Il y a déjà longtemps, que je tenais à vous parler de la toute première œuvre de Sofia Coppola, Virgin Suicides (1999), qui fut un véritable succès cinématographique, comparable avec la réussite de Lost in Translation (2003) et de Marie-Antoinette (2006). Et pourtant, ça démarre plutôt mal... Avec le suicide dans sa baignoire - raté, heureusement - de Cecilia (Hanna R. Hall) :
Aussitôt, donc, on passe au générique du début, commençant avec la plus jeune des cinq sœurs, Cecilia (Hannah R. Hall) - et sur la musique plutôt sympathique de Air :
Pour poursuivre avec la plus célèbre de toutes, Lux (Kirsten Dunst), qui malgré son air très jeune de 14 ans - en réalité, 17 -, avait déjà tourné dans une quinzaine de films (dont le fameux Jumanji) :
Et enfin, pour finir avec les trois plus âgées, Bonnie (Chelse Swain), Mary (A.J. Cook), et Therese (Leslie Hayman) - l'ensemble se déroulant dans une ambiance en apparence très agréable, où l'on voit leurs prénoms successivement apparaître d'un ton particulièrement léger :
Mais comme je vous l'ai dit, tout ceci n'est qu'apparence., bien sûr :
Car en réalité, la maison est tenue en véritable esclavage par leurs parents, Ronald Lisbon (le déjà très connu James Woods), et Sara Lisbon (Kathleen Turner), cette dernière se révélant être la plus efficace et la plus terrifiante des deux :
En résumé : tout le monde s'ennuie gravement... Et finit par parvenir à ce souhait que les parents Lisbon détestaient au début, organiser chez eux une "petite fête", avec bien sûr interdiction d'alcool, et heures d'arrivée et de départ obligatoires :
Résultat pessimiste : c'est la seconde fois que la plus jeune Cecilia tente de se suicider... Et hélas, elle y réussit parfaitement, s'empalant sur un tronc d'arbre, en sautant du premier étage :
Là, prend place la position des jeunes garçons, par rapport à tout ceci... Car souvenez-vous (j'ai 62 ans), on a tous fortement connu cette transition de l'enfance à l'âge adulte, en passant par la fameuse adolescence, qui se traduit toujours par des changements importants de taille, d'hormones et de puberté. Sans oublier la différence entre les hommes et les femmes, qui malheureusement s'accentue de jour en jour :
Cela peut nous paraître aujourd'hui exagéré, mais en fait, pas du tout... Au contraire, le nombre dépasse actuellement les 40000 - oui, je sais, c'est incroyable, mais c'est comme ça :
Fort heureusement, c'est le moment où Sofia Coppola fait enfin intervenir le plus bel homme de la fac, Trip Fontaine (Josh Hartnett, alors à peine célèbre) :
Et qui reviendra, près de vingt ans plus tard (joué cette fois-ci par l'acteur Michael Paré), sur tout ce qu'il a connu à ce moment-là :
Et oui, ce fut, pour l'un comme pour l'autre (Lux), le premier vrai baiser - et vous savez bien ce que cela signifie, n'est-ce pas ? On ne peut oublier ni la personne avec qui cela s'est passé, ni la date, ni même l'émotion qu'on en a retiré, c'est assez évident :
Que vont-ils alors décider de faire ? Ils sont tous d'accord sur au moins une chose : organiser une dernière fête, qui sera bien plus enthousiasmante que la précédente, et où chacun devra s'habiller d'une façon très élégante - si du moins, on peut qualifier ainsi le costume identique dont leur mère les dotera :
Malgré l'opposition des parents, ils vont ainsi parvenir à se rendre à cette soirée - en voiture, s'il vous plaît... Et malgré l'aspect plutôt coincé de ceux qui se trouvent au premier plan de la caméra, on devine ce qui se passe au second plan, l'amour sincère et débridé de Trip Fontaine et de Lux Lisbon :
Ce qui va se traduire sans plus tarder par la fuite de ces deux-là vers un endroit bien plus libre, où ils pourront se livrer avec une grande satisfaction à l'acte fétiche dont tout le monde se souvient, que cela se soit bien ou mal passé :
Bien sûr, ce fut une pure jouissance pour tous les deux... Ce qui est bien moins drôle, c'est le réveil au petit matin de Lux, seule et abandonnée sur un terrain de football - et là, je ne sais pas si Sofia Coppola s'est inspirée du célèbre Opus de Don Siegel, Dirty Harry (daté de 1971), mais la ressemblance est frappante :
Pour une fois, vous pourrez en juger par vous même sur ce très bref extrait vidéo, exceptionnellement sans parole :
Et bien sûr, vingt ans plus tard, Trip Fontaine livre l'essentiel de ses pensées :
Quoi qu'il en soit, ceci nous place au point décisif du film : celui où la mère, rendue complètement paranoïaque par cet acte immoral, va décider de retirer ses quatre filles du lycée, leur interdire toute sortie de la maison, et même les obliger à détruire leurs disques :
Cela n'empêchera pas les filles et les garçons (sauf Trip Fontaine) de se communiquer... Mais c'est uniquement en s'appelant au téléphone, et en se passant respectivement un peu de musique, qu'ils parviendront à s'entendre, pour un bref moment :
Jusqu'à ce qu'ils se résolvent enfin à se rendre chez les quatre jeunes filles, dont les parents dorment enfin... Sauf qu'il ne va y avoir qu'une seule chose à découvrir, tranchée par Sofia Coppola aussi rapidement que le générique du début, leur suicide collectif :
Chacune sa façon de faire, n'est-ce pas ?
Pour en arriver à la dernière découverte, la plus connue de toutes, la plus désirée, la plus aimée, et la plus en voie de destruction, Lux :
Et le film se termine lors d'une fête l'année suivante, où bien sûr les parents Lisbon, désormais réduits à eux-mêmes, sont absents, et où l'atmosphère, dégradée par la pollution des arbres, se révèle particulièrement puante - ce que Sofia Coppola transcrit très bien dans la couleur bien verte de cet ultime plan :
Voulez-vous que je vous en dises plus ? En tous cas, l'une des motivation qui a chargé la réalisatrice de se consacrer à son premier film, ce fut la mort de son frère Gio dans un accident de hors-bord, alors qu'elle n'avait que 15 ans, chose qui l'a grandement marqué. Détendons-nous donc un tout petit peu en regardant cette brève vidéo, qui nous livre tout à la fois l'essentiel de l'œuvre et la typique musique de Air :
Ce qui demeure de tout ceci, c'est que Sofia Coppola, tout comme son père, fait partie de ces réalisatrices qui tournent deux ou trois films géniaux (Virgin Suicides, Lost in Translation, Marie-Antoinette), un autre plus difficile à capter (Somewhere), et les deux derniers quasiment déplorables (The Bling Ring et Les Proies). On ne peut certes pas lui en vouloir, étant donné que c'est à peu près le cas de la moitié des auteurs (contrairement à Kubrick, Scorsese, Spielberg, ou Tarantino)... Mais en tous cas, j'étais fort content de me repasser son tout premier film, et j'espère que je vous ai donné envie de le revoir, 22 ans après !
Enfin, nous sommes de retour avec un film typique des années 1995, Jumanji, qui suit avec bonheur le thème déjà abordé par Robert Zemeckis dans ses trois Retour vers le Futur (1985-1990). L'artiste chargé de tout ce travail, Joe Johnston, était déjà bien connu des studios Disney, et avait plusieurs fois travaillé avec le talentueux Steven Spielberg, dont il fit d'ailleurs l'entière réalisation de Jurassic Park 3, quelque temps plus tard :
Le point commun entre tous ces films, c'est bien sûr la différence entre deux époques - 1969, où nous voyons ces deux jeunes personnes pour la première fois, Alan et Sarah, et 1995, le temps où la majorité de l'œuvre se déroule, soit 26 ans plus tard. Mais il y aura d'ici là plusieurs défis à relever, à commencer par le comportement automatique du jeu miraculeusement trouvé, et surtout ses phrases tragiques inscrites dans son comportement numérique :
Dès le départ, nous sommes ainsi confrontés à l'apparition de chauves-souris d'Afrique, qui terrorisent complètement la pauvre Sarah, au point qu'elle s'enfuit sans même regarder le destin du pauvre garçon :
Contraignant ainsi Alan à attendre de longues années, coincé dans la jungle, et incapable de se sortir tout seul de là sans le 5 ou le 8 tiré. C'est le moment de regarder le trailer :
Fort heureusement, nous voilà désormais en 1995, où deux orphelins, Peter et July, accompagné de leur tante Lora, profitent de l'acquisition de la vaste demeure des Parrish pour retrouver aussitôt le jeu, et poursuivre la partie il y a bien longtemps commencé... Tout d'abord en faisant apparaître des moustiques géants, puis toute une section de singes parfaitement résolue à semer le trouble :
Eux non plus, ils ne savent pas du tout quoi faire, afin de sortir de cette impasse :
Au fait, auriez-vous identifié cette jeune fille ? Et oui, il s'agit bien de Kirsten Dunst, qui n'a alors que 13 ans, et se verra définitivement consacrée quelques années plus tard dans les trois Spider-Man de Sam Raimi :
En attendant, ce sera au tour de Peter de rejouer, et enfin, de faire apparaître l'enfermé depuis 26 ans, Alan Parrish, tout d'abord grâce au lion relativement effrayant :
Puis avec lui-même, tellement heureux de s'en sortir au bout de ces longues années dans la jungle, qu'il ne sait pas trop par quoi commencer, sa façon de s'habiller, sa très massive barbe, ou encore sa mise au point avec les deux autres - dans un premier temps surtout terrorisés :
Mais au bout du compte, tout se passe bien... Ce qui n'est pas très étonnant de la part de Robin Williams, déjà fort connu pour son étonnante prestation dans Le Cercle des Poètes disparus et Madame Doubtfire. Je vous laisse jeter un œil :
Il y a, en outre, toutes les phases précédentes du jeu qui continuent à s'afficher, pour l'heure seulement le lion, les singes, ou les moustiques :
Resterait-il encore quelque chose à découvrir, comme Judy le laisse supposer ?
Mais Alan donne sa seule solution... Et puisqu'elle est liée à la phase initiale du jeu, il leur faut absolument retrouver la fameuse Sarah, qui s'est enfui en 1969 par peur des chauves-souris :
Evidemment, ils arrivent sans peine à retrouver la quatrième personne qui leur manque... Mais la principale intéressée a beaucoup de mal à se convaincre elle-même :
Au point qu'Alan est obligé de la prendre par la main, et de la faire jouer - même si ceci n'est pas très éthique :
De fait, tout le monde a de quoi s'affoler, face à la prolifération soudaine de plantes mangeuses d'hommes et lanceuses d'épines empoisonnées :
Ca n'a pas l'ait d'impressionner Alan, qui a déjà vécu 26 ans dans un tel environnement...
Mais lorsque vient son tour de jouer, il tombe comme par hasard sur son ennemi le plus terrifiant, le chasseur Hunter Van Pelt qui ne cherche qu'à l'atteindre - interprété, d'une façon méconnaissable, par Jonathan Hyde, le même acteur qui jouait le rôle du père de Alan, Sam Parrish, au tout début du film :
On en revient à Judy (Kirsten Dunst), qui cette fois-ci va déclencher l'une des marches les plus spectaculaires du film, celle consacrée aux éléphants, aux rhinocéros, aux zèbres, etc...
C'est là l'occasion de remercier grandement Tom Woodruf, déjà célèbre pour Terminator et Aliens, qui cette fois-ci s'est révélé impeccable dans sa réalisation des effets spéciaux - ce qui fait que contrairement à ce qu'on croît, aucun animal n'existe "pour de vrai". Impressionnant, n'est-ce pas ?
A partir de là, le film va sans cesse dégénérer - ce qui, bien sûr, enthousiaste de plus en plus les spectateurs ! En continuant avec le rattrapage de haute volée de la boîte du jeu par Peter :
Puis avec la poursuite de Hunter Van Pelt dans l'un des grands magasins de la petite ville :
Qui, heureusement pour nous, va provisoirement bien se terminer pour les quatre :
Reste encore un point, mine de rien assez important : Peter, ayant délibérément triché en espérant se rendre au plus vite à la fin du jeu, se retrouve peu à peu transformé en singe... Ce qui va un tout petit peu le gêner par la suite, étant donné la position de "la queue entre les jambes" ; mais heureusement, Alan est avec lui, et cherche à faire passer cette conception de la transformation d'un enfant en adulte pour rien de plus naturel :
Il n'empêche... C'est pour l'heure à Sarah de jouer, et elle va alors déclencher une énorme mousson :
Où il importe avant tout de se cacher des crocodiles, qui sont eux aussi arrivés dans cette maison :
Peut-être l'une des meilleures scène du film, où l'on voit la tante Nora et le policier Carl Bentley se faire d'un seul coup emporter par des tonnes d'eau, qui défigurent toute la ville :
Reste encore à Sarah et à Alan de se livrer à la dernière phase du film, l'emprisonnement dans le sol qui bouge, puis se referme sur lui-même :
Sans parler de Peter qui fait apparaître des tonnes d'araignées géantes :
Et enfin, de lui-même, Alan, qui parvient à terminer le jeu en prononçant in extremis le terme symbolique, "Jumanji" :
Ce qui leur permet tout d'abord de voir les dernières balles, tirées par Hunter Van Pelt, s'arrêter juste à temps :
Ensuite d'assister à la remise en boîte, dans l'ordre inverse, de tous les animaux qui sont apparus jusque là :
Et heureusement, pour la dernière fois, à la disparition à son tour de Hunter Van Pelt :
Vous voulez savoir ensuite ce qui se passe ? Je vais vous le résumer en deux mots (mais je crois que vous aurez tout intérêt à voir ce film en entier)... Tout d'abord, Alan et Sarah se retrouvent au point de départ, soit en 1969, mais cette fois-ci bien plus amoureux, et destinés à tout faire pour se sauver mutuellement :
Aussitôt repris par une autre arrivée en 1995, où ils sont cette fois mariés, en train de fêter noël :
Et surtout, à se justifier comme ils le peuvent de la connaissance qu'ils ont, désormais, de Peter et de July :
Scène finale, très courte : l'on voit deux danois qui se promène sur une plage, et entendent un bruit fort inquiétant... Celui que nous autres spectateurs connaissons depuis le début, les fameux tambours de Jumanji :
Vous souhaitez en savoir un peu plus ? Très rapidement, je vous livre cette petite vidéo, due à la célèbre Claire Chazal, qui vous expliquera le peu qui me manque dans toute cette analyse :
Je crois, de toute façon, que rien ne pourra remplacer ce chef-d'œuvre lui-même, que ce soit, comme je vous les ai déjà donné, les liens de Joe Johnston, de Robin Williams et de Kirsten Dunst, ou encore celui de James Horner, un très bon compositeur de musiques de films.
Comme je l'ai déjà dit dans le passé, nous avons pas mal de films traitant de cette remontée dans le temps (dont, entre autres, Un Jour sans Fin, Jurassic Park, Retour vers le Futur, et même Pleasantville)... Mais bien sûr, je ne vous en voudrais pas du tout si vous daignez laisser un petit commentaire à ce film époustouflant, et très novateur, pour l'époque !