LE CAIRE CONFIDENTIEL (TARIK SALEH)
Une œuvre réellement exceptionnelle…
Due en 2017 à Tarik Saleh, un réalisateur suédois d'origine égyptienne, qui parle de ce qui s'est passé en 2011, très précisément autour du 25 janvier, dans Le Caire Confidentiel :
Due en 2017 à Tarik Saleh, un réalisateur suédois d'origine égyptienne, qui parle de ce qui s'est passé en 2011, très précisément autour du 25 janvier, dans Le Caire Confidentiel :
Evidemment, cela vous fait tout de suite penser à L.A Confidential... Mais ce n'est pas sans raison : bien que les pays et les époques traitées soient très différentes (1950 et 2011), il s'agit de la même corruption qui règne au sein de la police, cherchant à protéger ceux qui leur renvoient la balle, acceptant pour cela de l'argent pas très légal, et prêts à tout, qu'il s'agisse de tabasser des étrangers, des noirs, voire des femmes !
Le rôle principal en est tenu par le fameux Fares Fares (libanais-suédois), qui incarne Nourredine Mostafa, une sorte d'anti-héros avec, comme on le dit, son visage coupé à la serpe et ses dimensions impressionnantes :
Le rôle principal en est tenu par le fameux Fares Fares (libanais-suédois), qui incarne Nourredine Mostafa, une sorte d'anti-héros avec, comme on le dit, son visage coupé à la serpe et ses dimensions impressionnantes :
Il boit pas mal, il fume énormément, il donne ou prend de l'argent quand il faut, bref, il se décale un tout petit peu du policier traditionnel - même si l'on doit le suivre du début jusqu'à la fin du film, étant du coup transporté dans cette étonnante réalité :
Tout se passe relativement bien pour lui au début, quelle que soit la routine, lorsque le meurtre d'une chanteuse célèbre dans un hôtel grandiose se produit (en fait, inspiré par le meurtre de la chanteuse libanaise Suzanne Tamim en 2008)...
Cet assassinat ne sera observé que par une seule personne, une simple soudanaise chargée de ménage, que Nourredine va avoir bien du mal à retrouver :
Cet assassinat ne sera observé que par une seule personne, une simple soudanaise chargée de ménage, que Nourredine va avoir bien du mal à retrouver :
Il faut dire que toute cette première partie du film s'axe avant tout sur les principales difficultés de la police à tenir son rang, qu'il s'agisse de la corruption implicite (ou explicite), et des grandes difficultés à trouver quelque chose en rapport avec une personne aussi célèbre que la chanteuse, ou aussi riche et puissante que son protecteur...
Nourredine va même tenter de se faire un peu plus doux qu'à l'habitude, en parlant longuement avec une autre chanteuse qu'il connait déjà :
Nourredine va même tenter de se faire un peu plus doux qu'à l'habitude, en parlant longuement avec une autre chanteuse qu'il connait déjà :
Mais hélas, bien qu'ayant passé une nuit fort agréable, il tombe sur le même silence dont la jeune fille semble se servir à des fins que l'on ignore - mais après tout, peut-être qu'elle cherche tout simplement à sauver sa peau :
De plus en plus dérouté, Nourredine va faire tout ce qu'il peut pour remonter le plus haut possible, qu'il s'agisse de tirage de photographies prélevées - incognito - sur le corps de la chanteuse, de rencontres voulues ou pas avec divers entrepreneurs, ou encore de l'approche extrêmement délicate d'un député très riche, qu'il rencontre sur le golf de la ville…
A ce moment là, son oncle, autrement dit, son directeur à la police, lui offre élégamment le poste de colonel, avec le costume approprié, en exigeant simplement qu'il laisse tomber cet affaire de meurtre, ou tout au moins la reclasse en suicide :
A ce moment là, son oncle, autrement dit, son directeur à la police, lui offre élégamment le poste de colonel, avec le costume approprié, en exigeant simplement qu'il laisse tomber cet affaire de meurtre, ou tout au moins la reclasse en suicide :
Il voudrait bien refuser, mails il ne le peut pas, du moins pas officiellement… Une fois rentré chez lui, il enlève très rapidement son nouveau costume, retrouve le plaisir à s'habiller comme avant, et à regarder sa télévision en fumant allégrement :
Vers la moitié du film, il finit néanmoins par retrouver la seule témoin du meurtre, une pauvre soudanaise qui ne sait pas lire (Mari Malek, qui joue Salwa), mais qui a vu le meurtrier, et serait éventuellement prête à l'identifier :
Sauf qu'il croira le faire de son propre chef, et nous ne pouvons pas dire, de même que Nourredine, s'il s'agit du tueur lui-même, ou encore d'un homme délégué de plus :
En fait, la fin est assez dramatique, pour différentes raisons :
1) Ayant emmené précieusement Salwa en voiture, il manque de se faire tuer à son tour, puis se résout finalement à ramener celle-ci au Soudan, lui disant "qu'il n'y a pas de place pour les femmes immigrées en Egypte"...
2) Ceci se passe en fait seulement quelques jours avant le 25 janvier 2011, juste avant la manifestation contre le régime de Hosni Moubarak (emprisonné en fait à partir du 12 avril), avec pour résultat une masse de tirs aveugles sur la foule, et beaucoup de blessés et de morts :
1) Ayant emmené précieusement Salwa en voiture, il manque de se faire tuer à son tour, puis se résout finalement à ramener celle-ci au Soudan, lui disant "qu'il n'y a pas de place pour les femmes immigrées en Egypte"...
2) Ceci se passe en fait seulement quelques jours avant le 25 janvier 2011, juste avant la manifestation contre le régime de Hosni Moubarak (emprisonné en fait à partir du 12 avril), avec pour résultat une masse de tirs aveugles sur la foule, et beaucoup de blessés et de morts :
Que puis-je vous dire d'autre sur le film, sinon d'aller le voir au cinéma, ou encore de le regarder sur ARTE ?
D'une part, qu'il fut très vite interdit par les autorités égyptiennes, et fut en fait tourné au Maroc (à Casablanca), où l'on se croit pourtant au Caire, grande prouesse du directeur photographie Pierre Aïm… D'autre part, je vous présente le réalisateur suédois Tarik Saleh, né à Stockholm en 1972, qui a réussi un réel prodige avec ce film à la fois superbe, venimeux, et dévastateur :
D'une part, qu'il fut très vite interdit par les autorités égyptiennes, et fut en fait tourné au Maroc (à Casablanca), où l'on se croit pourtant au Caire, grande prouesse du directeur photographie Pierre Aïm… D'autre part, je vous présente le réalisateur suédois Tarik Saleh, né à Stockholm en 1972, qui a réussi un réel prodige avec ce film à la fois superbe, venimeux, et dévastateur :
Au départ, ce film devait se nommer The Nile Hilton Incident, mais je crois que Tarik Saleh a très bien fait de rebaptiser son œuvre Le Caire Confidentiel :
Pour terminer efficacement, disons que ce nom nous rappelle à juste titre un film précédent, L.A Confidential, le grand succès de Curtis Hanson en 1997 (soit 20 ans auparavant), d'après l'un des livres les plus connus de James Ellroy (qui parle, lui, des années 1950 !) :
Avec les célèbres (de gauche à droite) James Cromwell, Guy Pearce, Russell Crowe, et Kevin Spacey… Plus Kim Basinger, qu'on ne voit pas, mais qui joue elle aussi un rôle essentiel :
Pour être totalement honnête, le film tire ses arguments du fonctionnement très différent des trois acteurs policiers : Kevin Spacey, plus intéressé par ses rapports à la télévision, Guy Pearce, qui ne vise qu'à se placer toujours plus haut, et Russell Crowe, le seul a avoir l'air honnête, qui passe son temps à courir après des violeurs, ce dont l'un des premiers plans du film nous donne le meilleur exemple :
Mais dans le fond, il repose sur le même principe, celui de l'absolue protection de la police, de sa décadence, de sa soumission aux alcools, aux drogues, et à tous les grands qui vont avec… Avec pour meilleure preuve l'ultime plan du film, où finalement James Cromwell, le responsable de tout ceci, finit par se faire abattre par Russel Crowe lui-même :
Mais dans le fond, il repose sur le même principe, celui de l'absolue protection de la police, de sa décadence, de sa soumission aux alcools, aux drogues, et à tous les grands qui vont avec… Avec pour meilleure preuve l'ultime plan du film, où finalement James Cromwell, le responsable de tout ceci, finit par se faire abattre par Russel Crowe lui-même :
Là encore, un petit trailer :
En résumé, donc, deux très grands films, très proches par leur titre et une partie de leur intrigue, mais qui révèlent chacun une part intime de leurs personnages, et par la suite, de l'histoire, bien sûr… Allez vite le voir au cinéma, ou laissez un commentaire ici, mais ne restez pas sans rien faire face à un tel génie !