Daté de 1982, c'est le huitième Opus réalisé par Clint Eastwood, juste après Bronco Billy (1980)... Et d'une façon assez étonnante, il se détourne complètement de cette touche détendue et western pour se confronter à un genre tout à fait nouveau, celui de la guerre entre Américains et Russes. Je ne peux bien sûr pas vous dire à quel point ce film se trouve - même quarante ans après - proche de la réalité, mais je vous laisse un petit peu le deviner grâce au trailer :
Cela commence avec Mitchell Gant (Clint Eastwood), actuellement retraité et juste en train de faire un peu de sport en Alaska, qui voit soudain apparaître un hélicoptère :
Lequel comprend des membres de l'armée, qui viennent lui proposer - ou lui imposer ? - une mission particulièrement délicate, celle consistant à voler l'avion MiG-31, en Russie où il est fabriqué :
Mine de rien, cela est bien plus difficile qu'il n'en parait au premier regard... Il se voit grosso modo dirigé par Kenneth Aubrey (Freddie Jones), qui lui suggère d'ores et déjà de changer de nom, et prendre l'identité de Leon Sprague :
Parvenu en Russie sous ce nouveau patronyme, il rencontre immédiatement une équipe de trois hommes, dirigée par Pavel Upenskoy (Warren Clarke)... Au départ, celui-ci ne se révèle pas particulièrement facile à comprendre, d'autant plus qu'il tue le vrai Leon Sprague - un trafiquant de drogue - afin d'éviter toute confusion :
Du coup, il se voit obligé de de prendre un nouveau nom, celui de Michael Lewis, et aussi de changer du même coup d'hôtel (Varsovie) :
Puis il rechange une troisième fois d'identité, se nommant Boris Glazunov, et étant censé avoir deux enfants... Je suis d'accord, même si cette première partie est parfaitement conforme à la Russie, même d'aujourd'hui, elle est un peu longue, confuse, et n'apporte pas grand chose à l'ensemble :
Toujours est-il que Pavel Upenskoy décide de l'emmener le plus près possible de la base militaire, entre autre dans une discrète camionnette... Il en sautera une fois le point atteint, et rencontrera le savant Pyotr Baranovich (Nigel Hawthorne), qui est l'un des hommes à s'occuper de cet avion sous couvert soviétique, mais en réalité nettement du coté américain :
En fait, contrairement à ce que l'on pensait, il n'y a pas qu'un seul, mais deux MiG-31... Et l'une des difficultés ne réside pas dans cette bipolarité, mais bel et bien dans le fait qu'il faudra penser en russe - et non pas en américain - pour en contrôler toutes les options :
Cela ne pose guère de problème à Michell Gant, qui parle couramment cette langue... Mais sans que l'on sache comment, les principaux chefs de cette base connaissent déjà son existence, sa présence ici, et sa réelle intention de vol et détournement :
Aussitôt, les principaux représentants Pyotr Baranovich et sa femme Natalia (Dimitra Arliss) sont démasqués, puis tués - via un incendie plutôt impressionnant :
Quoi qu'il en soit, Mitchell Gant a réussi à prendre le premier MiG-31 et à le faire décoller, contre la volonté de tous :
Kenneth Aubrey, que l'on n'avait pas revu depuis un certain temps, se montre particulièrement enthousiaste :
La seule façon de s'en sortir pour la Russie, c'est de tenter de parler à Mitchell Gant... Ce que va faire immédiatement le premier secrétaire Tchernenko (Stefan Schnabel), non sans se payer un certain humour de la part du pilote :
Une chose qu'il est important de préciser, c'est que ce sont de splendides effets spéciaux, dus à John Dykstra - qui avait déjà travaillé sur Star Wars : épisode V... Jugez-en vous-même, mais il s'agit là d'une nouvelle technique mise au point à cette occasion, qui se révèle très efficace :
Tcherneko propose alors à son groupe de le traquer vers le sud - ce qui est une profonde erreur... Mais le général Vladimirov (Klaus Löwitsch) commence à s'en douter sérieusement :
Meilleure preuve, Mitchell Gant abat un hélicoptère, puis quatre missiles lancés du bateau russe Riga :
Une seule solution désormais possible, le lieutenant-colonel Voskov (Kai Wulff) prend le second MiG-31 pour le poursuivre :
Mitchell Gant va alors se poser au grand nord dans le Spitzberg, et se fait ravitailler par un sous-marin américain, dirigé par le capitaine Seerbacker :
Puis il repart, cette fois poursuivi par le second MiG-31, piloté avec une grande vigueur par Voskov :
Mais Mitchell Gant finit - comme prévisible - par l'abattre lui aussi... Si vous voulez voir encore une fois des effets spéciaux hallucinants, je vous en prie :
Contrairement à Bronco Billy, le film remporta un grand succès, et multiplia par deux son budget initial de 21 millions de dollars. Clint Eastwood restera pourtant une vingtaine d'années avant de remettre les pieds dans l'espace, avec un fait réel décrit avec un certain humour dans Space Cowboys (2000).
En tous cas, malgré sa première partie un peu longue et tournée dans une grande obscurité, cela reste toujours un Opus très appréciable, entre autres grâce au texte original de Craig Thomas, aux effets spéciaux de John Dykstra, à la construction de quatre MiG-31 - et surtout au fait, pas très drôle, que ceci pourrait bien se reproduire aujourd'hui, avec un avion encore plus puissant. J'espère que cela ne se produira pas, et vous laisse jouir de cette œuvre dans son intégralité, avec son réalisme bien tenu !
Le cinquième film de Clint Eastwood en tant que réalisateur (1976), mais seulement son second western - à la suite de High Plains Drifter (1973) -, où il joue évidemment le rôle principal de Josey Wales, le hors-la-loi. Cela a lieu durant la guerre de sécession, au cours de laquelle le tranquille cultivateur Josey Wales voit sa maison détruite, sa femme violée et sa famille massacrée par une bande de brigands venus du Kansas :
Cette histoire, tirée du roman The Rebel Outlaw : Josey Wales de Forrest Carter, est certes bien mieux connue aux Etats-Unis, de même que celle - plus ancienne - racontée dans le fascinant film de Michael Mann, The Last of the Mohicans (1992).
Au départ, Josey Wales semble d'accord avec le sudiste Fletcher (John Vernon), qui annonce une amnistie à tous les partisans du sud qui déposeraient leur arme :
Mais ceci n'est autre chose qu'un piège, durant lequel les Nordistes prennent le dessus grâce aux mitrailleuses... Il n'en réchappe finalement que Josey Wales, accompagné du jeune franc-tireur Jamie (Sam Bottoms), légèrement blessé :
Les deux hommes se connaissent mal, mais malgré la méfiance préalable de Jamie, il finit par se joindre à Josey Wales lors de sa fuite en avant de Fletcher :
Evidemment, Fletcher et d'autres hommes le poursuivent, mais en vain... Josey Wales arrive face au fleuve Missouri, parvient à se débarrasser provisoirement de Fletcher, puis atteint finalement l'autre côté sans problème - du moins pour le moment :
C'était hélas oublier un peu vite qu'une prime était versée à ceux qui captureraient Josey Wales. Il se fait menacer, sitôt arrivé de l'autre côté, par deux imprudents... Mais il règle très rapidement - à sa façon - le problème :
Malheureusement, après avoir sauvé la vie de Josey Wales en tirant sur l'autre, Jamie finit par y passer à son tour :
Josey Wales décide donc de se rendre seul au Texas, et il y rencontre immédiatement un philosophe indien, Lone Watie (Dan George, qui fut véritablement chef amérindien de 1951 à 1963, avant de se lancer dans le cinéma en 1969)...
Au départ, ce dernier tient facilement le dessus, mais Josey Wales se fait vite aider par une jeune indienne traitée en esclave, et termine finalement par une vaste discussion avec Lone Watie - que vous ne pourrez découvrir qu'en regardant l'intégralité du film :
C'est du reste vivement conseillé, car on y voit également deux sublimes plans que l'on retrouvera plus tard dans Pale Rider - notamment celui de Clint Eastwood apparaissant de façon anonyme, juste face au ciel et porté par le soleil :
Sans oublier, bien sûr, le visage de Laura Lee - laquelle était jouée par Sondra Locke, que Clint Eastwood venait de recruter. Et bien qu'ils étaient tous les deux déjà mariés, ils se mirent à être amants sur ce tournage, avant de devenir à leur tour mari et femme - ce qui devrait durer jusqu'en 1984, juste après le fameux Sudden Impact :
Mais revenons-en au film... Laura Lee était une jeune fille, juste accompagnée par sa grand-mère Sarah (Paula Trueman), et toutes deux maltraitées par un groupe de Comancheros, qui n'évitaient le dépucelage de Laura Lee qu'en fonction de son prix d'échange envers une vingtaine de chevaux :
Lone Watie, Laura Lee et sa grand-mère Sarah se retrouvèrent donc vite attachés par les Comancheros, sans avoir la moindre possibilité de s'enfuir :
Sauf celle-ci, évidemment... Et Josey Wales parvint très vite à ses fins, abattant tout le groupe dans son intégralité, et repartant comme si de rien n'était avec Lone Watie, Laura Lee et Sarah :
De sorte, ils finirent par arriver tranquillement au ranch du Texas qui appartenait au fils de Sarah - sauf que celui-ci ayant été aussi tué, le saloon de la ville se révélait aussi sans rien à boire, portant un joueur professionnel qui s'ennuyait, et une entraîneuse qui n'avait personne à entraîner. Du coup, ils s'installèrent dans le ranch du fils de Sarah, où pour la première fois chacun avait un foyer :
Il fallait toutefois régler un autre problème, et ce fut le bon moment pour Lone Watie de parler à Josey Wales de "Dix Ours", le chef des Comanches dont il ne savait trop quoi penser... En attendant, tous se mirent à renforcer le ranch où ils étaient, au cas où ils se feraient attaquer :
Finalement, Josey Wales partit rencontrer le grand chef "Dix Ours" (John Quade), et il tenait vraiment à ce que tout ceci se passe d'une façon pacifique... Et il termina par sa grande phrase : "Je dis que les hommes peuvent vivre sans se massacrer" :
Cela plut beaucoup à "Dix Ours", de même qu'à Josey Wales, qui se félicitèrent tous deux de façon émouvante... Il ne restait plus qu'à ceux qui lui servaient alors de famille à organiser une jolie fête, à laquelle la douce Laura Lee ne pouvait s'empêcher de participer :
Ultime problème à résoudre : les Nordistes se pointent pour la dernière bataille, accompagnés par les chasseurs de prime, et n'ayant qu'un seul homme à abattre - ce qui leur semble facile :
Mais cela ne l'est pas du tout... Car Josey Wales jouit maintenant d'une sorte de famille, se planque avec eux dans ce ranch sophistiqué, et finalement abat presque tout le monde de la troupe ennemie :
Que va devenir le dernier d'entre eux à rester encore en vie ? Pas très difficile à deviner, grâce à ce plan unique sur la tête de Clint Eastwood, que l'on avait déjà vu dans son tout premier film, Play Misty for Me... Et son fusil a beau ne plus marcher, Josey Wales éventre à l'aide de son sabre un nommé Terrill (Bill McKinney) - celui qui était l'assassin de son propre fils tout au début du film :
Le dernier à être là est donc le fameux Fletcher... Mais selon tous les occupants du saloon, Josey Wales est bien mort, c'est sûr et certain :
Evidemment, Fletcher n'est pas dupe très longtemps de cette déclaration improvisée au dernier moment... Mais il fait quand même semblant d'y croire, et Josey Wales lui répond simplement : "On est tous un peu morts dans cette guerre" :
En voici un résumé parfait :
Ainsi se conclut le film, qui au passage remporta environ dix fois le budget initial, et jouit de l'excellente musique de Jerry Fielding - célèbre compositeur de Sam Peckinpah, qui utilise ici fort bien les instruments solistes, et qui lui valu l'Oscar de la meilleure musique.
Que pouvons-nous dire d'autre de cet Opus, hormis le fait qu'il a permis à Clint Eastwood et Sondra Locke de se rencontrer ?
Et bien au départ, sa réalisation était confiée à Philip Kaufman, qui fut renvoyé peu de temps après par Clint Eastwood, avec ces mots : "C'est moi qui l'avait engagé pour réécrire le script et le réaliser. Son travail de scénariste était excellent, mais au tournage, il s'avéra que nos points de vue différaient totalement. J'avais investi mon argent personnel pour acheter les droits du livre, passé beaucoup de temps à développer ce projet, conçu une vision précise de ce que devait être ce film. L'approche de Philip était sans doute fondée, peut-être meilleure, mais ce n'était pas la mienne, et je m'en serais voulu si le résultat n'avait pas correspondu à ce que j'espérais."
Quoiqu'il en soit, j'aime beaucoup ce film, qui met tout à la fois le doigt sur l'absurdité de cette guerre de Sécession, et sur la réalité et la beauté de relations normales et civilisées entre différentes personnes. Près de 48 ans plus tard, c'est une œuvre toujours d'actualité (inutile de parler d'Israël ou de l'Ukraine), et de laquelle il vaudrait mieux s'inspirer, afin de construire un monde positif, bien qu'il nous reste hélas fort peu de temps pour le bâtir !