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  • mardi, février 20, 2024

    THE INSIDER (MICHAEL MANN)

    Juste tourné en 1999, Révélations (en français, sens différent du titre américain, qui signifie l'initié), le film succède immédiatement à The Last of the Mohicans (1992) et le fameux Heat (1995), et s'engage désormais dans la voie toute différente du biopic, nous racontant l'histoire célèbre de Jeffrey Wigand au sujet du tabac et de ses dangers, qui a commencé à se dérouler en 1993.

    Alors certes, cet Opus n'a pas eu un aussi grand succès que les précédents, peut-être pour trois raisons : 1) Ceci n'intéresse qu'à moitié tous ceux qui ne sont pas eux-mêmes fumeurs 2) C'est aussi relativement long (2h37') pour raconter un thème finalement plutôt classique 3) Mais surtout, cela découle de la rencontre captivante de Jeffrey Wigand avec le journaliste Lowell Bergman, qui si elle se déroule très bien durant la première moitié, tourne ensuite vers une critique sans doute fondamentale du pouvoir de la télévision et de la presse, mais dure trop longtemps, et nous fait presque oublier la critique du tabac qui était jusqu'alors au cœur du film.

    C'est la raison pour laquelle j'ai découpé cette analyse en deux, qui divise grosso modo cette œuvre en sections qui ont finalement peu de choses en commun... Exception faite, bien sûr, du jeu absolument parfait des deux acteurs principaux, Al Pacino et Russell Crowe, et aussi de la musique, qui si elle ne paraît pas fondamentale durant les scènes d'ouverture, prend de plus de plus en plus d'importance au fur et à mesure que l'on avance.

    1) Première partie : le tabac et ses problèmes

    Au tout début, on découvre Lowell Bergman (Al Pacino), journaliste puissant de 60 Minutes, une émission télévisée de CBS, confiné sous un masque, et tentant au Liban de persuader l'émir Mohammad Fadlallah, chef spirituel de Hezbollah, de participer à son interview américain sur cette chaîne :

    Ils se disputent pas mal, aussi bien en arabe qu'en américain, mais cela finit quand même par bien se terminer :
    Ceci dure environ un bon quart d'heure, mais c'est surtout pour nous montrer l'efficacité de Lowell Bergman, qui parvient assez rapidement à convaincre l'émir d'accepter sans problème d'être interrogé...
    L'on découvre alors à l'opposé le docteur Jeffrey Wigand (Russell Crowe) en train d'avouer son licenciement inexpliqué à sa femme Liane Wigand (Diane Venora) - alors qu'ils étaient très heureux avec leurs deux filles, leur grande maison et leur voiture :
    C'est le moment où Lowell Bergman décide d'appeler Jeffrey Wigand, afin de parler avec lui d'un dossier sur la cigarette qu'il vient de recevoir de façon anonyme - et auquel il ne comprend rien :
    Dès le départ, le point de vue de Jeffrey Wigand est totalement négatif - ne serait-ce que pour respecter ses conditions de licenciement... Mais Lowell Bergman finit par le convaincre de se rendre le lendemain dans un hôtel, où il commence à mieux comprendre son type de vie :
    Surtout lorsque Jeffrey Wigand lui parle de son entrevue récente avec le patron de Brown & Williamson - ou encore Philip Morris -, Thomas Sanderfur (Michael Gambon), qui l'a contraint de signer son papier de démission :
    Cela a l'air fort courtois, mais en fait, ça ne l'est pas du tout :
    C'est en tous cas le point de vue de Lowell Bergman, qui finit par convaincre celui qui était jusqu'alors réticent, Jeffrey Wigand... Lequel lui livre aussitôt le surnom des "sept nains", qui désigne en vérité "les sept PDG du tabac" :
    Néanmoins, Lowell Bergman le sent encore indécis :
    D'autant plus que peu de temps après, la vie de couple de Jeffrey Wigand se dégrade de plus en plus, commençant avec la revente de leur vaste maison - faute de salaire :
    C'est le moment que choisit Lowell Bergman pour inviter Jeffrey Wigand dans un restaurant japonais, en tentant de le convaincre définitivement de son option - ce dont ce dernier doute toujours :
    Et c'est aussi le cas de tous ceux qui sont impliqués dans l'affaire, s'inquiétant à juste titre de la direction que prennent les choses :
    L'un des sommets que l'on pouvait difficilement imaginer se déclenche alors : tout d'abord, Jeffrey Wigand reçoit un fax traumatisant... Aussitôt suivi par une balle laissée dans la boîte aux lettres, comme pour bien lui faire comprendre le message :
    Mais ceci a du bon, car toute cette opération pousse finalement Jeffrey Wigand à s'engager sérieusement... Ce qui se trouve ainsi bien résumé par Lowell Bergman, "des gens ordinaires sous une pression extraordinaire" :
    C'est alors qu'il participe à l'enregistrement de son interview, avec Mike Wallace (Christopher Plummer)... Et dit tout ce qu'il pense vraiment, entre autre sur l'usage illégal du coumarin, qui peut selon lui avoir un grave impact sur le foie et le système nerveux :
    Ecoutez-le, il ne dit que le minimum, mais avec une telle puissance intérieure qu'il ne se doute pas un instant que cette émission pourrait ne pas être diffusée :
    Ce qui est pourtant le cas, hélas... Jeffrey Wigand décide donc de témoigner aussi dans le Mississippi, et appelle à ce sujet Richard Scruggs (Colm Feroe) :
    Il a du mal à se décider, mais il y va tout de même :
    Et il est défendu haut la main par Ron Motley (Bruce McGill), redoutable avocat qui vire allégrement les propos des vendeurs de cigarettes - pour donner à Jeffrey Wigand sa véritable place :
    2) Seconde partie : la presse et la télévision
    Parvenu à la moitié du film, nous rentrons alors dans une phase critique très imposante - qui se passe certainement dans le monde réel, mais que nous n'avons pas forcément envie de voir ou de ressentir en direct au cinéma, tellement cela traumatise tout le monde du simple fait que cela existe réellement.
    Il s'agit en fait du passé lointain de Jeffrey Wigand, où il a été quelquefois interpellé par la police - apparemment sur de simples broutilles - et tout laisse penser que le patron de Brown & Williamson, Thomas Sanderfur, a mis cette histoire en avant, ce qui énerve beaucoup Lowell Bergman :
    Ceci se traduit déjà par une longue dispute entre lui et le patron de la chaîne CBS Don Hewitt (Philip Baker Hall) :
    Suivi aussitôt après par une menace bien plus réaliste d'Helen Caperelli (Gina Gershon) envers la propriété du groupe, qui pourrait tout simplement être racheté par Brown & Williamson :
    Lowell Bergman n'en peut tout simplement plus, et va du coup révéler au New York Times l'existence de cet interview de Jeffrey Wigand par Mike Wallace, qui était jusqu'alors interdit à l'écran :
    Par chance, tout marche plutôt bien, l'interview se voit pour de bon diffusé - et l'on peut comprendre, d'un côté, à quel point la longueur du film ne fait que rendre justice à l'hypocrisie et la lenteur de telles opérations, qui peuvent prendre une dizaine d'années...
    Toujours est-il que Lowell Bergman se trouve grandement perturbé, et malgré la bonne volonté de son patron à la dernière minute, se trouve désormais incapable de travailler de cette façon :
    Face à la télévision, il donne définitivement sa démission :
    Suivie peu de temps après par l'explication de Michael Mann, qui précise bien que cette histoire a réellement existée de 1993 à 1997, de même que les deux personnes avec leurs noms originaux, Jeffrey Wigand et Lowell Bergman... Si vous n'avez pas encore vu ce film, le trailer est impressionnant :

    Alors, quelle est votre vision de cet Opus, complètement opposé à Heat sorti quatre ans auparavant ? Il est difficile d'en parler, car il s'agit là d'un biopic - phénomène assez rare qui consiste à raconter la vie bien réelle de vraies personnes, ce qui se reproduira deux ans plus tard avec Ali...

    Comme je l'avais déjà dit au début, c'est sûr que The Insider souffre pas mal de sa construction séparée en deux, de sa longueur dépendante du ministère de la justice, et aussi du probable désintérêt des gens pour ce problème bien précis... Mais il a en revanche d'autres avantages, non seulement du fait qu'il traite d'un thème bien réel, mais surtout qu'il le fait grâce à deux acteurs particulièrement doués en ce domaine, qu'il s'agisse du puissant Al Pacino ou du réservé Russell Crowe, tous deux très convaincants dans leur rôle !

    Autres films du même réalisateur : ManhunterThe Last of the MohicansHeatAliCollatéralMiami VicePublic Enemies

    Autres biopics (avec entre parenthèses la date du film, et le nom de la personne traitée) : Patton (1970, George Patton), Barry Lyndon (1975, Barry Lyndon), Raging Bull (1980, Jake LaMotta), Elephant Man (1980, John Merrick), Bird (1988, Charlie Parker), Ed Wood (1994, Ed Wood), Braveheart (1995, William Wallace), A Straight Story (1999, Alvin Straight), Ali (2002, Cassius Clay), Frida (2002, Frida Kahlo), Girl with a Pearl Earring (2003, Johannes Vermeer), Marie-Antoinette (2006, Marie-Antoinette), The Last King of Scotland (2006, Idi Amin Dada), La Môme (2007, Edith Piaf), Into the Wild (2007, Christopher McCandless), Silence (2017, jésuites portugais)

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    mercredi, juin 01, 2022

    LOLITA (STANLEY KUBRICK)

    Il est enfin temps que je parle de cet Opus de Stanley Kubrick, tourné en 1962 juste après son film le plus impersonnel Spartacus (1960), et qui marque définitivement l'entrée du réalisateur parmi les grands de ce monde. Regardons bien l'image initiale, qui nous donne déjà l'attirance que ressent cette homme d'une cinquantaine d'années envers une jeune fille de 16 ans - alors qu'elle en avait seulement 12 dans le roman écrit en 1955 par Vladimir Nabokov :

    En fait, c'est la principale raison pour laquelle ce film a été tourné non pas en Amérique, dont on préférait éviter la censure et la ligue puritaine, mais bel et bien en Angleterre, où Stanley Kubrick restera d'ailleurs tout le reste de sa vie. Cela est en outre dû à Peter Sellers, le second grand acteur du film, qui devait d'ailleurs jouer un rôle très important dans Docteur Folamour (1964), et qui dès l'ouverture apparaît comme le grand rival de Humbert Humbert (James Manson), le principal intéressé de cette œuvre :
    Peut-être y a t-il besoin de le préciser, mais nous sommes projetés dès le début du film à sa fin, la mort de Clare Quilty (Peter Sellers) se trouvant abattu par Humbert Humbert sans beaucoup d'avertissements, comme si cela était la marque personnelle du destin :
    Mais ceci ne dure qu'une dizaine de minutes, et nous repartons aussitôt vers le véritable début, le temps où Humbert Humbert, professeur de littérature française, cherche une chambre à louer pour l'été dans le New Hampshire, et se montre pour l'instant grandement hésitant à la proposition de Charlotte Haze (Shelley Winters) :
    Sauf qu'il va instantanément se décider, en vertu de la fille de cette dernière, Dolores Lolita Haze (Sue Lyon), seulement âgée de 16 ans - mais qui lui fait un effet terrifiant, de même du reste que sur la plupart des spectateurs, il faut le noter :
    Il va ainsi rencontrer presque immédiatement le fameux écrivain Clare Quilty, le voir s'exhibant sans grande précaution avec une autre très jeune femme :
    Et se trouver presqu'en même temps ouvertement dragué par la mère de Lolita, Charlotte Haze :
    C'est là où l'on commence à deviner ce qui se trame, entre la vision dominatrice de la mère et celle d'indépendance absolue de sa fille, difficilement compatibles :
    Sans compter que Humbert Humbert sait très bien résumer la question, en se classant d'emblée comme impuissant à lutter, quoi qu'il en soit :
    C'est là où va dès lors apparaître le plan secret de la mère : faire partir tout l'été sa fille dans une sorte de pension très sévère, et surtout sans aucun garçon... Lolita n'a pas l'air du tout prête à cela, mais faute de mieux, elle n'y peut rien dans un premier temps :
    Ceci livre donc aussitôt Humbert Humbert aux puissants désirs de Charlotte Haze :
    Et quel que soit sa vision de la chose et sa volonté d'en rire, il se sent obligé de dire oui à un éventuel remariage - ayant bien sûr derrière la tête l'unique envie de rester non loin de Lolita, dont il regarde d'ailleurs très nettement la photo :
    Malheureusement, l'homme tient aussi en même temps son propre journal, que Charlotte Haze finit par découvrir un jour, et qui évidemment porte toute l'attention à Lolita :
    C'est le moment où, éprise de dégoût, la femme sort sans plus attendre de sa maison... Où hélas, tout le monde est d'accord sur une chose, sa mort renversée par une voiture :
    En fait, Humbert Humbert n'en a rien à cirer, pour tout dire... Mais il accepte de se livrer aux amis très proches de Charlotte Haze, de se montrer profondément touché par cette disparition subite, puis - petit à petit - d'enfin se mettre en route vers la pension de Lolita, où il finit par retrouver le seul homme de la région, Charlie, qui lui livre vite la vérité :
    Aussitôt, donc, Humbert Humbert part avec Lolita, qui est désormais sa prétendue belle-fille, et se révèle pour l'instant totalement dépendante de lui, notamment en ce qui concerne les itinéraires :
    Dans un premier temps, il ne lui dit évidemment pas ce qu'il s'est passé, quel que soit ce que Lolita lui annonce éventuellement :
    Sauf qu'il ne sait pas que Clare Quilty l'a déjà pris en chasse, si l'on peut dire, non pas tel un écrivain, mais en tant que policier - ce qu'il n'est pas, bien sûr :
    Scène plutôt assez drôle, où tous les deux finissent par se rencontrer, Clare Quilty parlant au premier plan d'un tas de choses liées à Lolita, ce qui a l'air de gêner pas mal Humbert Humbert :
    Pour celui-ci, la nuit se termine il faut le dire d'une façon assez terrible, le seul lit pliant trouvé pour lui n'ayant pas tenu bien longtemps :
    Du coup, Humbert Humbert décide de ne pas se retenir davantage, et dévoile enfin la mort de sa mère à la pauvre Lolita :
    Bien sûr, il n'en espère que de bonnes choses - surtout sexuellement parlant, même si le film n'est pas du tout présenté de cette manière... Mais quoi qu'il fasse, il reste malgré tout toujours un père pour elle, et cela ennuie Lolita de plus en plus, face aux différents plaisirs qu'elle se réserve secrètement :
    En fait, pour finir de polluer la vie du soi-disant père, il ne manque plus qu'une nouvelle apparition de Clare Quilty - toujours méconnaissable, cette fois-ci en tant que médecin à l'accent allemand Dr Zemph -, et bien plus sarcastique que la toute première fois :
    Dès lors, Humbert Humbert ne va cesser de tomber davantage, se heurtant de plus en plus avec Lolita, à laquelle il reproche sa pièce de théâtre, ses cours de piano qui n'ont en réalité pas lieu, et suffisamment de choses pour l'emmener définitivement ailleurs, à savoir dans un endroit où il pourra donner tranquillement donner ses cours, l'université de Beardsley :
    Manque de chance, ils sont suivis alors par une voiture très inquiétante - que l'on devine, sans en être sûr, conduite par Clare Quilty -, qui les abandonne fort heureusement au dernier moment... Ce qui laisse provisoirement Lolita dans un hôpital pour cause de froid exagéré, avec toujours la grande confiance de Humbert Humbert :
    Point où il a tort, évidemment... Car la belle Lolita est partie le soir même, sans rendre de compte à personne, ce qui pousse l'écrivain au bout de ses capacités :
    Il faudra attendre quelques années, pour qu'une lettre très claire de Lolita sur son mariage - sous le nom de Mrs Richard T. Schiller -, son attente d'enfant et son besoin d'argent lui parvienne, le laissant totalement décontenancé :
    Seule nouveauté : Lolita lui dit cette fois-ci tout sur son passé avec Clare Quilty, à quel point elle en a été folle... Et même pourquoi rien ne s'est finalement concrétisé, malgré tout ce qu'elle espérait :
    Que va donc lui dire Humbert Humbert, à la suite de cette révélation ? Bien sûr, dans ses yeux, c'est assez évident... Mais ce ne l'est pas du tout pour Lolita, qui préfère après tout rester avec son mari et le père de son futur enfant, plutôt que de se mettre - ou se remettre - avec son beau-père :

    Nous n'en saurons pas plus, exception faite pour finir de cette très courte citation du début du film : un ultime moment passé juste avant le meurtre de Clare Quilty par ce professeur d'université, qui nous montre au bout du compte la pure logique de ce que commettent ces deux êtres désespérés, face à la jeune fille en plein essor...

    Que dire de ce film ? Malgré sa relative indépendance face au roman initial de Vladimir Nabokov, daté de 1955, Stanley Kubrick l'a personnellement autorisé à réécrire tout le scénario. Lorsqu'on demanda en 1964 à Vladimir Nabokov s'il avait été satisfait du produit final, il répondit tout simplement : "J'ai trouvé que le film était de tout premier ordre".

    Il y a toutefois un autre film qui a été tourné bien des années plus tard par Adrian Lyne (en 1977), et qui aurait pu donner grand espoir grâce à ses trois acteurs principaux, Jeremy Irons, Melanie Griffith et Dominique Swain. Adrian Lyne se prétendait plus fidèle au livre initial de Vladimir Nabokov, ce qui était exact, mais le génie qu'il avait pu montrer au sein de l'Echelle de Jacob (1990) s'est révélé ici très loin du compte, et l'investissement monstrueux de 58 millions de dollars s'est seulement traduit à travers le monde par 10,8 Millions de dollars... Grande différence avec le film de Stanley Kubrick, qui pour seulement 2 millions de dollars en avait récolté 9,2 !

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