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  • jeudi, juillet 18, 2024

    TWIN PEAKS : FIRE WALK WITH ME

    Réalisé en 1992, il s'agit d'une préquelle à la série télévisée sortie deux ans plus tôt, Twin Peaks, juste après le film Sailor et Lula (1990). Nombreux ont été ceux à voir la première saison, beaucoup moins à regarder la seconde, mais au fond, cela n'a que peu d'importance... Car même si les personnages sont, en partie, les mêmes, il s'agit cette fois de persuader les gens n'ayant jamais vu la série à la télévision de se rendre au cinéma afin d'en capter le concept - ce que l'on ne pouvait faire mieux qu'avec ce sous-titre, Fire walk with me, n'est-ce pas ?

    1) Première partie

    Comme je l'ai déjà précisé, il s'agit d'une préquelle - autrement dit, d'une œuvre dont l'histoire précède celle d'une pièce plus anciennement créée, phénomène qui était alors encore rare au cinéma. Ici, il s'agit du meurtre de Teresa Banks, dont le corps vient d'être retrouvé dans une rivière... Mais si vous voulez voir à quel point cela diffère de la série, mieux vaut regarder le trailer, qui nous résume assez bien ce qui se trame en un peu plus de deux heures :

    Fait assez surprenant, c'est que la première personne que nous voyons s'avère David Lynch lui-même, dont la particularité est de se trouver un peu sourd... Il incarne le chef de file Gorden Cole du FBI de Portland (Oregon), et envoie à Dear Meadow (Washington) ses deux agents favoris, Chet Desmond (Chris Isaak) et Sam Stanley (Kiefer Sutherland) - ce dernier étant également légiste.

    Il leur poste sous une forme codée - autrement dit, via une jeune fille placée près d'un avion - un message de type Blue Rose, que Sam Stanley comprend fort bien :

    Une fois arrivés dans l'état de Washington, ils se rendent immédiatement compte du mauvais accueil des policiers locaux... Mais ils remettent très vite les choses à leur place, Chet Desmond n'hésitant pas à fracasser le nez de l'un d'entre eux :
    Sam Stanley examine dès lors le corps de Teresa Banks (Pamela Gidley)... Il y découvre, caché sous l'un de ses ongles, la lettre T :
    Cela ne leur dit toutefois pas grand chose, et ils se renseignent sur elle un peu partout, visiblement avec très peu de résultats :
    Ils décident alors de fouiller la caravane de Teresa Banks, en s'adressant à Carl Rodd (Harry Dean Stanton, célèbre depuis Alien en 1979)... Ils sont intrigués par une photo d'elle avec un anneau vert :
    Ils décident alors de ramener le corps à Portland pour effectuer une autopsie... Mais c'est la dernière fois que nous les verrons - comme quoi, l'idée principale de ce film scindé en deux parties n'est absolument pas anecdotique :
    Meilleure preuve à Philadelphie, c'est désormais au tour du nouvel agent Dale Cooper (Kyle MacLachlan, ayant déjà participé à deux films de David Lynch, Dune (1984)et Blue Velvet (1986), sans parler de tous les épisodes de Twin Peaks) de faire part à son supérieur Gordon Cole d'un rêve inquiétant qu'il a fait :
    Dans lequel apparaît curieusement un nommé Phillip Jeffries (David Bowie, mais oui !), qui a théoriquement disparu depuis deux ans... Mais qui expose une réunion "entre les esprits" - en fait, des anciens de Twin Peaks - entre autres Michael J. Anderson et Killer Bob, dont on ne connaît ni l'origine, ni la destinée, ni même l'existence réelle :
    Phillip Jeffries accuse l'agent Dale Cooper de ne pas être lui-même... Mais celui-ci se met rapidement au point, en dévoilant une vérité qui ne va pas tarder à arriver, avec la seconde partie du film - dans laquelle il sera beaucoup moins présent :
    Que dire d'autre de cette première partie, qui représente environ un quart du film ? Sur un point purement théorique, certains acteurs n'apparaitrons plus du tout dans la seconde section - David Bowie, Chris Isaak, David Lynch, Kiefer Sutherland... Vu sous un autre angle, cette nouvelle partie constitue par contre la phase la plus importante de l'œuvre, qui donne vie à de nouvelles personnes bien plus inquiétantes, et n'est pas du tout réalisée de la même façon - du moins, c'est ma propre opinion.
    2) Deuxième partie
    Un an plus tard, dans la petite ville de Twin Peaks - fictive, mais située entre le Canada et les Etats-Unis...
    Avec la jeune fille tant attendue, Laura Palmer (Sheryl Lee), qui est aimée de tous, et n'a qu'un seul défaut - visible dès qu'on est un peu dans le secret, user et abuser de la cocaïne :
    Elle a en théorie un homme qui l'aime véritablement, James Hurley (James Marshall)... Mais en pratique, l'un de ceux qui la fournit régulièrement en cette fameuse drogue, et en outre se montre relativement violent, Bobby Briggs (Dana Ashbrook) :
    L'agent Dale Cooper essaye de chercher l'identité de la jeune fille avec l'agent Albert Rosenfield (Miguel Ferrer)... Mais selon les mots de ce dernier, sans aucun succès :
    On retrouve alors Laura Palmer avec toute sa famille, sa mère Sarah, totalement dépassée (Grace Zabriskie) et surtout son père Leland (Ray Wise), bien plus inquiétant... Il lui reproche déjà de ne pas s'être lavé les mains avant le dîner, puis lui retire un anneau qu'elle a au cou :
    Ensuite, l'attitude qu'il adopte s'avère pour le moins paradoxale... Et cela a l'air de beaucoup gêner Laura Palmer :
    Laura Palmer fait un rêve - disons plutôt un cauchemar -, où elle entre dans Black Lodge, et se trouve parée de l'anneau vert que l'on avait déjà vu auparavant... Mais une fois réveillée, celui-ci a disparu :
    L'on voit d'un seul coup Bobby Briggs passer un coup de fil à Jacques Renault, le tenant du Bang Bang Bar - et donc, un grand expert en cocaïne et en prostitution :
    Jacques Renault s'empresse d'ailleurs d'offrir tout ce qu'elle veut à Laura Palmer, qui se trouve aussi être une prostituée dans ce bar :
    Il se passe beaucoup de choses dans cet endroit, mais je ne veux pas vous dire lesquelles... Sinon la fantastique chanteuse Julee Cruise, qui interprète avec une voix très haute et éthérée une superbe chanson de Angelo Badalamenti, sur des paroles de David Lynch, Falling :
    Ayant toujours besoin de cocaïne, Laura Palmer décide d'accompagner Bobby Briggs en pleine nuit pour un rendez-vous avec Cliff Howard, un trafiquant de cocaïne... Mais celui-ci se révèle menaçant, et Bobby Briggs l'abat aussitôt :
    La nuit suivante, alors que Laura Palmer est bien droguée, elle se voit subitement violée par Killer Bob (Frank Silva) :
    Mais en ouvrant les yeux, elle s'aperçoit que celui-ci est en réalité son propre père Leland - ce qu'elle ne supporte pas :
    Vient alors la tragédie finale, déjà commencée par un viol commis par Jacques Renault - se sentant bien supérieur physiquement à Laura Palmer :
    Ensuite par la volonté de Leland Palmer, qui met de côté Jacques Renault, puis s'en prend de plus en plus fou à sa propre fille :
    Celle-ci s'est rendue jusqu'au bout avec Ronette Pulaski, une autre prostituée, et reçoit de sa part l'anneau vert... Juste avant d'être tuée par Leland Palmer - ce que nous découvrons au travers de la vue très noire de Michael J. Anderson :
    Et voici la version particulièrement étrange de la fin du film, dans la Black Lodge, où se trouve aussi bien Michael J. Anderson - le nain - que Killer Bob et Leland Palmer, ces deux derniers en hauteur :
    Mais aussi Dale Cooper, qui sourit à Laura Palmer, qui semble ainsi obtenir sa propre rédemption et peut enfin être heureuse :
    Que voulez-vous que je vous dise de plus sur cet Opus très étrange ?
    En premier lieu, il ne s'agit pas d'un biopic raisonnable, tel que furent Elephant Man (1980) ou A Straight Story (1999), mais pas non plus d'un film totalement déjanté, à l'image de Eraserhead (1977), Lost Highway (1997), ou encore Mullholland Drive (2001)... En fait, nous sommes très exactement entre les deux, parlant hélas de faits ayant bien pu exister, mais traités de temps à autre d'une façon poétique, fantastique ou surréaliste, tout comme dans Sailor et Lula (1990), et bien plus encore sur les deux saisons de la série télévisée Twin Peaks (1990 et 1991).
    Ensuite, il est malheureusement vrai que cette œuvre s'est trouvée descendue lors de sa création, aussi bien aux Etats-Unis qu'en France. Mais plusieurs années après sa sortie, sa réévaluation s'est bien mise en place, allant jusqu'à considérer ce film comme l'un des 100 absolument nécessaires. Ceci se mettra encore plus en place en 2019, où l'Opus fut enfin classé comme le quatrième meilleur film des années 1990 par British Film Institute - ce qui n'est pas rien !
    Si vous désirez laisser un commentaire, inutile de vous préciser à quel point cela me fera plaisir... Après plusieurs jours de travail, cela est bien normal, n'est-ce pas ?

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