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  • mercredi, mars 20, 2024

    DUEL (STEVEN SPIELBERG)

    Vous ne connaissez pas ?

    Ce fut tout d'abord un téléfilm sur ABC (en 1971), puis devant son immense succès, un film en 1972, alors que Steven Spielberg n'avait que 26 ans - et ce n'est pas, contrairement à ce qu'on prétend souvent, son tout premier, mais son second Opus !

    Au départ, le scénario était conçu la même année par Richard Matheson comme une nouvelle fantastique, à partir d'une histoire qui lui est réellement arrivé le 22 novembre 1963 (le jour de l'assassinat de John F. Kennedy) sur une route de Californie, où il se trouva agressé par un camion dont le conducteur restait invisible. Mais quand Steven Spielberg apprit cela, il la lut, et déclara tout simplement : "Mais c'est génial ! On dirait du Hitchcock !".

    Vous souhaitez en savoir plus sur ce film ? En ce cas, rendez-vous sans plus tarder sur l'article de Wikipédia sur le sujet, qui se révèle traité d'une façon très intéressante. Sinon, venez avec moi, et soyez désormais entre les mains de David Mann (Dennis Weaver), une personne constamment omniprésente dans ce vaste parcours, contrairement au conducteur du camion (Carey Loftin), dont l'on n'aperçoit jamais la tête :

    Pour tout savoir, la première partie du film décrit David Mann en train d'écouter la radio en voiture à la sortie de la grande ville de Californie, et n'existait tout simplement pas sur le téléfilm - plus court, cela va de soi, de 76 minutes ! De la même façon, la conversation avec sa femme (Jacqueline Scott) sur un téléphone est ajoutée au dernier moment, obtenant ainsi les 90 minutes nécessaires :
    Mais dès que l'on aperçoit le camion, le film rejoint entièrement le téléfilm - avec cette fois-ci la part indéniable de ce conducteur anonyme, semant pour ainsi dire la panique dans l'esprit de David Mann :
    Ce camion était entre autres un Citerne Peterbilt 281 datant de 1960, autrement dit un modèle plutôt ancien, d'une peinture terne, d'un aspect très sale et graisseux, dégageant une pollution ingérable. Plus l'on voyait le camion en question, moins l'on n'avait besoin d'en découvrir le conducteur, et c'est ce que représente la mise en scène tout simplement géniale de Steven Spielberg. 
    L'une des rares fois où l'on distingue sa main, c'est lorsqu'il fait un geste à David Mann, lui suggérant de le doubler :
    Hélas, cela va vite se retourner dans l'autre sens, David Mann poussant jusqu'à 100 km/h afin de fuir le camion, ce que non seulement il ne parviendra pas à faire :

    Mais qu'en outre il l'irritera au plus haut point, comme s'il lui demandait de lui rentrer volontairement par l'arrière :

    Regardez cet assez long extrait, c'est tout simplement impressionnant :
    Rien qu'au début du film, David Mann est déjà paniqué, et on le comprend fort bien :
    Il se réfugie pour un temps dans le Chuck's Cafe, un petit endroit du coin relativement calme, où hélas le conducteur du camion se trouve aussi... Mais malheureusement, rien ne permet de le reconnaître :
    Croyant pourtant l'identifier, David Mann se jette sur lui, et se fait comme d'habitude piéger... Car l'homme en question n'avait rien à voir avec le camion qui le poursuivait, et il s'en aperçoit - à pied - au dernier moment :
    Peu de temps après, il quitte enfin le Chuck's Cafe, mais se retrouve cette fois-ci coincé par un bus scolaire, dont le conducteur (Lou Frizzell) lui demande de le pousser, à l'aide de sa voiture... David Mann hésite un peu, mais il finit par accepter de le faire :
    C'est encore une scène qui n'existait pas dans le téléfilm, et c'est bien dommage... Car les enfants cherchent à parler à tout le monde, et cela se dégrade de plus en plus, avec le coincement de la voiture dans le bus - contre lequel David Mann ne peut lutter qu'en escaladant son propre capot :
    Ce qu'il va finalement réussir à faire... Mais en donnant aussitôt le feu vert au camion qui ne faisait qu'attendre sous un pont, et va aussitôt s'engager une nouvelle fois :
    Comme vous pouvez le voir, c'est assez impressionnant :
    Mais pas encore assez pour empêcher le conducteur du camion de le poursuivre jusqu'à la voie ferrée, où il va tenter de pousser David Mann dans le train - scène qui n'existe pas non plus dans la version téléfilm :
    Cette tentative est heureusement ratée, ce qui pousse David Mann à appeler directement la police depuis le café "à serpents" Snakerama (où Lucille Benson joue la femme propriétaire)... Mais il est très vite percuté par le camion, qui casse toutes les cages en question lors de plusieurs passages répétitifs :
    En outre, il se relance aussitôt à la poursuite de David Mann, lequel panique rien qu'à la vue de ce que transporte le camion :
    Pourtant, David Mann a au départ confiance dans sa voiture, qu'il estime bien supérieure sur les côtes :
    Mais très vite, celle-ci - une Plymouth Valiant de 1971 - va se dégrader, pour la plus grande angoisse de son conducteur :
    Heureusement, voici ce qui va créer la panique... "Camions : restez en première ou en seconde les 18 prochains kilomètres" :
    Fait dont le conducteur du camion se désintéresse complètement... Mais il a grand tort, car au dernier moment, David Mann va se jeter de sa voiture, laissant le camion s'écrouler au pied de la pente :
    Incroyable, n'est-ce pas ?
    Bien sûr, dans un premier temps, on voit David Mann sauter de joie, tellement content d'avoir gagné qu'il ne sait comment s'en exprimer... Mais il finit vite par tomber en larmes, et termine magnifié par le soleil couchant, comme si c'était la seule et unique chose à faire :

    Que puis-je dire d'autre de ce film ? En tant que (presque) premier Opus, il traite d'un thème fort rare dans l'histoire du cinéma, celui qui met en scène un véhicule menaçant - ce qui ne sera repris que douze ans plus tard, à l'occasion du fameux Christine de John Carpenter. Personnellement, je trouve cela fort bien réussi, et surtout remarquablement tourné, vu l'âge du réalisateur...

    Si vous êtes d'accord, laissez pour une fois - ce qui ne fera de mal à personne - un commentaire !

    Autres films du même réalisateur : Jurassic ParkThe lost world : Jurassic ParkMunich

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    vendredi, mars 01, 2024

    C'EST ARRIVE PRÈS DE CHEZ VOUS (REMY BELVAUX)

    Bien que daté de 1992, c'est un film que vous connaissez tous, au moins pour deux raisons : 1) Ce fut le tout premier de ce célèbre acteur qu'est devenu par la suite Benoît Poelvoorde, amené à en faire une bonne cinquantaine d'autres 2) Malgré son aspect cultissime, ce devait être en même temps l'ultime film de Rémy Belvaux (frère du réalisateur Lucas Belvaux), qui après un passage très remarqué à la publicité à partir de 1998 - notamment celles pour SFR et Charal, dignes de prix -, devait hélas se tourner vers le suicide autour de Paris, pour des causes toujours inconnues, à l'âge de seulement 39 ans.

    C'est un Opus assez étrange, car il marque tout à la fois le cycle de fin d'études de cinéma de Remy Belvaux, les débuts de Benoît Poelvoorde sur la scène, et surtout l'image de la fabrication d'un film dans le film, ce qui sert au départ à donner cet aspect ironique à une œuvre au départ simple parodie de Strip-tease, mais dont le but final s'avère en fait bien plus grave que prévu, et se termine sur un plan unique dû à ses deux morts - en fait, les deux grands "héros" de la pièce.

    Inutile d'attendre plus : dès le départ, on voit Benoît Pappaert, dit "Ben" (Benoît Poelvoorde) se livrer à un crime apparemment normal dans le train... Puis il explique très calmement à Rémy (Rémy Belvaux), qui est censé faire un film sur lui, comment s'en charger pour se débarrasser du corps sans prendre aucun risque :

    La suite est d'ailleurs assez terrifiante, puisque l'on voit Ben se livrer au massacre de toute une famille - dont même l'enfant fait partie des victimes :
    Avec comme d'habitude l'explication à Rémy de tout ce qu'il faut faire pour que personne ne s'en aperçoive... Mais cela ne va pas l'empêcher, autour d'un verre, de se montrer totalement serein face à tout cela, et d'en parler comme d'un moyen naturel de gagner sa ve :
    Du reste, il s'y connait en beaucoup de choses, et il parle à Rémy d'une façon très détendue de ce qu'il estime être une catastrophe architecturale - en plein milieu de l'endroit... Comme si cela avait un rapport, il n'a même pas besoin de se servir de son arme afin d'abattre une femme âgée, celle-ci mourant d'un infarctus avant même qu'il n'ait besoin d'appuyer sur la détente :
    Rémy a l'air encore assez tendu, et Ben s'en aperçoit suffisamment rapidement pour lui offrir un bon verre, histoire de le familiariser avec tous ces faits :
    Il faut dire qu'en dehors de tous ces actes monstrueux, Ben a l'air d'une personne tout à fait normale, et même très agréable à vivre... C'est en tous cas ce qu'en pense sa petite amie Valérie (Valérie Parent), une jolie flûtiste - qu'en prime il prend tout le temps qu'il faut pour l'accompagner au piano et la faire travailler :
    Tout le film a l'air bien, non ? C'est du moins ce qu'on en pense, jusqu'à ce que débarque d'une façon totalement irrationnelle deux italiens dans le bâtiment abandonné qui sert à Ben de cachette - jusqu'à ce que ce dernier se décide à les tuer, s'apercevant après coup que eux aussi étaient filmé par une autre équipe :
    Ce qui, bien sûr, ne dispense pas Ben de réflexions tout à fait inattendues sur le sujet :
    Hélas, leur caméraman (André Bonzel) est aussi mort sur le coup, délibérément touché par l'équipe italienne :
    Mais Ben sait très bien comment il faut prendre ce genre d'évènement... Et il décide d'emmener Rémy à une nouvelle chasse, histoire de se détendre un petit peu :
    Malheureusement, l'effet sur Rémy ne se révèle pas du tout constructeur, bien au contraire :
    Surtout lorsqu'arrivent, comme par hasard, les fameux italiens - que Ben s'empresse heureusement d'abattre, sans le moindre souci :
    Mais l'effet en est déplorable sur Rémy, que Ben s'empresse donc d'inviter dans un bar au plus vite, où il lui apprend à jouer au petit Grégory - qui repose sur la façon dont l'olive pénètre dans le liquide et reste ou non en profondeur, fait qui est lié naturellement pour Ben au poids des corps humains dans l'eau :
    Mais ça ne marche pas très bien... Ben décide du coup d'emmener Rémy à une autre partie - que l'on peut cette fois-ci qualifier de partouze, puisqu'après avoir tué le mari, Ben et tous ses acolytes prennent soin de violer la fille, l'un après l'autre :
    Pour ne rien arranger, sa petite amie Valérie s'inquiète d'avoir reçu un animal transpercé d'une lame... Mais Ben se charge de la rassurer, et va même participer à un combat de boxe professionnel, histoire de lui montrer vraiment qui il est :
    Malheureusement, il sort de cette bataille assez mal en point... Ce qui n'empêche pas ses deux grands-parents, Hector et Nelly Pappaert, de se rendre à l'hôpital - rappelant au passage toute la confiance qu'ils ont en lui, ignorant totalement ce qu'il fait pour gagner sa vie :
    Histoire de rendre le film encore plus traumatisant, on découvre Ben sorti de l'hôpital à la soirée de son anniversaire, où il abat d'un seul coup quelqu'un sur un simple prétexte... Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, tout le monde fait comme si de rien n'était, continuant à s'amuser et à parler tels de bons amis :
    Mais cette fois-ci, la police semble un peu plus efficace que d'habitude, et l'arrête aussitôt... On pourrait croire que cela le gêne d'être incarcéré, mais pas du tout, et même sa grand-mère vient le consoler, estimant qu'une grave erreur a été commise lors de son arrestation. Du reste, il va s'évader bientôt avec une grande facilité :
    Hélas, il est confronté tout d'abord au meurtre de Valérie par une autre équipe italienne - laissant la jeune fille presque nue et sa flûte à la main comme par pure ironie :
    Puis ensuite à l'assassinat de ses deux grands-parents - qu'il refuse même de montrer à l'image, tellement il semble choqué :
    Ben décide alors de réciter un poème, mais il est aussitôt abattu avant même de l'avoir terminé... Et il en va de façon identique pour Rémy, probablement par le groupe italien :
    Résultat ? Ainsi se montre l'ultime plan du film, tourné par leur caméra désormais toute seule - et ceci durera un assez long moment, qui sera le tout dernier plan :

    Si vous n'avez pas encore vu l'Opus - ce qui est assez improbable -, je vous donne un plutôt bon trailer :

    Evidemment, c'est un faux documentaire sur une personne qui n'existe pas réellement (Ben), mais c'est très efficace, non seulement parce que les plans sont bien enchaînés, mais aussi car l'histoire - malgré son aspect visiblement dérisoire - risque bien de se produire un jour, finalement...
    C'est là qu'on découvre les deux personnalités de Rémy et de Ben : 1) Le premier est au tout début du film assez neutre pour écouter les discours-fleuves de Ben, jusqu'à ce qu'il se passionne de plus en plus sur le sujet, et finisse par se sentir très proche du tueur 2) Ben est par contre, au début de l'œuvre, présenté comme un être sympathique, cultivé, et avide de poésie comme de cinéma... Mais au bout d'un moment, il se montre de plus en plus abject, amoral, une sorte de sanguinaire incapable de la moindre humanité...
    Vous dire que c'est un très bon Opus, je n'irais pas jusque là... Mais c'est sans contexte un excellent premier (et hélas dernier) film de Rémy Belvaux, qui obtint à cette occasion de nombreux prix : le SACD et le prix spécial de la jeunesse à Cannes en 1992, le prix du meilleur film et du meilleur acteur à Catalogne la même année, le prix européen du cinéma en 1993, et le Saturn Awards en 1994 !

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