de Frida, qui était en quelque sorte sa seule possibilité d'échapper aux très nombreuses tromperies de son mari :
    Malgré tout, ils s'aimaient quand même énormément… C'est entre autres pour cette raison que Diego Rivera accepta de quitter les Etats-Unis, et s'installa à San Ãngel dans une maison fort étrange, conçue par un autre peintre, Juan O'Morgan (et utilisée vraiment dans le film) :
    "Car on est deux personnes différentes, mais l'amour nous réunit"... C'est, en quelque sorte, le résumé de la situation vécue par Frida, qui suite à son séjour aux Etats-Unis et à deux fausses couches, se remet tout doucement à peindre, enfin rentrée chez elle :
    C'est alors avec un tout autre problème qu'elle va se trouver confrontée, autour de 1937... L'accueil de Léon Troski et de sa femme Natalia, qui à force d'être condamnés à l'exil, finissent par se retrouver à Mexico :
    Tel est le début d'un incroyable casse-tête… Où l'on retrouve d'un côté Diego Rivera coucher avec la propre sœur de Frida, Cristina, et de l'autre, la principale concernée sortir depuis un certain temps avec Léon Trotski :
    Comme on le dit souvent, c'était relativement insoluble, comme problème :
    A moins, bien sûr, de se résoudre aux extrêmes en 1938, soit à peine dix ans après le mariage :
    Bonne raison de donner enfin sa liberté à Frida Kahlo, qui se rend toute seule à Paris en 1939 pour participer à une exposition de toiles mexicaines… Mais c'était une totale surprise, comme elle l'écrit elle-même : "Ils ont tellement de foutus intellectuels pourris que je ne peux plus les supporter. J'aimerais mieux m'asseoir par terre dans le marché de Toluca pour vendre des tortillas que d'avoir quoi que ce soit à voir avec ces connards artistiques de Paris" :
    Voilà, c'est dit (merci de la part d'André Breton, qui était le principal responsable de cette venue dans la capitale)… En 1940, elle se rend de nouveau à San Francisco pour tenter de se soigner le dos, et d'une nouvelle mycose à la main droite :
    Et là, à peine deux années après leur divorce, grande surprise de la part de Diego Rivera :
    Alors elle accepte… Mais son état de santé se dégrade de jour en jour, et des douleurs au pied droit et au dos l'empêchent tout bonnement de marcher, voire même entraînant en 1940 six opérations, dont la dernière est particulièrement grave :
    Il n'empêche… En 1953, juste avant son opération définitive de la jambe droite suite à une gangrène, Frida Kahlo trouve le moyen de contourner l'interdiction absolue de son médecin de se lever, et de participer à sa première exposition au Mexique :
    Elle en paraît relativement heureuse, mais il y a bien des façons de masquer la réalité… C'est elle-même qui le dit : "J'ai toujours envie de me suicider. Seul Diego m'en empêche, car je m'imagine que je pourrais lui manquer. Mais jamais de toute ma vie je n'ai souffert davantage"... Ceci est parfaitement résumé par Julie Taymor, qui en tant que dernières images la montre regardant ses œuvres  d'un air désabusé :
    Traçant ainsi ses derniers mots :
    Et évoluant vers sa mort en juillet 1954, tout juste à quarante-sept ans, en précisant bien qu'après avoir passé autant de temps couchée ou à l'hôpital, elle souhaitait être incinérée :
    Voilà, avec une quarantaine de photographies, le principal de sa vie, fort bien résumée par Julie Taymor, qui a véritablement réalisé un très bon film, avec un budget raisonnable de 12 millions de dollars… Je parle non seulement de la grande qualité de chaque image, relativement exceptionnelle, mais aussi des deux acteurs principaux, Salma Hayek et Alfred Molina (Frida et Diego), et aussi - une fois n'est pas coutume - de la musique exceptionnelle de Elliot Goldenthal, qui surpassait ici ses compétences déjà bien audibles dans le trop génial Heat, ou encore Final Fantasy
    Vous allez, bien sûr, me poser la question : est-ce que ça valait vraiment le coup de tourner un film entier sur Frida Kahlo ? J'éviterai d'y répondre, bien sûr… Mais hormis quelques œuvres consacrées soit à Van Gogh, soit à Rembrandt, soit à Turner, il nous manque toujours des films axés autour de Leonardo da Vinci, ou de Salvador Dali, pour le plus moderne… Et fort heureusement, je ne parle pas de musique, où à part le fameux film de Milos Forman consacré à Mozart, il nous en reste un grand nombre à tourner, au hasard sur Bach, Brahms, ou encore Schönberg !
    Autres biopics (avec entre parenthèses la date du film, et le nom de la personne traitée) : Patton (1970, George Patton), Barry Lyndon (1975, Barry Lyndon), Raging Bull (1980, Jake LaMotta), Elephant Man (1980, John Merrick), Bird (1988, Charlie Parker), Ed Wood (1994, Ed Wood), Braveheart (1995, William Wallace), A Straight Story (1999, Alvin Straight), The Insider (1999, Jeffrey Wigand), Ali (2002, Cassius Clay), Girl with a Pearl Earring (2003, Johannes Vermeer), Marie-Antoinette (2006, Marie-Antoinette), The Last King of Scotland (2006, Idi Amin Dada), La Môme (2007, Edith Piaf), Into the Wild (2007, Christopher McCandless), Silence (2017, jésuites portugais)

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