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  • lundi, juillet 01, 2024

    BROKEN FLOWERS (JIM JARMUSCH)

    Tourné en 2005, cet étrange film - qui se nommait au départ Dead Flowers - est profondément typique de Jim Jarmusch, qui en tant que réalisateur verseau provoque, tout comme David Lynch, des réactions vraiment différentes : soit les gens l'adorent par pur instinct, soit ils le détestent d'emblée, sans même l'avoir regardé...

    Inutile de vous dire que j'appartiens à la première catégorie, d'autant plus que j'avais déjà vu auparavant le génial Ghost Dog (1999) et surtout Night on Earth (1991), qui annonçait déjà la structure de l'Opus en plusieurs parties bien différentes, toutes ayant cependant un point commun.

    Alors qu'il s'agissait dans Night on Earth du chauffeur de taxi - différent et réparti dans cinq grandes villes du monde -, il est question cette fois de plusieurs femmes anonymes et énigmatiques, qui présentent à chaque fois une possibilité (ou non ?) au principal interprète de l'œuvre, Don Johnston (joué par l'excellent Bill Murray).

    Tout comme dans ce film plus ancien, le parcours va se dérouler de la même façon, allant de son côté absolument positif à sa phase la plus noire possible - ce qui m'oblige donc à répartir toutes ces rencontres en quatre points de vue bien différents...

    Avant qu'on en arrive là, on commence déjà à découvrir Don, son ennui visiblement profond dans ce vaste appartement, et son amie Sherry (Julie Delpy), qui le quitte implacablement sans grande émotion :

    Cela ne lui importe guère, dirait-on, mais Don est nettement plus embarrassé par la réception d'une lettre anonyme, toute rose, et entre en contact avec son voisin le plus proche, Winston (Jeffrey Wright) - un enquêteur amateur et véritable fan de romans policiers :
    Don lit à Winston l'essentiel de cette lettre, notamment la partie où cette femme inconnue lui avoue avoir été enceinte - peut-être de lui ? -, et qu'il s'agirait d'un fils d'environ vingt ans à la recherche de son père :
    Dans un premier temps, Don est incapable de voir plus loin :
    Mais Winston, père de famille de nombreux enfants, va en décider bien différemment, et s'occupe désormais de tout - autrement dit de l'adresse des femmes concernées, du moyen de s'y rendre, et même de leur offrir des roses à chaque fois - liées à la couleur de la lettre :
    Contre son gré prêt à se rendre dans les lieux concernés, Don se retrouve donc dans un aéroport - où au passage il admire beaucoup les escarpins que porte la femme à ses côté, ce qui comme chacun sait est typique des verseaux :
    1) Une fois débarqué, voici la première de ses ex-compagnes qu'il doit retrouver, Laura Miller (Sharon Stone) :
    Elle a l'air en pleine forme, sourit sans arrêt, lui raconte son métier d'ébéniste de meubles, puis parle avec son unique fille Lolita (Alexis Dziena)... Celle-ci ne porte pas pour rien ce prénom (qui fait allusion au fameux film de Stanley Kubrick), car elle se trouvait sur place avant sa mère pour accueillir Don, et s'est même présentée à lui sans aucun complexe entièrement nue :
    Contrairement à ce qu'il attendait, Don passe une nuit exceptionnelle avec Laura - et visiblement, la quitte de la façon la plus romantique possible, main dans la main :
    D'une très bonne humeur, il décide de mettre sur la route le disque que lui a prêté son voisin Winston - basé durant tout le film sur le jazz éthiopien de Mulatu Astakte, que vous pouvez découvrir ici :
    2) Il se rend ensuite chez Dora (Frances Conray), qui l'accueille d'une façon bien moins sympathique que Laura, à qui il offre néanmoins les même fleurs qu'à cette dernière :
    En fait, Dora lui parle un peu de son métier, dédié à l'immobilier, mais se demande surtout comment il a pu prendre contact avec elle :
    Heureusement, il mange cette fois-ci avec son mari Ron (Christopher McDonald), qui a l'air beaucoup plus agréable que sa femme... Manque de bol, il lui révèle son incapacité à avoir des enfants avec elle, ce qui n'a pas l'air de menacer leur couple :
    Don lui dit alors la même chose, qu'il n'a pas non plus d'enfants :
    Une fois rentré à l'hôtel, il se décourage visiblement, et s'entretient brièvement au téléphone avec Winston, ne serait-ce que pour marquer son incompréhension :
    3) Il se rend tout de même chez la troisième femme, mais celle-ci est impossible à voir sans que Don ne soit tout d'abord accueilli par son assistante (Chloë Sevigny) - qui a l'air particulièrement dure à ce sujet :
    Mais il se voit finalement accorder une discussion assez courte avec la vétérinaire Carmen (Jessica Lange) - où elle lui parle surtout de l'abandon de son ancien métier de magistrate pour celui-ci qu'elle préfère nettement, les animaux ayant la puissance de communiquer ce que jamais les hommes ne pourront envisager :
    Du coup, étant convaincu qu'elle n'a jamais été en couple ni eu d'enfant, Don adhère à son point de vue et lui avoue n'avoir non plus été jamais marié :
    4) Enfin, il se rend chez la dernière sur la liste, Penny (Tilda Swinton, célèbre pour ses rôles ambigus), que d'ailleurs il ne trouve pas tout de suite... Non seulement la maison est beaucoup plus délabrée que les trois précédentes, mais son entourage masculin de motards semble pour le moins bizarre :
    Quand il finit par la rencontrer, elle se montre très acide, lui parle franchement, et lui dit  avec une grande franchise toute la vérité sur leur soi-disant relation amoureuse :
    Mais cela n'empêche pas Don de continuer, avec ses interrogations :
    Résultat ? Il finit par se faire tabasser assez violemment par les copains de Penny... Et passe visiblement la nuit dans sa voiture perdue sur un champs, faute de mieux :
    5) Evidemment, cela serait censé se terminer ainsi... Mais il reste encore à Don un être mort à voir, Michelle Pepe, dont il aimerait bien découvrir la tombe. Comme il se trouve assez défiguré par sa bataille récente, il a la chance de tomber sur une jeune fille fort gentille, Sun Green (Pell James), qui non seulement lui arrange le visage, mais lui indique aussi la route précisément pour se rendre au cimetière :
    Cela aurait été une assez belle conclusion pour le film, non ?
    6) Finalement de retour chez lui, Don dit à Winston ce qu'il pense vraiment de toute cette histoire, à ses yeux complètement inutile :
    Mais il reste un élément dont il n'a encore aucune idée... Il s'agit d'un jeune homme (Mark Webber) rencontré à la sortie de l'aéroport, qui pourrait bien - ou non ? - être son fils :
    En fait, Don passe son temps à lui poser différentes questions... Hélas sans en obtenir de réponses convaincantes, allant même jusqu'à pousser Mark à fuir le plus vite possible dans les rues de New-Jersey :
    Résultat de sa longue route : sa tête profondément énigmatique et triste... Qui le montre sous un tout autre aspect que lors du début, où il se trouvait dans les bras de Laura :

    Juste histoire de vous le faire rapidement découvrir, un sympathique trailer, nous montrant bien les quatre phases de ce film :

    Evidemment, cela est absolument typique de Jim Jarmusch, non seulement par sa construction en différentes parties, mais aussi par sa grande lenteur apparente, sa traversée du pays (ou du monde), et surtout - chose qui lui semble très liée - son passage du plus optimiste des sentiments à la dépression la plus noire, sans nous en donner une véritable et convaincante explication...

    En tous cas, c'est un film qui dans l'ensemble a très bien marché, vu qu'il a rapporté environ cinq fois le montant du budget initial de 10 millions de dollars (très faible, vu la présence d'au moins trois grandes stars), et surtout du fait qu'il a obtenu en cette année 2005 le Grand prix du Festival de Cannes.

    Je ne peux donc - même si vous n'êtes pas verseau - que vous encourager à le voir, de même que Night on Earth ou Ghost Dog, dont je me suis déjà révélé comme un grand fan ici-même !

    Autres films du même réalisateur : Ghost Dog

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    2 Comments:

    Anonymous Chah said...

    Superbe film en effet ! Et magnifique b.o. C'est comme ça que j'ai découvert le jazz éthiopien, notamment le chanteur Mahmoud Ahmed, que j'ai même vu en concert dans un parc parisien :) !
    J'aime bien la structure du film et la fin ouverte. Une copine avait au contraire détesté cette fin en suspens.
    Et les acteurs sont très bons !
    J'avais vu aussi le clin d'œil à Kubrick et Nabokov avec la Lolita ;)
    Les spectateurs avaient beaucoup ri dans la salle à ce moment là.
    Je ne me souvenais plus du zoom sur les chaussures, régalant ainsi les autres Verseaux :))))

    mardi, 02 juillet, 2024  
    Blogger Vincent said...

    Tu as raison sur tout - comme très souvent !
    1) Moi aussi, j'ai découvert le jazz éthiopien à cette occasion...En plus, tu as la chance de l'avoir entendu en concert peu de temps après, c'est très cool !
    2) Tu aimes aussi la structure, assez particulière, et ceci me laisse penser que tu aimeras également NIGHT ON EARTH et GHOST DOG...
    3) Les acteurs sont excellents, qu'il s'agisse de Bill Murray, de Sharon Stone, ou même d'autres moins connus...
    4) Evidemment que le clin d'œil au grand film de Kubrick, LOLITA, est très visible...
    5) Enfin, par rapport au dernier truc que tu as mentionné, je dois reconnaître ma passion des verseaux - signe auquel le réalisateur appartient aussi...
    Bref, on est d'accord sur quasiment tout... C'est l'essentiel, non ?

    mercredi, 03 juillet, 2024  

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