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  • mercredi, février 18, 2009

    FOREST WHITAKER

    Pour une fois, je ne parle pas d'un film, mais de son acteur-fétiche, qui se trouve être un noir très connu (non, je ne suis pas du tout raciste, croyez-moi sur parole)...
    Si l'on prend la liste des plus gros salaires, on est loin de le trouver en premier… Dans l'ordre, nous avons tout d'abord Will Smith, puis Samuel L. Jackson, Denzel Washington, Morgan Freeman (je pensais le trouver en premier, mais tout le monde peut se tromper), et enfin Jamie Foxx !
    Il faut aller un peu plus loin pour découvrir finalement Forest Whitaker, né le 15 juillet 1961, qui certes est un tout petit peu moins célèbre que les précédents, mais a tout de même joué comme tête d'affiche dans trois films qui comptent parmi les plus célèbres du monde :
    Premier grand film, Bird de Clint Eastwood, sorti en 1988, soit quand le principal acteur venait tout juste d'avoir 27 ans ! Cette œuvre assez immense, d'une durée de 2h34', nous raconte la vie tout aussi passionnante qu'étrange de Charlie Parker, musicien de jazz surnommé "Bird" (1920-1955) :
    Comme le disait fort justement Clint Eastwood au sujet du temps du film : "Mais comment peut-on comprendre et aimer Parker si on n'a pas le temps de s'imprégner de sa musique ? Je déteste les prétendus films de jazz où il n'y a que deux mesures à la fin. Au milieu, les gens parlent, parlent. Ce n'est pas le cas dans Bird, je crois. Mais la musique, sans doute, pénètre en vous moins vite que les mots." :
    De toutes façons, cela reste une vie assez complexe à découvrir, non seulement vis à vis de la musique, mais également concernant son état personnel, lié tout à la fois à son amour indestructible face à Chan Richardson (Diane Venora), qu'à son usage assez dramatique de l'alcool et des drogues, qui le poussèrent plusieurs fois au bord du suicide :
    En tous cas, ceci reste fort bien joué dans ce film, et cela a valu à Forest Whitaker le prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes en 1988, à Diane Venora au New York Film Critics Cercle Awards, et à Clint Eastwood au même festival pour sa réalisation :
    Avant que je passe à tout autre chose, laissez-moi vous rappeler à quel point les films biopic concernant le jazz sont extrêmement rares, si l'on excepte Autour de Minuit de Bertrand Tavernier (1987), et Ray de Taylor Hackford (2005)… Seul chose digne d'être remémorée, la parution en DVD de The Blues, sept films réunis par Martin Scorsese (2003), dont on compte à la fois un de lui-même, et un autre de Clint Eastwood !
    Second film assez important, Ghost Dog : La Voie du Samouraï de Jim Jarmusch, sorti en 1999, soit à l'âge des 38 ans de Forest Whitaker… Inutile que je le précise, cela n'a rien avoir avec Bird, et rentre comme d'habitude dans la lignée des films verseau typiques de ce réalisateur, en s'appuyant sur l'ancien Le Samuraï de Jean-Pierre Melville (1967), avec Alain Delon : 
    C'est une œuvre qui met en commun pas mal d'éléments en apparence incompatibles : la soumission du samuraï totalement vassal envers Louie qui l'a sauvé plus jeune, la mise en place de la mafia qui a l'air totalement incohérente, le sens de l'humour souvent lié à de très anciens dessins animés… Et bien sûr la vue absolument impeccable de Forest Whitaker lorsqu'il s'agit de faire cela :
    N'oublions pas qu'en partie, ce film est fondé sur le très ancien Hagakure (葉隠), dû à Jôchô Yamamoto entre 1709 et 1716, puis republié par Yukio Mishima en 1967, peu de temps avant son suicide… On y lit notamment l'une de ces maximes, fondamentale pour tous les musiciens :
    "Il existe un certain état d'esprit qu'on a pu appeler "état d'esprit du temps de pluie". Quand on se trouve pris sous une averse soudaine, on peut essayer de ne pas se faire mouiller en courant de toutes ses forces ou en cheminant sous l'avancée des toits ; mais quoi qu'on fasse, on sera trempé. Si on s'est mentalement préparé dès le départ à être mouillé, on ne sera pas le moins du monde dépité lorsque cela se produira. C'est là une attitude profitable en toute circonstance." :
    Je ne peux pas dire que j'apprécie vraiment la bande son du film, surtout basée sur le rap de RZA... Mais au moins, cela passe bien, c'est l'essentiel, et surtout, cela n'amenuise pas le développement final, qui d'ailleurs ne se déroule pas du tout comme prévu :
    Si vous voulez néanmoins écouter un peu de musique, je vous laisse faire… A part ceci, Forest Whitaker est le seul acteur vraiment célèbre du film, exception faite d'Isaac de Bankolé, qui joue dans quatre des œuvres de Jim Jarmusch, et aussi de Victor Argo, pas très connu grâce à lui, mais avant tout acteur fétiche de Abel Ferrara :
    Bien que le film soit très différent de Bird de Clint Eastwood, l'on peut toutefois noter les films de Jim Jarmusch qui aient pu marquer votre mémoire : Mystery Train (1989), Coffee and Cigarettes (2003), et surtout Broken Flowers (2005), entièrement porté par Bill Murray...
    Enfin, le dernier biopic, tout comme Bird, à le rendre définitivement célèbre, Le Dernier Roi d'Ecosse de Kevin Macdonald, sorti en 2006, soit à l'âge de ses 45 ans… Il s'agit malheureusement d'une histoire totalement réelle, celle de Idi Amin Dada (1928-2003), maître de l'Ouganda entre 1971 et 1979 :
    A ceci sont mêlé deux acteurs très connus : à gauche, James McAvoy, célèbre dans les quatre épisodes de X-Men, ainsi que dans le très réputé Split, et à droite, la fameuse Gillian Anderson, qui est apparue durant neuf ans à la tête de la série X-Files :
    Elle joue d'ailleurs un rôle assez peu important dans le film, où elle est seulement l'infirmière du docteur principal du petit village… Par contre, James McAvoy, par le biais d'un hasard totalement involontaire, va devenir en très peu de temps le médecin privé de Idi Amin Dada, voire même, à différentes occasions, son collègue le plus proche pour différentes actions "pour le peuple" :
    Cette présence du médecin est certes, en partie, inventée par l'écrivain Giles Foden, qui a en grande partie conçu la base narrative du film… Mais il n'en apparaît pas moins réel, surtout lorsqu'il rencontre l'une des quatre femmes de Idi Amin Dada, la nommée Kay, et s'occupe tout d'abord personnellement de son propre fils, qui souffre d'épilepsie, puis bientôt d'elle-même en personne, situation qui va peu à peu le plonger dans un véritable enfer :
    Il faut dire que les femmes sont très bien représentée dans ce film, et voient les dérapages de Idi Amin Dada largement avant les hommes, et surtout avant le médecin : d'une part, Sarah (Gillian Anderson), qui décide de partir avant que tout ait mal tourné, et ensuite, Kay (Kerry Washington), qui malheureusement se voit exécutée de la façon la plus horrible possible, et qui n'est hélas qu'un cas sur les 300000 que l'on verra dans ce pays durant les huit ans où il a régné...
    Alors certes, il pouvait avoir certains traits de caractère, sinon attachants, du moins assez rigolos durant ses toutes premières années de règne, qu'il s'agisse de son traditionnel costume de "Roi d'Ecosse", de ses cadeaux vertigineux, ou de ses plaisanteries coutumières… Mais tout cela a très vite cédé la place à une véritable mégalomanie et paranoïa, autour de 1974, puis a basculé en 1976 avec la prise de l'aéroport d'Entebbe, d'où - seulement dans le film - le médecin a pu prendre place incognito à bord de l'avion, en direction de son pays d'origine :
    C'est en 1979 qu'Idi Amin Dada s'enfuit définitivement vers l'Arabie Saoudite, où il se montra plus réservé, vu sa maison, son chauffeur, et son personnel, et finit par mourir le 16 août 2003... Pour une fois, profitez bien de ce petit extrait, qui donne une très bonne idée de la manière dont ce dictateur réussit à s'imposer au tout début, puis à se dégénérer peu à peu, en passant par de nombreuses personnes hélas assez proches :
    Une chose est certaine, en tous cas, c'est que Kevin Macdonald était bien moins connu que les deux réalisateurs dont nous avons déjà parlé, n'ayant jusqu'alors brillé que dans des documentaires, notamment celui sur l'attentat de München… Mais ce fut une très brillante idée de sa part de passer au biopic, et ceci lui valu au bas mot deux nominations aux BAFTA Awards 2007 !
    Sans même mentionner James McAvoy, qui obtient une nomination également au BAFTA Awards, venons-en tout de suite à l'immense célébrité qui s'abattit sur Forest Whitaker, non seulement aux BAFTA Awards, mais aussi au Golden Globe, à l'Oscar du Cinéma, et à l'Hollywood Film Festival… Une consécration qui, sans aucun doute, lui fit énormément plaisir, mais en même temps un film dont il était bien content, enfin, de sortir !
    En tous cas, je l'adore, et je vous en donne la meilleure preuve avec tous ces films, dont j'ai décrit les plus grands ici : Bird (Eastwood), de 1988, Body Snachers (Ferrara), de 1993 (assez inhabituel, dans le genre), Ghost Dog (Jarmusch), de 1999, Panic Room (Fincher), de 2002 (remarquable, et interprété par Forest Whitaker, Jodie Foster, Jared Leto, et la toute jeune Kristen Stewart), Phone Booth (Schumacher), de 2002 (une œuvre sans doute pas exceptionnelle, mais très bien construite, avec Colin Farrell et Kiefer Sutherland), et enfin Le Dernier Roi d'Ecosse (Macdonald)), de 2006, l'un des plus somptueux du fameux trio...
    En prime, le 24/08/2021 : grâce, comme d'habitude, à ARTE, j'ai découvert un film de Neil Jordan que je ne connaissais absolument pas, The Crying Game, et cela m'a paru exceptionnel... Non seulement du fait de la présence de Forest Whitaker, mais aussi par ses thèmes très rarement abordés au cinéma, ne serait-ce que la guerre entre l'Irlande du nord et l'Angleterre, ou encore, l'amour et le travestissement, très noblement joué par les acteurs en question...
    Voilà, je vous en ai assez dit, et j'espère que vous aimerez aussi beaucoup cet acteur, assez exceptionnel dans son genre (je ne parle bien sûr pas de son poids, ni de son fameux ptosis, mais bel et bien de sa splendide façon de jouer des personnages très différents), et peut-être même que pour une fois, vous laisserez un commentaire, qui sait ?

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    mercredi, octobre 25, 2006

    GHOST DOG (JIM JARMUSCH)

    Génialissime…
    Un film du grand (et très discret) Jim Jarmusch, sorti en 1999, que j'ai adoré dès sa sortie, féru de culture orientale comme je le suis.
    Un film à voir au premier, au second et au troisième degré, ne serait-ce que pour cette bande de bras cassés de mafiosi à pisser de rire, tous plus loosers les uns que les autres :
    Tous scotchés à leurs dessins animés d'une façon pathétique et pathologique (mais finalement assez peu anodine, car en général, si l'on observe bien, le cartoon prédit presque toujours ce qui va leur tomber sur la tête) :
    L'histoire invraisemblable d'un tueur à gages black - le très célèbre Forest Whitaker - recruté par la fameuse bande citée ci-dessus pour un contrat visant l'un des leurs, laquelle va par la suite à tout prix tenter de l'éliminer - code de l'honneur sicilien oblige. Une histoire dans laquelle on rencontre une petite fille férue de littérature japonaise, un vendeur de glaces français qui ne parle pas un mot d'anglais, un mafieux bien déjanté qui ne jure que par Public Enemy, et bien d'autres curiosités du même genre... Inénarrable, en résumé !
    Sans omettre la présence pendant tout le film du groupe RZA :
    Mais au-delà de ses aspects humoristiques très décalés, un peu à la Tati, finalement, c'est un film extrêmement puissant qui brasse de nombreux thèmes, notamment celui de la communication - verbale ou non - entre êtres humains. Avec entre autre cette scène non dénuée d'humour, où notre acteur national Isaac de Bankolé (qui ne comprend pas un mot d'anglais) suppute les intentions du héros :
    ...lequel lui répond quelques minutes plus tard (sans avoir non plus compris un traître mot de français) par les mêmes mots texto :
    Quelque part, je trouve ça géant, cette scène. Je veux dire, ça me parle vraiment, ça me rappelle de vraies expériences vécues à l'étranger... Quand la communication verbale est absolument impossible, et qu'on s'aperçoit alors qu'il y a tellement d'autres façons de communiquer, par le geste, le regard, etc... C'est magique, par moment !
    Bref, moi qui vénère les animaux, il y a une autre scène mythique de ce film que j'adore, c'est celle-ci, lorsque Forest Whitaker tombe par hasard sur deux exaltés de la chasse, vaguement racistes sur les bords :
    Ce n'est pas pour être passéiste, dans le genre de Sacha Guitry, mais bon, il faut tout de même bien admettre, comme le suggère Jim Jarmusch, la supériorité absolue des cultures anciennes : pour une raison ou pour une autre, il y a un truc qu'ils savaient, et qu'on a sans doute perdu, je crois… 
    L'autre leçon à retenir de ce film, c'est qu'il est presque entièrement bâti à partir du 葉隠れ (Hagakure), un ouvrage du XVIIIème siècle de Jôchô Yamamoto (山元, pour les intimes) recensant la plupart des codes d'honneur des samouraïs, remis à l'honneur et popularisé par Mishima (三島) peu de temps avant son seppuku (autrement dit, "Harakiri", qui n'est pas un mot japonais), preuve s'il en est qu'il avait vraiment été au bout de sa démarche.
    Et si vous voulez mon personnel avis...
    Tous les musiciens devraient acheter ce livre (Le Japon Moderne et l'Éthique Samouraï, Yukyô Mishima, Arcades, Gallimard), car presque toutes les lois de cette éthique s'appliquent, trait pour trait, à la musique. Un exemple au hasard, cité dans le film :
    (Traduction : Il existe un certain état d'esprit qu'on a pu appeler état d'esprit du temps de pluie. Quand on se trouve pris sous une averse soudaine, on peut essayer de ne pas se faire mouiller en courant de toutes ses forces ou en cheminant sous l'avancée des toits ; mais quoiqu'on fasse, on sera trempé. Si on s'est mentalement préparé dès le départ à être mouillé, on ne sera pas le moins du monde dépité lorsque cela se produira. C'est là une attitude profitable en toute circonstances). Et j'ajouterais : surtout en situation de concert ou d'examen, vraiment, on ne pourrait pas mieux décrire l'état d'esprit idéal à avoir en ce genre de cas.
    Si vous n'êtes pas encore convaincu, deux autres bonnes raisons de ne pas zapper ce film grandissime. D'une part, Forest Whitaker, qui à lui seul vaut le détour, je veux dire au sens où il se rattache à la très rare catégorie d'acteurs, qui sont là sans être là : Jacques Dutronc, Jacques Gamblin, Kitano... Forest Whitaker, bien sûr, et même Clint Eastwood de temps en temps...
    Et puis bon. Pour moi qui suis un homme, malgré tout, la quatrième raison de voir ce film, c'est quand même la petite Tricia Vessey, une actrice totalement inconnue jusqu'alors (et jusqu'après, je crois), mais qui est vraiment à 712% mon type de femme préféré :
    Pas japonaise, mais j'adore (c'est une balance, au cas où vous souhaiteriez le savoir)…
    Mais bref, trêve de conneries : ce film est vraiment un chef-d'œuvre du septième art comme on en voit assez rarement, à vous procurer de toute urgence (et encore, j'ai assez peu parlé de la bande son minimaliste, mais géniale de RZA).

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