SOMEWHERE (SOFIA COPPOLA)
Certes, ce n'est pas la première fois que je parle de Sofia Coppola, l'une de celles dont je suis grand fan (comme le prouvent les liens directs, que vous pourrez trouver en cliquant sur Virgin Suicides, Lost in Translation ou sur Marie-Antoinette, trois films dont j'ai déjà parlé). Mais celui-ci est très différent, sorti en 2011, où il ne se passe pas seulement cinq minutes à ce que la voiture tourne sur elle-même dans un paysage délicieusement ennuyeux :
Mais carrément un bon quart d'heure sans se qu'il ne se produise vraiment rien, que ce soit avec les deux jeunes filles toujours habillées différemment, ou dans l'esprit du pauvre jeune homme ici présent, une soi-disant star du cinéma, paraît-il, Johny Marco (Stephen Dorff) :
Comme le dit assez justement Wikipédia, "l'histoire s'inspirerait partiellement de celle de la réalisatrice et son père Francis Ford Coppola", ce qui semble expliquer le thème principal du film, basé essentiellement sur la jeune fille Cleo (Elle Fanning) :
De ce fait, dès que la jeune fille arrive, c'est le pur bonheur de son père Johny Marco :
Et en guise de compensation, le plus grand malheur de celui-ci dès qu'il se trouve obligé de réaliser son métier, entre autres dans une scène particulièrement lente de maquillage sur le crâne, qui se trouve filmée d'une façon extrêmement paresseuse, mais très volontaire :
En gros, les seules fois où il ne s'ennuie pas, c'est lorsque sa propre fille s'intéresse à lui, pour de fausses ou bonnes raisons, inutile de le préciser :
L'un des grands passages de l'œuvre se base évidemment sur une visite à Milan dans un très bel hôtel, où le père se trouve obligé de se rendre afin de promouvoir son film :
Mais où en fait, il se montre surtout heureux de bien habiller sa fille et de la présenter comme une sorte de co-star, ce dont l'on s'aperçoit bien vite dans l'opposition entre ces deux plans, l'un basé sur la beauté de Cleo, l'autre sur la sorte d'ennui qu'éprouve son père sur scène, livré à une sorte de show auquel il ne fait même pas semblant de comprendre quelque chose :
L'impression que laisse ce film, surtout lors de sa première vision, reste un tout petit peu paradoxale, surtout comparé à Lost in Translation ou à Marie Antoinette. En fait, on les voit se consacrer à un peu de travail surtout pour des activités pas trop fatigantes, c'est le moins que l'on puisse dire :
Et le reste du temps, tout se passe à quelque chose d'hypnotique :
Voire de très hypnotique, si je me fais bien comprendre :
Ce que dit Sofia Coppola sur le supplément compris sur le DVD, c'est qu'elle a justement essayé de créer ce genre de personnage. Quelqu'un qui ne sait pas quoi faire de sa vie, qui ne sait plus où il en est, bref, quelqu'un qui n'existe que grâce à sa propre fille :
Une jeune fille grâce à laquelle il découvre sinon le vrai sens de la vie, tout au moins un autre sens, plus logique, comme on peut le supposer à la vision de cet ultime plan. Regardons donc le trailer :
Peut-être cette volonté de montrer la transition, avouée d'ailleurs très librement par Sofia Coppola en personne, est-elle responsable de la lenteur du film, de sa base sur les très longs plans, de sa construction extrêmement paresseuse ? En tous cas, c'est extrêmement déroutant la toute première fois qu'on le voit, surtout après Lost in Translation ou Marie-Antoinette, nettement plus musclés. Mais ceci s'améliore beaucoup à la seconde ou troisième fois, et j'espère que c'est ce que vous allez vivre... J'avoue pour une fois que je n'ai pas de jeune fille ; mais devrais-je en avoir une, vivement qu'elle soit comme ceci !
Autres films du même réalisateur : Virgin Suicides, Lost in Translation, Marie-Antoinette
Libellés : Biographie, Comédie, Documentaire, S.Coppola