Comment vous parler de ce chef-d'œuvre, sorti en 2001 (avec le titre français Les Autres) ? Certes, on pourrait le placer dans la liste - assez courte - des films d'horreur, qui comprend notamment Freddy's Dead (1991), The Ring (2002) et The Grudge (2004). Mais c'est oublier un peu vite le twist final qui en fait tout l'intérêt, et le place plutôt dans la catégorie des films de suspense inattendu - ce qui est la grande spécialité de Alejandro Amenabar, comme il l'a déjà prouvé dans Tesis (1996) et dans Ouvre les yeux (1997) - repris par Cameron Crowe sous le titre Vanilla Sky (2001).
Cela débute en 1945 dans une belle maison de l'île de Jersey, mais c'est sous une brume inquiétante qui ne devra jamais disparaître - sauf, évidemment, à la toute fin du film :
Cette villa appartient à Grace Stewart - qui fut magistralement interprétée par Nicole Kidman, laquelle remporta à cette occasion de nombreuses fois le prix de meilleure actrice :
Mais elle doit lutter contre la défection de tous ses employés précédents, et se trouve dès lors bien contente de l'arrivée surprise de Bertha Mills (Fionnula Flanagan) et de la petite fille muette Lydia (Elaine Cassidy) :
Plus d'un troisième, le jardinier Edmund Tuttle (Eric Sikes)... Auxquels elle enseigne très vite les règles importantes pour vivre convenablement dans cette maison, notamment celle concernant les clés destinées à ouvrir et à fermer les portes fondamentales :
Elle leur présente pour finir ses deux enfants, Nicholas (James Bentley) et Anne Stewart (Alakina Mann), souffrant d'une rare maladie - Protoporphyrie - qui les rend très sensibles à la lumière du jour, et a obligé leur mère à parer de puissants rideaux chacune des nombreuses pièces :
Il se passe un petit moment, lorsqu'Anne se met à discuter avec quelqu'un - un nommé Victor, d'après elle... Mais cela embarrasse beaucoup Grace Stewart, qui décide de la punir assez méchamment, avant de se rendre compte, finalement, qu'il y a peut-être quelque chose d'insoupçonné dans la maison :
Nous avons du coup la réaction de la fille, qui se met à dessiner les êtres qu'elle a vu depuis plusieurs jours... Et parallèlement, celle de sa mère, qui vient de découvrir une photo plutôt étrange, dont elle n'a aucune explication tangible :
Et cela s'aggrave nettement lorsque lors d'une nuit, elle entend interpréter une valse de Chopin sur le piano... Alors que celui-ci est théoriquement fermé, et qu'il n'y a dans la maison personne capable d'en jouer :
On pourrait croire en toute apparence que ceci a beaucoup impressionné Bertha Mills, qui l'a aidé à aborder le problème... Mais celle-ci sait des choses que Grace Stewart ne soupçonne pas du tout, et le jardinier Edmund Tuttle est bien d'accord avec elle :
Mais Grace Stewart est de plus en plus tendue, et décide finalement de se rendre à l'église, seule sous le brouillard, afin de demander au prêtre son opinion sur le sujet... Il lui arrive alors quelque chose qu'elle ne prévoyait pas du tout, la rencontre avec son mari Charles (Christopher Eccleston), qu'elle désespérait de revoir :
Regardez, c'est réellement impressionnant... Tant à cause du ton verdâtre de l'ensemble qu'en vertu de la retrouvaille avec son mari, qui a tout de même l'air assez mal en point :
Pour ne rien arranger, lors de l'essai du costume de la première communion d'Anne, Grace Stewart voit durant quelques secondes un visage bien différent de celui de sa fille, qui lui apparaît comme celui d'une vieille dame médium (Renée Asherson)... Du coup, elle se demande si elle n'est pas folle, elle aussi :
Raison de plus pour y penser, le comportement très étrange de son mari Charles Stewart... Qui parle en partie faussement, et finit par partir de la maison, sans même en parler à sa femme :
Il y a de quoi douter, surtout lorsqu'à cette fuite inconcevable se rajoute la disparition soudaine de tous les rideaux - ce qui met fortement en danger la vie des enfants :
Du coup, Grace Stewart vire immédiatement tous ses employés, leur réclamant immédiatement toutes ses clés :
Et pendant ce temps là, les deux enfants, Anne Stewart et Nicholas, en profitent pour sortir de la maison en passant par la fenêtre, pour se rendre au fameux cimetière :
Nous en sommes à un stade important du film, où Grace Stewart découvre d'un seul coup la photo de ses trois employés, tous en réalité déjà morts depuis longtemps :
C'est à ce moment précis qu'eux trois réapparaissent subitement, prêts à lui donner une explication :
Et que Grace Stewart découvre avec stupeur la vieille dame médium, au milieu de deux personnes jusqu'à maintenant totalement inconnues, monsieur et madame Marlish (Keith Allen et Michelle Fairley), actuels habitants de ce lieu :
Grace Stewart et sa fille Anne font tout pour refuser l'idée de plus en plus présente autour de cette table... "Non, nous ne sommes pas morts", hurlent-ils tous les trois :
Mais madame Marlish révèle enfin la vérité, à la surprise générale : toute la famille Stewart est morte, les deux enfants par asphyxie, et la mère au final par un suicide avec l'aide de son fusil... Du coup, madame Marlish ne veut absolument plus habiter ici, et exige de son mari qu'ils quittent au plus vite cet endroit - avec bien sûr leur fils unique, Victor :
Résultat ? Grace Stewart se retrouve avec Anne et Nicholas à peine en train de réaliser ce qui s'est réellement produit - aussi surprise que nous par le renversement soudain de l'histoire, le twist final :
Bertha Mills, qui en sait bien plus sur le sujet, commence alors à lui expliquer comment vont se passer les choses :
Mais peu importe à Grace Stewart, finalement... Ce à quoi elle tenait le plus, la maison, elle l'a conservé ; et ceux qu'elle aime le plus au monde, ses enfants - désormais bizarrement guéris de leur maladie - sont libre de se rendre au dehors comme ils veulent :
Voulez-vous vous faire une petite idée de ce film ?
C'est remarquable, n'est-ce pas ? Certes, il est possible que l'effet de surprise dû à ce twist final soit beaucoup moins fort lors de la seconde ou troisième vue... Mais il ne faut pas oublier trois choses :
1) Le choix de l'actrice principale, qui se révèle vraiment exceptionnelle 2) La conception très graphique et subtile de toute cette ambiance, qui a valu au film de multiplier par 12 le budget initial de 17 millions de dollars 3) Et enfin, la jeunesse incroyable de Alejandro Amenabar lors de la conception de l'Opus (29 ans), sans oublier qu'il a également composé toute la musique du film, qui s'apparente parfois fortement à celle d'Edgar Varèse.
Est-il possible d'ajouter quelque chose de plus ? En tous cas, je souhaite beaucoup voir ses deux films suivants, qui ont également remporté un énorme succès, Mar adentro (2005) et Agora (2009). Et en attendant, regardez celui-ci, qui est vraiment fantastique !
"Parfois nous sentiront leur présence, parfois nous ne la sentirons pas."
Bruits étranges, pleurs lointains, musique soudaine et portes qui claquent animent les heures d’une demeure austère et silencieuse éloignée de tout entourée par un brouillard pesant.
Un paranormal inversé ou tout semble manœuvré par une entité indécelable évoluant dans son propre espace temps.
L’impression de plus en plus nette d’être bafoué sur ses propres terres par toute une armada de situations déroutantes.
Perturbant l’équilibre d’un verbe autoritaire, aux portes de la démence distribuant dans un environnement imprévisible caresses et tendresses au compte goutte.
Un monde clos et inquiétant ou le visible désincarné règne en maitre s’accaparant en qualité de dominant, les fragments d’une conscience en plein doute.
Ce qui existe n’est plus visible et ne s’exprime que par des murmures, des bruits de pas et des apparitions angoissantes que l’on interprète à tort comme étant des manifestations de l’au-delà.
Comportement dissonant d’une présence occultée n’étant que la continuité d’un présent dont on est privé à jamais.
Oui, tu as bien raison, c'est un film assez déroutant... Mais ce qui le rend excellent, c'est d'une part que c'est réalisé par Alejandro Amenabar, d'autre part joué essentiellement par Nicole Kidman. Une déesse, comme chacun sait, n'est-ce pas ?
4 Comments:
"Parfois nous sentiront leur présence, parfois nous ne la sentirons pas."
Bruits étranges, pleurs lointains, musique soudaine et portes qui claquent animent les heures d’une demeure austère et silencieuse éloignée de tout entourée par un brouillard pesant.
Un paranormal inversé ou tout semble manœuvré par une entité indécelable évoluant dans son propre espace temps.
L’impression de plus en plus nette d’être bafoué sur ses propres terres par toute une armada de situations déroutantes.
Perturbant l’équilibre d’un verbe autoritaire, aux portes de la démence distribuant dans un environnement imprévisible caresses et tendresses au compte goutte.
Un monde clos et inquiétant ou le visible désincarné règne en maitre s’accaparant en qualité de dominant, les fragments d’une conscience en plein doute.
Ce qui existe n’est plus visible et ne s’exprime que par des murmures, des bruits de pas et des apparitions angoissantes que l’on interprète à tort comme étant des manifestations de l’au-delà.
Comportement dissonant d’une présence occultée n’étant que la continuité d’un présent dont on est privé à jamais.
Oui, tu as bien raison, c'est un film assez déroutant... Mais ce qui le rend excellent, c'est d'une part que c'est réalisé par Alejandro Amenabar, d'autre part joué essentiellement par Nicole Kidman. Une déesse, comme chacun sait, n'est-ce pas ?
Sentiront au lieu de sentirons faute de grappę. Avec Mes excuses.
Pas grave du tout, de commettre une faute de grappe de temps en temps ! Pardon, une faute de frappe, voulais-je dire...
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