Que dire de ce film de Stanley Kubrick, qui se situe en 1980 entre Barry Lyndon (1975) et Eyes Wide Shut (1999) ? C'est simple : de même que le premier est la meilleure œuvre historique jamais tournée et le second le plus bel Opus romantico-érotique, celui-ci se révèle d'emblée comme le meilleur film d'horreur (ou thriller, si l'on veut) jamais produit, encore supérieur à Rosemary's Baby (1968) ou L'Exorciste (1973).
Tout comme ses antécédents, il intègre trois des concepts fondamentaux à ce genre : un hôtel isolé et hanté, un personnage central disposé peu à peu à tuer toute sa famille, et le fameux shining qui lui donne son nom, une sorte d'étrange télépathie qui permet d'avoir - sans paroles - une vision du passé ou de l'avenir.
A l'origine, il s'agit d'un roman de Stephen King, daté de 1977, qu'il trouvait remarquable lui-même en tant que spectateur, mais qu'il désavouait complètement de son propre point de vue d'écrivain, déçu par la fin du personnage principal dans la glace, plutôt qu'en plein feu... En tous cas, le décor s'avère le même, celui d'un vaste hôtel qu'il va falloir surveiller durant le long hiver, et ceci pratiquement seul :
Avant même de partir en cet endroit, Jack Torrance (Jack Nicholson, déjà fort connu) se livre à un ultime entretien avec les principaux responsables du groupe... Et tout semble bien se passer, même la mention d'un certain Delbert Grady, un homme pourvu des mêmes fonctions, et qui a malheureusement tué toute sa famille bien des années auparavant :
Mais Jack Torrance semble totalement à l'abri de cela, et donne enfin sa véritable activité d'écrivain :
Il ne lui reste plus qu'à emmener toute sa famille vers l'hôtel Overlook du Colorado, et l'histoire peut alors commencer :
Nous découvrons tout au début son fils, Danny Torrance (Danny Lloyd), qui est l'un des très rares à avoir le pouvoir de shining... Sauf que très jeune, il ne sait pas bien s'en servir, et se demande pourquoi les jumelles Grady (Lisa et Louise Burns) lui apparaissent brièvement :
Le cuisinier de l'hôtel, Dick Halloran (Scatman Crothers), fait rapidement visiter tous les lieux importants, avant de se retrouver seul à seul avec Danny - auquel il parle du phénomène shining, car il le possède et le comprend bien mieux que lui :
Danny lui pose alors la question, de savoir ce qu'il y a dans la chambre 237... Mais le cuisinier lui répond simplement par la négative, lui déconseillent fermement d'entrer dans cette pièce :
Peu de temps après, Jack Torrance contemple le labyrinthe - sorte de jardin extérieur, si perfectionné qu'une maquette en a été reconstituée à l'intérieur de l'hôtel :
Pendant que sa femme Wendy Torrance et son fils Danny en découvrent les mystères réellement, et se régalent provisoirement avec cette petite promenade :
Il est inutile de noter une nouvelle fois le goût de Stanley Kubrick pour la musique classique, mais le traitement particulièrement remarquable qu'il a donné à l'œuvre de Béla Bartok (Musique pour cordes, percussion et célesta) est à regarder absolument, tellement tout est pensé au millimètre :
Et il en va de même avec la tentation qu'a Danny de visiter la chambre 237, toujours accompagné par la même musique de Béla Bartok... Scène où il ne se passe quasiment rien, mais qui deviendra tellement mythique qu'elle sera citée par James Cameron lui-même dans Aliens en 1986 :
Tout ceci se déroule le jour de fermeture, et selon toute apparence, Jack Torrance a l'air encore en pleine forme, en train d'écrire dans ce décor magnifique son futur roman :
Mais cela n'empêche pas sa femme Wendy d'être un peu trop à ses côtés, ce à quoi il réagit de manière claire et directe :
Pour ne rien arranger, Danny revoit les deux sœurs jumelles, mais sous un jour beaucoup plus inquiétant, qui laisse supposer ce qui s'est réellement passé :
En outre, il tente de rentrer dans dans la chambre 237... Et en ressort finalement toujours vivant, mais le cou marqué de strangulation - ce qui affecte profondément sa mère Wendy, qui faute de mieux soupçonne fortement Jack Torrance :
Lorsqu'elle tente de le retrouver, elle le découvre en fait en train de sortir à peine d'un cauchemar épouvantable... Dans lequel il se voyait en train d'assassiner sa femme et son fils, ce qui même à ses yeux, lui semble irrationnel et incroyable :
Furieux de tout cela, il décide alors de se rendre au bar de l'hôtel, Gold Room, dont il semble curieusement déjà connaître le serveur, puisqu'il l'appelle par son prénom, Lloyd (Joe Turkel) :
Cela n'a pas l'air de l'étonner outre mesure, mais ceci nous incite tous à nous poser la même question, au bout d'environ 40' de film : est-ce normal qu'il retrouve un barman dans un hôtel théoriquement complètement désert, ou la tête de Jack Torrance lui fait-elle déjà voir des choses qui n'existent absolument pas ?
En tous cas, lorsqu'à la demande de Wendy, il décide de se rendre à son tour dans la chambre 237 dans l'espoir d'y découvrir quelque chose, il sera tout d'abord fasciné par cette femme tout juste sortie de la baignoire :
Mais cette première approche va bien vite se dégrader, lorsque celle qu'il commençait à embrasser s'avère en fait être un cadavre en pure décomposition :
De plus en plus en colère, Jack Torrance se rend alors à nouveau dans le bar Gold Room, mais cette fois-ci en pleine activité, rempli de monde, tous habillés en costumes des années 1920, et jouissant d'une musique de cette époque - ce qui est proprement incroyable, même - et surtout - pour nous autres spectateurs :
Gêné par tout ce monde, il fini par bousculer un serveur par accident, qui s'avère en fait être le fameux Delbert Grady (Philip Stone), un ancien barman meurtrier bien des années plus tôt :
En allant aux toilettes avec lui, il ne sait trop quoi penser... Cet homme là existe-t-il vraiment, et si c'est bien le cas, est-il vraiment coupable de ce qu'on lui reproche ?
En tous cas, Delbert Grady lui donne alors ses propres conseils :
C'est le moment précis où l'on est donc définitivement fixé : Jack Torrance est bel et bien fou, la meilleure preuve en étant dans le fait qu'il détruit la radio, et sabote la seule chenillette de l'hôtel. Wendy bascule elle aussi dans le rejet total de son mari, lorsqu'elle découvre son prétendu livre, qui n'est en fait que la seule et même phrase répétée sur 500 pages, juste écrite différemment :
Tous les deux commencent alors à s'accrocher, jusqu'à ce que Jack Torrance révèle enfin sous une forme tordue sa véritable intention - sauf qu'elle s'est armée par prudence d'une batte de baseball :
Elle finit par le frapper, le laisser tomber dans les vapes au travers de l'escalier, puis par l'enfermer dans la réserve alimentaire - faute de mieux :
Ce qui n'empêche pas Jack Torrance de se réveiller, et de lui hurler au travers de la porte ce qu'il a déjà accompli - en l'occurrence, la destruction de la radio et de la chenillette
Fort heureusement, il se laisse libérer pour la dernière fois par Delbert Grady - lequel n'existe, chacun le sait désormais, que dans sa tête malade :
Pendant ce temps, Danny découvre le sens du mot "Redrum" :
Et Jack Torrance y va cette fois à fond, et bien qu'en boitant nettement plus suite à sa chute dans l'escalier, il est cette fois-ci beaucoup mieux armé - scène mythique, reprise des milliers de fois, mais jamais égalée :
Vous la connaissez forcément, mais c'est au moins à revoir une fois :
Pendant tout ce temps, Dick Halloran - le seul à recevoir le shining, et donc à s'inquiéter à juste titre - a pris l'avion vers l'hôtel, mais il y a quelque chose qu'il n'a pas vu - et qui va le tuer, bien évidemment :
Jack Torrance n'étant plus qu'un homme dangereux, Danny ne voit d'autre solution que de se réfugier dans le labyrinthe à l'extérieur de l'hôtel, mais il est aussitôt pris en chasse par son père :
Unique technique possible : retourner en arrière en marchant dans ses propres traces... Ce qui marche, finalement, et va lui permettre de retrouver Wendy pour s'enfuir définitivement, à bord de la seule chenillette encore en marche, celle de Dick Halloran.
Il est d'ailleurs à noter qu'à ce moment précis, Stanley Kubrick se détache complètement de la poétique musique de Béla Bartok, pour se tourner vers une pièce contemporaine bien plus angoissante, due à Krzystof Penderecki :
Jack Torrance meurt donc de froid, perdu dans le labyrinthe :
Si vous souhaitez observer cette longue procédure, avec la musique de Krzystof Penderecki, je vous en prie :
Mais cela n'explique pas du tout l'ultime plan du film : celui d'une photographie datée du 4 juillet 1921, où l'on voit très clairement Jack Torrance y apparaître en tout premier plan :
Comme souvent, Stanley Kubrick ne se livre pas à une fin déterminée, mais bel et bien à une hypothèse qui a de multiples interprétations possibles - sur lesquelles je ne reviendrai pas, c'est sûr !
Le film n'a pas tout de suite été bien classé aux USA - comme d'ailleurs beaucoup d'autres de Stanley Kubrick -, probablement parce qu'il était parti vivre en Angleterre depuis 1962, époque de Lolita. Mais ceci va changer très vite sous le coup de nombreux journaux et chaînes, qui l'estiment comme l'un des films d'horreur les plus efficaces et subtils du monde, notamment Total Film ou Channel 4.
L'on pourrait certes revenir sur les nombreuses difficultés qui ont entouré ce film, passant du long tournage de presqu'un an aux difficultés propres à Shelley Duvall - qui a du coup tourné certaines scènes plus de 40 fois, sans oublier l'usage du Steadicam, pratiquement neuf à cette époque...
Mais je préfère m'en tenir à mon opinion, Stanley Kubrick qualifiant cet Opus comme son œuvre la plus personnelle (laissant à Eyes Wide Shut le soin d'emporter le titre de "meilleur film", une journée avant sa mort en 1999)... Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais de mon côté je l'adore toujours, plus de quarante ans après sa sortie, et il me semble toujours absolument parfait, que ce soit au niveau de son jeu d'acteurs, de la façon dont c'est filmé, ou encore de la musique qui y est choisie !
D'où vient cet Opus, sorti en 2004 ? Tout d'abord, on peut dire qu'il ne succède pas du tout aux quatre Alien (de 1979 à 1997) - de même qu'il ne prend pas la place du fameux Alien V que Sigourney Weaver aurait dû à la fois jouer et réaliser elle-même, projet qu'elle a malheureusement laissé tomber...
De la même façon, il ne s'inscrit pas non plus dans la succession de Predator de John McTiernan (1987) et de Predator 2 de Stephen Hopkins (1990), mais tire tout d'abord son argument principal d'une BD sortie en 1989 chez Dark Horse Comics, jusqu'à ce que Paul Anderson - auteur assez critiqué de Resident Evil et de Mortal Kombat - accepte de réunir à l'écran les deux monstres.
Le film sort en 2004, et curieusement situe l'action dans cette même année - alors que les quatre précédents Alien sont censé se dérouler de 2122 à 2379. Ceci démarre avec Alexa (Sanaa Lathan), guide professionnelle de haute montagne, qui est tout de suite accueillie au sommet par Maxwell (Colin Salmon), l'attendant avec un hélicoptère :
Celui-ci l'emmène très vite sur l'île Bouvet, au large de l'Antarctique, où elle rencontre tout le groupe du riche industriel Charles Bishop Weyland (Lance Henriksen, seul acteur à avoir participé aux trois premiers Alien), qui enquête sur la source inhabituelle de chaleur - finalement attribuée à une pyramide au dessous de la glace :
Lors d'une conférence, Weyland en dit plus sur cette étrange pyramide, dotée d'une centaine de pièces, et qui serait rattaché à l'ancienne civilisation Aztèque, ou bien à celle du Cambodge, voire de l'Egypte... Alexa refuse tout d'abord d'accompagner toute l'équipe, mais s'adapte finalement à la descente prévue, avec trois règles qu'elle impose :
Le 10 octobre 2004, un vaisseau spatial Predator atteint l'orbite terrestre, et bien qu'on ne le voit pas encore concrètement à l'écran, Weyland remarque une soudaine percée d'un tunnel... Aussitôt, il décide d'envoyer son équipe à la conquête de ce lieu inhabituel :
Weyland fait partie du groupe, bien sûr, et Alexa reste à ses côtés quand il découvre l'étonnante pyramide, qui s'avère immense :
Au même moment, l'équipe découvre sur les murs d'étranges gravures très âgées montrant deux créatures s'affrontant - l'on devine naturellement de qui il s'agit :
Meilleure preuve avec la première apparition de Reine Alien enchaînée, qui se réveille subitement de sa stase cryogénique... Suivie peu de temps après par la présence d'un des Predators sur les trois récemment débarqués - deux d'entre eux étant déjà en train d'éliminer à la surface une partie de l'équipe de forage :
Ceux qui sont au bout du tunnel au centre de la pyramide n'en savent strictement rien, et Sebastian (Raoul Bova), un archéologue italien, commence à leur expliquer le sens de cette chambre sacrificielle... Où ils découvrent avec stupeur huit squelettes humains aux cages thoraciques éclatées - 8 étant un nombre symbolique déjà présent dans le tout premier Alien :
Il découvre alors trois objets techniquement avancés, qui apparaissent comme les trois armes des Predators... En dépit de l'opposition de Sebastian, Weyland et quelques autres parviennent à les saisir, ce qui les désignent d'emblée comme des ennemis, et met en route un autre mécanisme - où les murs et les plafonds se déplacent soudainement tandis que certaines portes se ferment :
On le voit très nettement sur cette vidéo... Ainsi que la dernière partie, où Thomas (Sam Troughton) et Adele (Agathe de La Boulaye), restés coincés dans la pièce de sacrifice, sont à leur tour saisis par des œufs en train d'éclore, les facehuggers suivant de très peu :
C'est magnifiquement filmé, je vous l'avoue :
Resté en vie, ainsi que certains de ses collègues, Sebastian s'inquiète de plus en plus de ce qui va advenir :
Et il a bien raison... Car aussitôt Predator et la Reine Alien obligés de se battre l'un contre l'autre, cela va transformer cette pyramide en lieu de meurtre évident - dont les premiers à souffrir vont être les proches compagnons d'Alexa, de Sebastian et de Whyper :
Les trois survivants se trouvent du coup confrontés aux deux Predators, qui cherchent avant tout à récupérer leurs armes d'épaule... L'un des Predators décide tout d'abord d'épargner Weyland, à cause de son cancer du poumon, mais celui-ci finit par l'attaquer dans le dos, provoquant aussitôt sa mort :
Les murs bougent à nouveau, guidant Alexa et Sebastian vers des hyéroglyphes, où ce dernier comprend peu à peu l'histoire très ancienne des Predators et des Aliens sur terre...
Une version certes dure, mais impeccable sur le plan de la réalisation, où les Predators étaient vénérés autrefois comme des dieux, devant rituellement chasser les éventuels Aliens, quitte à s'autodétruire si cela échouait - afin de les empêcher d'envahir la terre :
Je vous conseille vivement de regarder cette courte vidéo, car elle montre bien que cette scène apparaît plus proche de l'œuvre du concepteur Giger qu'aucun film de la série ne l'a jamais été - dans son optique, il y a avait en effet une vraie civilisation des Aliens, avec des sortes de pyramides et une forme d'écriture :
Toujours est-il qu'Alexa et Sebastian doivent désormais assister à cette bataille, pour l'instant impuissants à lutter contre elle :
Et cela va de pire en pire :
Jusqu'à ce que Sebastian soit à son tour victime d'un Alien, et s'écroule à la suite de son chestburster en disant à Alexa ce qu'elle sait déjà, "Ils ne doivent pas atteindre la surface" :
Il ne reste donc plus à Alexa et Prédator qu'à fuir au sommet de l'île, en pensant à la mort de la Reine Alien... Mais celle-ci est toujours en vie, et c'est comme par miracle qu'Alexa parvient à l'attacher à un énorme château d'eau, qui va entraîner la créature au fond de l'océan glacial :
Voilà, c'est fini... Mais hélas, pour le Predator lui aussi, que viennent rechercher aux yeux d'Alexa d'autres Predators arrivés de l'espace :
Il ne reste plus à Alexa qu'à admirer une dernière fois le vaisseau des Predators s'envolant pour une autre planète, la laissant unique survivante de cette farouche lutte :
Alors, êtes-vous content de cette brève analyse ? En tous cas, vous avez toujours la possibilité d'en savoir un peu plus, grâce à cette vidéo :
Il est sûr que ce film est beaucoup moins bien que Predator ou Predator 2 - n'oublions pas que son auteur ne doit pas être confondu avec le vrai cinéaste Paul Thomas Anderson, l'auteur du merveilleux Magnolia (1999).
Il reste toutefois assez riche, aussi bien en prise de vues qu'en effets spéciaux, même si son scénario est un peu tiré par les cheveux... En tous cas, cela apparaît bien supérieur à sa suite, Alien vs. Predator : Requiem (2007), tellement ratée qu'elle n'a obtenu que 11% d'opinions favorables, et le prix de Razzie Awards de "pire préquelle ou suite". Inutile que je vous précise que je n'en parlerai jamais ici !