AVIATOR (MARTIN SCORSESE)
Un monument de Martin Scorsese, basé sur la vie assez délirante de Howard Hughes (sorti en 2004), et encore une épopée (comme Lawrence d'Arabie ou Patton) où l'on ne voit guère le temps passer...
Il est certain que quand un génie tente un film sur un autre génie, tautologie oblige, ça ne peut être que... génial !
Il faut dire que ce Howard Hughes était quand même quelqu'un. Complètement autodidacte et héritier d'une fortune colossale liée au pétrole texan, amoureux du cinéma comme de l'aviation alors naissante, il mise à 25 ans une énorme part de sa fortune sur un coup de poker : Hell's Angel, à l'époque le film le plus cher de toute l'histoire du cinéma, une centaine d'avions, presque une quarantaine de caméras, plusieurs dizaines de jours de "weather days" (le cauchemar des producteurs, lorsqu'un réalisateur attend une météo bien précise pour filmer, et qu'il faut néanmoins pendant ce temps payer toute l'équipe) :
Il est certain que quand un génie tente un film sur un autre génie, tautologie oblige, ça ne peut être que... génial !
Il faut dire que ce Howard Hughes était quand même quelqu'un. Complètement autodidacte et héritier d'une fortune colossale liée au pétrole texan, amoureux du cinéma comme de l'aviation alors naissante, il mise à 25 ans une énorme part de sa fortune sur un coup de poker : Hell's Angel, à l'époque le film le plus cher de toute l'histoire du cinéma, une centaine d'avions, presque une quarantaine de caméras, plusieurs dizaines de jours de "weather days" (le cauchemar des producteurs, lorsqu'un réalisateur attend une météo bien précise pour filmer, et qu'il faut néanmoins pendant ce temps payer toute l'équipe) :
Mais non content de réaliser ou de produire (entre autres, le premier Scarface, toujours plus ou moins persécuté par la censure), il s'avère en outre un ingénieur et un visionnaire de génie, concevant certains des avions les plus révolutionnaires de son temps, fondant la TWA, assumant presque toujours le rôle de pilote d'essai, parfois à ses plus grands risques et périls, notamment lors de ce crash spectaculaire en plein sur Beverly Hills qui lui valut d'être brûlé à 70%, y compris une centaine de fractures et même, chose rare à laquelle on ne survit normalement pas, un déplacement du cœur de la gauche vers la droite :
Ce qui, précisons-le, ne l'a pas empêché de fréquenter à l'époque les plus belles femmes du monde, notamment Jean Harlow, Katherine Hepburn et Ava Gardner.
On pourrait donc en déduire qu'il existe un Dieu, ou au moins des Anges Gardiens pour les génies, mais c'est faux ; car tout se gâte hélas assez fâcheusement dans la seconde partie du film, où nous assistons consternés à l'acharnement de tous les pouvoirs bien pensants envers ce visionnaire, qui plus est pour de mauvaises raisons... Et notre pauvre Leonardo DiCaprio, incarne à vrai dire magistralement cet ultime Howard Hughes quasi ruiné, accablé de toutes parts, et de plus en plus en proie à ses folies obsessionnelles, curieusement les mêmes que cet autre grand génie du piano, Glenn Gould, phobie irrationnelle des microbes, et sensation permanente de paranoïa :
On pourrait donc en déduire qu'il existe un Dieu, ou au moins des Anges Gardiens pour les génies, mais c'est faux ; car tout se gâte hélas assez fâcheusement dans la seconde partie du film, où nous assistons consternés à l'acharnement de tous les pouvoirs bien pensants envers ce visionnaire, qui plus est pour de mauvaises raisons... Et notre pauvre Leonardo DiCaprio, incarne à vrai dire magistralement cet ultime Howard Hughes quasi ruiné, accablé de toutes parts, et de plus en plus en proie à ses folies obsessionnelles, curieusement les mêmes que cet autre grand génie du piano, Glenn Gould, phobie irrationnelle des microbes, et sensation permanente de paranoïa :
Même si ce film regorge d'énergies positives et pleines d'espoir, il laisse néanmoins transparaître en toile de fond ce qui, hélas, semble être l'une des lois des sociétés humaines.
Quelque part, tous les pouvoirs, tous les pays, et autrefois toutes les royautés, ont besoin de génies...
Cela les valorise, à peu de frais pour eux, et comme l'on dirait aujourd'hui, avec une immense publicité à la clef pour pas un sou, ou presque. Qui pourrait nier, encore aujourd'hui, que Shakespeare soit la vitrine de l'Angleterre, de même que Michelangelo celle de l'Italie et Mozart celle de l'Autriche ?
Le seul problème, c'est que le vrai génie ne connaît pas de lois, et n'a a fortiori aucune envie de se laisser emmerder par les lois humaines... De là le broyage de Mozart, de Beethoven, de Vauban, de Rembrandt et de tant d'autres par le pouvoir absolu, mécanisme qui s'avère magnifiquement démontré dans ce film magistral de Martin Scorsese, qui fort heureusement nous a toujours habitué à l'excellence, et ne nous a que très rarement déçu !
Quelque part, tous les pouvoirs, tous les pays, et autrefois toutes les royautés, ont besoin de génies...
Cela les valorise, à peu de frais pour eux, et comme l'on dirait aujourd'hui, avec une immense publicité à la clef pour pas un sou, ou presque. Qui pourrait nier, encore aujourd'hui, que Shakespeare soit la vitrine de l'Angleterre, de même que Michelangelo celle de l'Italie et Mozart celle de l'Autriche ?
Le seul problème, c'est que le vrai génie ne connaît pas de lois, et n'a a fortiori aucune envie de se laisser emmerder par les lois humaines... De là le broyage de Mozart, de Beethoven, de Vauban, de Rembrandt et de tant d'autres par le pouvoir absolu, mécanisme qui s'avère magnifiquement démontré dans ce film magistral de Martin Scorsese, qui fort heureusement nous a toujours habitué à l'excellence, et ne nous a que très rarement déçu !
Autres films du même réalisateur : Taxi Driver, Raging Bull, After Hours, Cape Fear, Bringing Out the Dead, Hugo Cabret, Silence
Libellés : Biographie, Drame, Scorsese