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  • dimanche, novembre 12, 2006

    ABSOLUTE POWER (CLINT EASTWOOD)

    Autrement dit : Les Pleins Pouvoirs, dans notre si belle langue... L'un des monuments de Clint Eastwood réalisateur (1997), coincé entre ces deux autres chefs-d'œuvre que sont Sur la Route de Madison et Midnight in the Garden of Good and Evil...
    Petit résumé du casting (attention, ne lisez pas cet article jusqu'au bout si vous préférez être surpris par l'intrigue, car contrairement à mes habitudes, je vais pour une fois tout vous dévoiler) :
    1) Luther Whitney (Clint Eastwood) : sorte d'Arsène Lupin de très haut vol, il surprend lors d'un cambriolage dans un fabuleux château le président des États-Unis himself en plein batifolage avec la femme d'un autre homme de pouvoir (Walter Sullivan), batifolage qui dégénère très vite en version SM, et se termine finalement tragiquement par l'arrivée des services secrets, qui abattent froidement la jeune femme en question :
    2) Seth Frank (Ed Harris), policier chargé de l'enquête : il soupçonne bien sûr Luther Whitney dès le début, mais faute de preuve, les deux (plus que) quinquagénaires passent une bonne partie du film à se livrer à un savoureux jeu du "chat et de la souris" (A.R signifie : "Association des Retraités") :
    Dilemme : comment Luther Whitney, dont la parole de malfrat ne vaudra évidemment pas grand chose face à celle du président lui-même, va-t-il s'y prendre pour se sortir de ce guêpier ? Dans un premier temps, pas très glorieusement : faux papiers, transformation physique (car c'est aussi un roi du déguisement), et en fin de compte, immigration à l'étranger.
    Sauf qu'à l'aéroport, pile au moment de prendre son définitif avion, il tombe sur les news TV où le président - Gene Hackman, magistral de cynisme et de perversité - assure de son soutien et de son affection son vieil ami Walter Sullivan (dont il vient de tuer la femme, sous les yeux même de Luther Whitney) :
    Adoncques, virage à 180%, Luther Whitney décide de rester afin de faire éclater la vérité en plein jour, mais bien sûr de façon détournée, puisqu'évidemment sa crédibilité face à un tribunal serait totalement nulle. Mauvaise pioche, car il se retrouve du coup avec sur le dos non seulement les types des services secrets (ceux-là même qui ont buté Mme Sullivan au début du film), mais en prime un tireur d'élite que Walter Sullivan a engagé - à grands frais - pour l'occasion :
    Là, il s'agit de l'une des très grande scènes du film, impressionnante tant par sa réalisation que par la très originale musique de l'ami de toujours, Lennie Niehaus, à base de basses saturées qui évoquent des bruits de moteurs très menaçants (et là, la musique devient vraiment partenaire pour au moins 50% de l'efficacité de la scène). Mais sur ce coup, Luther Whitney se doute vaguement que les choses pourraient assez mal tourner, et arrive ainsi au rendez-vous :
    Pour repartir habillé comme çela :
    L'autre scène absolument grandiose de ce film prend place peu de temps après, lorsque la conseillère du président Gloria Russel (jouée par Judy Davis) reçoit de la part de ce qu'elle croit être le Président (en réalité, Luther Whitney, qui l'avait subtilisé lors du cambriolage) un somptueux collier de diamants, celui-là même que Christy Sullivan portait le soir du meurtre :
    Là, c'est le jeu des acteurs qui est totalement hallucinant, à cause du décalage entre ce qu'ils se disent vraiment à l'oreille, et l'apparence enjouée et souriante qu'ils sont obligés de prendre face à toute la bonne société réunie. Grandiose et inoubliable (Gene Hackman, plus prodigieux que jamais) :
    Le pire dans ce film, à la suite de multiples péripéties dont je vous passe les détails afin de ménager un minimum de secret (mais suite auxquelles le mari bafoué, Walter Sullivan, finira quand même par poignarder le Président en pleine Maison Blanche), c'est tout de même la vision très réaliste de Clint Eastwood face à la collusion des politiques entre eux. Car à la fin, il y a tout de même un meurtrier (Walter Sullivan) et un cadavre (le Président), mais face aux journalistes, lavons surtout notre linge sale en famille, et maintenons à tout prix les apparences coûte que coûte :
    Bref, un film glaçant, terrifiant et débordant de génie à chaque plan, et même à chaque note. Il est en outre à noter que Clint Eastwood, même s'il n'a jamais brigué le poste de Gouverneur de Californie comme certains de ses collègues, a quelque temps occupé le poste de maire de la petite ville de Carmel, dont il a assez vite donné sa démission... Sans doute a-t-il eu à y subir des pressions, des compromissions, voire des putasseries qui l'on relativement dégoûté de la chose (mais qui pour notre plus grand bonheur, lui ont sans doute inspiré pas mal de notations de ce film, qui semblent si vraies) :
    Là, j'en ai fait trois tonnes, et vous croyez que j'ai tout dit, mais c'est faux : il y a des milliers d'autres choses dans ce film (c'est le propre des chefs-d'œuvre), notamment la relation conflictuelle de Clint Eastwood avec sa fille, la relation ambigüe de Clint avec Ed Harris, ainsi que celle de Ed Harris avec la fille de Clint Eastwood, et j'en passe... La passion de Clint pour l'art, sa vision de l'éthique face à celle des politiques, bref, je m'arrête, là, sinon il va falloir que je crée un nouveau site spécifiquement sur ce sujet. Stop !

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    mardi, novembre 07, 2006

    eXistenZ (DAVID CRONENBERG)

    Un superbe film, à mes yeux, sorti en 1999...
    Hélas extrêmement controversé, même par les fans du maître en question. Et pourtant... Rien que le générique début est déjà à tomber par terre de beauté (à comparer avec celui de Dancer in the Dark : on ne comprend pas tout à fait ce dont il s'agit - des réseaux neuronaux entrelacés ? -, mais bon, c'est magnifique, donc on se tait et on regarde, hypnotisé par la sombre bande-son du très fidèle Howard Shore) :
    De quoi s'agit-il ? Pas facile à résumer en quelques lignes, surtout sans dévoiler quelques-uns des coups de théâtre essentiels (et je ne voudrais bien sûr pas vous en priver). Très grossièrement, eXistenZ (désolé pour l'orthographe, mais cela s'écrit vraiment ainsi : "capital X, capital Z") apparaît comme une sorte de jeu vidéo plus vrai que nature, où l'apparence de réalité est telle que l'on finit par ne plus bien savoir à quel niveau de réel l'on se situe exactement..
    Bien que proche par moment de Matrix, le thème en est traité avec incomparablement plus de finesse, et si Cronenberg avoue s'être replongé à cette époque dans la lecture de Six Personnages en Quête d'Auteur de Pirandello, il faut également savoir qu'il a failli dédicacer son film à Philip K.Dick, dont l'univers est beaucoup plus proche :
    Je me rappelle encore de la critique de Libération à l'époque de sa sortie, critique à vrai dire plutôt mitigée, mais qui concluait tout de même : "Ne boudons pas notre plaisir. Après tout, ce n'est pas si souvent qu'on voit à l'écran quelqu'un sortir un pistolet en os pour tirer des dents !" :
    C'est vrai que l'on ne voit pas ça tous les jours ! Le monde d'eXistenZ est en effet plutôt étrange, c'est le moins qu'on puisse dire, et ceci dès le début, avec en outre la présence d'un pompiste complètement déjanté qui se targue également de quelques dons pour la chirurgie, en amateur, évidemment (Willem Dafoe) :
    Et bien sûr ces étranges amphibiens mutants, présents tout au long du film :
    Comme le souligne justement Cronenberg lui-même, l'une des grandes différence entre eXistenZ et Matrix vient notamment du fait que dans ce dernier, les passages entre la Matrice et le monde réel sont très fortement appuyés (pour ne pas dire lourdement), alors qu'ils sont parfois d'une légèreté absolue, à peine perceptibles par les joueurs eux-mêmes, dans eXistenZ :
    Le jeu, ici, s'avère tellement proche de la vie réelle, à tel point qu'il met parfois les joueurs très mal à l'aise - et nous avec, bien sûr, mais on adore ça :
    Un grand must : la mythique scène du restaurant chinois, où Jude Law, en dépiautant dans son assiette la spécialité du chef, reconstitue presque à son insu le pistolet en os du début :
    À noter le jeu absolument remarquable de tous les acteurs (Jude Law, Jennifer Jason Leigh, Ian Holm, Willem Dafoe, et bien sûr l'ami des débuts, Robert A. Silvermann, qui joue un petit rôle dans presque tous les films de Cronenberg, pratiquement depuis Scanners), qui oscille subtilement entre naturalité et artificialité, tout comme dans un jeu vidéo, où les personnages se mettent en pause, en boucle, etc... Normalement, c'est un film dont vous ne sortirez pas tout à fait indemne, surtout à la première vision, tellement il peut être perturbant et atypique :
    Sans parler de l'ultime plan, le plus flippant de tous, au sens où il vous fera comprendre beaucoup de choses (mais je n'en dis pas plus...) :
    Si vous êtes curieux ou intrigués, allez voir cette petite annexe qui parle du très beau livre d'entretiens de David Cronenberg avec Serge Grünberg, franchement, vous ne serez pas déçus !

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