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  • vendredi, mars 01, 2024

    C'EST ARRIVE PRÈS DE CHEZ VOUS (REMY BELVAUX)

    Bien que daté de 1992, c'est un film que vous connaissez tous, au moins pour deux raisons : 1) Ce fut le tout premier de ce célèbre acteur qu'est devenu par la suite Benoît Poelvoorde, amené à en faire une bonne cinquantaine d'autres 2) Malgré son aspect cultissime, ce devait être en même temps l'ultime film de Rémy Belvaux (frère du réalisateur Lucas Belvaux), qui après un passage très remarqué à la publicité à partir de 1998 - notamment celles pour SFR et Charal, dignes de prix -, devait hélas se tourner vers le suicide autour de Paris, pour des causes toujours inconnues, à l'âge de seulement 39 ans.

    C'est un Opus assez étrange, car il marque tout à la fois le cycle de fin d'études de cinéma de Remy Belvaux, les débuts de Benoît Poelvoorde sur la scène, et surtout l'image de la fabrication d'un film dans le film, ce qui sert au départ à donner cet aspect ironique à une œuvre au départ simple parodie de Strip-tease, mais dont le but final s'avère en fait bien plus grave que prévu, et se termine sur un plan unique dû à ses deux morts - en fait, les deux grands "héros" de la pièce.

    Inutile d'attendre plus : dès le départ, on voit Benoît Pappaert, dit "Ben" (Benoît Poelvoorde) se livrer à un crime apparemment normal dans le train... Puis il explique très calmement à Rémy (Rémy Belvaux), qui est censé faire un film sur lui, comment s'en charger pour se débarrasser du corps sans prendre aucun risque :

    La suite est d'ailleurs assez terrifiante, puisque l'on voit Ben se livrer au massacre de toute une famille - dont même l'enfant fait partie des victimes :
    Avec comme d'habitude l'explication à Rémy de tout ce qu'il faut faire pour que personne ne s'en aperçoive... Mais cela ne va pas l'empêcher, autour d'un verre, de se montrer totalement serein face à tout cela, et d'en parler comme d'un moyen naturel de gagner sa ve :
    Du reste, il s'y connait en beaucoup de choses, et il parle à Rémy d'une façon très détendue de ce qu'il estime être une catastrophe architecturale - en plein milieu de l'endroit... Comme si cela avait un rapport, il n'a même pas besoin de se servir de son arme afin d'abattre une femme âgée, celle-ci mourant d'un infarctus avant même qu'il n'ait besoin d'appuyer sur la détente :
    Rémy a l'air encore assez tendu, et Ben s'en aperçoit suffisamment rapidement pour lui offrir un bon verre, histoire de le familiariser avec tous ces faits :
    Il faut dire qu'en dehors de tous ces actes monstrueux, Ben a l'air d'une personne tout à fait normale, et même très agréable à vivre... C'est en tous cas ce qu'en pense sa petite amie Valérie (Valérie Parent), une jolie flûtiste - qu'en prime il prend tout le temps qu'il faut pour l'accompagner au piano et la faire travailler :
    Tout le film a l'air bien, non ? C'est du moins ce qu'on en pense, jusqu'à ce que débarque d'une façon totalement irrationnelle deux italiens dans le bâtiment abandonné qui sert à Ben de cachette - jusqu'à ce que ce dernier se décide à les tuer, s'apercevant après coup que eux aussi étaient filmé par une autre équipe :
    Ce qui, bien sûr, ne dispense pas Ben de réflexions tout à fait inattendues sur le sujet :
    Hélas, leur caméraman (André Bonzel) est aussi mort sur le coup, délibérément touché par l'équipe italienne :
    Mais Ben sait très bien comment il faut prendre ce genre d'évènement... Et il décide d'emmener Rémy à une nouvelle chasse, histoire de se détendre un petit peu :
    Malheureusement, l'effet sur Rémy ne se révèle pas du tout constructeur, bien au contraire :
    Surtout lorsqu'arrivent, comme par hasard, les fameux italiens - que Ben s'empresse heureusement d'abattre, sans le moindre souci :
    Mais l'effet en est déplorable sur Rémy, que Ben s'empresse donc d'inviter dans un bar au plus vite, où il lui apprend à jouer au petit Grégory - qui repose sur la façon dont l'olive pénètre dans le liquide et reste ou non en profondeur, fait qui est lié naturellement pour Ben au poids des corps humains dans l'eau :
    Mais ça ne marche pas très bien... Ben décide du coup d'emmener Rémy à une autre partie - que l'on peut cette fois-ci qualifier de partouze, puisqu'après avoir tué le mari, Ben et tous ses acolytes prennent soin de violer la fille, l'un après l'autre :
    Pour ne rien arranger, sa petite amie Valérie s'inquiète d'avoir reçu un animal transpercé d'une lame... Mais Ben se charge de la rassurer, et va même participer à un combat de boxe professionnel, histoire de lui montrer vraiment qui il est :
    Malheureusement, il sort de cette bataille assez mal en point... Ce qui n'empêche pas ses deux grands-parents, Hector et Nelly Pappaert, de se rendre à l'hôpital - rappelant au passage toute la confiance qu'ils ont en lui, ignorant totalement ce qu'il fait pour gagner sa vie :
    Histoire de rendre le film encore plus traumatisant, on découvre Ben sorti de l'hôpital à la soirée de son anniversaire, où il abat d'un seul coup quelqu'un sur un simple prétexte... Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, tout le monde fait comme si de rien n'était, continuant à s'amuser et à parler tels de bons amis :
    Mais cette fois-ci, la police semble un peu plus efficace que d'habitude, et l'arrête aussitôt... On pourrait croire que cela le gêne d'être incarcéré, mais pas du tout, et même sa grand-mère vient le consoler, estimant qu'une grave erreur a été commise lors de son arrestation. Du reste, il va s'évader bientôt avec une grande facilité :
    Hélas, il est confronté tout d'abord au meurtre de Valérie par une autre équipe italienne - laissant la jeune fille presque nue et sa flûte à la main comme par pure ironie :
    Puis ensuite à l'assassinat de ses deux grands-parents - qu'il refuse même de montrer à l'image, tellement il semble choqué :
    Ben décide alors de réciter un poème, mais il est aussitôt abattu avant même de l'avoir terminé... Et il en va de façon identique pour Rémy, probablement par le groupe italien :
    Résultat ? Ainsi se montre l'ultime plan du film, tourné par leur caméra désormais toute seule - et ceci durera un assez long moment, qui sera le tout dernier plan :

    Si vous n'avez pas encore vu l'Opus - ce qui est assez improbable -, je vous donne un plutôt bon trailer :

    Evidemment, c'est un faux documentaire sur une personne qui n'existe pas réellement (Ben), mais c'est très efficace, non seulement parce que les plans sont bien enchaînés, mais aussi car l'histoire - malgré son aspect visiblement dérisoire - risque bien de se produire un jour, finalement...
    C'est là qu'on découvre les deux personnalités de Rémy et de Ben : 1) Le premier est au tout début du film assez neutre pour écouter les discours-fleuves de Ben, jusqu'à ce qu'il se passionne de plus en plus sur le sujet, et finisse par se sentir très proche du tueur 2) Ben est par contre, au début de l'œuvre, présenté comme un être sympathique, cultivé, et avide de poésie comme de cinéma... Mais au bout d'un moment, il se montre de plus en plus abject, amoral, une sorte de sanguinaire incapable de la moindre humanité...
    Vous dire que c'est un très bon Opus, je n'irais pas jusque là... Mais c'est sans contexte un excellent premier (et hélas dernier) film de Rémy Belvaux, qui obtint à cette occasion de nombreux prix : le SACD et le prix spécial de la jeunesse à Cannes en 1992, le prix du meilleur film et du meilleur acteur à Catalogne la même année, le prix européen du cinéma en 1993, et le Saturn Awards en 1994 !

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    mardi, février 20, 2024

    THE INSIDER (MICHAEL MANN)

    Juste tourné en 1999, Révélations (en français, sens différent du titre américain, qui signifie l'initié), le film succède immédiatement à The Last of the Mohicans (1992) et le fameux Heat (1995), et s'engage désormais dans la voie toute différente du biopic, nous racontant l'histoire célèbre de Jeffrey Wigand au sujet du tabac et de ses dangers, qui a commencé à se dérouler en 1993.

    Alors certes, cet Opus n'a pas eu un aussi grand succès que les précédents, peut-être pour trois raisons : 1) Ceci n'intéresse qu'à moitié tous ceux qui ne sont pas eux-mêmes fumeurs 2) C'est aussi relativement long (2h37') pour raconter un thème finalement plutôt classique 3) Mais surtout, cela découle de la rencontre captivante de Jeffrey Wigand avec le journaliste Lowell Bergman, qui si elle se déroule très bien durant la première moitié, tourne ensuite vers une critique sans doute fondamentale du pouvoir de la télévision et de la presse, mais dure trop longtemps, et nous fait presque oublier la critique du tabac qui était jusqu'alors au cœur du film.

    C'est la raison pour laquelle j'ai découpé cette analyse en deux, qui divise grosso modo cette œuvre en sections qui ont finalement peu de choses en commun... Exception faite, bien sûr, du jeu absolument parfait des deux acteurs principaux, Al Pacino et Russell Crowe, et aussi de la musique, qui si elle ne paraît pas fondamentale durant les scènes d'ouverture, prend de plus de plus en plus d'importance au fur et à mesure que l'on avance.

    1) Première partie : le tabac et ses problèmes

    Au tout début, on découvre Lowell Bergman (Al Pacino), journaliste puissant de 60 Minutes, une émission télévisée de CBS, confiné sous un masque, et tentant au Liban de persuader l'émir Mohammad Fadlallah, chef spirituel de Hezbollah, de participer à son interview américain sur cette chaîne :

    Ils se disputent pas mal, aussi bien en arabe qu'en américain, mais cela finit quand même par bien se terminer :
    Ceci dure environ un bon quart d'heure, mais c'est surtout pour nous montrer l'efficacité de Lowell Bergman, qui parvient assez rapidement à convaincre l'émir d'accepter sans problème d'être interrogé...
    L'on découvre alors à l'opposé le docteur Jeffrey Wigand (Russell Crowe) en train d'avouer son licenciement inexpliqué à sa femme Liane Wigand (Diane Venora) - alors qu'ils étaient très heureux avec leurs deux filles, leur grande maison et leur voiture :
    C'est le moment où Lowell Bergman décide d'appeler Jeffrey Wigand, afin de parler avec lui d'un dossier sur la cigarette qu'il vient de recevoir de façon anonyme - et auquel il ne comprend rien :
    Dès le départ, le point de vue de Jeffrey Wigand est totalement négatif - ne serait-ce que pour respecter ses conditions de licenciement... Mais Lowell Bergman finit par le convaincre de se rendre le lendemain dans un hôtel, où il commence à mieux comprendre son type de vie :
    Surtout lorsque Jeffrey Wigand lui parle de son entrevue récente avec le patron de Brown & Williamson - ou encore Philip Morris -, Thomas Sanderfur (Michael Gambon), qui l'a contraint de signer son papier de démission :
    Cela a l'air fort courtois, mais en fait, ça ne l'est pas du tout :
    C'est en tous cas le point de vue de Lowell Bergman, qui finit par convaincre celui qui était jusqu'alors réticent, Jeffrey Wigand... Lequel lui livre aussitôt le surnom des "sept nains", qui désigne en vérité "les sept PDG du tabac" :
    Néanmoins, Lowell Bergman le sent encore indécis :
    D'autant plus que peu de temps après, la vie de couple de Jeffrey Wigand se dégrade de plus en plus, commençant avec la revente de leur vaste maison - faute de salaire :
    C'est le moment que choisit Lowell Bergman pour inviter Jeffrey Wigand dans un restaurant japonais, en tentant de le convaincre définitivement de son option - ce dont ce dernier doute toujours :
    Et c'est aussi le cas de tous ceux qui sont impliqués dans l'affaire, s'inquiétant à juste titre de la direction que prennent les choses :
    L'un des sommets que l'on pouvait difficilement imaginer se déclenche alors : tout d'abord, Jeffrey Wigand reçoit un fax traumatisant... Aussitôt suivi par une balle laissée dans la boîte aux lettres, comme pour bien lui faire comprendre le message :
    Mais ceci a du bon, car toute cette opération pousse finalement Jeffrey Wigand à s'engager sérieusement... Ce qui se trouve ainsi bien résumé par Lowell Bergman, "des gens ordinaires sous une pression extraordinaire" :
    C'est alors qu'il participe à l'enregistrement de son interview, avec Mike Wallace (Christopher Plummer)... Et dit tout ce qu'il pense vraiment, entre autre sur l'usage illégal du coumarin, qui peut selon lui avoir un grave impact sur le foie et le système nerveux :
    Ecoutez-le, il ne dit que le minimum, mais avec une telle puissance intérieure qu'il ne se doute pas un instant que cette émission pourrait ne pas être diffusée :
    Ce qui est pourtant le cas, hélas... Jeffrey Wigand décide donc de témoigner aussi dans le Mississippi, et appelle à ce sujet Richard Scruggs (Colm Feroe) :
    Il a du mal à se décider, mais il y va tout de même :
    Et il est défendu haut la main par Ron Motley (Bruce McGill), redoutable avocat qui vire allégrement les propos des vendeurs de cigarettes - pour donner à Jeffrey Wigand sa véritable place :
    2) Seconde partie : la presse et la télévision
    Parvenu à la moitié du film, nous rentrons alors dans une phase critique très imposante - qui se passe certainement dans le monde réel, mais que nous n'avons pas forcément envie de voir ou de ressentir en direct au cinéma, tellement cela traumatise tout le monde du simple fait que cela existe réellement.
    Il s'agit en fait du passé lointain de Jeffrey Wigand, où il a été quelquefois interpellé par la police - apparemment sur de simples broutilles - et tout laisse penser que le patron de Brown & Williamson, Thomas Sanderfur, a mis cette histoire en avant, ce qui énerve beaucoup Lowell Bergman :
    Ceci se traduit déjà par une longue dispute entre lui et le patron de la chaîne CBS Don Hewitt (Philip Baker Hall) :
    Suivi aussitôt après par une menace bien plus réaliste d'Helen Caperelli (Gina Gershon) envers la propriété du groupe, qui pourrait tout simplement être racheté par Brown & Williamson :
    Lowell Bergman n'en peut tout simplement plus, et va du coup révéler au New York Times l'existence de cet interview de Jeffrey Wigand par Mike Wallace, qui était jusqu'alors interdit à l'écran :
    Par chance, tout marche plutôt bien, l'interview se voit pour de bon diffusé - et l'on peut comprendre, d'un côté, à quel point la longueur du film ne fait que rendre justice à l'hypocrisie et la lenteur de telles opérations, qui peuvent prendre une dizaine d'années...
    Toujours est-il que Lowell Bergman se trouve grandement perturbé, et malgré la bonne volonté de son patron à la dernière minute, se trouve désormais incapable de travailler de cette façon :
    Face à la télévision, il donne définitivement sa démission :
    Suivie peu de temps après par l'explication de Michael Mann, qui précise bien que cette histoire a réellement existée de 1993 à 1997, de même que les deux personnes avec leurs noms originaux, Jeffrey Wigand et Lowell Bergman... Si vous n'avez pas encore vu ce film, le trailer est impressionnant :

    Alors, quelle est votre vision de cet Opus, complètement opposé à Heat sorti quatre ans auparavant ? Il est difficile d'en parler, car il s'agit là d'un biopic - phénomène assez rare qui consiste à raconter la vie bien réelle de vraies personnes, ce qui se reproduira deux ans plus tard avec Ali...

    Comme je l'avais déjà dit au début, c'est sûr que The Insider souffre pas mal de sa construction séparée en deux, de sa longueur dépendante du ministère de la justice, et aussi du probable désintérêt des gens pour ce problème bien précis... Mais il a en revanche d'autres avantages, non seulement du fait qu'il traite d'un thème bien réel, mais surtout qu'il le fait grâce à deux acteurs particulièrement doués en ce domaine, qu'il s'agisse du puissant Al Pacino ou du réservé Russell Crowe, tous deux très convaincants dans leur rôle !

    Autres films du même réalisateur : ManhunterThe Last of the MohicansHeatAliCollatéralMiami VicePublic Enemies

    Autres biopics (avec entre parenthèses la date du film, et le nom de la personne traitée) : Patton (1970, George Patton), Barry Lyndon (1975, Barry Lyndon), Raging Bull (1980, Jake LaMotta), Elephant Man (1980, John Merrick), Bird (1988, Charlie Parker), Ed Wood (1994, Ed Wood), Braveheart (1995, William Wallace), A Straight Story (1999, Alvin Straight), Ali (2002, Cassius Clay), Frida (2002, Frida Kahlo), Girl with a Pearl Earring (2003, Johannes Vermeer), Marie-Antoinette (2006, Marie-Antoinette), The Last King of Scotland (2006, Idi Amin Dada), La Môme (2007, Edith Piaf), Into the Wild (2007, Christopher McCandless), Silence (2017, jésuites portugais)

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