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  • samedi, avril 20, 2024

    THE CURIOUS CASE OF BENJAMIN BUTTON (DAVID FINCHER)

    Un film assez étonnant sorti en 2008 (avec le titre français voisin de L'Etrange Histoire de Benjamin Button), qui doit l'essentiel de son script à Eric Roth - emprunté encore une fois à l'ouvrage de F. Scott Fitzgerald sorti en 1922, sans oublier qu'Eric Roth est un véritable virtuose en la matière, puisqu'il a déjà écrit Forrest Gump (Robert Zemeckis), The InsiderAli (Michael Mann) et Munich (Steven Spielberg).

    Ce scénario raconte toute la vie de Benjamin Button opposée à celle de Daisy Fuller - simplement parce que le premier naît avec toutes les apparences d'un vieillard le 11 novembre 1918, se dirigeant de plus en plus vers l'adolescence, tandis que la seconde mène une existence tout à fait normale - comme chacun d'entre nous.

    Je sais, cela a une apparence totalement fantastique si l'on s'en tient au premier degré, mais ce n'est pas du tout ce que souhaitaient faire Eric Roth et David Fincher. Résultat ? Le film a eu du mal à doubler son budget initial déjà fort élevé (150 millions de dollars), et il dure 2h46, ce qui n'est pas rien... Mais il a en retour remporté un grand succès, et il reste toujours connu en traitant ce thème plutôt rare au cinéma et difficile à réaliser : celui d'un homme vivant dans le sens inverse des autres, et parvenant finalement à se réconcilier avec tout le monde.

    L'Opus débute en août 2003, alors que Daisy Fuller (Cate Blanchett) est sur le point de mourir, et partage les derniers instants de sa vie dans un hôpital de La Nouvelle-Orléans en s'entretenant avec sa fille Caroline (Julia Ormond). En fait, elle lui demande de lire à haute voix le journal d'un certain Benjamin Button - scène récurrente qui va apparaître tout au cours du film :

    On se retrouve donc au tout début en 1918, un moment où l'horloger aveugle Mr Gateau (Elias Koteas) élève une pendule très spéciale dans le gare de La Nouvelle-Orléans - dont les aiguilles tournent à l'envers, spécialement afin de faire revenir vivants les jeunes soldats qui ont été tués à la guerre :
    Aussitôt après, naît un enfant avec les caractéristiques d'un vieil homme (comme par hasard le 11 novembre 1918 !), mais son père Thomas Button (Jason Flemyng), trop désemparé, décide de l'abandonner sous le porche d'une maison de soin dirigée par Queenie (Taraji P. Henson) :
    Très chrétienne, celle-ci voit Benjamin Button comme son propre fils, et décide de lui apprendre à marcher en 1925 sous la direction du prêtre de l'église - ce qui fonctionne plutôt bien :
    En 1930, à l'occasion de Thanksgiving où il vient d'avoir douze ans, Benjamin Button rencontre pour la première fois Daisy Fuller, qui l'aime bien - et cela n'est pas sans provoquer quelques réactions positives de sa part :
    Il découvre aussi son premier métier, avec l'aide du capitaine Mike Clark (Jared Harris), qui l'engage à tout faire sur son bateau. Mais sidéré par le fait que Benjamin Button n'ait toujours pas connu intimement de femmes, il l'entraîne avec lui dans un bordel renommé - et tout se passe vraiment bien mieux que prévu :
    Enfin, Benjamin Button rencontre son vrai père, Thomas Button... Mais bien que celui-ci, directeur d'une usine de boutons, soit plutôt généreux, il ne lui dit pas la vérité, et se contente d'écouter - non sans émotion - son propre fils :
    Une fois reparti en Russie sur le bateau de Mike Clark, il arrive en 1941 à Mourmansk, où il rencontre une femme assez étonnante, Elizabeth Abbott (Tilda Swinton) :
    Il s'entame une relation avec cette épouse d'un ministre britannique, et malgré ses nombreuses difficultés, cela amène tous les deux à un bonheur véritable - qui ne va hélas pas durer bien longtemps :
    Peu de temps après, en effet, Benjamin Button se retrouve à bord du bateau de Mike Clark, en route vers le Japon où ils doivent - selon la volonté de l'United States Navy - se consacrer à un rôle de sauvetage. Cela se passe bien au début, mais très vite, Mike Clark se laisse entraîner à tirer à mitraillette sur un sous-marin ennemi - causant tout à la fois la dégradation de celui-ci et sa propre mort :
    En mai 1945, une fois la guerre terminée, Benjamin Button (Brad Pitt) rentre enfin à La Nouvelle-Orléans, où il retrouve une nouvelle fois Daisy Fuller - qui a très nettement grandi :
    Entretemps, celle-ci est devenue une vraie danseuse professionnelle, et mine de rien, elle tombe plus ou moins amoureuse de Benjamin Button... Elle essaye de l'entraîner via sa danse vers quelque chose d'imprévu - passage magnifiquement filmé par David Fincher -, mais celui-ci n'est pas du tout près pour ça, et préfère y renoncer :
    C'est alors qu'il retrouve son père une nouvelle fois, mais la grave maladie de ce dernier le pousse enfin à dire toute la vérité :
    Benjamin Button a un certain mal à l'accepter, même si le testament de Thomas Button va grandement dans son sens... Mais il se résout à le voir mourir, commençant à comprendre que c'est inévitable - de toute façon, "il faut lâcher prise" :
    Une fois vécu cet évènement tragique, à plus d'un niveau, Benjamin Button se déplace à New York en 1947, cette fois-ci bien décidé à entamer une relation avec Daisy Fuller... Mais c'est à ce moment elle-même qui s'y oppose, d'une part parce qu'elle se trouve trop jeune pour entamer une liaison sérieuse avec lui, d'autre part car elle est déjà amoureuse de quelqu'un d'autre :
    En fait, ils ont tous les deux à peu près le même âge, en 1954... Sauf que Daisy Fuller, alors à Paris, se fait brusquement renverser par un taxi, ce qui conduit tout de suite Benjamin Button à l'hôpital :
    C'est le moment précis pour David Fincher de nous montrer brillamment à quel point le cours de la vie dépend finalement des nombreux hasards qui y apparaissent... Tout cela pour en fin de compte les mettre dans les bras l'un de l'autre, bien que leurs destinées soient complètement différentes :
    Une fois tous les deux revenus à La Nouvelle Orléans en 1962, ils assistent à l'enterrement de Queenie - la seule vraie mère de Benjamin Button :
    Puis ils décident de vivre ensemble, et en 1967, Daisy Fuller ouvre enfin un studio de danse... Cela rassure beaucoup Benjamin Button, mais un an plus tard, elle est enceinte d'une fille :
    Dès lors, Benjamin Button ne veut plus rester, car bien qu'ayant l'air de plus en plus jeune, il a suffisamment mûri pour se rendre compte à quel point le rôle de père lui va mal... Durant les années suivantes, à partir de 1970, il s'en va d'un seul coup dans tous les coins du monde :
    Il n'en revient qu'en 1980, de plus en plus jeune, et constate que Daisy Fuller s'est entretemps remarié... Mais cela ne le gêne pas pour l'inviter dans son hôtel, où ils s'offrent une dernière nuit d'amour :
    Il faudra encore attendre dix ans, pour que des travailleurs sociaux s'adressent à Daisy Fuller, ayant découvert Benjamin Button dans un vieil immeuble condamné, souffrant d'amnésie et de démence... Ce sont des maladies typiques d'une personne âgée, mais il est en fait de plus en plus jeune :
    En 1997, Daisy Fuller s'installe définitivement dans sa maison de retraite, et s'occupera du préadolescent Benjamin Button jusqu'à la fin de ses jours, qui auront lieu au printemps 2003 - à l'âge de 84 ans... Elle-même tiendra encore deux ans de plus, mourant à l'arrivée de l'ouragan Katrina - toujours en compagnie de sa fille Caroline :
    Avec ce sublime plan final sur l'horloge de Mr Gateau, qui suite à la récente installation d'une pendule numérique dans la gare de La Nouvelle Orléans, se noie elle aussi dans les perturbations dues à l'ouragan Katrina :

    Personnellement, j'adore ce film - même si comme très souvent chez David Fincher, il dure largement plus de 2 heures... Kirk Honeycutt a noté : "Le cinéma se marie à merveille à une palette de couleurs sobres nécessaires et autres effets visuels qui retranscrivent un passé magique", tandis que Peter Howell décrivait cet Opus comme "un conte magique et émouvant d'un homme vivant sa vie dans le sens inverse, avec une réalisation à son meilleur".

    Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais pour ma part, je pense que The Curious Case of Benjamin Button est l'un des meilleurs films jamais tourné sur ce sujet insolite !

    Autres films du même réalisateur : Alien 3SevenPanic Room

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    dimanche, mars 10, 2024

    ERASERHEAD (DAVID LYNCH)

    Et oui, il s'agit du tout premier film de David Lynch, que nous connaissons bien mieux aujourd'hui qu'à l'époque de sa sortie (1977), où il eut à souffrir de beaucoup de problèmes insolubles... Tout d'abord, son budget ridicule de 10000 dollars, ce qui a engagé son tournage sur six ans, à partir de 1971. Ensuite, sa situation dans Philadelphie, ville particulièrement industrielle et dangereuse, où toute l'action s'est déroulée. Et pour terminer, le nombre important de discussions ayant eu lieu durant toute cette période, concernant le surréalisme du film, son scénario jugé par moment totalement incohérent, et dont vous trouverez une bien meilleure explication - comme d'habitude - sur Wikipédia !

    N'oubliez pas, au passage, que Eraserhead fait partie des dix meilleurs films d'horreur réalisés dans le monde aux yeux de Stanley Kubrick, qui le recommanda à toute son équipe avant la réalisation de Shining (1980) - l'un de ses nombreux chefs-d'œuvre.

    Cette histoire commence avec Henry Spencer (Jack Nance, un acteur fétiche de David Lynch), que l'on découvre marchant sans arrêt dans Philadelphie, juste afin de parvenir à l'appartement de sa future femme - qu'il n'a pas vue depuis longtemps :

    Lorsqu'il retrouve enfin Mary (Charlotte Stewart), il a l'air apaisé par sa réaction plutôt positive, et entre sans problème dans la pièce :
    Mais il y rencontre aussi la mère de Mary (Jeanne Bates) et son père Bill (Allen Joseph)... Henry Spencer ne s'en aperçoit pas tout de suite, mais Bill a l'air totalement déconnecté de la situation tendue qui règne autour de la table :
    Phénomène qui va bien sûr s'aggraver au cours du repas, où le poulet se met à bouger tout seul, sans que cela n'ait l'air de gêner personne :
    Le film commence alors à entrer dans sa phase surréaliste, qui se développe encore davantage lorsque la mère de Mary pose à Henry Spencer une question fondamentale sur le sexe... Et elle parle tout de suite de leur enfant prématuré et hideusement déformé, ce qu'il ne savait pas encore :
    Mais il est obligé de s'en occuper, et quelle que soit sa réaction, le bébé n'arrête pas de hurler dans tous les sens - ce qui dans un premier temps motive énormément Mary :
    Bien que je ne sois pas censé en parler, il faut savoir que David Lynch a connu en 1968 une expérience assez proche : être à l'âge de 22 ans le père d'une jeune fille ayant une forme sévère de pied bot, ce qui la contraignit à un traitement chirurgical assez lourd....
    Evidemment, ceci n'est pas lié directement au personnage de Henry Spencer, mais il existe tout de même une certaine similitude entre les deux, ce qui lui donnera - selon Greg Olson - "une vision bipolaire de l'Amérique, entre Paradis et Enfer", qui servira de base à tous ses films à venir :
    Cependant, à force de s'occuper en permanence de leur enfant, Mary en a subitement marre, et décide de s'en aller - sans oublier de bien dire à Henry Spencer ce dont il doit se charger durant tout ce temps :
    Dans un premier temps, Henry Spencer s'occupe plutôt bien de son enfant... Mais le fait de se retrouver seul face à lui, qui est de plus en plus malade, le déroute complètement :
    Résultat ? Il se dirige rapidement vers le radiateur, où il découvre soudain Lady in the Radiator - aux joues hypertrophiées comme la fameuse Betty Boop -, qui chante et danse sur l'étrange musique pour orgue de Fats Waller :
    Ou bien ne serait-ce pas un rêve ? Car Mary est de nouveau là, semblant même n'avoir guère bougé de l'appartement :
    Et surtout la belle voisine (Judith Roberts) en route, avec qui Henry Spencer aura une relation sexuelle évidente - même s'il n'a rien d'autre à faire pour cela qu'approuver ses intentions :
    Lady in the Radiator revient alors, et interprète cette fois-ci Beautiful Girl Across the Hall ("La jolie fille de l'autre côté du couloir")... Au début toute seule, et puis - fait assez révélateur - Henry Spencer vient se joindre à elle :
    Sauf que ça ne se passe pas du tout comme la première fois, et que sa tête est immédiatement coupée, puis projetée sur le carrelage du sol... A la place, nous retrouvons celle du bébé, qui prend place comme si de rien n'était dans son costume :
    La tête est rapidement emmenée par un jeune garçon à un réceptionniste, qui la transmet à son tour à l'ingénieur d'une usine de crayon - se servant du cerveau pour constituer une gomme efficace (d'où le titre Eraserhead, qui signifie "tête effaceuse")... Il faut noter que ce thème était au départ l'un des plus importants du film, jusqu'à ce qu'il soit remis à sa dimension réelle, bien moins importante :
    D'ailleurs, Henry Spencer se réveille d'un seul coup entier, comme si il avait rêvé tout cela... Mais il voit aussitôt derrière sa porte la belle voisine avec un autre homme, et retombe dans son cauchemar habituel - où il n'est plus lui-même, juste un cerveau entièrement consacré au bébé, comme si celui-ci avait pris sa place :
    Il prend alors la seule décision qu'il lui reste encore, et va mettre fin à la vie du bébé avec une simple paire de ciseaux... Ceci donne lieu à des images assez torrides, qu'il vaut mieux éviter si l'on est pas habitué à ce genre d'effets spéciaux - gardés encore secrets aujourd'hui, pour dire à quel point David Lynch était en avance sur son temps :
    Reste un type d'image assez impressionnant, celui des lampes rondes et de l'électricité qui se met à mal marcher - qui se retrouvera de la même façon bien des années plus tard, à la fois dans Lost Highway (1997) et Mulholland Drive (2001) :
    Et Henry Spencer retourne - sans bébé - vers le radiateur, où il retrouve enfin celle qu'il apprécie depuis le début, avec qui il disparaît sans aucun remord :

    Si vous n'avez pas encore vu ce film, j'en ai retrouvé un petit trailer, qui raconte en 1'40" l'essentiel de cette histoire inversée - qui de toute façon ne dure que 89 minutes :

    Je ne vois plus grand chose à décrire ici - à part les surprenantes contradictions qu'à vécu David Lynch durant toute cette période, et que je vous ai déjà invité à voir sur Wikipédia. Tout ce qui est important, c'est qu'il soit devenu dès son second film (Elephant Man, 1980) un réalisateur exceptionnel - dont j'espère que vous pourrez découvrir sans plus tarder les œuvres qu'il a tourné par la suite !

    Autres films du même réalisateur : Elephant ManWild at HeartLost HighwayA Straight StoryMulholland Drive

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