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  • mercredi, septembre 15, 2021

    THE CRYING GAME (NEIL JORDAN)

    Vous connaissiez ce chef-d'œuvre ? Moi non plus, bien qu'il s'agisse d'un film ayant presque trente ans (1992), et que je n'avais jamais entendu parler de son réalisateur Neil Jordan, qui en plus s'est révélé un scénariste exceptionnel :

    Ce film se divise en fait en trois parties distinctes, qui au début semblent n'avoir rien en commun... Durant le premier tiers, on découvre Jude (Miranda Richardson) en train de draguer à l'excès un jeune soldat noir, Jody (Forest Whitaker)... Mais ce qu'elle ne lui a pas dit, c'est qu'elle travaille en fait pour l'IRA (Armée Républicaine Irlandaise) avec plusieurs autres hommes, dont le processus va s'avérer assez simple : ou bien ils obtiennent comme ils le souhaitent l'exécution d'un juge anglais, ou bien ils tueront d'emblée Jody, en guise de représailles :  
    C'est le moment où l'on découvre le personnage central du film, Fergus (Stephen Rea), qui dès le début supporte assez mal ce qu'il est obligé de faire à Jody, notamment de le garder sous un masque très gênant :
    En apparence, il fait tout ce qu'il faut pour avoir l'air d'obéir à son chef de l'IRA, Maguire... Mais dès que celui-ci se fait plus rare, Fergus ne peut s'empêcher de se rapprocher de Jody :
    Et cela va bien plus loin que prévu... Jody lui raconte notamment une histoire très mythique entre "le scorpion et la grenouille", et à partir des rires de l'un et de l'autre, se met en place une amitié qui semble, de prime abord, très solide :
    Mais il n'empêche : faute d'avoir obtenu ce que l'IRA souhaitait, Fergus se voit contraint de reprendre la place qu'il souhaite de moins en moins... Et il entraîne Jody à l'extérieur pour procéder à son exécution :
    Sauf que ceci ne va pas tout à fait se dérouler comme prévu... Tout d'abord, Jody commence à s'enfuir, à peu près persuadé que Fergus n'osera jamais lui tirer dessus. Bien sûr, il a raison... Mais il va heurter un camion militaire d'une façon si violente que le résultat sera le même, laissant du même coup Fergus dans un embarras ingérable :
    Nous voici donc dans la seconde partie du film, avec ces seuls points tangibles : 1) Fergus va fuir sans plus tarder vers Londres, où il se doute qu'il sera plus long à retrouver 2) Il n'a sur lui que l'adresse de la meilleure amie de Jody, une certaine Dil (Jaye Davidson)... Il va donc tout d'abord se tourner vers le salon de coiffure où elle exerce, avant de se rendre - séduit d'emblée, il faut bien le dire - dans le bar juste en face, Metro :
    Là, je trouve que c'est une très bonne idée de Neil Jordan d'avoir introduit un serveur nommé Col (Jim Broadbent), qui en l'occurrence traduit tous les sentiments qui existent entre les deux, que nous ayons affaire d'un côté à une très belle femme typiquement anglaise, ou de l'autre à un homme assez quelconque, qui prétend juste être écossais :
    En tous cas, le résultat est très prévisible, et bien que Fergus soit de son côté un garçon plutôt solitaire et timide, il n'hésite pas à apporter à Dil ce qu'il estime qu'elle mérite :
    Elle va ainsi un petit peu plus loin avec lui, se montrant sous un look bien plus extravagant dans le fameux bar, où elle est également chanteuse, interprétant comme par hasard la chanson The Crying Game :
    Après quelques bagarres de Fergus avec le mec officiel de celle-ci, et vu que Dil ne supporte quasiment plus ce dernier, il vont donc se mettre ensemble - cela avec quelques visions (très bien filmées) de Jody, du temps où il vivait encore :
    Il y a une seule chose qui ne va pas bien se passer... Mais pourriez-vous deviner de laquelle il s'agit ?
    Bien sûr que non, j'imagine... Mais Dil n'est pas une femme, juste un homme (pour de vrai, y compris l'acteur lui-même, sur lequel je reviendrai à la fin de cet article) ! Et Fergus s'en aperçoit de la pire façon possible, "pour de vrai", avec pour résultat une fuite en avant éperdue et sans retour...
    Mais il n'empêche : "l'amour, c'est l'amour", et cela n'a pas forcément quelque chose à voit avec le sexe, quoi qu'on en dise... En tous cas, c'est ce que les deux vont penser progressivement, tout d'abord bien sûr Dil, puis petit à petit Fergus, qui après une vague hésitation, va finir par se remettre avec elle, de plus en plus attirante : 
    C'est alors le moment d'entrer dans la troisième partie, qui au moment même où l'on commençait sérieusement à oublier la première (autour de la capture et la mort de Jody), se manifestent à nouveau très sérieusement l'ancien patron IRA et la terrible Jude, qui viennent ENFIN de retrouver Fergus à Londres :
    Avec pour conséquences immédiates : 1) la haine cette fois bien marquée de Jude (remaquillée en brune) envers Dil, qu'elle accuse de prostitution 2) l'obligation pour Fergus de participer lui-même à l'assassinat du juge anglais :
    Ce qu'il ne va pas faire du tout, préférant de très loin la mort en beauté de presque tout le monde, avec hélas pour seule rescapée la fameuse Jude... Cela va entraîner bien des péripéties, sur lesquelles je vais rapidement passer, mais au moins, Jude est finalement abattu par Dil, laquelle est a son tour sauvée par Fergus ! Sauf que celui-ci, en guise de contrepartie, va s'offrir quelque chose comme un peu plus de 2000 jours de prison, scène sur laquelle se conclut le film, avec bien sûr l'ultime apparition de Dil, son amour incontestable dans cette situation...
    Cela nous permettra en tous cas d'en apprendre plus sur Neil Jordan, un réalisateur irlandais tout comme Kenneth Branagh lui-même, qui était déjà un petit peu connu grâce à La Compagnie des loups (1984), et deviendra définitivement célèbre en 1996 avec Michael Collins, à peine quatre ans après ce magnifique The Crying Game :
    Voulez-vous maintenant que je vous parle de Dil ? Celle-ci - ou plutôt celui-ci, Jave Davidson, comme je l'ai déjà dit - accepta son tout premier rôle sans trop y croire, mais il fut contre toute attente récompensé par l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, ce qui l'incita aussitôt à participer à Stargate, la Porte des Etoiles de Roland Emmerich, pour la somme d'un million de dollars ! Après quoi, il abandonna tout simplement le cinéma pour se remettre à la mode, milieu d'où il venait, et devint à partir de 1996 totalement invisible...
    Incroyable, pensez-vous ? Je vous laisse tout d'abord en juger en regardant ce très court extrait de The Crying Game, qui en livre bien l'essentiel :
    Ensuite, que voulez-vous que je vous dise ? Certes, il s'agit d'un film génial de tous les côtés, tant dans la réalisation que par le choix des acteurs, sans oublier la musique, très bien conçue par Anne Dudley... Mais le plus important de tout cela, c'est qu'il est question avant tout d'une œuvre vraiment digne de ce nom, au sens où elle allie le côté guerrier de l'IRA à une vision très particulière de l'homosexualité - bien qu'il n'y ait pas vraiment de sexe, en l'occurrence -, le tout vécu aussi bien en 1992 que de nos jours...
    Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais il y a AU MOINS trois sujets dont je n'aime guère entendre parler au cinéma : 1) La guerre, évidemment - mais il semble difficile de s'en défaire, sinon impossible, hélas 2) La boxe (et le football), un autre thème qui me dégoûte profondément, exception faite de Raging Bull de Martin Scorsese (1980) et du remarquable Million Dollar Baby de Clint Eastwood (2004) 3) L'homosexualité, qui me semble toujours assez mal abordée (je ne citerai aucun réalisateur), tournant souvent autour de la personnalité ou du sexe, mais pratiquement jamais axée sur la beauté de la chose au-delà de la performance érotique, ce que j'ai énormément aimé dans The Crying Game (1992). Connaître votre opinion, c'est ce que j'aimerais beaucoup, bien sûr... Il vous suffirait pour cela d'appuyer sur la touche "enregistrer un commentaire", et rien ne sera plus rapide !

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    mardi, avril 06, 2021

    WONDER BOYS (CURTIS HANSON)

    Un film assez fascinant de Curtis Hanson, sorti en l'an 2000, avec cette belle affiche :

    Que l'on peut aussi résumer ainsi :
    C'est une histoire assez longue, dont je ne vais pas vous faire un spoiler, mais simplement vous préciser que le personnage central en est Grady Tripp (Michael Douglas), un professeur de l'université récemment célèbre grâce à son livre, mais qui n'a plus guère de vraie inspiration :
    L'autre, toujours à ses côtés, est bien sûr son éditeur new-yorkais, Terry Grabtree (Robert Downey Jr.), qui a des goûts sexuels assez particuliers, puisqu'il se présente dès sa nouvelle descente d'avion accompagné d'un élégant travesti :
    Grady Tripp et Terry Grabtree sont amis depuis longtemps, tous deux en difficultés pour parvenir à maintenir leurs centres d'intérêt... Mais survient bientôt, de façon assez étrange, le jeune étudiant James Leer (Tobey Maguire, qui ne sera vraiment célèbre qu'en 2002, avec Spiderman) :
    Il se trouve que James Leer sème pas mal de merde un peu partout où il passe, que ce soit dans son vol de la veste de Marylin Monroe, ou bien plus grave, dans son assassinat du chien Poe pour sauver in extremis Grady Tripp :
    Cela ne va pas du tout arranger les relations que ce dernier entretient avec Sara Gaskell (Frances McDormand, très connue depuis Fargo en 1996), la femme du directeur de l'université, qu'il aime profondément et qu'il essaye de persuader de garder l'enfant qu'elle attend en ce moment :
    Ni non plus cacher les intentions de Hannah Green (Katie Holmes), bien que celle-ci prend vite conscience de l'impossibilité d'une telle relation :
    Je crois qu'on atteint le sommet lorsque Terry Grabtree et James Leer se révèlent tout simplement ensemble, faute de mieux - le travesti étant déjà parti, tout en livrant sa morale à Grady Tripp :
    Inutile de vous le préciser... Cela rend en quelque sorte Grady Tripp assez inquiet, non seulement concernant le chien et la veste de Marylin Monroe (qu'il cache dans le coffre de sa voiture), mais aussi vis à vis de son ex-femme - qui est partie le matin même -, de son élève Hannah Green, ou de sa future épouse Sara Gaskell :
    Et rien ne va s'arranger, du moins dans un premier temps... 
    Mais l'humour, qui tient une assez grande part dans cet opus, va finir par apaiser les liens qui impliquent tous ces personnages :
    Et illustrer le propos même du film : comment peut-on, en étant conscient ou non, transmettre l'art de la littérature, d'un adulte désormais sans grande inspiration à un étudiant de plus en plus en pleine forme ?
    Je vous laisse découvrir tout cela dans les quelques 2 minutes que dure cette petite vidéo (en VO, bien sûr) :
    J'en profite d'ailleurs pour me faire une petite publicité pour ce livre sorti lui aussi en l'an 2000, dû à moi-même (mais oui !), et consacré dans son ensemble à la vie bien réelle et très sulfureuse de Louis Marchand, un grand organiste du temps de Louis XIV :

    Mais revenons-en, brièvement, à Curtis Hanson... Ce grand cinéaste, assez peu connu, a néanmoins tourné au moins deux très bons films antérieurs à Wonder Boys : tout d'abord, La Rivière sauvage, avec entre autres Meryl Streep et Kevin Bacon, et surtout, l'excellent L.A. Confidential, avec Russell Crowe, Kevin Spacey, Guy Pearce, et aussi l'excellent musicien Jerry Goldsmith  - un film dont j'ai un petit peu parlé à la fin de Le Caire confidentiel, une œuvre toute aussi fascinante de Tarik Saleh.

    Vous souhaites en savoir plus sur les acteurs ? Et bien, cherchez Michael Douglas, Robert Downey Jr., Tobey Maguire, Frances McDormand, et pour finir en beauté, Katie Holmes. Je crois que j'ai été, pour une fois, assez sobre concernant le nombre de photos, mais cela ne me dispense pas de vous dire tout le bien que je pense d'ARTE, qui a projeté ce film récemment (en VO et sans pub !), et de vous recommander de laisser un commentaire, si vous êtes du même avis que moi !

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    vendredi, mai 22, 2020

    WHITE GOD (KORNEL MUNDRUCZO)

    J'aime de plus en plus ARTE, non seulement car cette chaîne projette en permanence de très bons films (en VO et sans publicité), mais qu'en outre, elle les finance partiellement... Ce qui est arrivé il y a très peu de temps avec l'Opus de Kornél Mundruczò, réalisateur hongrois, White God ("le Dieu blanc"), primé à Cannes en 2014 du titre "Un Certain Regard" :
    Le film démarre d'une façon assez tragique, car mine de rien, il nous projette déjà à la fin, avec dans le rôle principal Lili (Zsòfia Psotta), qui passe énormément son temps à faire du vélo - semble-t-il tout comme l'héroïne principale de Wadjda :
    Et dans le rôle, pas si secondaire que cela, des chiens bâtards, qui finissent par ne plus en pouvoir de la volonté des hommes en place : 
    Lui, Daniel (Sàndor Zsòtér), le père de Lili, occupe une place un peu particulière... D'une part, car il a récupéré sa fille durant les trois mois que dure le voyage en Australie de son ex-femme ; de l'autre, car il présente derrière cet aspect en apparence lucide une véritable douleur, non seulement à faire son métier lié à la viande bovine, mais aussi à haïr les chiens bâtards, qui lui empoisonnent la vie :
    Nous sommes donc au vrai début du film, durant lequel, après un petit moment passé avec sa mère, nous retrouvons Lili avec le seul ami qu'elle ait vraiment au monde, son chien Hagen :
    Malheureusement, celui-ci se trouve particulièrement visé par la police et la fourrière, en tant que bâtard... Résultat : plutôt que de payer une taxe pour cela et de se laisser aller, le père de la jeune fille préfère carrément l'abandonner sur la route, quelle que soit l'énorme déception de Lili : 
    C'est ce qui nous vaut cette phrase du réalisateur, également écrivain du scénario, lorsqu'il s'est retrouvé face à un chien enfermé dans une cage : "J'ai eu honte d'être là, et lui derrière des barreaux. Je fais partie d'un système pourri et je le perpétue. C'est là où j'ai compris (...) que les chiens sont la métaphore parfaite pour représenter toutes les minorités".
    Il a bien raison, et ceci se découvrira également au travers des yeux de la seule qui l'a accompagné jusqu'au bout :
    On passe un petit moment à vivre sans Lili, surtout axé sur le destin du chien principal : à savoir, fuir tout d'abord, pour finir par se retrouver peu à peu entre les mains d'un tzigane, qui va contre toute attente le former au combat entre chiens, et que celui-ci va de façon très inattendue bien se passer :
    Pendant cette période, Lili passe surtout son temps à coller des affiches, représentant des photos de son chien, et aussi à se consacrer à son activité essentielle, jouer de la trompette dans l'orchestre symphonique de la ville... Mais il n'empêche, l'état de tous les chiens, récupérés par la police et la fourrière, se dégrade de jour en jour :
    Jusqu'à ce que Hagen, par une suite de petites coïncidences, se retrouve pour une fois en toute liberté :
    Et décide d'emmener tous les autres bâtards avec lui, dans une sorte de course à travers Budapest qui se révélera inoubliable :
    J'ai trouvé très peu d'images sur Internet, mais je peux vous assurer que cette poursuite est grandiose, et magistralement filmée ! Cela dure une bonne demi-heure, et à aucun moment, on ne s'ennuie, porté soit par la grandeur du mouvement collectif, soit par le soulagement de voir tous les hommes dangereux vus auparavant se faire à leur tour châtier ou tuer pour de bon :
    On en arrive ainsi, alors que tout le monde est menacé, à l'une des dernières scènes du film... Où Hagen ne sait pas trop comment se comporter face à Lili, et où cette dernière n'a au début aucune idée de ce qu'elle peut bien tenter :

    Mais que décide-t-elle de faire, finalement ? Oui, vous m'avez bien compris, interpréter en soliste le morceau qu'elle avait l'habitude de jouer avec l'orchestre symphonique, la seconde Rhapsodie Hongroise de Franz Liszt (délivrée plusieurs fois au cours du film) : 
    Ceci comporte plusieurs sens, évidemment... Le premier étant, selon le réalisateur, "que du point de vue d'un chien, le maître est le Dieu. Un chien peut de manière innocente et naïve suivre les humains, comme nous suivons Dieu parfois", ce qui conduit à cette finale inclination respective des deux côtés : 

    L'autre sens, moins facile à voir pour ceux qui ne sont pas musicien comme moi, c'est que la musique permet en toute occasion le retour à l'origine des choses, aux valeurs communes, à l'égalité absolue... C'était déjà le cas de Franz Liszt (1811-1886), qui bien que né en Hongrie, a séjourné très largement dans toute l'Europe, et ce l'est encore plus pour nous en 2020, où nous connaissons tout à la fois l'extension du voyage à l'infini, et la dégradation liée de la planète :

    Pour moi, le choix de la passion de la jeune fille pour la trompette, et le fait de retenir la seconde Rhapsodie Hongroise de Franz Liszt comme titre majeur, ne sont absolument pas dus au hasard... Ceci résume fort bien le sens profond du film, et c'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles il a remporté le prix "Un Certain Regard" en 2014, accompagné à l'occasion par Lili et Hagen :

    Je vous livre encore une photographie, où l'on voit de nouveau le réalisateur Kornel Mundruczo, l'actrice principale Zsòfia Psotta, et le chien lui aussi très présent, Hagen... Tellement ce film m'a impressionné et scotché, surtout comparé à la majorité qui sort telle année, et disparaît absolument l'année suivante :
    Ne l'oubliez pas : que ceci ait un rapport ou non, ce film mérite à tous prix la comparaison avec Wadjda, une œuvre de 2013 où la principale héroïne est aussi une jeune fille à peine adolescente, où l'un des facteurs principaux reste le vélo, et surtout, où sous un prétexte qui n'a pas l'air sérieux dans le pays et la société qui l'héberge, c'est en fait tout le régime et le système actuel qui se voient réprimandés durement...
    Voulez-vous que je finisse en vous demandant, encore une fois, un commentaire ? Non, je vais m'abstenir, pour une fois, et vous encourager tout simplement à voir ce film !
    Ajout du 16 novembre 2020 : Toujours sur ARTE, on vient de diffuser un film du même réalisateur, tourné trois ans plus tard (en 2017), intitulé la Lune de Jupiter... Ce n'est peut-être pas tout à fait aussi bon, mais ça reste toutefois excellent sur le plan de la façon de filmer, le choix des acteurs, et le point de vue de l'auteur sur Budapest et sur la Hongrie en général, ce qui rend quelque part ce film assez proche de White God, finalement !

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    samedi, juillet 20, 2019

    CONTACT (ROBERT ZEMECKIS)

    Un film magnifique, de Robert Zemeckis !
    Auquel je fais tout spécialement mention aujourd'hui, puisqu'il y a très exactement cinquante ans, le 20 juillet 1969, se posèrent pour la première fois trois hommes à la surface de la lune, comme ceci est à voir avec First Man : Le Premier Homme sur la Lune...
    Sorti en 1997, ce film parle d'un sujet bien rare au cinéma, la divergence entre la pensée mystique et le point du vue scientifique. Ce thème apparaît peu de fois, car il se révèle presque toujours mal réalisé et mal traité, dépourvu d'effets spéciaux et tournant en rond sur ce sujet délicat, sans en offrir une bonne vision.
    Cela, je le précise, n'est absolument pas le cas ici, et nous pouvons déjà en rendre grâce aux deux acteurs jouant les rôles principaux : le Dr Eleanor Ann "Elie" Arroway (Jodie Foster), la porte-parole des scientifiques, et le révérend Palmer Joss (Matthew McConaughey), comme son nom l'indique le représentant du circuit religieux.
    Je passe rapidement sur le début - où l'on voit pourtant toute l'histoire de Elie Arroway avec son père, qui a fait d'elle ce qu'elle est actuellement -, pour en arriver d'emblée à cet échange entre les deux, où tout se trouve en réalité débattu par l'histoire du rasoir d'Ockham :
    Cet échange de paroles n'a pas l'air très important, à ce stade du film. Après tout, peu importe que les gens pensent différemment, si cela n'a pas d'effet sur leur activité principale - la recherche en astronomie d'Elie Arroway, l'édition de livre pour Palmer Joss. Mais ceci va très vite se mettre en place, notamment avec l'arrivée du Dr David Drumlin (Tom Skerrit, déjà célèbre pour ses rôles dans Alien, Dead Zone, ou Top Gun), qui va ici se révéler une personne fort peu agréable, capable de s'investir totalement dans la suppression de biens d'Elie Arroway :
    Fort heureusement, Elie Arroway se trouvera encore fournie pendant quatre années, pour une raison qu'elle comme vous ne maîtrisez absolument pas. Mais toujours est-il qu'elle se trouvera touchée par le contact radio en provenance de Véga, une planète située à 26  années-lumière, avec ce qui se révèlera être tout d'abord un bruit assez étonnant, pour finir par se transformer en vidéo plutôt explicite :
    Bref, inutile de le préciser, toute cette prise en mains par l'état lui-même, qu'il s'agisse des forces de base :
    De leur directeur Michael Kitz, pas si méchant qu'il n'en a l'air (joué par James Woods, brillant acteur de Videodrome, Cop, et Final Fantasy, pour ne citer qu'eux) :
    Ou même de leur chef en question, Bill Clinton, filmé "pour de vrai" - avec ce qui failli être un réelle sanction aux yeux de Roland Zemeckis, mais finalement, aucune plainte juridique n'a été déposée, ce qui a transformé le jugement en avertissement pour l'avenir :
    Reste encore deux personnages à mentionner, réellement importants. Tout d'abord, le fougueux cléricaliste Joseph, autrement dit, Jake Busey - fils, comme chacun le sait peut-être, de Gary Busey :
    Ensuite, le très fameux S.R. Hadden - joué par John Hurt, lui aussi présent dans Alien -, auteur non seulement des quatre années de financement à l'égard d'Elie Arroway, mais aussi décrypteur du fameux message provisoirement illisible :
    Nous en sommes rendu, dès lors, à l'une des premières phases importantes du film, qui reproduit le texte reçu, et très vite, les tendances que cela implique dans la construction d'une machine monumentale :
    Sauf que là, comme l'on s'en doutait d'ailleurs assez justement durant tout ce début, le Dr David Drumlin - Tom Skerritt - va utiliser toutes ses relations pour s'asseoir à l'unique place offerte sur le nouveau vaisseau spatial, ce qui, bien sûr, marchera :
    Enfin, faillira marcher, pour être exact... Ceci passera du reste pour l'un des meilleurs passages du film, où l'on verra le fameux Joseph devenir un kamikaze inapproprié du vaisseau spatial :
    Un passage où Robert Zemeckis fait usage d'effets spéciaux certes assez courts, pour décrire la scission de la base, mais très bien réalisés :
    Nous voici donc rendus, à peu près, à la moitié du film. Que va t-il donc se passer, par la suite ? Et bien, rien n'est arrivé à Elie Arroway, et comme le dit fort justement S.R. Hadden, qui compte désormais grandement la favoriser, "à quoi bon bâtir une base si l'on peut en construire deux" - ce qu'il a évidemment fait sur l'île d'Hokkaidô (北海道), l'un des endroits les plus spéciaux du Japon :
    Résultat : il va désormais inculquer à Elie Arroway de s'offrir le voyage toute seule - et là, on est bien obligé d'admettre que l'une des grandes forces de ce film repose en grande partie sur Jodie Foster, l'une des actrices les plus époustouflantes du monde. C'est bien sûr le cas au tout début de ce vaste voyage :
    Mais surtout lorsqu'il se transforme de lui-même en entrée dans un tunnel particulièrement déconcertant - là encore, absolument remarquable au niveau des effets spéciaux :
    
    Le plus étonnant, c'est évidemment l'arrivée d'Elie Arroway sur la planète de Véga, qui non seulement ne se passera pas vraiment de la façon prévue, mais en outre laissera plusieurs interprétations possibles, notamment les deux en cours sur la fin :
    En fait, tout se déroulera à partir de là comme une mise en images perpétuelle, axée tout d'abord sur sa pure découverte de cet étrange élément :
    Puis continuant sur sa propre rencontre avec son père, ou plutôt, disons-le, avec une chose qui tente de se faire passer pour son père pour ne pas la perturber outre mesure - soit dit en passant, le rôle du gentil père étant tenu par le fameux David Morse, qui interprète habituellement plutôt les versions du méchant :
    Vous allez me dire, parvenus à ce moment, qu'il ne reste plus qu'une seule chose à arriver : son propre retour vers la terre. Certes, votre point de vue était tout à fait justifié, mais sans doute bien inférieur à la réalité, qui se passe en une fraction de seconde :
    En fait, le point est là : d'un certain côté, une visiteuse qui a l'impression que son voyage a duré un bon bout de temps. De l'autre, tout ceux qui sont restés sur terre, et ont le sentiment malheureux que ce voyage n'a pas pu exister, vu sa brièveté impossible :
    C'est tout cela qui vaut l'inévitable procès entre Elie Arroway et Michael Kitz, où aucun d'entre eux ne va avoir raison, pour ainsi dire, puisque leur point de vue sont irrationnels et incohérents, chacun pris de leur côté :
    Reste la dernière image du film, plutôt fascinante : celle où Rachel Constantine - Angela Bassett, évidemment - cite la vraie durée du voyage, du moins celle recueillie par la caméra, et que Michael Kitz n'a plus qu'un mot dans la bouche, lui-même scotché par toute cette aventure :
    J'ai dit la dernière image du film ? Pardon, je voulais juste dire : la dernière image du procès. Car la dernière image du film, qui prend place bien des années après le procès, est tout simplement fascinante, bien connue des amateurs de haute montagne :
    En résumé : il s'agit d'un grand chef-d'œuvre, certes ayant coûté beaucoup d'argent (90 millions de dollars !), mais étant bel et bien à la hauteur du thème abordé. D'une part, on retrouve évidemment des acteurs tous fort connus, lesquels prennent place dans un scénario très bien réalisé, avec deux grands effets spéciaux - justement avec le premier beaucoup plus court que le second, mais ceci est forcément volontaire. D'autre part, l'auteur du film ne gave personne avec son propre avis sur le sujet, de même d'ailleurs que le véritable écrivain de la nouvelle, Carl Sagan, lui-même très indécis sur le thème.
    En fait, cela nous ramène à la question du rasoir d'Ockham, et je ne peux pas m'empêcher de citer Wikipédia à ce sujet : "Il est défini par Elie comme le principe selon lequel, toutes choses étant égales, il convient de choisir l'explication la plus simple. Dans la première scène, Elie provoque un peu le révérend Palmer Joss en lui demandant de lui dire quelle est l'hypothèse la plus simple : Dieu existe mais refuse de donner toute preuve de son existence, ou bien : Dieu n'existe pas; nous l'avons créé pour résoudre nos problèmes existentiels. Palmer Joss ne sait que répondre mais fait remarquer à Elie que la notion de preuve ne peut être absolue, qu'il y a des vérités qui ne peuvent être prouvées objectivement et ne se fondent que sur notre conviction intime. Comment Elie pourrait-elle prouver, par exemple, l'amour qu'elle avait pour son père? On comprend qu'il s'agit là d'une sorte de joute intellectuelle entre une scientifique et un homme de foi. En fait, l'intérêt de la scène est de préparer l'une des scènes de la fin. Dans cette seconde scène, les rôles sont inversés : c'est à Elie qu'on demande de choisir entre deux explications : elle est réellement allée au centre de la galaxie, et a vécu toutes ces expériences extraordinaires qu'elle prétend avoir vécues, sans d'ailleurs pouvoir le prouver le moins du monde, ou bien : elle a simplement été le jouet de l'excentrique et génial financier de l'opération, le milliardaire Haden. Par honnêteté intellectuelle, Elie doit reconnaître que le rasoir d'Ockham joue contre elle et qu'il est plus simple et raisonnable de croire qu'elle ait été la victime d'un canular. Mais elle ajoute finalement, comme en écho à la réponse de Joss dans la première scène, que, si elle n'a pas de preuve, elle en a du moins l'intime conviction. Bien plus, son souhait le plus cher est maintenant de faire partager son expérience qui l'a tant transformée".
    Que dire de plus ? Certes, Jodie Foster est proprement géniale, jouant son rôle quasiment dans l'intégrale du film... Certes, les effets spéciaux sont remarquables, surtout le second, inoubliable... Certes, la musique en est tout simplement très belle, ce qui est bien normal, vu qu'elle est due, comme c'est presque toujours le cas avec Robert Zemeckis, à Alan Silvestri... Mais ceci ne remplacera absolument jamais vos commentaires, qui j'en suis sûr, seront fort adaptés et cohérents !
    Autres films du même réalisateur : Qui veut la peau de Roger Rabbit

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