Il s'agit sans conteste de l'un des films les plus brillants que j'ai jamais vu sur le sujet, en l'occurrence la rébellion de Satsuma, qui s'est produite en 1877. Ceci eut lieu au Japon, en pleine période de modernisation et de changement de culture, de langue et de vêtements, et ce fut la dernière manifestation des samouraïs, avec à leur tête Saigô Takamori - ici rebaptisé Katsumoto.
L'œuvre sera tournée en 2003 par Edward Zwick, en grande partie en Nouvelle-Zélande, avec ces deux acteurs fondamentaux : Tom Cruise, vraiment excellent dans ce rôle capital (situé juste entre Eyes Wide Shut et Collateral), et Ken Watanabe, son rival japonais, qui deviendra bientôt son ami.
Cela débute peu avant 1877, le capitaine Nathan Algren (Tom Cruise) - en grande partie inspiré du militaire français Jules Brunet - semblant mettre une certaine mauvaise volonté à se montrer lors d'un discours, qui lui semble de plus en plus lamentable :
Mais le lieutenant-colonel Benjamin Bagley (Tony Goldwyn) réussit tout de même à le convaincre par l'argent - même si Nathan Algren semble le détester depuis longtemps :
Peu de temps après, une fois tous rendus au Japon, ils doivent rencontrer l'empereur Meiji (Shichinosuke Nakamura), qui va leur dicter ses principales volontés, notamment celle de remettre bien à sa place le légendaire chef des samouraïs, Katsumoto :
Cela a l'air bien trop facile pour Nathan Algren, qui semble avoir déjà gagné cette bataille :
Mais lorsqu'il dort, il se revoit en 1876 aux côtés du général Custer et de Benjamin Bagley - tout à la fois en train de perdre en beauté, et de voir des sioux et des cheyennes en train d'agoniser :
Le lendemain, Monsieur Omura, un puissant homme industriel et politique (Masato Harada) - largement inspiré par Ôkubo Toshimichi - donne son ordre définitif, celui d'abaisser définitivement les samouraïs à la reddition... Ce dont Nathan Algren doute fortement, d'après ce qu'il a vu et entendu :
Mais il importe peu : c'est Monsieur Omura qui paye, et donc lui qui décide d'attaquer de nuit les samouraï... Nathan Algren a beau se sentir fort, un court instant, il est rapidement encerclé par ces guerriers impitoyables, vêtus à l'ancienne :
Ceux-ci décident, après l'avoir vaincu, de l'épargner, et de l'emmener dans le village qu'ils dominent encore, vraisemblablement Kagoshima... Il est à noter que les costumes des samouraïs, s'ils paraissent quelque peu extravagants, sont absolument authentiques !
Voici donc le second personnage le plus important de l'histoire, Katsumoto (Ken Watanabe), qui parait totalement opposé à Nathan Algren... Mais il décide malgré tout de le garder en vie, sachant très bien qu'il n'y a aucune façon de s'enfuir du village :
Ceci ne se passe pas très bien, au début, où Nathan Algren a l'impression d'être suivi en permanence - par des gens ne parlant pas un mot d'anglais :
Mais Katsumoto fait bien sûr exception, et veut déjà au départ connaître le nom de celui-ci - ce qu'il finit par obtenir, et cela lui suffit, dans un premier temps :
Curieusement, Nathan Algren, de peur de s'ennuyer, participe à pas mal de jeux - qui sont en réalité des ébauches de batailles relativement délicates... Mais il semble que finalement, il se sent paradoxalement plutôt bien, et continue à jouer tout seul une fois rentré à l'intérieur :
Et cela lui fait beaucoup de bien, finalement :
Il se sent de moins en moins américain, et après avoir appris quelques mots de japonais, comme goûté leur excellente cuisine et leur saké, il assiste avec un grand plaisir au spectacle que tout le monde organise, le théâtre Kabuki :
Cela devrait bien se passer, et pourtant... Une meute de guerriers, probablement envoyée par Monsieur Omura, entreprend d'un seul coup de les attaquer, se servant d'armes traditionnelles et de feu. Mais c'est évidemment sous-estimer les samouraïs, qui réussissent à les vaincre sans problème, et en plus aidés par Nathan Algren :
Résultat ? Monsieur Omura est bien obligé de se montrer un tant soit peu civilisé, et invite du coup tout le monde à venir à Tôkyô - dont on peut voir (c'est désormais une pure illusion) le château impérial d'Edo :
Katsumoto se livre à l'empereur Meiji, de la façon la plus appropriée possible, mais il est dans un premier temps rejeté :
Pire encore, Monsieur Omura décide contre toute attente de l'arrêter, et de le garder dans un endroit théoriquement bien protégé... Katsumoto tente son dernier atout, livrer à l'empereur Meiji son sabre ancestral, mais visiblement sans grand succès :
Nathan Algren a sa propre version des faits, et décide de s'y attaquer en toute légitimité - bien que cela ne soit pas spécialement facile :
Dans un premier temps, avec l'aide de Simon Graham (Timothy Spall), un photographe, il parvient à entrer dans l'intérieur... Et au grand étonnement de Katsumoto, il s'avère totalement de son côté, de plus en plus attaché à l'ancien Japon, à ses yeux beaucoup plus positif que celui qu'essayent de créer tous les gens autour de Monsieur Omura :
Il reste cependant à sortir et à regagner le village de Katsumoto, ce qui est nettement moins facile que prévu :
Néanmoins, ils arrivent à bien s'enfuir... Et une fois rendus à Kagoshima, tous les deux sentent la grande bataille se préparer, et tentent d'y trouver des solutions :
Ceci est nommé la rébellion de Satsuma, et il est vraisemblable que Edward Zwick ait choisi d'en traiter sa dernière phase, la bataille de Shiroyama, qui mettait en jeu en septembre 1877 près de 30000 soldats officiels, contre 500 samouraïs restants... Il n'est pas certain que la sœur de Katsumoto, Taka (Koyuki Katô), ai vraiment aidé Nathan Algren à porter l'armure de son défunt mari - mais l'idée est très agréable, malgré tout :
Toujours est-il que nous en sommes à contempler les deux armées, l'une trop moderne et déprimante en même temps, l'autre bien ancrée dans la tradition et prête à tout pour accueillir la première :
Une situation à laquelle Monsieur Omura et Benjamin Bagley sont naturellement préparés - tellement confiants dans les tout nouveaux obusiers (les mitrailleuses Gatling) qu'ils ne doutent pas une seconde de l'issue de cette bataille :
Dans un premier temps, pourtant, ils se trompent largement, et ne soupçonnent pas toutes les possibilités qu'ils restent aux samouraïs - que Nathan Algren les a aidé à concevoir :
Ils se lancent au final à cheval, provoquant ces monstrueuses paroles de Monsieur Omura :
Ceci va se résoudre pour Nathan Algren dans un premier temps plutôt bien, puisqu'il réussit à abattre son pire ennemi américain, Benjamin Bagley :
Mais cela ne va pas durer, et Katsumoto va finir par se faire descendre à son tour :
Et bien que leur dernier échange soit très touchant, ceci n'empêchera pas Katsumoto à se donner la mort lui-même par seppuku - ou, comme on le dit faussement en occidental, harakiri :
Nathan Algren était lui aussi bien touché, mais il parvient à s'en remettre... Et décida alors, une fois tout ceci passé, de se rendre au château impérial d'Edo, afin de remettre à l'empereur Meiji le sabre ancestral de Katsumoto :
Ce qui, une fois passée la vague de silence à laquelle l'empereur était obligé de s'accrocher, lui valu cette déclaration :
Il va de soi que cette attitude n'a été adoptée qu'un bref moment, avant de donner cours à la modernisation du pays, à la suppression du système féodal et du shogunat, en rendant l'éducation obligatoire, en créant un parlement et une constitution, etc... Mais ceci n'apparaît pas dans le film, qui se conclut en 1877 avec les dernières paroles émouvantes de Nathan Algren, "je vous raconterai comment il a vécu" :
Que vous dire de plus flatteur ? Certes, il s'agit d'un Opus magnifique sur l'histoire du Japon, tourné d'une façon intelligente, et avec au moins deux excellents acteurs... Mais si l'on se tourne vers l'histoire occidentale des films traitant de ce pays, on tombe à un nombre extrêmement limité, dont j'ai déjà parlé dans ce site - sauf le tout dernier de Mel Gibson, qu'hélas je n'ai pas encore vu.
Si l'on classe ces œuvres par rapport à l'époque où elles se situent, nous avons tout d'abord Ghost Dog de Jim Jarmusch (1999), qui parle surtout de la culture asiatique du principal héros (Forest Whitaker) ; et ensuite, également se passant de nos jours, Lost in Translation de Sofia Coppola (2003), qui traite sur un ton assez ironique de la rencontre improbable de deux protagonistes américains sur le sol japonais.
En retournant plus en arrière, nous nous retrouvons confronté à la seconde guerre mondiale, tout d'abord avec le remarquable Letters from Iwo Jima de Clint Eastwood (2006), basé sur la bataille sur cette île (avec, une fois de plus, Ken Watanabe) ; puis avec Tu ne tueras point de Mel Gibson (2016), lui aussi dédié à cette guerre et à la bataille d'Okinawa, un film paraît-il très prenant.
Enfin, axé sur l'histoire plus ancienne du Japon, il n'y a guère que The Last Samurai (2003), absolument fascinant sur la rébellion de Satsuma en 1877, et très récemment Silence de Martin Scorsese (2017), basé sur la persécution des jésuites au XVIIème siècle dans ce même pays. Ce ne sont que des statistiques dues à Sens Critique, mais je les trouve largement fondées et notées - puisque je n'ai sélectionné que celles comprises entre 7/10 et 10/10. En tous cas, je vous remercie d'avance pour un commentaire, et vous souhaite grandement de voir ce film - si ça n'est pas déjà fait !
Non, au contraire, ce n'est pas complexe du tout, mais peut-être est-ce ma faute, et que je présente mal les choses... En tous cas, tu as bien raison, les images sont superbes, et je pense très franchement qu'il s'agit du meilleur film d'Edward Zwick !
On est d'accord ,, trés bon film . C'est vrai que ton article est bon , Mais peut rendre tout ça un peu complexe. Bise d'ici. Tu vois !!!!! Tout arrive, méme un petit commentaire,
Oui, c'est vrai, un (tout) petit commentaire finit par arriver... Mais une semaine plus tard, alors que j'ai déjà publié mon article sur THE PIANO de Jane Campion, et que je me prépare à en laisser un autre le premier mai, sur un film de Tim Burton ! Enfin bon, c'est mon grand défaut, c'est bien connu... Bises à toi !
Le "syndrome de Stockholm" peut donc se justifier, dans certains cas?... Je crois qu'on doit en avoir le DVD... Je vais tâcher de le revoir! (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
6 Comments:
L'intrigue a l'air compliquée, il y a beaucoup de personnages mais les images sont belles, oui ça doit valoir le coup !
Non, au contraire, ce n'est pas complexe du tout, mais peut-être est-ce ma faute, et que je présente mal les choses... En tous cas, tu as bien raison, les images sont superbes, et je pense très franchement qu'il s'agit du meilleur film d'Edward Zwick !
On est d'accord ,, trés bon film .
C'est vrai que ton article est bon ,
Mais peut rendre tout ça un peu complexe.
Bise d'ici.
Tu vois !!!!! Tout arrive, méme un petit commentaire,
Oui, c'est vrai, un (tout) petit commentaire finit par arriver... Mais une semaine plus tard, alors que j'ai déjà publié mon article sur THE PIANO de Jane Campion, et que je me prépare à en laisser un autre le premier mai, sur un film de Tim Burton ! Enfin bon, c'est mon grand défaut, c'est bien connu... Bises à toi !
Le "syndrome de Stockholm" peut donc se justifier, dans certains cas?...
Je crois qu'on doit en avoir le DVD... Je vais tâcher de le revoir!
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Oui, je te le souhaite... Car c'est vraiment un film extraordinaire. Je pense, le meilleur de Edward Zwick !
Enregistrer un commentaire
<< Home