L'INDEX DE TOUS LES FILMS COMMENTÉS :
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  • dimanche, octobre 29, 2006

    A HISTORY OF VIOLENCE (DAVID CRONENBERG)

    Le dernier Opus du maître, sorti en 2005...
    Un film attendu avec impatience depuis Spider, que j'avais tout de même eu beaucoup de mal à digérer… Grosso modo, ce n'est pas vraiment du Cronenberg signé, comme pouvaient l'être des films aussi barrés que Videodrome, Le Festin Nu, Crash ou eXistenZ, tous des chefs-d'œuvre dans leur genre. Du coup, j'ai été - un tout petit peu - déçu.
    Regardons tout de même le trailer :
    En tout cas, ne serait-ce qu'au niveau du titre, on ne peut pas accuser le film de trahir ses intentions, vu qu'au bout de dix minutes, on se trouve déjà confronté à un tabou absolu des productions standards, un meurtre d'enfant :
    L'histoire, pas si originale que cela, repose sur le thème déjà maintes fois traité à l'écran du mafioso repenti qui tente sincèrement de se reconstruire une nouvelle vie, et se trouve malheureusement rattrapé par son passé d'une façon difficile à fuir. Mais là, Cronenberg y va tout de même très fort dans sa façon assez hard de filmer les nombreux cartons qui se succèdent dans ce film, et notamment un pétage de nez (jusqu'au cerveau) assez mémorable :
    Petite curiosité : ce dernier plan, qu'il s'agisse de l'angle de prise de vue ou du costume du personnage, fait irrésistiblement penser à la scène finale de Blue Velvet de David Lynch. Hasard, coïncidence, ou volonté délibérée ? Je n'en sais rien, mais petite cerise sur le gâteau : même si l'on peut regretter le retour de Cronenberg à un certain classicisme, on ne peut en revanche pas lui ôter le fait d'être toujours un super directeur d'acteurs, en l'occurrence très bien choisis, à commencer par Viggo Mortensen pour le rôle principal (qu'on aperçoit, mais alors très fugitivement, dans le sublime L'Impasse de Brian de Palma, avec Al Pacino) :
    Cette petite nouvelle (Maria Bello), qui comme le suggère son nom de famille, est tout de même canon de chez canon :
    Et bien sûr l'impeccable Ed Harris dans un rôle en or, où il a pourtant dû souffrir le martyre niveau maquillage :
    Ce qu'il est toujours rassurant de constater avec les vrais grands réalisateurs, c'est leur fidélité. Pratiquement depuis ses débuts de réalisateur catalogué "série B", Cronenberg travaille TOUJOURS avec les mêmes personnes, Deirdre Bowen au casting, sa femme aux costumes, Howard Shore pour la musique, sans doute tant d'autres que j'oublie car ce sont des métiers qui me concernent moins, sans oublier Peter Suschitzky (le directeur photo), qui a une touche vraiment particulière - et pourtant, j'aurais énormément de mal à la définir clairement :
    Ces plans - vers la fin du film - me font bien sûr énormément penser à Existenz, on a vraiment l'impression d'y ressentir la même ambiance...
    Bref ! En résumé, un très bon film néanmoins, mais qui décevra sans doute tous les amateurs du Maître, qui l'appréciaient surtout pour toutes les nouvelles approches qu'il avait réussi à ouvrir dans le cinéma sur des voies scénaristiques et formelles inexplorées, et malheureusement, ce retour à un nouveau classicisme sera très loin, je le crois, de réjouir tous ses fans...
    En tous cas, pour ma part, je reste un peu sur ma faim…

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    FINAL CUT (OMAR NAIM)

    Un thriller très original, sorti en 2004...
    Sur un thème assez peu banal : "Dans un futur proche, les individus les plus aisés portent des puces électroniques qui enregistrent tous leurs faits et gestes. Lorsqu'ils décèdent, ces implants sont retirés, et les images de leur vie peuvent être alors montées et diffusées lors de leurs obsèques. Alan Hackmann (Robin Williams), monteur des plus demandés, retrouve un jour dans l'un de ces films-mémoire une image de son enfance qui le hante depuis toujours. Cette découverte va l'amener à chercher la vérité sur sa propre histoire".
    Regardez d'emblée le trailer :
    Une brochette de bons acteurs, Mira Sorvino, Jim Caviezel, et surtout un Robin Williams magistral de sobriété :
    À noter que, comme dans le cas de Saw, de Pi ou de Cube, il s'agit là du premier film prometteur d'un jeune auteur de 27 ans, Omar Naim, qui n'hésite pas (comme le dirait Tarantino) à faire sa petite scène à la De Palma, sauf qu'ici, le procédé est parfaitement justifié par le thème du film :
    Malheureusement, le scénario offre tellement de pistes différentes qu'à force de tenter d'exploiter les multiples facettes de son sujet, le réalisateur s'égare un petit peu, et finit par s'essouffler en faisant l'impasse sur un certain nombre d'énigmes parallèles. Il n'en reste pas moins certaines scènes très réussies, comme celle du tatouage, d'une très grande beauté graphique, pourtant à base de seules images superposées :
    Malgré ces petites réserves, c'est néanmoins un très bon film qui se regarde avec grand plaisir, et qui surtout augure du meilleur avenir pour Omar Naim, un réalisateur à suivre, en résumé...

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    mercredi, octobre 25, 2006

    GHOST DOG (JIM JARMUSCH)

    Génialissime…
    Un film du grand (et très discret) Jim Jarmusch, sorti en 1999, que j'ai adoré dès sa sortie, féru de culture orientale comme je le suis.
    Un film à voir au premier, au second et au troisième degré, ne serait-ce que pour cette bande de bras cassés de mafiosi à pisser de rire, tous plus loosers les uns que les autres :
    Tous scotchés à leurs dessins animés d'une façon pathétique et pathologique (mais finalement assez peu anodine, car en général, si l'on observe bien, le cartoon prédit presque toujours ce qui va leur tomber sur la tête) :
    L'histoire invraisemblable d'un tueur à gages black - le très célèbre Forest Whitaker - recruté par la fameuse bande citée ci-dessus pour un contrat visant l'un des leurs, laquelle va par la suite à tout prix tenter de l'éliminer - code de l'honneur sicilien oblige. Une histoire dans laquelle on rencontre une petite fille férue de littérature japonaise, un vendeur de glaces français qui ne parle pas un mot d'anglais, un mafieux bien déjanté qui ne jure que par Public Enemy, et bien d'autres curiosités du même genre... Inénarrable, en résumé !
    Sans omettre la présence pendant tout le film du groupe RZA :
    Mais au-delà de ses aspects humoristiques très décalés, un peu à la Tati, finalement, c'est un film extrêmement puissant qui brasse de nombreux thèmes, notamment celui de la communication - verbale ou non - entre êtres humains. Avec entre autre cette scène non dénuée d'humour, où notre acteur national Isaac de Bankolé (qui ne comprend pas un mot d'anglais) suppute les intentions du héros :
    ...lequel lui répond quelques minutes plus tard (sans avoir non plus compris un traître mot de français) par les mêmes mots texto :
    Quelque part, je trouve ça géant, cette scène. Je veux dire, ça me parle vraiment, ça me rappelle de vraies expériences vécues à l'étranger... Quand la communication verbale est absolument impossible, et qu'on s'aperçoit alors qu'il y a tellement d'autres façons de communiquer, par le geste, le regard, etc... C'est magique, par moment !
    Bref, moi qui vénère les animaux, il y a une autre scène mythique de ce film que j'adore, c'est celle-ci, lorsque Forest Whitaker tombe par hasard sur deux exaltés de la chasse, vaguement racistes sur les bords :
    Ce n'est pas pour être passéiste, dans le genre de Sacha Guitry, mais bon, il faut tout de même bien admettre, comme le suggère Jim Jarmusch, la supériorité absolue des cultures anciennes : pour une raison ou pour une autre, il y a un truc qu'ils savaient, et qu'on a sans doute perdu, je crois… 
    L'autre leçon à retenir de ce film, c'est qu'il est presque entièrement bâti à partir du 葉隠れ (Hagakure), un ouvrage du XVIIIème siècle de Jôchô Yamamoto (山元, pour les intimes) recensant la plupart des codes d'honneur des samouraïs, remis à l'honneur et popularisé par Mishima (三島) peu de temps avant son seppuku (autrement dit, "Harakiri", qui n'est pas un mot japonais), preuve s'il en est qu'il avait vraiment été au bout de sa démarche.
    Et si vous voulez mon personnel avis...
    Tous les musiciens devraient acheter ce livre (Le Japon Moderne et l'Éthique Samouraï, Yukyô Mishima, Arcades, Gallimard), car presque toutes les lois de cette éthique s'appliquent, trait pour trait, à la musique. Un exemple au hasard, cité dans le film :
    (Traduction : Il existe un certain état d'esprit qu'on a pu appeler état d'esprit du temps de pluie. Quand on se trouve pris sous une averse soudaine, on peut essayer de ne pas se faire mouiller en courant de toutes ses forces ou en cheminant sous l'avancée des toits ; mais quoiqu'on fasse, on sera trempé. Si on s'est mentalement préparé dès le départ à être mouillé, on ne sera pas le moins du monde dépité lorsque cela se produira. C'est là une attitude profitable en toute circonstances). Et j'ajouterais : surtout en situation de concert ou d'examen, vraiment, on ne pourrait pas mieux décrire l'état d'esprit idéal à avoir en ce genre de cas.
    Si vous n'êtes pas encore convaincu, deux autres bonnes raisons de ne pas zapper ce film grandissime. D'une part, Forest Whitaker, qui à lui seul vaut le détour, je veux dire au sens où il se rattache à la très rare catégorie d'acteurs, qui sont là sans être là : Jacques Dutronc, Jacques Gamblin, Kitano... Forest Whitaker, bien sûr, et même Clint Eastwood de temps en temps...
    Et puis bon. Pour moi qui suis un homme, malgré tout, la quatrième raison de voir ce film, c'est quand même la petite Tricia Vessey, une actrice totalement inconnue jusqu'alors (et jusqu'après, je crois), mais qui est vraiment à 712% mon type de femme préféré :
    Pas japonaise, mais j'adore (c'est une balance, au cas où vous souhaiteriez le savoir)…
    Mais bref, trêve de conneries : ce film est vraiment un chef-d'œuvre du septième art comme on en voit assez rarement, à vous procurer de toute urgence (et encore, j'ai assez peu parlé de la bande son minimaliste, mais géniale de RZA).
    Autres films du même réalisateur : Broken Flowers

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    dimanche, octobre 22, 2006

    SPIDER (DAVID CRONENBERG)

    Une fois n’est pas coutume...
    Je vais cette fois-ci vous parler d’un film sorti en 2002 qui me met un tout petit peu mal à l’aise, non pas tant par son contenu ou certaines images qui pourraient paraître choquantes, mais du fait qu’il s’agit de l’avant-dernier film de l’un de mes réalisateurs préférés, et que là, pour une fois, j’ai vraiment du mal (alors que j’avais adoré eXistenZ, qui avait décontenancé bon nombre de gens) :
    Il y a pourtant de très bonnes choses dans ce film, à commencer par la performance hallucinante de Ralph Fiennes, qui se coltine une fois de plus un rôle de déjanté total qui a dû, je suppose, être assez lourd à porter (souvenez-vous de sa prestation dans Strange Days de Kathryn Bigelow, où il avait quand même aussi l’air de bien marcher à côté de ses pompes, comme on dit) :
    Comme vous pouvez déjà le constater avec ces images, la photographie – bien que très particulière – est également magnifique, essentiellement à base de bleus crépusculaires, à l’extrême inverse, finalement, d’eXistenZ, construit à l’imitation du monde des jeux vidéos sur des oranges et des jaunes très saturés.
    Alors bien sûr, on retrouve ici les grandes constantes du style épuré du maître : pas de plans transitionnels, ni de pure convention (un peu comme Takeshi Kitano, mais pas du tout de la même façon), mais au contraire un sur-signifié de pratiquement chaque image, qui toutes mettent l’accent sur la solitude et l’emprisonnement mental de l’(anti) héros Ralph Fiennes :
    Peut-être que vous verrez mieux ici :
    Au final, tout ceci est quand même très flippant, et surtout très lent, je crois que c’est peut-être ce qui me gène le plus dans ce film, surtout que contrairement à d’autres films lents du même genre, la plupart des scènes se passent dans un silence de mort, Howard Shore n’ayant composé en l’occurrence qu’une partition extrêmement spartiate.
    Comme le dit Cronenberg dans le second DVD de bonus : "Avec Spider, j’ai voulu faire un film très, très simple. Et comme je suis allé vers la simplicité extrême, il devrait s’ouvrir vers une grande complexité".
    Pour l’instant, je persiste à penser que parmi les nombreux films sortis récemment au sujet de la schizophrénie (Fight Club, Mulholland Drive, etc.), le plus parfait reste encore Lost Highway de David Lynch...
    Alors bon, pour Spider, de la part d’un auteur que j’estime par dessus tout, je me dis que cela va finir comme ça, tant bien que mal… Après tout, ce n’est jamais que la deuxième fois que je le vois, donc il y a de la marge, n'est-ce pas ?

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    jeudi, octobre 12, 2006

    LAST ACTION HERO (JOHN MCTIERNAN)

    Oui, Last Action Hero de John McTiernan (1993), auteur de nombreux blockbusters parfaitement hollywoodiens tels que Predator ou Die Hard (I & III), comme quoi, contrairement au proverbe, il arrive qu'on puisse à la fois manger et cracher dans la soupe, si l'on peut dire...
    L'histoire : un petit garçon, fan de films d'actions (Danny Maddigan), grâce à un ticket magique directement hérité d'Houdini par son ami projectionniste, va se trouver subitement projeté à l'intérieur du film de son héros favori Jack Slater (Arnold Schwarzenegger), qui lui vit bien sûr sa vie de Jack Slater sans se douter un instant qu'il est un héros de fiction.
    Avec, bien sûr, un nombre de quiproquos désopilants ("Mais regarde toutes ces filles canons, tu vois bien qu'on n'est pas dans la vraie vie, Jack ?" "Danny, la Californie, c'est ça !"), sans parler de tous les clichés du genre, épinglés tout au long de cette première partie avec une ironie cinglante ("Putain, le Hard-Rock, les calembours débiles... Mais ça y est, je suis dans le film !"), jusqu'au gimmick du héros, tel un nouveau "I'll be back", qu'il clame sans vergogne jusqu'à ce que le gamin le sorte en même temps que lui :
    "Mais comment tu savais que j'allais dire ça ?" "Mais c'est évident ! Dans tous tes films, tu dis cette phrase !". Là où ça commence à aller plus loin, c'est quand le héros, qui ne se connaît, lui, que sous son nom de Jack Slater, essaye de prononcer l'imprononçable nom de son double réel (Arnold Beckenbauer, dans la V.F) :
    Et comme ultime pied-de-nez, Arnold - le vrai, cette fois - tourne en dérision tous ses précédents films, tels Predator ou Terminator :
    Pire encore, se jouant lui-même en icône presque ridicule lors d'une soirée de gala :
    ...se faisant même remonter les bretelles tel un vrai plouc par sa femme, qui veut à tout prix l'empêcher de placer un mot sur ses "Planet Hollywood", à hurler :
    J'adore ce film. Je l'ai vu un nombre incalculable de fois, et il me fait toujours autant rire - phénomène plutôt rare avec les comédies, vous en conviendrez...
    Tant dans sa première partie (celle où le gamin se retrouve dans le film) que dans sa seconde, où Jack Slater, traversant le miroir dans l'autre sens, se trouve parachuté en tant que personnage de fiction, dans la vraie vie de New York, une ville où curieusement, les balles ne font pas exploser les voitures, et dans laquelle ouvrir une vitre à mains nues s'avère atrocement douloureux...
    En outre, ce film est un vrai régal pour les cinéphiles, qui se délecteront à relever les innombrables détournements ou citations, à commencer par de petites piques aux fameux concurrents potentiels, Jean-Claude Van Damme tout d'abord :
    ...et bien sûr l'incontournable Sylverster Stallone, que le petit Danny Madigan est tout étonné de retrouver en lieu et place de Schwarzy sur l'affiche mythique du Terminator 2 :
    Nous passons bien sûr ensuite aux grands classiques d'Hollywood, qu'il s'agisse de Sharon Stone dans sa tenue de Basic Instinct (Paul Verhoeven) :
    ...de Robert Patrick en parfaite incarnation du Terminator 2 (James Cameron) :
    ...ou encore du petit Danny Madigan en train, bien malgré lui ("Merde, c'est moi le comique du film !"), de se la jouer E.T (Steven Spielberg) :
    En résumé, bien sûr, de cette scène mémorable :
    Mais le film ne s'arrête pas là, bien sûr, brassant toute l'histoire du cinéma jusqu'à convoquer Tex Avery et ses cartoons :

    ...le personnage de la mort dans le Septième Sceau d'Ingmar Bergman (1956) :
    ...le mythique Hamlet de (et avec) Laurence Oliver (1948), au gré d'une très savoureuse réinterprétation :
    ...ainsi que le cultissime Une Nuit à l'Opéra des Marx Brothers (1935), avec la fameuse et délirante descente sur le rideau :
    Vous souhaitez, bien sûr, en voir plus :
    Une chose est claire : ça ne fait rire ni les kids, ni les américains, en grande majorité trop incultes pour apprécier tout le sel de ces citations, qui supposent malgré tout une culture cinématographique assez vaste et quasi encyclopédique, finalement...

    Phénomène tout à fait atypique et rarissime : ce film, qui comme presque tous les "Schwarzy", a fait un carton au Box Office en Europe, s'est révélé aux USA un flop monumental. On ne plaisante pas avec le statut de star, là-bas, dirait-on ; alors, Arnold Schwarzenegger ironisant lui-même sur tous ses films précédents, puis sur lui-même et ses cotés vulgaires, comme le dirait sa femme, c'était trop, probablement, pour le public d'outre-Atlantique...
    En attendant, nous, on se régale !
    Autres films du même réalisateur : Predator

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