Sorti en 2011, un film assez étrange en apparence, qui est la première version américaine de l'Opus suédois dû au cinéaste Niels Arden Oplev (2009), et vient surtout du livre de Stieg Larsson (2005), dont il respecte beaucoup plus les données, ne serait-ce que - pour une fois - grâce à sa traduction quasiment exacte en français, Millénium : Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes. Je vous conseille vivement de bien regarder le trailer fondamental, qui vous donnera tout de suite une idée plus précise de ce dont il s'agit :
Au départ, nous sommes confrontés aux difficultés dans son métier de Mikael Blomkvist (Daniel Craig), un journaliste économique qui écrit dans le magazine Millénium, et est confronté à de graves soucis avec un article publié récemment sur le multimillionnaire Hans-Erik Wennerström (Ulf Friberg), qui risque de lui coûter énormément :
Résultat ? Il tente sa chance au grand nord de Stockholm afin de rencontrer Henrik Vanger (Christopher Plummer) - un personnage bien particulier à la tête d'une grande famille de soixante personnes, qui semblent cacher bien des haines et des secrets :
Officiellement, Mikael Blomkvist a pour tâche de se consacrer à la biographie de tous ces gens... Mais en réalité, son rôle sera d'enquêter sur la disparition il y a 40 ans de la petite-nièce préférée de Henrik Vanger (Harriet), correspondant peut-être à un pur et simple assassinat - ce que semble démontrer cette étrange fleur qu'il reçoit tous les ans, durant un premier temps due à Harriet, mais dans un second à un mystérieux expéditeur :
C'est alors que nous voyons apparaître pour la première fois Lisbeth Salander (Rooney Mara), une brillante enquêteuse asociale et hacker âgée de 24 ans, qui se trouve confrontée à une grave hémorragie de son tuteur habituel :
Avec Daniel Craig, Rooney Mara occupe le rôle le plus important du film, et ceci ne fût pas un choix évident de David Fincher au départ... Il n'empêche : il l'a fait passer devant Anne Hathaway, Scarlett Johansson, Natalie Portman, Léa Seydoux - pour ne citer que les plus connues -, et cela est tout à son honneur, car cette jeune fille est absolument parfaite dans son interprétation délicate !
Quoi qu'il en soit, le tuteur de Lisbeth Salander actuellement à l'hôpital dans un état critique est provisoirement remplacé par Nils Bjurman (Yorik van Wageningen), un homme nettement plus profiteur et pervers, qui axe sa première rencontre autour de son sexe, puis immédiatement sa seconde sur un acte sadomasochiste porté sur la sodomie - ce qui lui déplaît bien sûr profondément :
Mais elle résout tout lors de la troisième et dernière fois, où elle le piège instantanément en utilisant en premier lieu un taser, puis ensuite un gode - dont elle se sert avec autant de violence que Nils Bjurman l'avait fait auparavant :
En outre, elle lui tatoue sur la poitrine la phrase "Je suis un cochon violeur", puis obtient tout ce qu'elle veut grâce à un enregistrement secret - avec lequel elle parvient à obtenir tout son argent et de nouveau sa grande capacité à enquêter :
Raison pour laquelle elle conclut sa dernière entrevue par cette phrase cynique qu'elle semble prendre au second degré, "Je suis folle" :
Peu de temps après, Lisbeth Salander est d'ailleurs recrutée par Mikael Blomkvist, qui la convainc assez rapidement de faire des recherches sur un tas de jeunes filles assassinées entre 1947 et 1967, qui en plus portent presque toutes des noms juifs - ce qui laisse penser à de l'antisémitisme, dont une partie de la famille Vanger ne se cache pas :
Ils reprennent toute la liste qu'ils possèdent, et tentent de découvrir les relations qui existent entre ces personnes et la bible - qui apparaît mentionnée à chaque fois sous forme de numéros :
Mais hélas, lors d'un matin, Mikael Blomkvist découvre sur la porte le cadavre mutilé de son chat... Et une autre nuit, il manque de se faire tuer par une balle qui lui effleure le front - acte qu'il juge aussitôt délibéré, et qu'heureusement Lisbeth Salander va au mieux tenter de réparer :
On découvre alors plus amplement Martin Vanger (Stellan Skarsgard), le fils de Gottfried et le frère de Harriet, dont les implications dans tous ces meurtres sont vaguement marquées - comme le découvre en travaillant sur son ordinateur Lisbeth Salander :
Néanmoins, cela n'est pas encore sûr... Raison pour laquelle Martin Vanger n'éprouve guère de difficultés à manipuler Mikael Blomkvist, sous le simple prétexte qu'il aurait quelque chose à lui montrer :
Une fois descendu à la cave, il lui montre enfin l'aménagement spécial du lieu, puis le capture, le rend provisoirement inconscient, et l'enchaîne inexorablement... Petit détail au passage : Daniel Craig a réellement perdu connaissance au cours de l'enregistrement de cette scène de torture, ce qui la rend particulièrement éprouvante !
Martin Vangler se vante alors d'avoir tué des femmes durant des décennies, tout comme son père Gottfried... Mais contrairement à ce qu'avance Mikael Blomkvist, il dénie totalement le meurtre d'Harriet, et se prépare à le tuer rien que pour ce mensonge :
Par chance, Lisbeth Salander arrive dans le sous-sol au dernier moment, et faute de le maîtriser, elle le force à s'enfuir en voiture - et Mikael Blomkvist lui désigne au dernier moment la place d'une arme :
Magnifiquement filmée par David Fincher, Lisbeth Salander prend sa moto pour le poursuivre sur la route... Mais allant trop vite, il finit par se tuer seul en heurtant un réservoir de propane - ce qui débarrasse enfin tout le monde de la présence de Martin Vanger :
Une fois tout ceci passé, Lisbeth Salander en profite pour soigner au mieux Mikael Blomkvist, lequel a l'air fort content de la direction que prend cette relation... Raison de plus pour laisser la jeune fille lui raconter un tas de choses qui l'on forcée à prendre un tuteur - dont le fait qu'elle ait tenté de brûler vif son propre père :
Mais cela n'empêche pas Mikael Blomkvist d'avoir ses propres idées, qui finissent également par la séduire :
Au bout du compte, ils prennent tout deux un avion pour Londres, où ils finissent par retrouver enfin la jeune femme qu'ils recherchaient depuis le début, Harriet Vanger - qui s'est depuis renommée Erika Berger (Robin Wright) :
Elle se remémore un tas de choses, entre autres que Gottfried Vanger a abusé d'elle durant une année quand elle avait 14 ans, qu'elle a fini par le tuer, mais que laissant son fils Martin à sa propre place, elle courait d'autant plus de dangers...
Elle a fini par s'enfuir à Londres, aidé par sa cousine Anita, et finalement, Mikael Blomkvist l'informe de la mort de Martin Vanger et de la grande sécurité qu'elle connaît désormais :
C'est alors que Harriet Vanger retourne en Suède, et retrouve enfin Henrik Vanger, son grand-oncle favori :
Conformément à ce qu'il avait promis, Henrik Vanger donne à Mikael Blomkvist les informations prévues sur Hans-Erik Wennerström, mais celles-ci s'avèrent obsolètes... Jusqu'à ce que Lisbeth Salander propose une autre idée, plutôt étonnante :
Elle se déguise en effet en blonde absolument parfaite, totalement opposée à son image habituelle, et se rend quelques jours en Suisse, retirant mine de rien deux milliards d'euros sur les comptes secrets de Hans-Erik Wennerström :
Rien que pour assister à ceci, son changement inhabituel de style et même de voix, n'hésitez pas à regarder ce court extrait :
Aussitôt cela fait, elle rend à Mikael Blomkvist l'argent qu'il lui avait prêté dans cet unique but - et ceci réussit d'ailleurs si bien qu'il publie sans tarder un éditorial cinglant sur Hans-Erik Wennerström, ce qui ruine celui-ci immédiatement :
Dans un premier temps, une réaction totalement positive de Lisbeth Salander se marque bien :
Hélas subitement envolée lorsqu'elle voit Mikael Blomkvist de nouveau avec sa femme Erika Berger (Robin Wright), visiblement très heureux ainsi... Du coup, elle jette à la poubelle le cadeau qu'elle avait prévu de lui offrir pour Noël, puis s'éclipse de nuit en moto, marquant ainsi la - triste ? - fin du film.
Que dire d'autre vis-à-vis de cet Opus ? Certes, il a largement remporté sa mise initiale, de 90 millions de dollars, mais s'est surtout reposé sur la prestation remarquable de Rooney Mara, qui a reçu à cette occasion de nombreux prix - entre autres, le Golden Globe et les Oscars 2012. Elle continue fort bien dans cette voie, de même d'ailleurs que David Fincher, dont je tiens presque chacun de ses films pour absolument génial !
Vous n'avez pas encore vu ce film ? Vous ne devez pas être américain, dans ce cas, car cet Opus traite durant 157 minutes d'un serial killer ayant réellement sévi autour de San Francisco, dans les années 1960 et 1970. Actuellement, la police n'a toujours pas résolu les affaires criminelles liées à ce tueur surnommé Zodiac, mais les hypothèses les plus vraisemblables sont ici utilisées par David Fincher.
Le premier film consacré à ce sujet date de 1971 (The Zodiac Killer), mais il est bien loin d'égaler celui-ci de 2007, qui fut tourné à partir d'un scénario de James Vanderbilt, lui-même basé sur les deux livres de Robert Graysmith - l'un des personnages les plus importants de Zodiac, et qui a réellement existé, tout comme du reste Paul Avery, David Toschi, et pratiquement tous les autres. En fait, David Fincher a effectué un travail fondamental de 18 mois concernant les meurtres avec des témoins ou des victimes encore vivants, ce qui est à proprement parler exceptionnel !
Jugez-en vous-même avec le bon trailer :
On démarre le 4 juillet 1969, où Darlene Ferrin et Mike Mageau (Lee Norris) sont violemment attaqués au couteau, en pleine nuit dans l'allée des Amoureux à Vallejo, en Californie :
Vient le sobre générique du film, puis le journal San Francisco Chronicle reçoit un mois plus tard plusieurs lettres cryptées écrites par le tueur en question, qui se nomme lui-même Zodiac :
Que dit l'une de ces lettres ? Elle fait juste une proposition, mais relativement inquiétante, puisque son auteur dit en passer à une bonne douzaine de personnes :
Le caricaturiste Robert Graysmith (Jake Gyllenhaal) sent par pur instinct que son identité n'est pas contenue dans le message.... Mais il n'est pas pris au sérieux par le journaliste policier Paul Avery (Robert Downey Jr.), qui le considère juste comme un dessinateur :
Au mois de septembre de la même année, le tueur poignarde de nouveau deux jeunes étudiants, Brian Hartnell (Patrick Scott Lewis) et Cecelia Shepard, au lac Berryessa, dans le comté de Napa... Brian survit, mais Cecelia meurt deux jours plus tard :
Après ces trois mois, Paul Avery s'entend enfin beaucoup mieux avec Robert Graysmith, qui a entre autre l'idée que Zodiac fait référence au film Les Chasses du comte Zaroff (1932) :
Mais cela ne leur donne pas beaucoup d'idées... Jusqu'à ce que deux semaines plus tard, un chauffeur de taxi de San Francisco, Paul Stine, soit à son tour tué, et cette fois-ci par balle :
C'est pour nous l'occasion de mieux découvrir le véritable enquêteur de cette affaire, David Toschi (Mark Ruffalo), qui travaille presque toujours avec son collaborateur Bill Armstrong (Anthony Edwards) :
Etant tous les deux policiers, ils sont bien plus au courant de ce qui se passe, surtout lorsqu'il s'agit de la propre revendication de Zodiac à l'attaque d'un bus - phénomène qui a profondément touché David Fincher lui-même durant sa jeunesse :
"Je me souviens avoir demandé à mon père ce que faisaient ces voitures de policiers qui encadraient nos bus de ramassage scolaire. Il m'avait expliqué qu'un tueur équipé d'un fusil à longue vue envisageait de tuer des enfants qui partaient à l'école. J'avais la sensation d'être confronté au mal absolu" :
Ne sachant plus trop quoi faire, ils décident finalement d'embaucher l'avocat Melvin Belli (Brian Cox), qui va recevoir des coups de téléphone d'un prétendu Zodiac, pour la chaîne KGO-TV :
En fait, personne n'est sûr qu'il s'agisse bien de Zodiac en personne, ou d'un simple imitateur... Pas même Melvin Belli :
Il n'empêche que durant tout ce temps-là, une jeune femme, Kathleen Johns (Ione Skye) et son enfant sont à deux doigts d'être tués - sans que l'on sache la raison pour laquelle Zodiac s'en est soudain abstenu au dernier moment :
Histoire de bien terminer cette première partie du film, David Fincher nous montre brièvement la nouvelle compagne de Robert Graysmith, Melanie (Chloë Sevigny) :
Ainsi que la curieuse destinée de Paul Avery, qui commence à travailler de son côté, mais devient paranoïaque, et se tourne de plus en plus vers la drogue et l'alcool, avant de s'installer définitivement à Sacramento, proche de San Francisco :
Robert Gaysmith tente de l'en dissuader, mais en vain (extrait en pur français, pour une fois) :
Pour finir, David Toschi, Bill Armstrong et le sergent Jack Mulanax (Elias Koteas) interrogent enfin le fameux Arthur Leigh Allen (John Carroll Lynch), mais sans succès, et pour cause... Ils n'ont absolument rien contre lui, et comme il le déclare, "Si j'étais Zodiac, je ne vous le dirais pas " :
David Fincher marque alors le début de la seconde phase du film, non seulement avec cette vue fantastique de la grande ville :
Mais surtout avec cette rencontre de David Toschi avec Robert Graysmith dans un cinéma, et devinez de quel film ils parlent ? Mais oui, c'est exactement Dirty Harry de Don Siegel, sorti en 1971, et où il crée avec le personnage de Scorpio un petit peu l'équivalent de Zodiac :
Après Paul Avery, c'est maintenant au tour de Anthony Edwards d'abandonner l'affaire, histoire de donner vie à toute sa famille :
Résultat ? Il s'installe une vive collaboration entre David Toschi et Robert Graysmith, et même si le premier n'a pas le droit de dire au second tout ce qu'il souhaiterait savoir, il ne peut s'empêcher de lui livrer quelques précieuses informations :
La femme de Robert Graysmith est pourtant à deux doigts de le quitter, mais il décide quand même d'écrire un livre sur cette affaire complexe, avec tous les éléments dont il dispose :
Inutile de dire qu'il n'a pas du tout l'accord de David Toschi :
Pas plus que celui de Melanie, qui va bientôt se séparer de lui, en emmenant les enfants :
Robert Graysmith ne peut toutefois pas se défaire de tout ce qui l'obsède... Au dernier moment, il se tourne vers un collectionneur de films, mais il en prend peur subitement, et réussit à sortir en courant de l'obscurité :
Il contacte alors Ferrin, apparemment née le même jour que Zodiac, et lui donne l'identité qu'il avait pensé depuis le début... Tout le monde est au moins d'accord sur un point, il s'agirait de Arthur Leigh Allen :
Lors de leur ultime rendez-vous, c'est le seul point dont discutent encore Robert Graysmith et David Toschi - et bien qu'ils ne soient pas autorisés aux même choses, ils tombent parfaitement d'accord là-dessus :
Rassurez-vous, nous sommes pratiquement à la fin ! En 1983 (soit 14 ans après le premier meurtre), Robert Graysmith rencontre par hasard Arthur Leigh Allen dans un magasin Vallejo Ace Hardware... Mais il fait semblant de ne pas le reconnaître :
Au final, c'est l'un des rares survivants, Mike Mageau, qui l'identifie avec certitude comme le meurtrier, face au policier George Bawart :
Bien sûr, il vient ensuite un bref résumé des différentes personnes, mais c'est le minimum que l'on puisse faire sur un Opus tout à la fois long (2h37') et passionnant... Pour tout dire, le film dépassa à peine son budget élevé de 65 millions de dollars, mais il obtint quasiment 90% de critiques très positives, et cela dans pratiquement tous les pays du monde !
Qu'en est-il advenu pour autant de l'affaire principale ? Arthur Leigh Allen reste toujours le principal suspect, mais il n'a jamais pu être arrêté - encore moins du fait qu'il soit mort en 1992. En 2008, l'enquête est relancée, mais malgré les huit noms avancés, aucun n'est vraiment plausible... Ici, David Fincher a fait une œuvre tout aussi puissante que son antérieur Seven (1995), sauf que celle-ci est bien réelle - au point que nous l'avons intégrée à la liste des biopics !