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  • mercredi, septembre 15, 2021

    THE CRYING GAME (NEIL JORDAN)

    Vous connaissiez ce chef-d'œuvre ? Moi non plus, bien qu'il s'agisse d'un film ayant presque trente ans (1992), et que je n'avais jamais entendu parler de son réalisateur Neil Jordan, qui en plus s'est révélé un scénariste exceptionnel :

    Ce film se divise en fait en trois parties distinctes, qui au début semblent n'avoir rien en commun... Durant le premier tiers, on découvre Jude (Miranda Richardson) en train de draguer à l'excès un jeune soldat noir, Jody (Forest Whitaker)... Mais ce qu'elle ne lui a pas dit, c'est qu'elle travaille en fait pour l'IRA (Armée Républicaine Irlandaise) avec plusieurs autres hommes, dont le processus va s'avérer assez simple : ou bien ils obtiennent comme ils le souhaitent l'exécution d'un juge anglais, ou bien ils tueront d'emblée Jody, en guise de représailles :  
    C'est le moment où l'on découvre le personnage central du film, Fergus (Stephen Rea), qui dès le début supporte assez mal ce qu'il est obligé de faire à Jody, notamment de le garder sous un masque très gênant :
    En apparence, il fait tout ce qu'il faut pour avoir l'air d'obéir à son chef de l'IRA, Maguire... Mais dès que celui-ci se fait plus rare, Fergus ne peut s'empêcher de se rapprocher de Jody :
    Et cela va bien plus loin que prévu... Jody lui raconte notamment une histoire très mythique entre "le scorpion et la grenouille", et à partir des rires de l'un et de l'autre, se met en place une amitié qui semble, de prime abord, très solide :
    Mais il n'empêche : faute d'avoir obtenu ce que l'IRA souhaitait, Fergus se voit contraint de reprendre la place qu'il souhaite de moins en moins... Et il entraîne Jody à l'extérieur pour procéder à son exécution :
    Sauf que ceci ne va pas tout à fait se dérouler comme prévu... Tout d'abord, Jody commence à s'enfuir, à peu près persuadé que Fergus n'osera jamais lui tirer dessus. Bien sûr, il a raison... Mais il va heurter un camion militaire d'une façon si violente que le résultat sera le même, laissant du même coup Fergus dans un embarras ingérable :
    Nous voici donc dans la seconde partie du film, avec ces seuls points tangibles : 1) Fergus va fuir sans plus tarder vers Londres, où il se doute qu'il sera plus long à retrouver 2) Il n'a sur lui que l'adresse de la meilleure amie de Jody, une certaine Dil (Jaye Davidson)... Il va donc tout d'abord se tourner vers le salon de coiffure où elle exerce, avant de se rendre - séduit d'emblée, il faut bien le dire - dans le bar juste en face, Metro :
    Là, je trouve que c'est une très bonne idée de Neil Jordan d'avoir introduit un serveur nommé Col (Jim Broadbent), qui en l'occurrence traduit tous les sentiments qui existent entre les deux, que nous ayons affaire d'un côté à une très belle femme typiquement anglaise, ou de l'autre à un homme assez quelconque, qui prétend juste être écossais :
    En tous cas, le résultat est très prévisible, et bien que Fergus soit de son côté un garçon plutôt solitaire et timide, il n'hésite pas à apporter à Dil ce qu'il estime qu'elle mérite :
    Elle va ainsi un petit peu plus loin avec lui, se montrant sous un look bien plus extravagant dans le fameux bar, où elle est également chanteuse, interprétant comme par hasard la chanson The Crying Game :
    Après quelques bagarres de Fergus avec le mec officiel de celle-ci, et vu que Dil ne supporte quasiment plus ce dernier, il vont donc se mettre ensemble - cela avec quelques visions (très bien filmées) de Jody, du temps où il vivait encore :
    Il y a une seule chose qui ne va pas bien se passer... Mais pourriez-vous deviner de laquelle il s'agit ?
    Bien sûr que non, j'imagine... Mais Dil n'est pas une femme, juste un homme (pour de vrai, y compris l'acteur lui-même, sur lequel je reviendrai à la fin de cet article) ! Et Fergus s'en aperçoit de la pire façon possible, "pour de vrai", avec pour résultat une fuite en avant éperdue et sans retour...
    Mais il n'empêche : "l'amour, c'est l'amour", et cela n'a pas forcément quelque chose à voit avec le sexe, quoi qu'on en dise... En tous cas, c'est ce que les deux vont penser progressivement, tout d'abord bien sûr Dil, puis petit à petit Fergus, qui après une vague hésitation, va finir par se remettre avec elle, de plus en plus attirante : 
    C'est alors le moment d'entrer dans la troisième partie, qui au moment même où l'on commençait sérieusement à oublier la première (autour de la capture et la mort de Jody), se manifestent à nouveau très sérieusement l'ancien patron IRA et la terrible Jude, qui viennent ENFIN de retrouver Fergus à Londres :
    Avec pour conséquences immédiates : 1) la haine cette fois bien marquée de Jude (remaquillée en brune) envers Dil, qu'elle accuse de prostitution 2) l'obligation pour Fergus de participer lui-même à l'assassinat du juge anglais :
    Ce qu'il ne va pas faire du tout, préférant de très loin la mort en beauté de presque tout le monde, avec hélas pour seule rescapée la fameuse Jude... Cela va entraîner bien des péripéties, sur lesquelles je vais rapidement passer, mais au moins, Jude est finalement abattu par Dil, laquelle est a son tour sauvée par Fergus ! Sauf que celui-ci, en guise de contrepartie, va s'offrir quelque chose comme un peu plus de 2000 jours de prison, scène sur laquelle se conclut le film, avec bien sûr l'ultime apparition de Dil, son amour incontestable dans cette situation...
    Cela nous permettra en tous cas d'en apprendre plus sur Neil Jordan, un réalisateur irlandais tout comme Kenneth Branagh lui-même, qui était déjà un petit peu connu grâce à La Compagnie des loups (1984), et deviendra définitivement célèbre en 1996 avec Michael Collins, à peine quatre ans après ce magnifique The Crying Game :
    Voulez-vous maintenant que je vous parle de Dil ? Celle-ci - ou plutôt celui-ci, Jave Davidson, comme je l'ai déjà dit - accepta son tout premier rôle sans trop y croire, mais il fut contre toute attente récompensé par l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, ce qui l'incita aussitôt à participer à Stargate, la Porte des Etoiles de Roland Emmerich, pour la somme d'un million de dollars ! Après quoi, il abandonna tout simplement le cinéma pour se remettre à la mode, milieu d'où il venait, et devint à partir de 1996 totalement invisible...
    Incroyable, pensez-vous ? Je vous laisse tout d'abord en juger en regardant ce très court extrait de The Crying Game, qui en livre bien l'essentiel :
    Ensuite, que voulez-vous que je vous dise ? Certes, il s'agit d'un film génial de tous les côtés, tant dans la réalisation que par le choix des acteurs, sans oublier la musique, très bien conçue par Anne Dudley... Mais le plus important de tout cela, c'est qu'il est question avant tout d'une œuvre vraiment digne de ce nom, au sens où elle allie le côté guerrier de l'IRA à une vision très particulière de l'homosexualité - bien qu'il n'y ait pas vraiment de sexe, en l'occurrence -, le tout vécu aussi bien en 1992 que de nos jours...
    Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais il y a AU MOINS trois sujets dont je n'aime guère entendre parler au cinéma : 1) La guerre, évidemment - mais il semble difficile de s'en défaire, sinon impossible, hélas 2) La boxe (et le football), un autre thème qui me dégoûte profondément, exception faite de Raging Bull de Martin Scorsese (1980) et du remarquable Million Dollar Baby de Clint Eastwood (2004) 3) L'homosexualité, qui me semble toujours assez mal abordée (je ne citerai aucun réalisateur), tournant souvent autour de la personnalité ou du sexe, mais pratiquement jamais axée sur la beauté de la chose au-delà de la performance érotique, ce que j'ai énormément aimé dans The Crying Game (1992). Connaître votre opinion, c'est ce que j'aimerais beaucoup, bien sûr... Il vous suffirait pour cela d'appuyer sur la touche "enregistrer un commentaire", et rien ne sera plus rapide !

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    mardi, février 05, 2019

    BIRD (CLINT EASTWOOD)

    Certes, il y a très peu de films dignes de ce nom, qui parlent de la musique…
    Un sur la musique classique, dédié à Mozart, le fameux Amadeus de Milos Forman, un sur le jazz, Ray, consacré évidemment à Ray Charles, dû à Taylor Hackford… Et juste entre les deux (1988), l'excellent Bird de Clint Eastwood, qui s'attache à la vie complexe de Charlie "Bird" Parker :
    Qui est magistralement interprété par Forrest Whitaker, que l'on a déjà vu dans le très spécial Ghost Dog, de Jim Jarmusch, mais surtout dans Le Dernier Roi d'Ecosse de Kevin Macdonald, où il est tout simplement incroyable… Tout comme ici, deux ans plus tard :
    On le voit, bien sûr, avec le fameux Dizzy Gillepsie :
    Déjà en train de remporter, en novembre 1949, si je ne trompe pas, les plus forts accueils du grand public, ce qui était assez rare de la part des musiciens blacks de cette époque :
    Certes, il était quelque part soutenu par son impeccable femme, la célèbre  actrice Diane Venora :
    Qui joue parfois des rôles délicats (comme dans le fameux Heat de Michael Mann), mais rarement comme dans ce film :
    Il faut hélas le dire, comme beaucoup d'autres de son époque (1920-1955), Charlie Parker s'était soumis dès l'adolescence à la cigarette, l'alcool, la morphine et l'héroïne :
    Ce qui l'a conduit, vers ses trente-cinq ans, à mourir très rapidement d'une pneumonie et d'un ulcère… Qui étaient si développés que le médecin présent en avait déduit qu'il devait s'agir d'un homme de cinquante ou soixante ans :
    Que dire d'autre sur ce film ? Et bien, au moins deux choses… D'une part, il s'agit d'un film biographique de 154 minutes, soit plus de deux heures et demie, et à ce sujet, il m'est très important d'écouter Clint Eastwood se livrer lui-même : "Mais comment peut-on comprendre et aimer Parker si on n'a pas le temps de s'imprégner de sa musique ? Je déteste les prétendus films de jazz où il n'y a que deux mesures à la fin. Au milieu, les gens parlent, parlent. Ce n'est pas le cas dans Bird, je crois. Mais la musique, sans doute, pénètre en vous moins vite que les mots" :
    D'autre part, ce film remporta de nombreux oscars, à commencer par le prix d'interprétation masculine, à Cannes en 1988, tenu haut la main par Forest Whitaker… Suivi ensuite bien évidemment par Diane Venora, meilleure actrice d'après le New York Film Critics, puis par Clint Eastwood lui-même au Golden Globes de 1989 :
    Un unique conseil, donc, tel que je l'ai donné à propos du fameux film de Milos Forman, Amadeus : regardez - ou plutôt, écoutez - ce film extraordinaire, Bird, qui plus de trente ans après sa sortie, reste toujours absolument passionnant...
    Autres biopics (avec entre parenthèses la date du film, et le nom de la personne traitée) : Patton (1970, George Patton), Barry Lyndon (1975, Barry Lyndon), Raging Bull (1980, Jake LaMotta), Elephant Man (1980, John Merrick), Ed Wood (1994, Ed Wood), Braveheart (1995, William Wallace), A Straight Story (1999, Alvin Straight), The Insider (1999, Jeffrey Wigand), Ali (2002, Cassius Clay), Frida (2002, Frida Kahlo), Girl with a Pearl Earring (2003, Johannes Vermeer), Marie-Antoinette (2006, Marie-Antoinette), The Last King of Scotland (2006, Idi Amin Dada), La Môme (2007, Edith Piaf), Into the Wild (2007, Christopher McCandless), Silence (2017, jésuites portugais)

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    mercredi, février 18, 2009

    FOREST WHITAKER

    Pour une fois, je ne parle pas d'un film, mais de son acteur-fétiche, qui se trouve être un noir très connu (non, je ne suis pas du tout raciste, croyez-moi sur parole)...
    Si l'on prend la liste des plus gros salaires, on est loin de le trouver en premier… Dans l'ordre, nous avons tout d'abord Will Smith, puis Samuel L. Jackson, Denzel Washington, Morgan Freeman (je pensais le trouver en premier, mais tout le monde peut se tromper), et enfin Jamie Foxx !
    Il faut aller un peu plus loin pour découvrir finalement Forest Whitaker, né le 15 juillet 1961, qui certes est un tout petit peu moins célèbre que les précédents, mais a tout de même joué comme tête d'affiche dans trois films qui comptent parmi les plus célèbres du monde :
    Premier grand film, Bird de Clint Eastwood, sorti en 1988, soit quand le principal acteur venait tout juste d'avoir 27 ans ! Cette œuvre assez immense, d'une durée de 2h34', nous raconte la vie tout aussi passionnante qu'étrange de Charlie Parker, musicien de jazz surnommé "Bird" (1920-1955) :
    Comme le disait fort justement Clint Eastwood au sujet du temps du film : "Mais comment peut-on comprendre et aimer Parker si on n'a pas le temps de s'imprégner de sa musique ? Je déteste les prétendus films de jazz où il n'y a que deux mesures à la fin. Au milieu, les gens parlent, parlent. Ce n'est pas le cas dans Bird, je crois. Mais la musique, sans doute, pénètre en vous moins vite que les mots." :
    De toutes façons, cela reste une vie assez complexe à découvrir, non seulement vis à vis de la musique, mais également concernant son état personnel, lié tout à la fois à son amour indestructible face à Chan Richardson (Diane Venora), qu'à son usage assez dramatique de l'alcool et des drogues, qui le poussèrent plusieurs fois au bord du suicide :
    En tous cas, ceci reste fort bien joué dans ce film, et cela a valu à Forest Whitaker le prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes en 1988, à Diane Venora au New York Film Critics Cercle Awards, et à Clint Eastwood au même festival pour sa réalisation :
    Avant que je passe à tout autre chose, laissez-moi vous rappeler à quel point les films biopic concernant le jazz sont extrêmement rares, si l'on excepte Autour de Minuit de Bertrand Tavernier (1987), et Ray de Taylor Hackford (2005)… Seul chose digne d'être remémorée, la parution en DVD de The Blues, sept films réunis par Martin Scorsese (2003), dont on compte à la fois un de lui-même, et un autre de Clint Eastwood !
    Second film assez important, Ghost Dog : La Voie du Samouraï de Jim Jarmusch, sorti en 1999, soit à l'âge des 38 ans de Forest Whitaker… Inutile que je le précise, cela n'a rien avoir avec Bird, et rentre comme d'habitude dans la lignée des films verseau typiques de ce réalisateur, en s'appuyant sur l'ancien Le Samuraï de Jean-Pierre Melville (1967), avec Alain Delon : 
    C'est une œuvre qui met en commun pas mal d'éléments en apparence incompatibles : la soumission du samuraï totalement vassal envers Louie qui l'a sauvé plus jeune, la mise en place de la mafia qui a l'air totalement incohérente, le sens de l'humour souvent lié à de très anciens dessins animés… Et bien sûr la vue absolument impeccable de Forest Whitaker lorsqu'il s'agit de faire cela :
    N'oublions pas qu'en partie, ce film est fondé sur le très ancien Hagakure (葉隠), dû à Jôchô Yamamoto entre 1709 et 1716, puis republié par Yukio Mishima en 1967, peu de temps avant son suicide… On y lit notamment l'une de ces maximes, fondamentale pour tous les musiciens :
    "Il existe un certain état d'esprit qu'on a pu appeler "état d'esprit du temps de pluie". Quand on se trouve pris sous une averse soudaine, on peut essayer de ne pas se faire mouiller en courant de toutes ses forces ou en cheminant sous l'avancée des toits ; mais quoi qu'on fasse, on sera trempé. Si on s'est mentalement préparé dès le départ à être mouillé, on ne sera pas le moins du monde dépité lorsque cela se produira. C'est là une attitude profitable en toute circonstance." :
    Je ne peux pas dire que j'apprécie vraiment la bande son du film, surtout basée sur le rap de RZA... Mais au moins, cela passe bien, c'est l'essentiel, et surtout, cela n'amenuise pas le développement final, qui d'ailleurs ne se déroule pas du tout comme prévu :
    Si vous voulez néanmoins écouter un peu de musique, je vous laisse faire… A part ceci, Forest Whitaker est le seul acteur vraiment célèbre du film, exception faite d'Isaac de Bankolé, qui joue dans quatre des œuvres de Jim Jarmusch, et aussi de Victor Argo, pas très connu grâce à lui, mais avant tout acteur fétiche de Abel Ferrara :
    Bien que le film soit très différent de Bird de Clint Eastwood, l'on peut toutefois noter les films de Jim Jarmusch qui aient pu marquer votre mémoire : Mystery Train (1989), Coffee and Cigarettes (2003), et surtout Broken Flowers (2005), entièrement porté par Bill Murray...
    Enfin, le dernier biopic, tout comme Bird, à le rendre définitivement célèbre, Le Dernier Roi d'Ecosse de Kevin Macdonald, sorti en 2006, soit à l'âge de ses 45 ans… Il s'agit malheureusement d'une histoire totalement réelle, celle de Idi Amin Dada (1928-2003), maître de l'Ouganda entre 1971 et 1979 :
    A ceci sont mêlé deux acteurs très connus : à gauche, James McAvoy, célèbre dans les quatre épisodes de X-Men, ainsi que dans le très réputé Split, et à droite, la fameuse Gillian Anderson, qui est apparue durant neuf ans à la tête de la série X-Files :
    Elle joue d'ailleurs un rôle assez peu important dans le film, où elle est seulement l'infirmière du docteur principal du petit village… Par contre, James McAvoy, par le biais d'un hasard totalement involontaire, va devenir en très peu de temps le médecin privé de Idi Amin Dada, voire même, à différentes occasions, son collègue le plus proche pour différentes actions "pour le peuple" :
    Cette présence du médecin est certes, en partie, inventée par l'écrivain Giles Foden, qui a en grande partie conçu la base narrative du film… Mais il n'en apparaît pas moins réel, surtout lorsqu'il rencontre l'une des quatre femmes de Idi Amin Dada, la nommée Kay, et s'occupe tout d'abord personnellement de son propre fils, qui souffre d'épilepsie, puis bientôt d'elle-même en personne, situation qui va peu à peu le plonger dans un véritable enfer :
    Il faut dire que les femmes sont très bien représentée dans ce film, et voient les dérapages de Idi Amin Dada largement avant les hommes, et surtout avant le médecin : d'une part, Sarah (Gillian Anderson), qui décide de partir avant que tout ait mal tourné, et ensuite, Kay (Kerry Washington), qui malheureusement se voit exécutée de la façon la plus horrible possible, et qui n'est hélas qu'un cas sur les 300000 que l'on verra dans ce pays durant les huit ans où il a régné...
    Alors certes, il pouvait avoir certains traits de caractère, sinon attachants, du moins assez rigolos durant ses toutes premières années de règne, qu'il s'agisse de son traditionnel costume de "Roi d'Ecosse", de ses cadeaux vertigineux, ou de ses plaisanteries coutumières… Mais tout cela a très vite cédé la place à une véritable mégalomanie et paranoïa, autour de 1974, puis a basculé en 1976 avec la prise de l'aéroport d'Entebbe, d'où - seulement dans le film - le médecin a pu prendre place incognito à bord de l'avion, en direction de son pays d'origine :
    C'est en 1979 qu'Idi Amin Dada s'enfuit définitivement vers l'Arabie Saoudite, où il se montra plus réservé, vu sa maison, son chauffeur, et son personnel, et finit par mourir le 16 août 2003... Pour une fois, profitez bien de ce petit extrait, qui donne une très bonne idée de la manière dont ce dictateur réussit à s'imposer au tout début, puis à se dégénérer peu à peu, en passant par de nombreuses personnes hélas assez proches :
    Une chose est certaine, en tous cas, c'est que Kevin Macdonald était bien moins connu que les deux réalisateurs dont nous avons déjà parlé, n'ayant jusqu'alors brillé que dans des documentaires, notamment celui sur l'attentat de München… Mais ce fut une très brillante idée de sa part de passer au biopic, et ceci lui valu au bas mot deux nominations aux BAFTA Awards 2007 !
    Sans même mentionner James McAvoy, qui obtient une nomination également au BAFTA Awards, venons-en tout de suite à l'immense célébrité qui s'abattit sur Forest Whitaker, non seulement aux BAFTA Awards, mais aussi au Golden Globe, à l'Oscar du Cinéma, et à l'Hollywood Film Festival… Une consécration qui, sans aucun doute, lui fit énormément plaisir, mais en même temps un film dont il était bien content, enfin, de sortir !
    En tous cas, je l'adore, et je vous en donne la meilleure preuve avec tous ces films, dont j'ai décrit les plus grands ici : Bird (Eastwood), de 1988, Body Snachers (Ferrara), de 1993 (assez inhabituel, dans le genre), Ghost Dog (Jarmusch), de 1999, Panic Room (Fincher), de 2002 (remarquable, et interprété par Forest Whitaker, Jodie Foster, Jared Leto, et la toute jeune Kristen Stewart), Phone Booth (Schumacher), de 2002 (une œuvre sans doute pas exceptionnelle, mais très bien construite, avec Colin Farrell et Kiefer Sutherland), et enfin Le Dernier Roi d'Ecosse (Macdonald)), de 2006, l'un des plus somptueux du fameux trio...
    En prime, le 24/08/2021 : grâce, comme d'habitude, à ARTE, j'ai découvert un film de Neil Jordan que je ne connaissais absolument pas, The Crying Game, et cela m'a paru exceptionnel... Non seulement du fait de la présence de Forest Whitaker, mais aussi par ses thèmes très rarement abordés au cinéma, ne serait-ce que la guerre entre l'Irlande du nord et l'Angleterre, ou encore, l'amour et le travestissement, très noblement joué par les acteurs en question...
    Voilà, je vous en ai assez dit, et j'espère que vous aimerez aussi beaucoup cet acteur, assez exceptionnel dans son genre (je ne parle bien sûr pas de son poids, ni de son fameux ptosis, mais bel et bien de sa splendide façon de jouer des personnages très différents), et peut-être même que pour une fois, vous laisserez un commentaire, qui sait ?

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    jeudi, août 30, 2007

    THE LAST KING OF SCOTLAND (KEVIN MACDONALD)

    Le Dernier Roi d'Ecosse, mais non des moindres, hélas !
    Ce film du réalisateur écossais Kevin Macdonald (2006) nous retrace en effet, sous une forme presque documentaire, les années les plus noires du sinistre dictateur africain Idi Amin Dada (1925-2003), président de l’Ouganda de 1971 à 1979, petit état d’Afrique centrale coincé entre le Soudan, le Zaïre et la Tanzanie, autrement dit des pays dont tout le monde se contrefout totalement...
    Ce qui le distingue du pur documentaire (bien qu’apparemment basé sur une histoire vraie, inspirée d'un roman de Gilles Foden), c’est qu’il nous fait vivre l’ascension et la dérive du dictateur à travers les yeux d’un jeune médecin blanc arrivé en Ouganda de façon totalement fortuite, ayant juste pointé un soir de déprime absolue son doigt au hasard sur une mappemonde :
    Médecin d’ailleurs incarné par le jeune acteur James MacAvoy, qui ne va certainement pas laisser les jeunes filles indifférentes :
    Tandis que nous autres n’auront guère que Gillian Anderson à nous mettre sous la dent - mais oui, la fameuse agent Scully des X-Files, méconnaissable en blonde ! (et encore, pas pour bien longtemps, vu que très probablement complètement décontenancée par l’absence de l’agent Mulder, elle ne dépassera pas les quinze premières minutes du film) :
    Tout d’abord étonnant, ce parti pris s’avère finalement extrêmement instructif (surtout de la part d’un réalisateur écossais, puisque ce pays a officieusement été, avec Israël, l’un des principaux soutiens d’Amin Dada durant cette période), car il nous fait en fin de compte revivre de l’intérieur, ce qui a pu dans un premier temps aveugler le monde entier sur la cruauté du régime, masqué par les apparences volontiers enjouées, débonnaires et sympathiques du personnage, de même que par sa propension à faire de somptueux cadeaux (sur le compte de l’état Ougandais, bien sûr !) :
    Plutôt surprenant au départ, le choix de l’excellent Forest Whitaker (BirdThe Crying GamePanic Room, Phone Boot) dans le rôle principal s’est au final avéré extrêmement judicieux (Oscar du meilleur acteur pour ce film), peut-être justement du fait de sa capacité naturelle à jouer des personnages souriants et plein d’humanité, ce qui rend d’autant plus inquiétante sa transformation progressive en monstre paranoïaque, dépressif et soupçonneux de tout le monde (sans même parler de sa ressemblance physique assez hallucinante avec le dictateur en question) :
    Certains esprits chagrins pourraient sans doute reprocher à ce film, vers la fin, de sombrer dans une sorte de mélo, d’un seul coup axé sur une petite intrigue parallèle prenant corps entre le jeune médecin et l’une des nombreuses femmes du président :
    Personnellement, je n’en crois rien :
    Bien au contraire, ceci m’est apparu comme une façon élégante et très habile de ne pas sombrer dans les défauts habituels des documentaires, en résumant finalement de façon très elliptique les quelques 300 000 assassinats imputés à ce régime par le seul meurtre – atroce – de la jeune fille en question :
    Ainsi que par la torture du jeune médecin, suite à une séquence onirique fort bien filmée (de 1:36:22 à 1:37:12, précisément) !
    Preuve que ce jeune réalisateur maîtrise déjà très bien tous les moyens techniques : lors de la séquence finale, durant laquelle, à quelques secondes près, le médecin finit tout de même par se trouver dans le bon avion au bon moment, j’étais littéralement scotché au fond du canapé en me disant : "Mais vas-y ! Roule, roule, roule… et décolle !"
    En résumé : un film que je vous recommande chaleureusement (comme d'ailleurs la plupart des films commentés sur Le Cinéma de Vincent), même si nous autres hommes blancs n’avons pas forcément toujours envie d’entendre et de nous faire rappeler à quel point nous avons purement et simplement massacré ce continent tout entier… À faire suivre bien sûr du visionnage du terrible Lord of War de Andrew Niccol avec Nicolas Cage, film dont le cynisme terrifiant n’a d’égal que sa profonde réalité, hélas ! 
    P.S pour la route : Amin Dada a massacré ses principaux opposants (Pierono Okoya et son épouse) le 25 janvier 1970, et a déclenché son sanglant coup d’état le 25 janvier 1971… Or, il se trouve que je suis précisément né un 25 janvier, de 1959, si vous voulez tout savoir !
    Autres biopics (avec entre parenthèses la date du film, et le nom de la personne traitée) : Patton (1970, George Patton), Barry Lyndon (1975, Barry Lyndon), Raging Bull (1980, Jake LaMotta), Elephant Man (1980, John Merrick), Bird (1988, Charlie Parker), Ed Wood (1994, Ed Wood), Braveheart (1995, William Wallace), A Straight Story (1999, Alvin Straight), The Insider (1999, Jeffrey Wigand), Ali (2002, Cassius Clay), Frida (2002, Frida Kahlo), Girl with a Pearl Earring (2003, Johannes Vermeer), Marie-Antoinette (2006, Marie-Antoinette), La Môme (2007, Edith Piaf), Into the Wild (2007, Christopher McCandless), Silence (2017, jésuites portugais)

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