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  • lundi, août 01, 2016

    DOCTEUR FOLAMOUR (STANLEY KUBRICK)

    Encore un génialissime film de Stanley Kubrick, daté de 1964 !
    Film dont non seulement le titre originel est beaucoup plus long et complexe que sa traduction française (Dr. Strangelove or How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb), mais dont le générique du début s'avère totalement original, étant donné son écriture tremblotante à la main, ce qui je crois fut la toute première fois dans l'histoire du cinéma :

    Chose que je n'ai du reste vue qu'une seule autre fois, probablement en tant qu'hommage de ce plus jeune réalisateur, dont je vous laisse deviner le film où le générique apparaît calqué sur celui-ci :

    Spoiler ou non ? Bon, vu que datant de 1964, je ne vais pas hésiter à vous livrer le très court résumé de Wikipédia : "L'histoire se déroule en pleine guerre froide. Le général américain Jack D. Ripper (principal acteur de son précédent film L'Ultime Razzia), frappé de folie paranoïaque, décide d’envoyer des B-52 frapper l’URSS. Le président des États-Unis commande alors une réunion d'urgence dans la salle souterraine de commandement stratégique pour tenter d'éviter une guerre nucléaire, ce qui se révélera finalement impossible"...
    Phénomène absolument scotchant : c'est que l'un des tous premiers plans du film, basé sur les B-52, semble déjà évoquer à l'avance le thème, comment dire, "agressivement sexuel" de son futur film Orange Mécanique (1971), n'est-ce pas ?

    Quant aux trois acteurs principaux de Docteur Folamour, ils sont tous (pour différentes raisons) particulièrement impressionnants, à commencer par George C. Scott, interprète également du général dans l'excellent film de Franklin J.Schaffner, intitulé Patton :

    Sa voix rauque, puissante et grave est absolument fabuleuse (ne jamais voir ce film en VF, please !), mais cet acteur était réputé pour être extrêmement difficile à diriger... Sauf qu'il avait (comme tout le monde) au moins un défaut : adorer jouer aux échecs ! Et comme Stanley Kubrick devait avoir un QI largement au-delà de 140, il gagnait pratiquement toutes leurs parties mutuelles, de sorte que l'acteur classé ingérable s'est finalement révélé très obéissant et très cool...
    Second acteur remarquable : le très célèbre Peter Sellers, qui joue dans ce film trois rôles très différents (de même que dans le précédent Lolita du même réalisateur), à commencer par celui-ci, à peu près civilisé, du Colonel Lionel Mandrake, dont je reparlerai plus loin :

    Quant au troisième acteur, Sterling Hayden, déjà titulaire du rôle principal dans L'Ultime Razzia, c'est de très loin le général le plus barge de tout ce film, le premier à décider non seulement d'envahir l'URSS et d'y lâcher une bombe atomique, mais aussi d'annuler les liaisons radio avec son avion B-52, tout en fermant son camp militaire en menaçant tous les visiteurs d'un tir instantané, même s'ils sont tout aussi américains que lui !
    Autrement dit, ces plans filmés du bas sont absolument monstrueux, je trouve (surtout avec l'énorme cigare, un thème sexuel qui nous rappelle de nouveau l'un des premiers du film) :

    Second rôle de Peter Sellers, celui du président des États-Unis Merkin Muffley, peut-être le plus sage de tous, contrairement à ce que l'on pourrait croire :

    Plan absolument hallucinant sur la salle de réunion des chefs d'état : le fait que celle-ci ressemble déjà étrangement (et bien sûr, de façon sûrement très volontaire) à une explosion atomique !

    Quant au général "Buck" Turgidson (George Campbell Scott), qui se révélait plutôt raisonnable au tout début du film, tout juste s'il ne commence pas à devenir totalement barge comme tous les autres, avec sa voix et son attitude de plus en plus monstrueuses :

    Phrase mythique du Président :

    Accouplée au même moment avec cette citation venant du B-52, probablement très ironique :

    Bref ! Rien ne semble être en voie de s'améliorer (comme du reste, hélas, en ce moment dans l'un de mes pays adorés, le Japon) :

    Dernier rôle de Peter Sellers, le plus déjanté de tous, et qui donne du reste son titre au film : celui du fameux docteur Folamour, un ancien médecin de chez Hitler réfugié aux États-Unis :

    Un toubib hémiplégique, mais dont la main droite se lève toujours instantanément pour dire "Heil Hitler !", ce qu'il essaye à chaque fois (sans grand succès) de contrôler avec sa main gauche :

    Phénomène encore plus hallucinant, digne de Johannes Brahms ou d'Anton Bruckner : le fait que mine de rien, contrairement à certains musiciens ou cinéastes très variés dans leurs styles, Stanley Kubrick semble toujours axé sur les même thèmes, même s'il ne fait jamais aucun film dans la forme du précédent...
    Meilleures preuves avec ces deux plans fabuleux, qui évoquent déjà plusieurs années à l'avance deux scènes géantes de ses futurs films Barry Lindon, et surtout Full Metal Jacket, où vont également toujours figurer ces prises de vue filmées de la part du tirailleur coincé dans un minuscule immeuble, avec un immense gros plan sur le fusil, et une sorte d'ironie du paysage, soi-disant pacifique :

    Incroyable, n'est-ce pas ?

    Quant à l'ultime plan, et bien que dire ? Sinon que le pilote du B-52, révulsé par la non-réponse de ses bombes, décide de descendre et de monter dessus pour tenter de les rendre efficaces, ce qui ne va pas se louper, à son grand déplaisir, lol !

    Générique de fin totalement hallucinant, lui aussi... Avec des tonnes de vraies explosions nucléaires (notamment celles des tests de Moruroa, évidemment absolument tragiques, mais en prime associées de la part de Stanley Kubrick à une très positive chanson de jazz, celle de Vera Lynn, intitulée We'll Meet Again ("Nous allons nous rencontrer de nouveau !") :

    Honte sur moi : malgré tout ce que je sais au sujet de ces bombes insultantes et monstrueuses, notamment celle d'Hiroshima, je ne peux pas m'empêcher de trouver quelque part ceci sublime, harmonieux, et même magnifique, jusqu'au niveau sonore... Peut-être parce que j'y retrouve la fondation des atomes, qui gouvernent de A à Z nos propres corps ? Quoiqu'il en soit : très heureux que celles d'Hiroshima et de Nagasaki soient (en pure théorie) les deux dernières du monde ! Même si je ne suis pas spécialement croyant, je prie tout de même Dieu pour qu'il n'y en ait jamais une troisième...

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