L'INDEX DE TOUS LES FILMS COMMENTÉS :
  • C'EST ICI !
  • POUR EN REVENIR À L'ORIGINAL :
  • C'EST LÀ !

  • lundi, janvier 04, 2010

    LE MONOCLE RIT JAUNE (GEORGES LAUTNER)

    Film qui m'éclate toujours !
    Et dont je vous livre d'emblée le trailer, cela va de soi :
    La suite (un tout petit peu moins bien) du très géant l'Œil du Monocle (1962), du même auteur Georges Lautner et daté de 1964, soit juste un an après le très connu Les Tontons Flingueurs (1963), dans la très agréable combinaison espionnage + humour...
    Le début en est certes tout simple... Le chef des services secrets français montre à l'acteur Paul Meurisse (Colonel Dromard) la dégradation à venir du monde en provenance d'Asie :
    Avec tout juste cette très ironique réponse de sa part à sa question "Qu'en pensez-vous ?" : "Hum... Mauvaise série" !
    Avec n'importe quel autre acteur, autant dire que cette réalisation aurait pu être dans l'ensemble ratée de chez ratée... Mais Paul Meurisse étant quelqu'un d'un aspect tellement particulier, avec une démarche très étrange, un état d'esprit complètement hallucinant, et en même temps, une façon presque XVIIIème siècle de se comporter vis à vis des autres gens, auxquels il se sent toujours supérieur, rien à dire d'autre que ce film marche toujours à 200%, près de soixante ans après sa création !
    L'un des dialogues fétiches du film  avec l'autre grand acteur Robert Dalban : "Monsieur Poussin, cette terre est la Chine, éternelle... Sentez-vous le parfum des alizées qui vous apportent les douces senteurs de l'Empire du Milieu ? Entendez-vous le tintinnabulement des porcelaines de l'époque ? Dans les Palais verdoyants, où les Mandarins laissent s'écouler le temps paisible, en compagnie de concubines passives ?" :
    Mine de rien, la grande majorité du film a été tournée à Hong-Kong et à Macao, de sorte que beaucoup de plans se révèlent très beaux :
    Hormis Paul Meurisse et Robert Dalban, quatre acteurs principaux interviennent dans ce film... Tout d'abord, Edward Meeks (Major Sydney, le chef anglais de Hong-Kong) :
    Barbara Steele (Valérie, une espionne de tous les côtés) :
    Un acteur chinois non cité, mais qui joue grosso modo le rôle de responsable de la plupart de tous les meurtres :
    Le premier étant celui d'un espion français, Bergourian, tout juste à la sortie du bateau :
    Quatrième acteur (plutôt assez mauvais, il faut bien le dire), Olivier Despax jouant le rôle de Frédéric, sorte de fils très riche, très bête et très planqué du responsable français du ministère de l'Extérieur :
    Que tous les deux prennent déjà d'emblée pour une sorte d'abruti, cela se devine tout de suite :
    L'un des autres dialogues géniaux du film, lorsque Frédéric commence à dire : "Mais enfin, nous ne sommes pas en guerre avec les anglais, que je sache" ?
    Et Paul Meurisse, en train de répliquer, avec l'une de ses attitudes toujours complètement moqueuses et son incontournable cigare : "Il est toujours bon, jeune homme... D'être en guerre avec les anglais" !
    Plusieurs choses à venir assez rigolotes dans le film... Tout d'abord, l'arrivée dans le domicile du français d'origine juive Marcel Dalio (Elie Mayerfitsky), accro en permanence à la célèbre chanson "J'irais revoir ma Normandie" :
    La scène où Paul Meurisse, afin d'en apprendre davantage, se met avec grand plaisir à "fumer de l'opioume" (comme il le dit avec fierté, incompréhensible de nos jours) :
    Scène qui après bon nombre d'explosions, finira par se terminer dans le bureau du major Sidney avec une forme typique d'indifférence :
    Avec ensuite, la nuit venue, une première soirée de nouveau amicale autour d'une fondue mongole dans un restaurant, durant laquelle le peu gourmet Robert Dalban n'arrêtera pas de râler en disant sans arrêt : "Bon... N'empêche qu'il n'y a ni vin rouge, ni beefsteak, ni frites !" :
    Sans parler de cette autre citation, purement vestimentaire, d'un très célèbre acteur américain de l'époque (Humphrey Bogart) :
    Autre fameux passage, lorsque Paul Meurisse se rend à Macao en compagnie du très incompétent serviteur Frédéric de la France :
    Juste avant de découvrir à l'occasion le cadavre de la seule personne qui aurait pu facilement les aider dès le début :
    Excellente citation, commencée par le grand virtuose :
    - Je ne m'étais pas trompé, elle a reçu une visite avant la nôtre...
    - Elle est morte ?
    - Hum, non... Elle attend que ça morde !
    Encore une très belle scène au pied de la fameuse église portugaise de Macao, les Ruines de Saint-Paul :
    Au pied de laquelle un grand nombre de chinois se font descendre par ces deux mêmes acteurs :
    Quitte à ce qu'ensuite Paul Meurisse, après avoir enseigné l'usage du pistolet à son tout jeune élève, parcourt l'étendue du carnage en faisant les comptes mutuels, rien que pour s'amuser ("Bon, ne soyons pas mesquins, je vous le laisse... Cela fait : dix à trois !") :
    Visite ensuite solitaire dans l'un des plus anciens temples de Macao, où Paul Meurisse va enfin grâce au vieux moine découvrir de toutes nouvelles pistes :
    Pendant que Marcel Dalio et Robert Dalban prennent leur pied dans leur cuisine, en train de préparer un fameux Coq au Vin :
    Scène qui se prête à l'occasion à une très fameuse citation des Tontons Flingueurs de 1963, où Paul Meurisse faisait une minuscule apparition vers la fin, de même qu'ici l'à peine entrevu Lino Ventura, acteur principal de ce précédent film très connu :
    Et maintenant, à table... "Vous êtes deux mères poules, pour moi... Merci, Poussin !" :
    Sans en dire trop, dîner encore une fois "explosif", suivi par une entrevue dans le sauna avec le Major Sydney, avec de nouveau un dialogue au douzième degré :
    - Voyez-vous, Major, plus je vois ces chinois, plus je me dis... Mon Dieu, qu'ils sont français...
    - C'est de l'amour ?
    - Non. C'est de la propagande !
    Encore une fois un grand repas plein de charme (et de charmeuses), au bord de la mer :
    Dont l'attaque - une fois de plus sans les mettre dans le moindre danger - donnera lieu pour une fois à une assez rare chorégraphie :
    Une fois de plus réalisée par tous les espions chinois :
    Peut-être, de la part de Georges Lautner, en hommage à certains films américains favoris de ce genre de scènes ?
    Quoi qu'il en soit, l'une des séquences les plus drôles du film proviendra du fait que les trois français, ayant perdu leur micro sans fil, se résigneront à communiquer avec le major Sydney en chantant J'irai revoir ma Normandie en direct devant le public de l'Opéra de Pékin, sonorisé et audible dans toute la ville, scène en soi proprement indescriptible :
    Ici, le fait qu'aucun de ces trois acteurs ne soit réellement chanteur rend le mixage encore plus à hurler de rire, en fonction de leurs fautes mutuelles de justesse et de rythme !
    Quant à la scène finale (calquée sur certains plans de l'Œil du Monocle, axés sur le mélange surprenant entre l'air totalement méprisant de Paul Meurisse et sa citation ouverte de textes religieux de Bossuet), autant dire qu'il s'agit de l'une des meilleures du film :
    Avec la femme du faux défunt dont la bombe va se trouver détournée au tout dernier moment :
    L'actrice en question se révélant être en réalité la vraie mère de Georges Lautner, madame Renée Saint-Cyr (qui a vécu près de cent ans, née en 1904 et décédée en 2004 !) :
    Plan ultime avant le générique de fin, avec la question de "l'officiel" qui accueille Paul Meurisse enfin de retour à Orly :
    - Mon cher Dromard, mais dites-moi, le séjour en Extrême-Orient ne vous a pas trop marqué ?
    - Absolument pas !
    Que raconter d'autre au sujet de ce film, histoire de finir convenablement mon premier article de 2010 ?
    Certes, l'on pourrait encore une fois dire qu'il s'agit là très nettement d'un spoiler, mais après tout, peu importe... L'intrigue d'espionnage se révèle en fait surtout un vague prétexte à la relation extrémiste entre l'esprit très particulier de Paul Meurisse et les réactions plutôt basiques de ses différents collaborateurs, alors bon, peu importe de savoir à l'avance tout ce qui va se passer, le texte restant en outre toujours aussi génial, de même que dans les précédents films de Georges Lautner : ceci ne vous enlèvera jamais l'envie de tous les revoir 10, 20 ou 50 fois !
    Par contre, chose dont on parle hélas assez peu souvent, c'est de la très grande qualité de la musique jazzy de ce film, due à l'époque au célèbre Michel Magne, compositeur d'énormément de musiques de films, ainsi que de nombreux morceaux d'Henri Salvador, et pourtant tragiquement mort à la suite d'un terrible suicide :
    Alors bon, pourvu que ceci ne soit plus le cas de personne, à l'avenir...
    Très bonne année à toutes les lectrices et lecteurs de ce site !
    P.S : Je viens tout juste de m'apercevoir que Georges Lautner était né exactement le même jour que moi (24 janvier, mais pas la même année), alors peut-être est-ce pour ceci que j'aime autant ses réalisations ?

    Libellés : , , ,