ALIEN (RIDLEY SCOTT)
La perfection absolue !
Sans conteste, l’un des plus sublimes films fantastiques jamais réalisé de tous les temps (1979), peut-être même le plus grand, puisque 2001 : A Space Odyssey de Stanley Kubrick joue finalement sur un registre si particulier, tant formellement que philosophiquement, qu’il ne peut guère être comparé qu’à lui-même. Chose rare, une combinaison parfaite de quatre immenses talents (sans parler des acteurs, qui sont tous devenus fameux à la suite de ce film) : Dan O’Bannon pour le scénario, Ridley Scott à la réalisation, Jerry Goldsmith, le musicien, qui a livré pour l’occasion une fresque symphonique somptueuse aux accents de Scriabine, et bien sûr le très inquiétant Henri R. Giger, le fameux peintre et plasticien suisse, qui a non seulement conçu la créature, mais aussi les superbes décors du film :
Rappelons brièvement l’histoire, à l’intention de ceux qui auraient réussi à passer au travers de ce chef-d’œuvre plus que trentenaire : réveillés de leur hyper sommeil lors de leur retour vers la terre par un signal d’origine indéterminée, les sept passagers d’un cargo spatial (du nom de Nostromo, en hommage à Joseph Conrad) se posent sur une planète inconnue, où ils découvrent un vaisseau spatial à l’abandon qui va leur réserver une très étrange surprise, le fameux "huitième passager" (le sous-titre du film), qu’ils auraient finalement bien mieux fait de laisser dormir où il était :
L’une des caractéristique de ce film tout de même très éprouvant à la première vision, c’est que contrairement au suivant (Aliens), il tire toute son efficacité d’une mise en scène à l’ancienne extrêmement sobre, selon le principe bien connu que moins le spectateur en voit, plus son imagination travaille, et plus il stresse. Jamais, peut-être, la notion de timing n’aura été si diaboliquement et si précisément maniée, puisque non seulement les six ou sept interventions de l’Alien ne durent que quelques secondes à chaque fois, mais que l’on a toujours du mal à déterminer sa taille et son aspect réel.
Quelques exemples : la mort de John Hurt, lors de la naissance, ou plutôt l’incubation de la chose (je ne résiste pas au plaisir de vous mettre en entier cette scène mythique) :
Quelques exemples : la mort de John Hurt, lors de la naissance, ou plutôt l’incubation de la chose (je ne résiste pas au plaisir de vous mettre en entier cette scène mythique) :
La mort de Harry Dean Stanton :
Celle de Tom Skerrit (pas plus d'une seconde chrono) :
Celles de Veronica Cartwright et de Yaphet Koto :
Sans oublier le toujours impeccable Ian Holm (observez bien son jeu extrêmement subtil, je ne peux hélas pas vous en dire plus sans ruiner une partie du suspense), et bien sûr la seule héroïne à avoir tourné dans les trois sequels, Sigourney Weaver, qui n’échappera pas elle non plus à une confrontation finale avec la bête :
L’unique défaut de ce film parfait, c’est hélas le tout dernier plan de l’Alien, où malheureusement, le fond blanc laisse trop deviner son apparence d’être humain :
Un passage très édifiant à ce sujet se trouve d’ailleurs dans l’un des bonus du DVD, c’est le montage initial, beaucoup plus long, de l’ultime scène avec Harry Dean Stanton, où quelques secondes de plus sur l’Alien suffisent à trahir son côté acteur costumé, et ruinent tout l’effet d’un seul coup. En cette époque privée d’images de synthèse, une grande partie de la crédibilité de ce genre de films reposait alors uniquement sur la qualité des maquettes, le talent des costumiers, et bien sûr l’art du directeur photo de savoir éclairer sans trop montrer, sans parler du montage, un élément crucial !
Bref, un film géantissime, que l’on peut voir et revoir sans jamais se lasser, même en en connaissant tous les tenants et les aboutissants. Un film magique (le second, seulement, de Ridley Scott, entre Duellistes et Blade Runer, deux autres chefs-d’œuvre), qui sans même parler de l’aspect stressant extrêmement efficace, déroule une fresque graphique et musicale d’une sublime beauté durant près de deux heures, ce qui explique peut-être son immense succès et sa célébrité planétaire, inchangée depuis toutes ces années.
J’ai toujours un peu de mal a utiliser l’expression "mon film préféré", mais en tout cas, si je ne devais en choisir que dix, il en ferait assurément partie.
Question en suspens : il est clair que l’une des lectures symboliques du film peut aussi consister dans une allégorie de l’enfantement et de la famille, dans ce qu’elle peut avoir de plus négatif (transmission des tares, des maladies, des névroses). Je ne sais plus où j’ai lu ça, mais il n’est pas impossible que cet aspect inconscient des choses soit lui aussi responsable, pour une grande partie, de l’impact du film sur le public. Qu’en pensez-vous ?
Et maintenant, découvrez les trois autres sequels dans les articles suivants : Aliens (James Cameron), Alien 3 (David Fincher), Alien, la Résurrection (Jean-Pierre Jeunet), et même, en prime, l'assez calamiteux Alien Versus Predator (Paul W. S. Anderson).
Et surtout, si vous n'avez rien d'autre à faire, n'hésitez pas à vous rendre sur Alien : le Retour, un article que j'ai écrit plus de dix ans plus tard, trois cents fois après avoir vu le film, et entièrement consacré à ses éventuels défauts - inutile de le préciser, très rares !
Bref, un film géantissime, que l’on peut voir et revoir sans jamais se lasser, même en en connaissant tous les tenants et les aboutissants. Un film magique (le second, seulement, de Ridley Scott, entre Duellistes et Blade Runer, deux autres chefs-d’œuvre), qui sans même parler de l’aspect stressant extrêmement efficace, déroule une fresque graphique et musicale d’une sublime beauté durant près de deux heures, ce qui explique peut-être son immense succès et sa célébrité planétaire, inchangée depuis toutes ces années.
J’ai toujours un peu de mal a utiliser l’expression "mon film préféré", mais en tout cas, si je ne devais en choisir que dix, il en ferait assurément partie.
Question en suspens : il est clair que l’une des lectures symboliques du film peut aussi consister dans une allégorie de l’enfantement et de la famille, dans ce qu’elle peut avoir de plus négatif (transmission des tares, des maladies, des névroses). Je ne sais plus où j’ai lu ça, mais il n’est pas impossible que cet aspect inconscient des choses soit lui aussi responsable, pour une grande partie, de l’impact du film sur le public. Qu’en pensez-vous ?
Et maintenant, découvrez les trois autres sequels dans les articles suivants : Aliens (James Cameron), Alien 3 (David Fincher), Alien, la Résurrection (Jean-Pierre Jeunet), et même, en prime, l'assez calamiteux Alien Versus Predator (Paul W. S. Anderson).
Et surtout, si vous n'avez rien d'autre à faire, n'hésitez pas à vous rendre sur Alien : le Retour, un article que j'ai écrit plus de dix ans plus tard, trois cents fois après avoir vu le film, et entièrement consacré à ses éventuels défauts - inutile de le préciser, très rares !
Autres films du même réalisateur : Blade Runner, Black Rain, Thelma et Louise
Libellés : Fantastique, S.F, Scott