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  • vendredi, novembre 01, 2024

    INVICTUS (CLINT EASTWOOD)

    Il s'agit d'un film sorti en 2009, la même année que Gran Torino et deux ans avant le stupéfiant J. Edgar, un autre biopic, qui nous parle - d'une façon assez inattendue - du rôle du rugby dans la toute récente nomination en tant que président d'Afrique du Sud de Nelson Mandela - dit aussi Madiba par ses plus proches.

    Comme vous le savez sans doute, il est très rare que je m'intéresse à ce genre de pratique, de même qu'au football ou à la boxe. Mais de même que Raging Bull (1980, Martin Scorsese) ou Ali (2002, Michael Mann), cette œuvre nous montre l'importance de ce sport dans la compréhension du régime totalitaire, fasciste et raciste, qui régna de nombreuses années dans ce pays.

    De plus, c'est encore une fois réalisé par Clint Eastwood, basé sur le livre de John Carlin décrivant en 1994 la montée au pouvoir de Nelson Mandela grâce à la Coupe du monde, Playing the Enemy, Nelson Mandela and the Game that Made a Nation. L'on y retrouve encore une fois sa façon très particulière de filmer, et de nous émouvoir dès le début, montrant la distinction entre noirs et blancs - qui existe en Afrique du Sud depuis une éternité :

    Cela est bien vu par certains, mais visiblement pas par tout le monde :
    Pour tous ceux qui connaissent mal la vie de Nelson Mandela (brillamment interprété par Morgan Freeman), je vous conseille vivement de vous rendre sur les pages de Wikipédia. Toujours est-il que cet homme connut 27 ans de prison, dont il sortit en 1990, jusqu'à devenir chef d'état en 1994 : 
    Lorsque Nelson Mandela s'entretient avec Jason Tshabalala (Tony Kgoroge), son principal responsable de la sécurité, il veut absolument la fin de l'apartheid, et compte beaucoup sur l'ancien gouverneur blanc, Frederik de Klerk et ses hommes de main :
    Mais il ne pourra y parvenir que grâce à ce sport fondamental, le rugby, porté par la troupe nationale majoritairement blanche des Springboks, baptisée ainsi par amour pour les antilopes d'Afrique :
    C'est le moment précis où nous découvrons le chef de l'équipe Francois Pienaar - joué remarquablement par Matt Damon, qui remporta aux Oscars le prix de meilleur second rôle masculin :
    Magistralement filmé par Clint Eastwood, ce premier match contre l'Angleterre fut hélas assez peu flatteur, entrainant de nombreuses complications de par le monde entier :
    A tel point que ce que l'on voit dans un premier temps, c'est la volonté du Comité des sports sud-africain - récemment dominé par les noirs - de débaptiser les Springboks, au profit de Protea, une plante typique de la région :
    Mais Nelson Mandela n'est pas du tout d'accord avec cette idée, et à la surprise générale, il va finir par faire basculer tout le monde de son propre côté :
    Vient alors le moment où il décide d'inviter Francois Pienaar à boire le thé chez lui - ce dont tout le monde est très fier :
    Et de lui révéler sa vraie pensée, celle de participer à la Coupe du monde de rugby en 1995, où l'éventuelle victoire des Springboks serait un énorme pas en avant concernant l'unification et l'inspiration du pays tout entier :
    Mine de rien, cela envahit de plus en plus le crâne de Francois Pienaar, qui finit par persuader toute l'équipe des Springboks de gagner :
    Ce pourquoi il va tout d'abord se rendre avec ses hommes dans les villages fondés par l'apartheid dès 1948, allant même jusqu'à se montrer enthousiastes vis à vis des jeunes noirs et de leur goût montant pour le rugby :
    Ensuite, ils vont contre toute attente gagner face à la France (et oui, c'est bien possible !), ceci sous une pluie exécrable, puis contre l'Australie et ses Wallabies, jusque là champions du monde :
    Sans compter avec le survol inattendu de la piste par un avion d'Afrique du Sud, qui contrairement à ce que laisse supposer le film dans un premier temps, se rend ici dans un but non seulement pacifique, mais en prime très encourageant pour les Springboks :
    Nous en sommes ainsi au dernier match contre la Nouvelle-Zélande et les All Blacks, lequel va se présenter durant longtemps comme la grande supériorité de ces derniers face aux Springboks :
    Mais leur reste une dernière possibilité, celle d'une prolongation du match grâce à un drop goal (coup de pied tombé) du demi d'ouverture Joel Stransky (Scott Eastwood) :
    Et celui-ci va marquer l'ultime but, portant le score à 15-12 contre les All Blacks, ce qui est tout à la fois improbable et inattendu pour Nelson Mandela, qui va remettre personnellement à Francois Pienaar la Coupe du monde William Webb Ellis :
    Contrairement au football, ce sport qui peut paraître très violent sur le terrain se conclut toujours par une bonne et vraie amitié - et celle-ci ne se borne pas, comme le prétend le journaliste anglais, au 65000 personnes présentes dans le stade, mais bel et bien aux 43 millions de Sud-Africains :
    C'est le dernier entretien entre Francois Pienaar et Nelson Mandela - avant que celui-ci ne termine en voix off, citant le poème Invictus de William Ernest Henley et ses deux derniers vers, "Je suis le maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme" :
    Un film magnifique, n'est-ce pas ? Inutile de préciser que cet Opus n'a pas très bien marché aux Etats-Unis, qui comme chacun sait, reste toujours un pays profondément raciste... Mais il a remporté une grande victoire en France (3 millions d'entrées) et dans le reste du monde, ce qui lui a permis finalement de bien récupérer son budget initial de 60 millions de dollars.
    Et bien sûr, National Board of Review Awards de janvier 2010 a attribué le titre de meilleur réalisateur à Clint Eastwood, et le prix de meilleur acteur à Morgan Freeman - qui étrangement, ressemble pas mal du tout au vrai Nelson Mandela, vous ne trouvez pas ?
    En tous cas, c'est un excellent biopic, qui deux années avant le sublime J. Edgar, va définitivement marquer la tendance actuelle de Clint Eastwood de se consacrer à la vie de gens réellement importants - comme il l'avait déjà fait il y a bien longtemps avec Bird, un film dédié en 1988 à Charlie Parker !
    Autres biopics (avec entre parenthèses la date du film, et le nom de la personne traitée) : Patton (1970, George Patton), Barry Lyndon (1975, Barry Lyndon), Raging Bull (1980, Jake LaMotta), Elephant Man (1980, John Merrick), Amadeus (1984, Wolfgang Amadeus Mozart), Bird (1988, Charlie Parker), Ed Wood (1994, Ed Wood), Braveheart (1995, William Wallace), A Straight Story (1999, Alvin Straight), The Insider (1999, Jeffrey Wigand), Ali (2002, Cassius Clay), Frida (2002, Frida Kahlo), Girl with a Pearl Earring (2003, Johannes Vermeer), Marie-Antoinette (2006, Marie-Antoinette), The Last King of Scotland (2006, Idi Amin Dada), La Môme (2007, Edith Piaf), Into the Wild (2007, Christopher McCandless), Zodiac (2007, Arthur Leigh Allen & Robert Graysmith), J. Edgar (2011, John Edgar Hoover), Silence (2017, jésuites portugais)

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    mardi, octobre 01, 2024

    FIREFOX (CLINT EASTWOOD)

    Daté de 1982, c'est le huitième Opus réalisé par Clint Eastwood, juste après Bronco Billy (1980)... Et d'une façon assez étonnante, il se détourne complètement de cette touche détendue et western pour se confronter à un genre tout à fait nouveau, celui de la guerre entre Américains et Russes. Je ne peux bien sûr pas vous dire à quel point ce film se trouve - même quarante ans après - proche de la réalité, mais je vous laisse un petit peu le deviner grâce au trailer :

    Cela commence avec Mitchell Gant (Clint Eastwood), actuellement retraité et juste en train de faire un peu de sport en Alaska, qui voit soudain apparaître un hélicoptère :

    Lequel comprend des membres de l'armée, qui viennent lui proposer - ou lui imposer ? - une mission particulièrement délicate, celle consistant à voler l'avion MiG-31, en Russie où il est fabriqué :

    Mine de rien, cela est bien plus difficile qu'il n'en parait au premier regard... Il se voit grosso modo dirigé par Kenneth Aubrey (Freddie Jones), qui lui suggère d'ores et déjà de changer de nom, et prendre l'identité de Leon Sprague :
    Parvenu en Russie sous ce nouveau patronyme, il rencontre immédiatement une équipe de trois hommes, dirigée par Pavel Upenskoy (Warren Clarke)... Au départ, celui-ci ne se révèle pas particulièrement facile à comprendre, d'autant plus qu'il tue le vrai Leon Sprague - un trafiquant de drogue - afin d'éviter toute confusion :
    Du coup, il se voit obligé de de prendre un nouveau nom, celui de Michael Lewis, et aussi de changer du même coup d'hôtel (Varsovie) :
    Puis il rechange une troisième fois d'identité, se nommant Boris Glazunov, et étant censé avoir deux enfants... Je suis d'accord, même si cette première partie est parfaitement conforme à la Russie, même d'aujourd'hui, elle est un peu longue, confuse, et n'apporte pas grand chose à l'ensemble :
    Toujours est-il que Pavel Upenskoy décide de l'emmener le plus près possible de la base militaire, entre autre dans une discrète camionnette... Il en sautera une fois le point atteint, et rencontrera le savant Pyotr Baranovich (Nigel Hawthorne), qui est l'un des hommes à s'occuper de cet avion sous couvert soviétique, mais en réalité nettement du coté américain :
    En fait, contrairement à ce que l'on pensait, il n'y a pas qu'un seul, mais deux MiG-31... Et l'une des difficultés ne réside pas dans cette bipolarité, mais bel et bien dans le fait qu'il faudra penser en russe - et non pas en américain - pour en contrôler toutes les options :
    Cela ne pose guère de problème à Michell Gant, qui parle couramment cette langue... Mais sans que l'on sache comment, les principaux chefs de cette base connaissent déjà son existence, sa présence ici, et sa réelle intention de vol et détournement :
    Aussitôt, les principaux représentants Pyotr Baranovich et sa femme Natalia (Dimitra Arliss) sont démasqués, puis tués - via un incendie plutôt impressionnant :
    Quoi qu'il en soit, Mitchell Gant a réussi à prendre le premier MiG-31 et à le faire décoller, contre la volonté de tous :
    Kenneth Aubrey, que l'on n'avait pas revu depuis un certain temps, se montre particulièrement enthousiaste :
    La seule façon de s'en sortir pour la Russie, c'est de tenter de parler à Mitchell Gant... Ce que va faire immédiatement le premier secrétaire Tchernenko (Stefan Schnabel), non sans se payer un certain humour de la part du pilote :
    Une chose qu'il est important de préciser, c'est que ce sont de splendides effets spéciaux, dus à John Dykstra - qui avait déjà travaillé sur Star Wars : épisode V... Jugez-en vous-même, mais il s'agit là d'une nouvelle technique mise au point à cette occasion, qui se révèle très efficace :
    Tcherneko propose alors à son groupe de le traquer vers le sud - ce qui est une profonde erreur... Mais le général Vladimirov (Klaus Löwitsch) commence à s'en douter sérieusement :
    Meilleure preuve, Mitchell Gant abat un hélicoptère, puis quatre missiles lancés du bateau russe Riga :
    Une seule solution désormais possible, le lieutenant-colonel Voskov (Kai Wulff) prend le second MiG-31 pour le poursuivre :
    Mitchell Gant va alors se poser au grand nord dans le Spitzberg, et se fait ravitailler par un sous-marin américain, dirigé par le capitaine Seerbacker :
    Puis il repart, cette fois poursuivi par le second MiG-31, piloté avec une grande vigueur par Voskov :
    Mais Mitchell Gant finit - comme prévisible - par l'abattre lui aussi... Si vous voulez voir encore une fois des effets spéciaux hallucinants, je vous en prie :
    Contrairement à Bronco Billy, le film remporta un grand succès, et multiplia par deux son budget initial de 21 millions de dollars. Clint Eastwood restera pourtant une vingtaine d'années avant de remettre les pieds dans l'espace, avec un fait réel décrit avec un certain humour dans Space Cowboys (2000).
    En tous cas, malgré sa première partie un peu longue et tournée dans une grande obscurité, cela reste toujours un Opus très appréciable, entre autres grâce au texte original de Craig Thomas, aux effets spéciaux de John Dykstra, à la construction de quatre MiG-31 - et surtout au fait, pas très drôle, que ceci pourrait bien se reproduire aujourd'hui, avec un avion encore plus puissant. J'espère que cela ne se produira pas, et vous laisse jouir de cette œuvre dans son intégralité, avec son réalisme bien tenu !

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