L'INDEX DE TOUS LES FILMS COMMENTÉS :
  • C'EST ICI !!!
  • C'EST LÀ !!!
  • C'EST ICI & LÀ !!!
  • POUR EN REVENIR À L'ORIGINAL, CLICQUEZ CI-DESSOUS :
  • OUI, C'EST BIEN ICI !

  • mardi, mars 01, 2022

    CARLITO'S WAY (BRIAN DE PALMA)

    Oui, un véritable chef-d'œuvre, daté de 1993, et qui porte en français le titre de L'Impasse... J'ai longtemps pensé qu'il s'avérait de la suite de Scarface de 1983, mais pas du tout - bien qu'il y ait de nombreux points communs entre les deux films, et que le génial Al Pacino y joue le rôle principal, ici celui de Carlito. Le titre américain est d'ailleurs adapté à ce personnage, sur lequel le juge Edwin Torres a écrit deux ouvrages, Carlito's Way (basé sur son adolescence) et After Hours, qui en est bien plus proche, mais que l'on a évité d'appeler ainsi à cause du After Hours de Martin Scorsese, sorti en 1985, et sans aucun rapport.

    Chose assez étonnante : contrairement à Scarface, le film commence par sa scène finale, filmée d'une façon quelque peu différente, à la fois dans les angles et les teintes... Seul point commun, cette affiche de rêve qui prend de la couleur et de la forme, au fur et à mesure qu'on avance :

    Evidemment, il s'agit de l'intention réelle de Carlito Brigante (Al Pacino), qui avec l'aide de son avocat David Kleinfeld (Sean Penn) ayant converti ses 30 ans en 5, n'a absolument pas envie de refaire son métier de cocaïnomane d'autrefois, mais bel et bien de fonder une entreprise de location de voitures sur les îles Bahamas, avec un ami à lui :
    Tout a donc l'air d'aller pour le mieux... Il doit juste accompagner son cousin Guajiro (John Ortiz), qui doit se rendre chez Quisqueya (Rick Aviles), afin - comme prévisible - de refourguer de la cocaïne :
    A priori, Carlito ne se doutait pas de l'attitude de Guajiro, surtout après cinq ans de prison... Et son cousin non plus, du reste :
    Mais subitement, tout est clair ! Et Quisqueya s'empresse de faire passer sa volonté en premier :
    Sauf que lui et ses quatre ou cinq hommes se font prendre d'une façon hallucinante par Carlito Brigante, qui finit par tous les tuer, sans être hélas parvenir à sauver son cousin Guajiro... Il s'agit d'une scène magistralement filmée et mise en place, qui est une sorte d'ébauche de la grande poursuite finale, qui s'avérera encore plus géniale :
    Quoiqu'il en soit, il parvient à s'en sortir... Il ne lui reste plus qu'à découvrir une nouvelle boîte, histoire de financer son voyage définitif vers les îles Bahamas :
    Ce qui a plutôt l'air de bien se passer, malgré les déclarations imprécises de leur actuel patron, Saso (ou Ron) - qui de fait, même en temps qu'acteur, maîtrisait très mal l'anglais :
    Seul problème, il rencontre aussi Benny Blanco (John Leguizamo), un jeune vendeur de cocaïne du Bronx, qui se voit déjà comme lui tout jeune - alors que Carlito Brigante n'a absolument pas cette image de lui dans la tête, qu'il estime au contraire insignifiant et arrogant : 
    Mais heureusement, cela ne dure pas... Car Carlito Brigante croit voir pour de vrai son ancienne maîtresse, Gail (Penelope Ann Miller, qui a été assez difficile à recruter) :
    Et immédiatement, il se souvient de cette rencontre fabuleuse et improbable, entre un trafiquant de cocaïne et une très belle et fort douée danseuse, qui n'avait au départ quasiment aucune chance de marcher :
    Et qui pourtant fut un certain temps impeccable, de sorte que Carlito Brigante se met de nouveau à la recherche de Gail, qu'il finit par retrouver, lui expliquant comment il a pu la délaisser à ce point-là, se croyant pour de vrai condamné à 30 ans de prison :
    Vous pouvez exceptionnellement découvrir ce passage sur la vidéo suivante, où au passage se joue de la très bonne musique composée par Léo Delibes pour son opéra Lakmé (1883) :
    Hélas, c'est en même temps que se dégrade l'optique du film, tout d'abord avec la rencontre entre Tony Taglialucci - encore en prison - et David Kleinfeld, apparemment coupable de son détournement d'argent il y a quelques années, et donc obligé de le prendre en bateau de façon anonyme :
    Ce dont il a beaucoup de mal à se remettre, soyons clair :
    Mêmes raisons pour Carlito Brigante et Lalin (Viggo Mortensen), ce dernier se servant de sa récente paraplégie pour enregistrer les paroles de Carlito... Mais heureusement, celui-ci s'en aperçoit au bon moment, et même s'il ne souhaite plus tuer personne, son envie n'est pas bien loin :
    En gros, donc, tout commence à aller assez mal... A commencer par l'acte sexuel de David Kleinfeld, bourré de cocaïne, et de Steffie (Ingrid Rogers), qui en théorie est la maîtresse officielle de Benny Blanco :
    Fait qui a l'air de relativement énerver Saso, plus son domestique, et bien sûr le principal défendeur de Carlito, Pachanga (Luis Guzman) :
    Pour quelle raison ? Bien sûr, la jalousie très apparente de Benny Blanco, qui se rue sur Carlito Brigante et entame une conversation très violente, laquelle se termine assez mal pour lui :
    Nous avons néanmoins une petite pause, tout d'abord avec la fiesta dans la grande demeure de David Kleinfeld, au cours de laquelle il entretient Carlito Brigante du futur besoin qu'il a de lui sur son bateau :
    Ensuite, beaucoup plus attrayant, le rendez-vous entre ce dernier et Gail, qui a l'air au tout début de ne pas se passer comme prévu :
    Mais le temps n'a finalement que peu d'influence sur eux deux, et leur amour respectif est toujours aussi fort, quoi qu'il arrive :
    Seul problème : David Kleinfeld prend de plus en plus de cocaïne... Et devient ainsi bien trop bavard, livrant quasiment l'intégrale de ce qu'ils avaient prévu de faire secrètement le lendemain :
    Ce qui pousse Gail à s'y opposer immédiatement, par un bon signe d'intuition féminine, mais hélas, Carlito Brigante ne peut pas faire grand chose envers un avocat qui l'a délivré de 25 ans de prison :
    Le lendemain, il se trouve donc à la place prévue, se disant que ce n'est qu'une évasion de nuit et en pleine mer, que peu de gens auront l'occasion de découvrir :
    Mais bien sûr, il se trompe grandement... Non seulement du fait que David Kleinfeld ne sauve pas Tony Taglialucci, mais l'assassine froidement dans l'eau, de même que son fils également présent sur le bateau :
    Résultat ? Une déception grandissante, qui ne va pas s'améliorer, sachant qu'ils auront bientôt affaire à la pègre italienne :
    Suivie aussitôt par la déclaration de nouveau intuitive de Gail :
    Et enfin, du définitif entretien de Carlito Brigante avec le procureur Norwalk (James Rebhorn), qui hélas ne parvient pas à le persuader de se fier à son instinct, pourtant grandement réitéré par ses associés :
    En résumé, cela ne lui laisse qu'une seule idée en tête : prendre son argent, partir avec sa maîtresse pour les îles Bahamas, et prier au hasard pour que tout se passe comme prévu...
    Mais rien de tout cela ne se déroule conformément... D'une part, David Kleinfeld, ayant déjà été laissé pour mort suite à des coups de couteau, se trouve en réalité toujours à l'hôpital, où cette fois-ci un nommé Vincent Taglialucci (Joseph Siravo) va bel et bien l'abattre, sans la moindre chance qu'il en réchappe :
    D'autre part, Carlito Brigante voit débarquer dans la boîte de Saso quatre très puissants mafioso italiens, notamment Pete Amadesso (Richard Foronjy), qu'il n'a pas revu depuis au moins 15 ans :
    Ceux-ci doutent encore - un tout petit peu - que Carlito a aidé David Kleinfeld à assassiner Tony Taglialucci... Mais ceci ne va pas tarder à se découvrir, contraignant Carlito à fuir comme il peut au sein du métro :
    Ou même de la gare, ce qui le conduit à des actes de plus en plus violents :
    C'est une scène d'environ 20 minutes, mais qui est tout simplement géniale... On y voit bien sûr le déroulement en plus grand du vertige initial avec son cousin Guajiro, mais aussi la réinterprétation - complètement dans l'autre sens - du plan final de Scarface, qui avait été réalisé 10 ans auparavant. Si vous ne la connaissez pas encore, goûtez-en un petit peu ici, tout en écoutant la musique très expressive de Patrick Doyle :
    Et tout se termine, en tout cas provisoirement, d'une façon plutôt positive, avec la mise à mort des quatre italiens, quel que soit la façon de les tuer - en terminant avec cette scène dans les escaliers qui est tout simplement impressionnante :
    Que se dire, alors ? Juste accompagné de Gail et de son fidèle Pachanga, il n'y a qu'une seule idée qui lui traverse le crâne :
    Sauf qu'il n'avait pas prévu (et nous non plus) cette dernière option : se faire descendre par le plus improbable de ses potentiels ennemis... Le fameux Benny Blanco, du Bronx, qui en profite d'ailleurs pour abattre quelque temps plus tard le fameux Pachanga, le trop rusé serviteur de Carlito Brigante :
    En résumé, il n'y a donc que Gail qui reste en vie auprès de tous ces morts... Tout en ayant l'ultime vœu pour Carlito Brigante, qu'elle croit encore possible : 
    Encore une fois, ceci va totalement à l'opposé du personnage que Al Pacino interprétait dans Scarface dix ans auparavant. Là où nous avions une sorte de fou à l'héroïne, largué depuis des siècles par sa femme, ayant tué son meilleur ami et prêt à tout pour se tirer vivant de l'ultime fusillade, nous nous trouvons face à un ex-truand sorti de prison, toujours amoureux de Gail, ne cherchant qu'à aligner un peu d'argent pour partir aux Bahamas, et petit à petit mis en grande difficulté par celui qui l'a fait sortir, David Kleinfeld...
    Quoi qu'il en soit, celui-ci est bel et bien en train de décéder, comme le montre très bien ce large plan inversé, encore servi par la musique remarquable de Patrick Doyle :
    Ce que l'on devine encore mieux dans le dernier plan, au départ le même qu'au début, mais laissant peu à peu Gail s'exprimer en dansant dans le seul paysage encore en couleur de ce monde bleuté :
    Bref, j'ai trouvé ce film absolument génial, et même - de mon point de vue - bien supérieur à Scarface tourné dix ans plus tôt... Certes, l'on peut y voir l'ascension progressive du réalisateur Brian De Palma et de l'acteur principal Al Pacino, mais aussi le portrait délirant de David Kleinfeld offert par Sean Penn, ou encore la prestation remarquable de Penelope Ann Miller. De toutes façons, j'ai beaucoup de mal à trouver mieux, et bien que je connaisse aussi quelques films assez étranges de Brian De palma (Body Double ou Le Dahlia Noir), je ne peux m'empêcher de vanter celui-ci, de même que Blow Out (1981), Scarface (1983) ou Les Incorruptibles (1987) !
    Autres films du même réalisateur : Blow OutScarface

    Libellés : , , ,

    vendredi, octobre 22, 2021

    CLIMAX (GASPARD NOE)

    Une fois n'est pas coutume : il m'arrive en effet de regarder un film dont je n'ai a priori guère envie, et ce fut précisément le cas ce soir, avec Climax (2018) de Gaspard Noé, un cinéaste franco-argentin  célèbre pour ses précédents films, dont Irréversible, Enter The Void ou Love - tous interdits au moins de 16 ans ! Son thème initial ne comptant absolument pas dans mes favoris, la danse (ou plus exactement, le voguing, le krump, et le waacking), je ne m'attendais absolument pas à le regarder en entier, et en plus d'y prendre un sacré plaisir :

    L'œuvre est, si l'on peut dire, consciemment montée à l'envers... Au tout début, l'on voit pour ainsi dire la fin de l'histoire, et la disparition en pleine neige de l'une des jeunes filles présentes. Mais ceci entraîne immédiatement vers l'interview TV de tous les danseurs et danseuses, qui s'est visiblement passé longtemps avant : 
    Et finalement, on se trouve avec l'ultime répétition de tout le monde avant le départ vers les USA - un plan séquence particulièrement long, mais très bien filmé, sur tous ces danseurs qui sont largement professionnels :
    Si Gaspard Noé nous raconte l'émergence de ce thème, il va bien sûr en venir à un fait divers (et d'hiver) survenu en 1996, où de la même façon une troupe de danse a risqué sa vie pour différentes raisons, qui deviendront de plus en plus visibles au cours de ce film :
    A ce moment démarre la seconde partie, beaucoup plus intimiste, où l'on découvre autour d'une table les liens qui unissent - ou opposent - les danseurs et les danseuses, qui se mettent à parler entre eux d'une façon nettement plus claire :
    A ce point de l'histoire, il faut en outre remarquer que tous ces danseurs et danseuses, totalement remarquables en leur matière, se révèlent très amateurs dans le métier d'acteur. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça leur réussit très bien - d'une part, par la volonté de Gaspard Noé de les laisser improviser, ne leur livrant pas de texte écrit d'avance, et d'autre part de la grande facilité qu'ils ont de ce côté, plus convaincants que la nullité de certains acteurs :
    Il y a bien sûr certaines scènes un petit peu ambigües, mais rien de bien grave - surtout comparé à ce qui va se passer par la suite :
    C'est le moment où intervient le générique du film en plein milieu (alors que normalement placé tout à la fin), citant le nom de tous les danseurs et musiciens, et l'ultime révélation de cette étrange sangria dont tout le monde raffole, mais qui semble encombrée d'un autre élément - sauf que personne ne peut dire s'il s'agit de marijuana, de cocaïne, ou de LSD :
    Toujours est-il qu'à partir de ce moment précis, exactement situé au beau milieu du film, la situation entre tous se dégrade d'abord de façon progressive :
    Mais de plus en plus marquée, comme le prouve cette urine soudain larguée devant tout le monde, en plus sans le moindre complexe, sous les yeux de David (Romain Guillermic) et de Selva (Sofia Boutella) :
    Comme tout le monde devient peu à peu enivré, drogué et inconscient, les choses se précipitent : on assiste désormais à des bagarres de plus en plus violentes, et à des actes soit hétérosexuels, soit carrément d'hommes gays ou de filles lesbiennes...
    Il faut bien remarquer qu'à partir de ce moment-là, la caméra, auparavant fixée au plafond et laissant les danseurs se déployer eux-mêmes, prend de plus en plus une dimension propre à elle, assez virtuose, consistant à suivre et à traquer les différents personnages avec une intensité remarquable :
    Notamment Lou (Souheila Yacoub) et Selva - la seule n'ayant pas de robe rouge ou noire comme les autres, mais bien jaune -, qui reste l'une des dernières à avoir plus ou moins l'usage de son cerveau :
    Mais ceci se révèle également pour elle assez tendu, notamment avec cette scène dans l'eau face au miroir... Et il faut bien remarquer que la couleur rouge, qui a marqué les deux tiers du film, sans doute parce qu'elle symbolise bien la volonté, l'énergie et la puissance, se trouve désormais associée à cette nouvelle couleur beaucoup plus ambigüe, le vert, souvent liée à la méchanceté ou au mensonge, notamment au théâtre et dans la peinture :
    Mais le rouge va finir par l'emporter - et donc ici, il représente plus nettement l'excitation, le danger et le sang, surtout associé au vert :
    Voilà pourquoi je ne vous révèlerai pas les ultimes scène du film, qui non seulement vont se passer dans le bleu (le symbole du froid et de la mort), mais aussi avec la caméra complètement à l'envers - ce qui fait que l'on voit les policiers et leur chien se déplacer très doucement au sommet de l'image, tentant de parler sans succès à l'un ou l'autre des corps étendus sur le parterre :
    Mais rassurez-vous, ce n'est qu'un film... Et bien qu'en partie basé sur une histoire bien réelle, ceci n'empêche pas les vrai danseurs et danseuses de participer avec plaisir à cette cérémonie de Cannes, entre autres avec David et Selva au premier plan, et bien sûr le réalisateur lui-même à gauche, Gaspard Noé :
    Ils ont l'air très heureux, n'est-ce pas ? En tous cas, je comprends bien pourquoi, et je ne peux pas m'empêcher de vous laisser savourer leur première danse collective, qui dure à peine une minute :
    C'est situé peu de temps après le début du film, et cela nous montre bien les nombreux points communs qui peuvent réunir ces gens - à commencer par leur professionnalisme en matière de danse ! Certes, j'en oublie un petit peu (notamment que le morceau que vous entendez au tout début est en réalité la Première Gymnopédie d'Erik Satie, réarrangée par Gary Numan)... Mais j'ai beaucoup aimé cet Opus, très différent du fameux cinéma français que nous n'arrêtons pas de voir sur les autres chaînes, et je souhaite vivement vous avoir donné envie de le regarder, au moins une fois !
    Petite anecdote au passage : même si un certain nombre de gens n'aiment pas du tout ce film, il a obtenu le prix de meilleur film au festival de Catalogne, et le premier prix H. R. Giger Narcisse du festival international du film fantastique de Neuchâtel, ce qui n'est tout de même pas rien !

    Libellés : , , , , ,