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  • mercredi, mars 08, 2023

    JOURNEE INTERNATIONALE DES FEMMES (2023)

    Certes, c'est la première fois que je vous en parle, mais j'espère bien pas la dernière. Comme chacun le sait, elle a lieu une fois par an le 8 mars depuis 1982, et elle récompense enfin depuis 2010 les réalisatrices de cinéma, dont je vais désormais vous citer le parcours - que vous le connaissiez ou pas...

    Je m'en suis tenu à une dizaine, évidemment avec la toute première d'entre elles, qui se trouve être également la plus âgée - raison pour laquelle j'ai décidé, faute de mieux, de les classer par date de naissance, et de vous offrir à chaque fois trois images d'un film vraiment important qu'elles ont porté de leurs épaules, et que j'ai déjà commenté ici (je vous en donnerai l'adresse, soyez rassuré)...

    1) Kathryn Bigelow, née en 1951 aux USA, fut donc la première femme à remporter en 2010 le premier prix de la BAFTA, pour son film The Hurt Locker (Démineurs), avec un thème relativement masculin en Irak. Certaines personnes mal intentionnées ont attribué cette réussite à son mariage avec l'un des plus grands réalisateurs du siècle, James Cameron, mais c'est totalement faux - pour la bonne raison qu'ils avaient déjà divorcé en 1991...

    Par contre, son attirance pour les scènes de violence est bien réel, et cela se voit non seulement dans Strange Days (1995), mais surtout dans Point Break (1991), qui connut un grand succès, relatant avec précision la poursuite de deux agents du FBI (Keanu Reeves et Gary Busey) envers le plus grand surfeur du monde, bien décidé à battre son propre record en Australie (Patrick Swayze). Vous pourrez le découvrir ici : Point Break

    2) Julie Taymor, née en 1952 aux USA, se forma à Paris à l'Ecole Nationale du Théâtre Jacques Lecocq, puis fut naturellement inspiré par les œuvres de Shakespeare. Depuis 1980, elle est la compagne du célèbre compositeur de musique de film, Elliot Goldenthal.
    En 2002, elle connu un grand succès avec Frida, un biopic très bien scénarisé sur la vie de Frida Kahlo, une peintre mexicaine qui connut de grands déboires dans son existence, à commencer par un accident de bus à 18 ans, qui la marquera toute sa vie. Ce film est particulièrement bien interprété par Salma Hayek (aussi Alfred Molina et Geoffrey Rush), eut la musique de Elliot Goldenthal, et obtint 17 prix. Vous pourrez le découvrir ici : Frida
    3) Mary Harron, née en 1953 au Canada, a assez vite déménagé à Oxford en Angleterre, et reste nettement moins connue que les précédentes réalisatrices...

    Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié son film culte American Psycho (2000), qui nous fait revivre la haine du héros principal envers les pauvres, les homosexuels, les femmes, et est magistralement interprété par Christian Bale, alors au début de sa carrière. Il y a aussi beaucoup d'autres acteurs dans cet Opus (Willem Dafoe, Jared Leto, Chloë Sevigny, Reese Witherspoon, Justin Theroux), que vous pourrez découvrir ici : American Psycho 

    4) Jane Campion, née en Nouvelle-Zélande en 1954, est sans doute l'une des réalisatrices que j'aime le mieux, non seulement parce qu'elle a traversé toute l'Europe, après Londres, mais surtout parce qu'elle a été la première femme à remporter la Palme d'or du Festival de Cannes en 1993 grâce à The Piano - dont elle fut d'ailleurs présidente du jury des longs-métrages en 2014. Contrairement à la plupart de ses concurrentes, elle se base sur des histoires vraies ou des biopics, mettant toujours l'accent sur la douceur, la sensualité, et en même temps la grande liberté à laquelle on a droit.

    Malheureusement, je n'ai presqu'aucun DVD d'elle, mais je ne saurais trop vous conseiller ces trois films, que j'ai revu récemment grâce aux bonnes combinaisons d'ARTE et de FR3. Le premier, An Angel at My Table (Un ange à ma table, 1990), c'est le biopic de Janet Frame, une écrivaine de Nouvelle-Zélande ; le second, The Piano (La Leçon de piano, 1993), raconte l'histoire assez invraisemblable d'une muette et sa fuite du mariage, magistralement interprétée par Holly Hunter, Sam Neill et Harvey Keitel ; enfin, le troisième, The Portrait of a Lady (Portait de femme, 1996), livre l'histoire complexe d'un mariage entre Nicole Kidman et John Malkovich, qui ne se résout finalement pas. Je vous conseille vivement de les voir :

    5) Rachel Talalay, née aux USA en 1958, n'a pas fait énormément de films durant toute sa carrière, se concentrant davantage sur la télévision. Mais le meilleur qu'elle a tourné concerne bien évidemment Freddy, dont elle livre en 1991 (avec une partie en 3D) le sixième épisode, le premier et le septième étant dus au réalisateur Wes Craven.

    Certes, il faut apprécier le personnage mythique de Freddy, ce qui n'est pas le cas de tout le monde, loin de là... Mais si l'on en fait partie, découvrons sans plus tarder Freddy's Dead : The Final Nightmare (La Fin de Freddy : L'Ultime Cauchemar, 1991), un film à mon avis excellent, dont je ne vous dévoilerai pas l'intrique, mais qui se sert - outre la stéréoscopie - de très bons acteurs (bien sûr Robert Englund, mais aussi Yaphet Kotto, Lisa Zane, Johnny Depp et Lezlie Deane). Vous pourrez le découvrir ici : Freddy's Dead : The Final Nightmare

    6) Andrea Arnold, née en Grande-Bretagne en 1961, est en revanche bien plus connue, puisqu'elle a remporté trois fois de suite le Prix du jury du Festival de Cannes, tout d'abord pour Red Road en 2006, ensuite suivi par Fish Tank (2009) et America Honey (2016). C'est assez exceptionnel, n'est-ce pas ?

    Je n'ai vu pour l'instant que Fish Tank (2009), mais je n'ai pas tort de penser que la majorité de ses films se basent sur la vie d'une jeune fille (Katie Jarvis), le plus souvent placée dans un milieu très réaliste et soumise à différentes formes de persécution. Dans cet Opus, cela se base non seulement sur la danse hip-hop (qu'elle finit par abandonner), mais aussi sur sa rencontre progressive - et pas très bonne - avec un homme qui semble être le seul à la comprendre (Michael Fassbender). Vous pourrez le découvrir ici : Fish Tank

    7) Naomi Kawase, née au Japon en 1969, n'est pas énormément connue en occident, bien qu'elle ait vu le jour dans la ville la plus belle du pays, Nara. Ses premiers films furent pourtant primés tout d'abord au Japon, puis bientôt en Europe, où elle remporta tout d'abord en 1997 la Caméra d'Or du Festival de Cannes (première japonaise et plus jeune lauréate), jusqu'à enfin remporter le Grand Prix du même Festival en 2007 grâce à Mogari no mori (La Forêt de Mogari). Disons que c'est quelqu'un de relativement influent, qui en outre s'est surtout faite connaître par son autobiographie et une vision assez pessimiste du pays en question.

    Bien qu'il ne fut pas sélectionné à Cannes, j'ai beaucoup apprécié l'Opus An (Les Délices de Tôkyô, 2015), qui nous parle, au delà de l'isolement des lépreux, de la beauté de l'éclosion des cerisiers, et surtout de la rencontre entre trois générations différentes, la plus importante étant celle du chef cuisinier, Masatoshi Natase. Vous pourrez le découvrir ici : An

    8) Sofia Coppola, née aux USA en 1971, est la seule de cette liste à bénéficier d'un père bien connu, Francis Ford Coppola, et cela lui a sans doute servi à devenir tout à la fois actrice, scénariste, productrice et réalisatrice. Mais cela ne l'a pas énormément influencé dans le choix très différent des thèmes de ses films, basés sur des histoires vraies hélas pas toujours faciles à vivre.

    Pour une fois, j'ai beaucoup de DVD de son œuvre, donc je vais vous faire une description assez courte de trois films que je considère comme très bons : Virgin Suicides (Virgin Suicides, 1999) est le tout premier, parlant du thème évident dans le titre, et portant déjà de très bon acteurs (James Woods, Kathleen Turner, Kirsten Dunst, Scott Glenn, Giovanni Ribisi) ; ensuite Lost in Translation (Lost in Translation, 2003), film basé sur la rencontre insolite, dans les rues de Tôkyô, entre un sexagénaire qui s'ennuie à faire la pub (Bill Murray), et une  jeune femme dont le mari n'est jamais là (Scarlett Johansson) ; et pour finir, Marie-Antoinette (Marie-Antoinette, 2006), un Opus fabuleux sur le destin assez tragique de Marie-Antoinette, presqu'entièrement tourné au château de Versailles, et mettant en scène Kirsten Dunst.

    9) Haifaa al-Mansour, née en Arabie saoudite en 1974, est la première femme à devenir réalisatrice dans ce pays, et cela fut loin d'être facile, vu la toute-puissance des hommes là-bas. Elle s'installera dès lors assez vite à Sydney en compagnie de son mari, un diplomate américain, puis à Los Angeles.

    Cependant, elle tournera en Arabie saoudite Wadjda (2013), un film très puissant basé sur le destin d'une jeune fille (Waad Mohammed), qui voit son amour du vélo se heurter sans cesse à de nouvelles difficulté, qu'il s'agisse de son interdiction pour les femmes, de ses problèmes au concours de récitations coraniques, ou encore de sa secrète course avec son ami Abdallah. Cet Opus n'a malheureusement pas été retenu à Cannes, mais il a en 2013 remporté le prix du meilleur film international, entre autres à Los Angeles et à Vancouver. Vous pourrez le découvrir ici : Wadjda

    10) Deniz Gamze Ergüven, née en Turquie en 1978, connut un destin assez proche de celui de la précédente réalisatrice, et s'installera définitivement en France en 1980, où pourtant elle devra attendre le succès de son premier film Mustang en 2015 pour obtenir la nationalité. Ce qui lui valut ces mots : "Il a fallu un mari français, un enfant français, et un succès professionnel" !

    Il faut dire que son entrée dans le milieu ne fut pas facile, et que cet Opus (diffusé, une fois de plus, par ARTE) se base sur le destin de cinq sœurs, martyrisées par leur famille et surtout par leur oncle Erol, qui tentera jusqu'à la fin de les empêcher de se rendre au match de football, mélangeant interdiction du téléphone, de l'ordinateur, de l'école, avec cours de cuisine et de ménage. Il va en partie réussir, mais heureusement pas totalement, laissant deux filles partir vers Ankara, Lale et Nur. Vous pourrez le découvrir ici : Mustang

    Voilà, c'est suffisant, je pense : dix femmes réalisatrices, avec à chaque fois trois photos de leur(s) film(s), ce n'est pas mal, non ? En tous cas, c'est le moins que je puisse faire, pas spécialement pour les valoriser devant les hommes, mais surtout pour leur donner le droit de justifier leur technique du cinéma, la délicatesse de leurs thèmes, et souvent la réussite de leur tout premier film.

    Bien que je n'en sois pas une, je me révèle extrêmement partisan de cette journée internationale des femmes, et j'ose espérer que cela se transformera, un jour, en demi-année !

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    dimanche, octobre 10, 2021

    MUSTANG (DENIZ GAMZE ERGÜVEN)

    Vous ne connaissez pas ce film, daté de 2015 ? Et bien moi non plus, pour différentes raisons - dont la plus évidente reste de voir toujours la même chose à la télévision, sans grande ni belle surprise (exception faite d'ARTE, bien sûr)... J'ai donc été très content de découvrir cet Opus fascinant, qui est le premier de sa réalisatrice franco-turque, Deniz Gamze Ergüven :

    Au cas où vous ne le sauriez pas, Mustang vient de l'espagnol mestengo, qui veut dire "sans maître"... Ce qui a l'air d'être l'idéal absolu souhaité par ces cinq jeunes sœurs, qui hélas vont avoir beaucoup de mal à atteindre leur but :
    Elles vont d'ailleurs s'en apercevoir très vite en se livrant à un jeu très simple et inoffensif, monter sur les épaules des garçons, pour se faire tomber à l'eau tout habillées :
    Ceci a beau être très simple et sans aucune ambiguïté, le commérage va bientôt les atteindre, et on va très vite les qualifier de jeunes filles obscènes et prêtes à tout... En premier lieu leur oncle Erol, unique remplaçant très patriarcal de leurs parents disparus, et qui va tout d'abord les emmener à l'hôpital afin de subir un test d'intégrité, ce qui dans un premier temps ne va pas les inquiéter outre mesure :
    Mais tout est question de bien parler entre soi, n'est-ce pas ? Et là, toutes les cinq commencent à s'inquiéter pour de bon, car l'oncle Erol, qui se drape de tradition, de morale et de religion, va d'un seul coup leur imposer de vivre dans une maison transformée en prison, avec l'interdiction de l'école, du téléphone et de l'ordinateur, des barreaux aux fenêtres, et la soumission à leur grand-mère dans ses cours de cuisine et de ménage :
    Quelle réaction à tout cela ? Oui, c'est assez évident :
    On les oblige en plus à porter des robes d'une couleur très douteuse :
    Et les jeunes filles ne vont pas se coucher très heureuses, inutile de le dire :
    Lale, la plus jeune (Günes Nezihe Sensoy), a pourtant une idée derrière la tête... Et en cela, non seulement elle apparaît comme la plus efficace du groupe, mais aussi comme la seule à oser prendre une décision incompatible avec les pensées de son oncle Erol :
    Se rendre absolument au match de football, c'est ce que risque Lale - d'autant plus que la prochaine rencontre sera exclusivement féminine, les hommes ayant provoqué beaucoup trop d'incidents lors de la précédente. Elle réussira donc - avec ses quatre sœurs - à prendre pied sur la route en toute impunité, sauf qu'elles ratent de très peu l'unique autocar destiné à ce match :
    Que va-t-il donc être possible de faire ? Elles sont toutes un peu inquiète, lorsqu'apparaît soudainement Yasin, le chauffeur-livreur (Burat Yigit)... Dans un premier temps, il va bien sûr leur dire non ; mais ce n'est que provisoire, et bientôt, il les entraîne toutes les cinq à la poursuite de l'unique bus, qu'il va finir par rattraper :
    C'est le moment de découvrir quelle bonne humeur peut s'emparer de ces jeunes filles, lorsqu'on les laisse faire ce qu'elles souhaite le plus au monde :
    Il y a beaucoup d'humour là-dedans, et c'est sans conteste l'un des points forts de ce film... Non seulement du fait que les femmes, restées à la maison, finissent par voir apparaître les jeunes filles filmées à la télévision, et décident donc secrètement de détériorer le seul appareil que leurs maris peuvent encore voir ; mais aussi à la bonne humeur de Yasin, le seul homme civilisé apparemment de leur côté, et ceci se révélera encore plus clairement, lorsqu'il apprendra à conduire à Lale avec succès :
    Pour l'instant, on n'en veut encore pas trop à Erol, l'oncle (Ayberk Pekcan), parce qu'il est très doué pour se dissimuler :
    Mais ceci ne va pas se maintenir très longtemps, même avec les mariages très bien préparés, auquel il se plaît à soumettre tout d'abord Sonay, puis Selma :
    Parce que tout a l'air de très bien se passer, selon toute apparence, mais en réalité, il en va différemment par la suite... Non seulement avec Selma, qui s'est laissée épouser un homme qu'elle ne respecte pas du tout, mais surtout avec Ece, violée par son oncle Erol la même nuit, et qui conclut très rapidement par un suicide !
    C'est à ce point précis que je me suis souvenu d'un autre film tourné en 1999 par Sofia Coppola, Virgin Suicides. Certes, le thème n'est pas complètement similaire, puisque dans cet Opus plus ancien, toutes y passent l'une après l'autre (d'où le titre). Mais le rôle des parents et leur vision cauchemardesque de la réalité y est très similaire - sauf qu'ici, bonne chose, il y en aura au moins deux à mettre les pieds en dehors de tout cela : 
    Que reste-t-il, alors, comme possibilités pour Lale et Nur ? Pour la dernière, il s'agit encore une fois d'un mariage... Mais elle n'a pas la moindre envie de s'y soumettre, et initiée et aidée par Lale, elles finissent toutes les deux par rendre l'accès à la maison impossible, tout aussi bien pour leur oncle Erol qu'envers la future belle-famille !
    Mais cela ne suffit pas, c'est sûr... Aussi Lale va-t-elle prendre la voiture - maintenant qu'elle sait conduire -, fuir tout ce monde que ni elle ni Nur ne supporte plus, et tomber comme par hasard sur Yasin, l'unique conducteur responsable, qui va les accompagner jusqu'au bus pour Ankara, ville mythique où toutes les deux vont enfin retrouver Dilek, une ancienne maîtresse d'école qu'elles aimaient beaucoup :
    Alors, vous n'aimez pas ce film (dont la projection fut d'ailleurs interdite en Turquie, comme me l'apprend une amie) ? Soit vous êtes encore un vrai macho, soit vous n'êtes pas curieux de ces très bonnes actrices et de cet immense humour, qui ont valu, outre le Label Europa Cinema au Festival de Cannes en 2015, une bonne quinzaine de prix dans le monde entier :
    Peut-être souhaitez-vous davantage connaître Deniz Gamze Ergüven, la réalisatrice de ce premier film (sachant qu'elle vient d'en livrer récemment un second, Kings, tourné avec Halle Berry et Daniel Craig) ?
    En tous cas, je vous mets la bande-annonce de l'Opus, qui vous donnera forcément envie de le voir - et peut-être même de le revoir, ce que j'ai personnellement fait :
    Et puis, chose plutôt rare, l'arrivée de ces cinq jeunes filles emplies de bonne humeur au Festival de Cannes, très drôles, de mon propre point de vue :
    La seule chose que je trouve bien dommage, c'est que ce film (hormis la connexion A2 via Internet) ne passe absolument pas à la télévision, où l'on retrouve toujours la même chose, à savoir des œuvres inintéressantes - et souvent françaises - déjà diffusées 100 fois... Donc suivez mon conseil, regardez attentivement l'avant-dernière courte vidéo, et courez vite l'acheter chez un revendeur DVD, je suis certain que vous ne serez pas du tout déçu !

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