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  • dimanche, septembre 10, 2023

    ELEPHANT MAN (DAVID LYNCH)

    Sorti en 1980 à la suite de Eraserhead (1977), cet Opus est quasiment le seul de David Lynch a être tourné de façon normale sur une histoire absolument authentique - à l'exception près de A Straight Story (1999), qui comme chacun le sait raconte la vie de Alvin Straight parti faire une vaste randonnée d'autoroute à bord de son tracteur vieillissant.

    Ce film nous raconte en fait la destinée d'un homme d'une apparence étrange, qui semble donner tout son sens au terme de Elephant Man - couramment employé à son sujet à l'époque. Ceci nous montre d'ailleurs la virtuosité naissante de David Lynch, qui nous livre tout à la fois le vrai monstre et la sobre étiquette du cirque, en se réservant pour bien plus tard la vue de l'être humain dont il est question :

    Deux personnages sont réellement importants : d'une part, le Dr Frederick Treves (qui a réellement existé, et même produit une bonne partie du script, The Elephant Man and Other ReminiscencesFrederick Treves), brillamment interprété par Anthony Hopkins - encore assez peu connu à l'époque :
    Et d'autre part John Merrick, dit Elephant Man, qui a lui aussi vécu de 1862 à 1890 (Joseph Merrick), et dont je ne vous livrerai le nom d'acteur qu'à la fin - bien qu'il soit déjà célèbre grâce à sa prestation dans Alien de Ridley Scott (1979) :
    Celui-ci vivote pour l'instant dans le cirque de Londres, où il est dirigé et contrôlé en toute impunité par le cruel Bytes (Freddie Jones). Mais Frederick Treves va finir par le découvrir, et donne à Bytes une bonne raison de l'emmener dans son hôpital, au moins pour quelques jours :
    A gauche, le supérieur de Frederick Treves, le directeur de l'hôpital de Londres, Sir Carr Gomm (John Gielgud), a quelques inquiétudes sur lui... Mais Frederick Treves s'en occupe très bien, et c'est pour nous la première occasion de découvrir son corps en entier :
    Sauf que le gardien de nuit de l'hôpital se rabat sur une autre solution, qui cherche davantage à utiliser John Merrick comme phénomène de foire incognito :
    Mais Frederick Treves n'en est pas encore conscient, et cherche tout d'abord à faire parler John Merrick - qui pour l'heure semble dépourvu de tout langage cohérent :
    Ceci n'est pas très facile, car le combat entre Bytes et le Dr Frederick Treves en est toujours au même point :
    Mais ce dernier gagne provisoirement, et présente ainsi un John Merrick nettement plus agréable à son supérieur Sir Carr Gomm - et tout le monde a l'air bien plus content :
    Néanmoins, le gardien de nuit en fait de plus en plus concernant son rendement personnel, et n'hésite pas à faire peur sans le moindre scrupule à celles qui osent se lancer : 
    Cependant, une fois dans la journée, nous nous retrouvons face à tout ce qu'il y a de plus normal... Et John Merrick est en outre grandement félicité par une jeune infirmière, Nora (Lesley Dunlop), qui se réjouit de sa construction tout à fait inattendue d'une petite église :
    De plus, John Merrick fait la connaissance de la femme du Dr Frederick, Mrs Treves (Hannah Gordon), ainsi que de leur maison :
    Donc, tout se passe le mieux possible, dirait-on... Sauf qu'entretemps, le vote de tout l'hôpital en sa faveur semble hélas très compromis, surtout par un ou deux docteurs :
    Fort heureusement, il suffit que la princesse Alexandra (Helen Ryan) - porteuse des paroles de la reine Victoria - dise ses intentions, pour que tout change d'une façon en apparence improvisée :
    A partir de ce moment-là, John Merrick est donc définitivement logé dans l'appartement de l'hôpital, apparemment pour la vie :
    Sauf que mine de rien, le gardien de nuit se moque encore plus de lui, et à peine le jour passé, il se charge d'entraîner de nombreuses personnes à une sorte d'orgie démesurée :
    Mais Bytes est pour une fois là, et va résoudre le problème à sa façon en forçant John Merrick à rentrer à son vrai domicile - le sien -, pas celui qui lui a été attribué par l'hôpital :
    Par miracle, le Dr Frederick Treves finit par s'en apercevoir, et dans un premier temps renvoie définitivement le gardien de nuit :
    Mais il ne sait toujours pas où John Merrick se trouve, et lorsqu'il le découvre enfin chez Bytes, il est halluciné de le voir souffrir à ce point-là - surtout en le découvrant enfermé dans une cage avec pour seul compagnon un singe :
    Dans un premier temps, Dr Frederick Treves quitte les lieux sans rien tenter... Mais de son côté, grâce à l'aide des autre phénomènes du cirque, John Merrick parvient à s'enfuir, puis prend place sur un bateau en direction d'Ostende en Belgique :
    Hélas, il est vite repéré par tout le monde dans la gare du train qu'il est sensé prendre à ce moment précis :
    Par le plus grand des miracles, la police le retrouve et le ramène à l'hôpital de Londres, où il se retrouve enfin en de bonnes mains - avec la conviction d'avoir accompli tout ce qu'il fallait :
    En outre, dès le lendemain, il est convié par le Dr Frederick Treves et son épouse à se rendre pour la première fois à une représentation dans le grand théâtre de Londres, où il va tout à la fois découvrir un ballet et se retrouver au cœur des intentions de tout le monde :
    C'est parfait, mais presque trop... Bien qu'on ne sache pas s'il l'a voulu ou non, ce sera le dernier soir de John Merrick - à seulement 27 ans ! -, celui où il se prépare à retrouver enfin la mère dont il a toujours gardé l'unique photo à portée de mains. Celle-ci lui dira "Rien ne meurt jamais", sur le fond absolument sublime de l'Adagio pour cordes de Samuel Barber (à découvrir ici) :

    N'aurais-je pas oublié quelque chose ? Mais si, le nom de l'acteur qui a brillamment interprété John Merrick, John Hurt, qui l'année d'avant s'est déjà fait connaître grâce à Alien de Ridley Scott... Contrairement aux premiers essais de David Lynch, relativement impropres, tout le maquillage fut finalement pris en charge par le grand spécialiste Christopher Tucker, une double couche de latex que John Hurt devait porter 12 heures par jour !

    Celui-ci fut directement élaboré à partir du moulage post-mortem de la tête de John Merrick - qui de fait lui ressemble parfaitement :

    Dire qu'il s'agirait d'un film typique de David Lynch serait certes relativement impropre - puisqu'à l'exception de celui-ci et de A Straight Story (1999), il n'a jamais construit que des œuvres surréalistes ou expérimentales... Mais celui-ci, le second de sa carrière à être tourné en noir et blanc tout comme Eraserhead, est parfaitement découpé et monté selon une histoire authentique, et lui valut non seulement le Grand Prix du Festival d'Avoriaz en 1981, mais aussi le César du meilleur film étranger en 1982. Ce n'est pas mal, n'est-ce pas, à seulement 34 ans ?
    Autres films du même réalisateur : EraserheadWild at HeartLost HighwayA Straight StoryMulholland Drive
    Autres biopics (avec entre parenthèses la date du film, et le nom de la personne traitée) : Patton (1970, George Patton), Barry Lyndon (1975, Barry Lyndon), Raging Bull (1980, Jake LaMotta), Bird (1988, Charlie Parker), Ed Wood (1994, Ed Wood), Braveheart (1995, William Wallace), A Straight Story (1999, Alvin Straight), The Insider (1999, Jeffrey Wigand), Ali (2002, Cassius Clay), Frida (2002, Frida Kahlo), Girl with a Pearl Earring (2003, Johannes Vermeer), Marie-Antoinette (2006, Marie-Antoinette), The Last King of Scotland (2006, Idi Amin Dada), La Môme (2007, Edith Piaf), Into the Wild (2007, Christopher McCandless), Silence (2017, jésuites portugais)

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    6 Comments:

    Anonymous Anonyme said...

    Très belle analyse. C'est un des films qui me procure le plus d'émotions.

    dimanche, 10 septembre, 2023  
    Blogger Vincent said...

    Merci beaucoup de votre commentaire - ce qui n'est pas rien, après la visite de plus de 100 personnes depuis Facebook ! Moi aussi, c'est un film qui me touche énormément, et je crois qu'il est inutile de dire pour quelle raison...

    dimanche, 10 septembre, 2023  
    Anonymous Jean-Paul Desverchère said...

    John Merrick monstre victorien écartelé entre le forain dépendant et le savant arriviste, s’exhibe sous la contrainte pendant que les fumées crachent un poison industriel fauchant ses premières victimes faciès édentés rongés par la crasse, le sénilisme, la débauche, l’alcool et le charbon.
    L’échec d'un quart monde volumineux dans l’impossibilité de se constituer un intellect rapatriant son incompétence et sa violence sur son prochain ou sur une machine outil imprévisible et hyper dangereuse.
    John Merrick monstrueux au dernier degré étale sur toute sa surface desséchée l’image d’un prolétariat défiguré, sans gouvernail récupéré par la production intensive, la prostituée et le pugilat en taverne.
    L’homme éléphant ayant révélé une conscience est éduqué, tout en étant respecté ou molesté en fonction des origines de ses différents interlocuteurs.
    La lumière ou les ténèbres en alternance sans possibilité d’inverser le processus négatif de sa maladie.
    Les ultimes décibels d’un naufrage national incitant une descendance à ne pas reproduire dans le temps une telle décrépitude environnante.
    L’abolition d’une dégénérescence n’étant que châtiments corporels, analphabétismes, voyeurismes, dépendances et arrivismes.
    L’homme éléphant rapatrié du néant vers la lumière teste son époque, de son individu le plus sommaire au plus élaboré dans une course contre le temps ou le seul but est la capture et l’entretien d’un respect.

    lundi, 11 septembre, 2023  
    Blogger Vincent said...

    Je ne peux rien dire de plus... Ou alors, cela se trouve déjà dans le texte - mais bien sûr, ça ne fait pas de mal d'être un petit peu rappelé !

    mardi, 12 septembre, 2023  
    Anonymous Chah said...

    Merci pour ce bel article, sur un film très beau et très émouvant. Oui, pas mal du tout, de faire tout cela à 34 ans !

    mardi, 12 septembre, 2023  
    Blogger Vincent said...

    Merci beaucoup ! Et c'est vrai que ce film est tout autant d'une grande beauté que d'une rare puissance, dû en partie à la réalité de son histoire... David Lynch a fait là du mieux qu'il a pu, et remercions-le pour ça !

    mercredi, 13 septembre, 2023  

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