Sorti en 1992 et ayant remporté un énorme succès auprès du public, il s'agit théoriquement du dernier western filmé par Clint Eastwood à la suite des trois autres, High Plains Drifter (1973), The Outlaw Josey Wales (1976), et le sublimissime Pale Rider (1985). Selon beaucoup de gens, il est encore supérieur à ce dernier, mais je n'irai pas jusque là...
En fait, il s'agit d'une œuvre fondamentalement différente, non seulement par le nom que porte cette fois-ci le héros principal (contrairement à Pale Rider), mais surtout par sa base essentielle, qui est profondément féministe :
Tout commence dans le noir absolu (c'est l'un des procédés essentiels de ce film, qui joue beaucoup sur cette opposition entre l'obscurité et le plein soleil)... Et ceci se passe en 1880 à Big Whiskey, où une prostituée est soudain défigurée au couteau par un client ivre et son acolyte :
Bill Daggett (Gene Hackman), le shérif de la ville, décide alors de lui imposer une amende de sept chevaux, à verser au proxénète... Mais les prostituées sont indignées par une telle "gentillesse", et offrent de leur côté une récompense de mille dollars à quiconque tuera le coupable et son complice :
Loin de là, l'ancien tueur repenti William Munny (Clint Eastwood) se consacre pour sa part à ses animaux et à ses deux enfants, dans une ferme isolée. C'est alors que le jeune Kid de Schofield (Jaimz Woolvett) débarque, et lui propose de s'associer à lui pour remporter tout cet argent... Ce que William Munny refuse dans un premier temps :
Mais il décide finalement de s'y rendre, même si le fait de n'avoir tué personne durant dix ans ne lui rend pas spécialement les choses faciles - notamment sa montée à cheval :
Pendant ce temps, on découvre le shérif Bill Daggett - lequel était fort peu doué pour construire sa maison - en train de s'entretenir avec le proxénète, sans aucune certitude de la part de l'un ou de l'autre :
William Munny, au cours de sa route à cheval, a enfin fini par atteindre son premier but, retrouver l'un de ses anciens amis, Ned Logan (Morgan Freeman) - qui se montre beaucoup plus expert que lui en matière de tir, grâce à son fusil Spencer :
C'est le moment que choisit William Munny pour parler de son ancienne femme Claudia, aujourd'hui morte de la variole, mais qui l'a vraiment aidé à arrêter sa vie violente et sa consommation d'alcool :
A ce moment-là, un personnage totalement imprévu débarque à Big Whiskey, English Bob (Richard Harris), accompagné de son biographe W. W. Beauchamp (Saul Rubinek)... Il est censé être tueur à gages, mais se fait immédiatement arrêter et rouer de coups par le shérif Bill Daggett, qui l'enferme aussitôt en prison :
English Bob ne joue pas un énorme rôle dans le film, mais il reste en tant qu'Anglais important, non seulement grâce à son biographe, mais surtout parce qu'il offre toute sa place à Bill Daggett - qui apparaît désormais comme le seul véritable chef de cette petite ville.
William Munny et Ned Logan, qui étaient finalement partis ensemble, se font finalement rattraper par le Kid, d'une façon tout à fait inattendue en se faisant tirer dessus :
Le vrai problème est dans la mauvaise vue du Kid, qui se limite à 50 mètres... Mais ce n'en est pas un pour William Munny, qui opte définitivement pour partir à trois :
Il se joue ensuite une scène assez cocasse entre Bill Daggett et W. W. Beauchamp, où le shérif tente de persuader le biographe de redonner son arme à English Bob... Le biographe va durant un temps se laisser persuader, mais c'est finalement English Bob lui-même qui refusera :
Puis survient un affrontement bien moins drôle entre Bill Daggett et William Munny, où ce dernier se trouve désarmé... Frappé, il se trouve pourtant capable de quitter le saloon en rampant, car le shérif ne sait pas encore vraiment qui il est :
Alité pendant trois jours dans une grange éloignée de la ville, il est soigné et nourri par Delilah Fitzgerald (Anna Thomson), la prostituée défigurée - mais qui se montre très bonne envers lui :
Ensuite, les trois amis partent à la recherche de Davey, le complice du cow-boy ivre qui avait défiguré la fille tout au début, et finissent par le retrouver, le traquer et le tuer :
Mais curieusement, Ted Logan n'a plus la vocation, et laisse finir seuls William Munny et le Kid :
Résultat ? Le Kid finit par retrouver le véritable agresseur de Delilah Fitzgerald, et l'abat sans gloire dans les toilettes d'un ranch :
William Munny et le Kid reçoivent alors la visite de Delilah Fitzgerald, qui leur dit la triste vérité sur l'histoire de Ned Logan - mort à force d'être roué de coups :
Ned Logan est donc tué, le Kid abandonne, il a même peur de prendre l'argent offert par les prostituées... Il ne reste donc à William Munny qu'une seule chose à accomplir, tuer Bill Daggett :
Et malgré la fugitive croyance de Bill Daggett au mauvais usage de son arme, il va finir par y passer :
William Minny dit alors sa pensée mythique, sur le sens du mot "mériter" das ce contexte précis :
Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer la scène intégralement :
William Munny termine alors avec ses phrases fétiches, adressées à tous ceux encore survivants... "N'allez plus taillader ou blesser de putains. Sinon, je reviens tuer tous les salauds que vous êtes !" :
Et à la place de William Munny, Clint Eastwood le réalisateur termine le film - comme souvent - avec le même plan qui l'a initié :
Grandiose, n'est-ce pas ? Ceci sera pourtant le dernier western tourné par Clint Eastwood - encore qu'il y ait bien des points communs avec l'Opus bien plus récent, Space Cowboys (2000).
Quoi qu'il en soit, ce film a connu un immense succès, rapportant plus de dix fois le budget initial de 14 millions de dollars, et étant récompensé plus de huit fois par différentes sociétés américaines, non seulement pour sa réalisation, mais aussi pour la prestation exceptionnelle de Gene Hackman - alors qu'il avait jusqu'alors toujours refusé de participer à ce script, qui existait depuis 20 ans !
Le cinquième film de Clint Eastwood en tant que réalisateur (1976), mais seulement son second western - à la suite de High Plains Drifter (1973) -, où il joue évidemment le rôle principal de Josey Wales, le hors-la-loi. Cela a lieu durant la guerre de sécession, au cours de laquelle le tranquille cultivateur Josey Wales voit sa maison détruite, sa femme violée et sa famille massacrée par une bande de brigands venus du Kansas :
Cette histoire, tirée du roman The Rebel Outlaw : Josey Wales de Forrest Carter, est certes bien mieux connue aux Etats-Unis, de même que celle - plus ancienne - racontée dans le fascinant film de Michael Mann, The Last of the Mohicans (1992).
Au départ, Josey Wales semble d'accord avec le sudiste Fletcher (John Vernon), qui annonce une amnistie à tous les partisans du sud qui déposeraient leur arme :
Mais ceci n'est autre chose qu'un piège, durant lequel les Nordistes prennent le dessus grâce aux mitrailleuses... Il n'en réchappe finalement que Josey Wales, accompagné du jeune franc-tireur Jamie (Sam Bottoms), légèrement blessé :
Les deux hommes se connaissent mal, mais malgré la méfiance préalable de Jamie, il finit par se joindre à Josey Wales lors de sa fuite en avant de Fletcher :
Evidemment, Fletcher et d'autres hommes le poursuivent, mais en vain... Josey Wales arrive face au fleuve Missouri, parvient à se débarrasser provisoirement de Fletcher, puis atteint finalement l'autre côté sans problème - du moins pour le moment :
C'était hélas oublier un peu vite qu'une prime était versée à ceux qui captureraient Josey Wales. Il se fait menacer, sitôt arrivé de l'autre côté, par deux imprudents... Mais il règle très rapidement - à sa façon - le problème :
Malheureusement, après avoir sauvé la vie de Josey Wales en tirant sur l'autre, Jamie finit par y passer à son tour :
Josey Wales décide donc de se rendre seul au Texas, et il y rencontre immédiatement un philosophe indien, Lone Watie (Dan George, qui fut véritablement chef amérindien de 1951 à 1963, avant de se lancer dans le cinéma en 1969)...
Au départ, ce dernier tient facilement le dessus, mais Josey Wales se fait vite aider par une jeune indienne traitée en esclave, et termine finalement par une vaste discussion avec Lone Watie - que vous ne pourrez découvrir qu'en regardant l'intégralité du film :
C'est du reste vivement conseillé, car on y voit également deux sublimes plans que l'on retrouvera plus tard dans Pale Rider - notamment celui de Clint Eastwood apparaissant de façon anonyme, juste face au ciel et porté par le soleil :
Sans oublier, bien sûr, le visage de Laura Lee - laquelle était jouée par Sondra Locke, que Clint Eastwood venait de recruter. Et bien qu'ils étaient tous les deux déjà mariés, ils se mirent à être amants sur ce tournage, avant de devenir à leur tour mari et femme - ce qui devrait durer jusqu'en 1984, juste après le fameux Sudden Impact :
Mais revenons-en au film... Laura Lee était une jeune fille, juste accompagnée par sa grand-mère Sarah (Paula Trueman), et toutes deux maltraitées par un groupe de Comancheros, qui n'évitaient le dépucelage de Laura Lee qu'en fonction de son prix d'échange envers une vingtaine de chevaux :
Lone Watie, Laura Lee et sa grand-mère Sarah se retrouvèrent donc vite attachés par les Comancheros, sans avoir la moindre possibilité de s'enfuir :
Sauf celle-ci, évidemment... Et Josey Wales parvint très vite à ses fins, abattant tout le groupe dans son intégralité, et repartant comme si de rien n'était avec Lone Watie, Laura Lee et Sarah :
De sorte, ils finirent par arriver tranquillement au ranch du Texas qui appartenait au fils de Sarah - sauf que celui-ci ayant été aussi tué, le saloon de la ville se révélait aussi sans rien à boire, portant un joueur professionnel qui s'ennuyait, et une entraîneuse qui n'avait personne à entraîner. Du coup, ils s'installèrent dans le ranch du fils de Sarah, où pour la première fois chacun avait un foyer :
Il fallait toutefois régler un autre problème, et ce fut le bon moment pour Lone Watie de parler à Josey Wales de "Dix Ours", le chef des Comanches dont il ne savait trop quoi penser... En attendant, tous se mirent à renforcer le ranch où ils étaient, au cas où ils se feraient attaquer :
Finalement, Josey Wales partit rencontrer le grand chef "Dix Ours" (John Quade), et il tenait vraiment à ce que tout ceci se passe d'une façon pacifique... Et il termina par sa grande phrase : "Je dis que les hommes peuvent vivre sans se massacrer" :
Cela plut beaucoup à "Dix Ours", de même qu'à Josey Wales, qui se félicitèrent tous deux de façon émouvante... Il ne restait plus qu'à ceux qui lui servaient alors de famille à organiser une jolie fête, à laquelle la douce Laura Lee ne pouvait s'empêcher de participer :
Ultime problème à résoudre : les Nordistes se pointent pour la dernière bataille, accompagnés par les chasseurs de prime, et n'ayant qu'un seul homme à abattre - ce qui leur semble facile :
Mais cela ne l'est pas du tout... Car Josey Wales jouit maintenant d'une sorte de famille, se planque avec eux dans ce ranch sophistiqué, et finalement abat presque tout le monde de la troupe ennemie :
Que va devenir le dernier d'entre eux à rester encore en vie ? Pas très difficile à deviner, grâce à ce plan unique sur la tête de Clint Eastwood, que l'on avait déjà vu dans son tout premier film, Play Misty for Me... Et son fusil a beau ne plus marcher, Josey Wales éventre à l'aide de son sabre un nommé Terrill (Bill McKinney) - celui qui était l'assassin de son propre fils tout au début du film :
Le dernier à être là est donc le fameux Fletcher... Mais selon tous les occupants du saloon, Josey Wales est bien mort, c'est sûr et certain :
Evidemment, Fletcher n'est pas dupe très longtemps de cette déclaration improvisée au dernier moment... Mais il fait quand même semblant d'y croire, et Josey Wales lui répond simplement : "On est tous un peu morts dans cette guerre" :
En voici un résumé parfait :
Ainsi se conclut le film, qui au passage remporta environ dix fois le budget initial, et jouit de l'excellente musique de Jerry Fielding - célèbre compositeur de Sam Peckinpah, qui utilise ici fort bien les instruments solistes, et qui lui valu l'Oscar de la meilleure musique.
Que pouvons-nous dire d'autre de cet Opus, hormis le fait qu'il a permis à Clint Eastwood et Sondra Locke de se rencontrer ?
Et bien au départ, sa réalisation était confiée à Philip Kaufman, qui fut renvoyé peu de temps après par Clint Eastwood, avec ces mots : "C'est moi qui l'avait engagé pour réécrire le script et le réaliser. Son travail de scénariste était excellent, mais au tournage, il s'avéra que nos points de vue différaient totalement. J'avais investi mon argent personnel pour acheter les droits du livre, passé beaucoup de temps à développer ce projet, conçu une vision précise de ce que devait être ce film. L'approche de Philip était sans doute fondée, peut-être meilleure, mais ce n'était pas la mienne, et je m'en serais voulu si le résultat n'avait pas correspondu à ce que j'espérais."
Quoiqu'il en soit, j'aime beaucoup ce film, qui met tout à la fois le doigt sur l'absurdité de cette guerre de Sécession, et sur la réalité et la beauté de relations normales et civilisées entre différentes personnes. Près de 48 ans plus tard, c'est une œuvre toujours d'actualité (inutile de parler d'Israël ou de l'Ukraine), et de laquelle il vaudrait mieux s'inspirer, afin de construire un monde positif, bien qu'il nous reste hélas fort peu de temps pour le bâtir !