Qui ne connaît pas John Woo ? Personne, j'en suis presque sûr... Bien que ce réalisateur soit chinois (en plus, né un premier mai !), il a tourné entre 1993 et 2003 six films aux Etats-Unis, dont les deux plus célèbres restent évidemment Volte-face (1997) et Mission impossible 2 (2000). Le dernier qu'il a créé en 2003, Paycheck, marcha un petit peu moins bien au cinéma, même aux yeux de John Woo lui-même.
Mais malgré le fait qu'il soit considéré plutôt négativement par 50% des gens, il faut noter que sa distribution est particulièrement excellente (Ben Affleck et Uma Thurman), qu'il apparaît très bien tourné, avec de nombreuses scènes impressionnantes, et surtout qu'il provient au départ d'un texte de Philip K. Dick - un écrivain qui a livré tous les scripts de Blade Runner, Total Recall, The Truman Show, Minority Report, etc...
En tous cas, le thème du film est assez proche de Total Recall (1990, Paul Verhoeven), au sens où il envisage la double vie d'un homme, payé par un autre pour travailler anonymement pendant deux ou trois ans, pour ensuite retrouver tranquillement sa vie normale d'ingénieur. Au début, tout a l'air de bien se passer, avec le projet futuriste de l'ordinateur (Krista Allen) :
Il en va de même avec Rita Dunne (Kathryn Morris), l'une des associées du grand patron de la boîte, qui explique brièvement à l'homme concerné, Michael Jennings (Ben Affleck) ce dont il s'agit, juste avant de le placer dans l'appareil en question :
Plus sérieusement, nous rencontrons enfin le véritable patron, James Rethrick (Aaron Eckhart), qui au départ semble tout à fait honnête avec la proposition qu'il fait à Michael Jennings, celle de travailler pour lui trois ans en échange d'une somme considérable :
Naturellement, celui-ci accepte, en outre très impressionné au passage par le Dr Rachel Porter (Uma Thurman, déjà fort connue grâce à Pulp Fiction et à Kill Bill, tous les deux de Quentin Tarantino) :
Et c'est donc sans aucun complexe qu'il examine le plan livré secrètement par James Rethrick :
Tout se passe donc très bien... Jusqu'au jour de sa sortie, trois ans plus tard, où il est scandalisé par le retrait qui lui est imposé par la banque - et qui, apparemment, vient de sa propre volonté :
C'est véritablement ici que démarre le film, tout d'abord avec les agents du FBI, qui heureusement attrapent Michael Jennings avant les hommes de James Rethrick :
Avec à leur tête l'agent Dodge (Joe Morton), qui malheureusement se rappelle un peu trop tard de l'interdiction de fumer dans la pièce en question - ce qui va bien aider Michael Jennings à s'enfuir :
Il part donc le plus vite possible vers les bus du coin, avec succès :
Puis il revient pour la seconde fois revoir sa banquière, qui malheureusement n'a pas grand chose de neuf à lui apprendre :
Nous autre spectateurs savons par contre désormais beaucoup mieux à quoi James Rethrick s'attendait, et qu'il est furieux de ne pas voir s'accomplir :
Là nous est donnée l'une des clefs les plus importantes du film : cette dizaine d'objets a priori énigmatiques, mais qui s'avèrent en réalité fort utiles - comme Michael Jennings le sait déjà grâce au ticket de bus :
Et il ne va pas tarder à découvrir l'importance de ces choses étranges, en constatant qu'il avait bien prévu les résultats du loto - ceci en compagnie de l'un de ses rares amis, Shorty (Paul Giamatti) :
Hélas, Michael Jennings est de nouveau repéré par l'un des hommes les plus puissants de son patron, John Wolfe (Colm Feore) - qu'il parvient miraculeusement à fuir au dernier moment :
Sans compter que durant ce temps, le grand chef James Rethrick soupçonne de plus en plus le Dr Rachel Porter d'être au courant de pas mal de choses :
Il appelle aussitôt John Wolfe, et le charge d'enquêter dans l'appartement privé du Dr Rachel Porter - où il découvre rapidement un rendez-vous soi-disant secret entre tous les deux :
Du coup, il décide d'envoyer à sa place Maya (Ivana Milicevic) - vaguement ressemblante, une fois remaquillée, et surtout compte tenu du fait que Michael Jennings n'est censé se souvenir de rien... C'est là l'occasion pour John Woo de filmer en triple plan, ce qui est plutôt rare dans le métier :
Fort heureusement, la vraie Dr Rachel Porter arrive juste à temps, balance un puissant coup de pied à Maya, et propose à Michael Jennings sa propre solution :
C'est de loin l'une des séquences les plus spectaculaire du film, celle où ils échappent à tout le monde à bord d'une simple moto - et je vous conseille vivement de la voir dans son ensemble :
En outre, ils parviennent du même coup à se rendre dans l'endroit soi-disant secret de James Rethrick, où se découvre soudainement l'avenir terrible réservé à cette planète - dont seul le grand chef pourra vendre la défense à un coup excessif :
Du coup, Michael Jennings se souvient de quelque chose qu'il a mis en place sur l'ordinateur durant ces trois années, et qui est censé les protéger :
Sans parler d'une bombe potentielle, qu'il se dépêche de connecter à son tour :
Aussitôt, c'est donc l'affrontement entre les deux groupes qui prend le dessus, chacun ayant une vision bien différente de la chose :
C'est malheureusement aussi le moment où le film tourne un peu en rond, revenant sans arrêt sur l'affrontement entre James Rethrick et Michael Jennings :
Pour les vrais amateurs, on a pu aussi trouver les mêmes inconséquences dans Blade Runner ou dans Total Recall, dans lesquels la fin apparaît beaucoup plus incohérente que dans le livre... Mais bon, l'essentiel se produit quand même, et James Rethrick finit par mourir - laissant au Dr Rachel Porter la possibilité de réaliser sa seconde chance :
Ensuite, tout dépend de votre propre passion pour le carnage : êtes-vous prêts à voir - et revoir - le corps mutilé de James Rethrick, ou les être encore vivants dans cet endroit ?
En tous cas, nous nous retrouvons dans une pièce bien plus sereine quelques mois plus tard - où Michael Jennings semble ne se passionner que pour le Dr Rachel Porter... Mais il se trouve néanmoins très intrigué par une phrase qu'il a découverte dans son propre envoi : "Celui qui lorgne un chemin interdit passe à côté de trésors enfouis" :
Et aussitôt, il découvre qu'il s'agit tout simplement de la cage aux oiseaux, où il aurait durant ces trois longues années conservé l'unique ticket gagnant du loto :
Comme quoi, il y a une très bonne fin dans ce film, que je vous invite à découvrir ici - en sachant bien sûr que John Woo joue de son ironie avec la volonté de partage de Shorty, le seul ami qui leur reste :
C'est un autre point commun avec Blade Runner et Total Recall, dans lesquels finalement la conclusion est bien plus positive que dans les livres originaux, dus à Philip K. Dick.
Comme semble le regretter John Woo : "J'avais l'intention d'en faire un film à la Alfred Hitchcock, quelque chose de plus centré sur le suspense et les sensations fortes que sur les armes à feu et les fusillades, mais malheureusement le scénario n'a pas été écrit de cette façon". Ceci le rendit au moins capable de récolter le double du budget engagé, et de plaire à 50% des gens qui l'ont vu - dont je fais bien sûr partie.
Si vous êtes du même avis que moi sur ce que j'estime être un film très réussi, n'hésitez pas une seconde : laissez-moi un commentaire, et j'y répondrai quoi qu'il en soit !
En 2022, j'avais lu plusieurs livres de Philip K. Dick et vu dans la foulée les films qui en ont été tirés... dont celui-ci (non chroniqué). Je pense que ça se laisse regarder, mais dire que je me rappelle tout serait mentir! Soit j'ai moins de mémoire qu'autrefois, soit je n'ai pas encore tout appris par coeur faute d'avoir relu et revu... (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Non, c'est très bien, je crois, que tu ne te rappelles pas l'intégralité... Je pense même que c'est à la fois la pure volonté de Philip K. Dick et de John Woo d'en arriver à ce point, qui feront que l'on pourra voir le film plusieurs fois sans le moindre problème ! Enfin, tout au moins, c'est ce que j'en pense - moi qui l'aime beaucoup...
2 Comments:
En 2022, j'avais lu plusieurs livres de Philip K. Dick et vu dans la foulée les films qui en ont été tirés... dont celui-ci (non chroniqué).
Je pense que ça se laisse regarder, mais dire que je me rappelle tout serait mentir!
Soit j'ai moins de mémoire qu'autrefois, soit je n'ai pas encore tout appris par coeur faute d'avoir relu et revu...
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Non, c'est très bien, je crois, que tu ne te rappelles pas l'intégralité... Je pense même que c'est à la fois la pure volonté de Philip K. Dick et de John Woo d'en arriver à ce point, qui feront que l'on pourra voir le film plusieurs fois sans le moindre problème ! Enfin, tout au moins, c'est ce que j'en pense - moi qui l'aime beaucoup...
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