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  • dimanche, juin 21, 2020

    ASCENSEUR POUR L'ECHAFAUD (LOUIS MALLE)

    Sorti en janvier 1958, et en fait tourné juste avant, en novembre 1957, ce film - évidemment en noir et blanc - est pratiquement le premier de Louis Malle, alors à peine âgé de 25 ans (mais oui) !
    Le scénario et les dialogues sont d'ailleurs dus à lui-même, ainsi qu'au romancier Roger Nimier, les deux acteurs principaux sont particulièrement bons, et surtout, la musique, toutes époques confondues, s'avère réellement exceptionnelle, puisqu'à la fois composée et interprétée par Miles Davis...
    Avant de parler plus longuement de cet Opus, laissez-moi vous présenter le générique, qui donne à la fois le nom des acteurs, les représente déjà en train de jouer, et surtout, nous livre l'un des thèmes les plus sublimes de Miles Davis, interprété par le quintette qu'il forme pour la circonstance avec quatre français (sauf le batteur)... Les sous-titres sont en coréen, certes, mais le texte reste dans notre langue, alors bon, on ne peut pas demander mieux, pour les trois minutes que cela dure :
    Voilà, nous pouvons commencer... Tout d'abord avec Julien Tavernier (Maurice Ronet), qui se livre tout d'abord à une mise en place assez délicate de sa corde de fuite en haut d'un immeuble :
    Puis en vient, très rapidement, à tuer son patron, Simon Carala (Jean Wall), pour une raison qui n'est pas encore très claire :
    Je vous laisse assister, durant environ trois minutes, à cette scène très particulière :
    Autrement dit, toute la base du film est, très rapidement, mise en place... Il ne reste plus qu'à y ajouter un couple bien plus jeune, Véronique (Yori Bertin) et Louis (Georges Poujouly), et ceci va nous entraîner suffisamment loin :
    A commencer, tout d'abord, par l'effrayante constatation de Julien Tavernier, celle qu'il a oublié la seule preuve de son crime, la corde lancée de l'immeuble :
    Chose qu'il va, bien sûr, essayer de corriger rapidement, en prenant - comme le suggère très clairement le titre du film - l'ascenseur... Sauf que comme par hasard, la dernière personne sur ce lieu va se charger de le couper directement :
    Ce qui va l'abandonner à lui-même durant un long séjour dans cette cage, où il va s'efforcer de trouver l'improbable moyen d'en sortir :
    Pendant tout ce temps, que voit-on ? Tout d'abord, le vol, par Louis et Véronique, de sa belle voiture - comme quoi, un acte ne se produit jamais seul :
    Et surtout, nous allons découvrir la très belle Florence Carala (Jeanne Moreau), la femme de l'homme assassiné :
    Ce qu'elle avait fort bien combiné avec Julien Tavernier, que pourtant elle ne parvient pas, pour des raisons que nous seuls spectateurs connaissons, à retrouver à l'endroit prévu :
    Nous nous retrouvons, donc, avec une personne qui se voit coincée au sein d'un ascenseur, dans un espace très limité, et sa belle maîtresse qui jouit, pour elle toute seule, de la grandeur et de la beauté de la ville de Paris - sauf qu'elle aurait bien sûr préféré se croiser, comme prévu, avec lui, ce que l'on découvre sur ce plan, absolument formidable, de sa marche solitaire :
    Nous avons ainsi, pour tout dire, l'essentiel du film résumé - c'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle je ne vous donnerai plus d'extraits visuels ! Quoiqu'il en soit, l'on retrouve pour l'heure Louis et Véronique roulant de plus en plus vite sur l'autoroute, avec en contrepoint le fabuleux thème écrit et joué par Miles Davis :
    Et avec qui sont-ils en concurrence ? Avec deux allemands, un peu plus vieux qu'eux, et qui les ont très rapidement rattrapés sur la route, grâce à une voiture encore plus moderne que celle qu'ils viennent de voler :
    L'essentiel, en tous cas dans un premier temps, c'est qu'ils s'entendent plutôt bien avec le couple d'allemands - ce qui est d'autant plus facile qu'ils se sont inscrits au motel sous le faux pseudonyme de Julien Tavernier :
    Richesse, champagne, femme plus jeune et également très jolie, tout cela rend les choses plus simples, n'est-ce pas ?
    Sauf que... L'allemande a tout de suite une bonne solution pour Véronique, qui ne sait pas comment exploiter l'appareil photo qu'elle a dérobé dans la voiture de Julien Tavernier - et malheureusement pour cette dernière, ceci va plutôt mal se résoudre à la toute fin du film :
    Durant tout ce temps-là, Julien Tavernier exploite un peu plus profondément les diverses façons qu'il aurait de sortir de l'ascenseur... Mais hélas, sans grande réussite :
    Et Louis Malle n'hésite pas à nous montrer, au même moment, à quel point Florence Carala vit pour elle-même sa liberté, déambulant perdue dans tout Paris :
    Ultime mauvaise conséquence de tout se qui s'est passé jusqu'alors : le couple allemand est tué en dernière minute par le jeune Louis, en plus à l'aide de l'arme qu'il a retrouvée comme par hasard dans l'imperméable de Julien Tavernier :
    C'est donc pour Louis et Véronique le moment de repartir au plus vite sur l'autoroute :
    Puis de se barricader chez elle, dans sa chambre de bonne, quitte à prendre volontairement quelque chose pour en finir le plus vite possible - étant donné que toutes les hypothèses semblent d'ores et déjà fausses :
    Pour ne rien arranger, Florence Carala est arrêtée par la police au gré d'un hasard mal tombé :
    Surtout que le chef de police, le commissaire Cherrier, se montre assez virulent - et bien qu'il ne soit pas encore très connu, l'excellent acteur qui joue ce rôle, Lino Ventura, va ici se comporter comme à son habitude, droit et implacable :
    Pendant ce temps-là, Julien Tavernier a heureusement réussi - par le plus grand des hasards, comme lors de son incarcération - à sortir de l'ascenseur :
    Mais les différentes personnes qui sont dans son lieu de travail, particulièrement une - qui n'est pas de la police, mais fut à l'origine de sa prise au piège -, finissent par s'apercevoir du meurtre de Simon Carala, qui n'était pas encore inscrit dans la fameuse liste :
    Il reste à Julien Tavernier pas mal de choses à faire, d'autant plus qu'il ne retrouve plus sa voiture... Il commence par prendre un bon café et des croissants, mais s'aperçoit bien vite de l'ampleur de la situation :
    Evidemment, tout le monde l'a reconnu, et il ne faut guère de temps pour qu'il soit arrêté par la police... Mais il y a une grosse confusion dans tout cela, due en premier lieu au vol de sa voiture, au meurtre des deux allemands à l'aide de son propre pistolet, et surtout, au fait que personne ne croit qu'il était soi-disant emprisonné dans l'ascenseur :
    Que peut-il donc arriver encore ? Et bien, il fallait compter sur Florence Carala pour retrouver les deux mômes, coupables selon elle de tout ce qui est arrivé :
    Et d'en tenir tout de suite la police au courant, ce qu'elle s'empresse de faire au téléphone :
    Je vous laisse bien sûr réviser la fin du film... Mais grosso modo, que se passe-t-il ? Tout d'abord, une peine pas trop grave pour Louis, ce qui peut se comprendre, en raison de son âge et des différentes galères qu'il subit :
    Ensuite, on en vient naturellement à Julien Tavernier... Qui pourrait certes risquer dix ans, mais vu sa bonne conduite, pourrait assez facilement revenir à cinq, voire moins ! Quant à Florence Carala, il en va tout autrement, comme elle ne le sait pas encore :
    Vu qu'elle était dès le départ au courant du meurtre prévisible de son mari, soupçonnée de l'avoir trompé, d'avoir traqué aussi les deux enfants... Et bien, disons qu'on peut s'attendre, au moins, à dix ans, et peut-être à vingt :
    Tels sont les deux derniers plans du film : celui de ses mains, lors de ses ultimes caresses envers son ex-amant Julien Tavernier, et celui de son visage, remarquablement tourné dans la plus grande obscurité :
    Comme vous l'avez tous sans doute deviné, cet Opus - notamment titulaire du prix Louis Delluc en 1957 - est l'un des premiers représentatifs de la Nouvelle Vague, de 1950 à 1960, qui se poursuivit entre autres par les bien connus Jean-Luc Godard, François Truffaut, et Jacques Rivette... Cela est tout à l'honneur de Louis Malle, âgé seulement de 25 ans, et aussi, n'oublions pas de les citer, des célèbres acteurs maurice Ronet, Jeanne Moreau, et Lino Ventura, quasiment impeccables dans ce film !
    Voulez-vous encore que je cite quelqu'un d'incontournable ? Ce ne sera pas bien difficile, avec toute la musique conçue, écrite et réalisée par Miles Davis, qui obtient pour cela le Grand Prix du disque de l'Académie Charles-Cros :

    Ce disque se vend toujours autant aujourd'hui, plus de soixante ans plus tard, et si vous souhaitez bien en répartir les différents morceaux, c'est classé ainsi : 1) Générique 2) L'assassinat de Carala 3) Sur l'autoroute 4) Julien dans l'ascenseur 5) Florence sur les Champs-Elysées 6) Dîner au motel 7) Evasion de Julien 8) Visite du vigile 9) Au bar du Petit Bac 10) Chez le photographe du motel...
    En ai-je dis assez ? Je pense que oui, d'autant que je parle très rarement de film en N&B, à plus forte raison du cinéma français...  J'espère que vous ne raterez pas sa rediffusion, sur ARTE, et que vous passerez un peu de temps, avant ou après le film, pour laisser un commentaire !
    Après avoir revu, en 2024, la quasi-intégralité des films de Louis Malle sur ARTE, je reste convaincu que cet Opus, le premier en 1958 de sa longue série, reste le meilleur de tous... Grâce à ses acteurs fabuleux, à son tournage vertigineux en NB, et bien sûr à son excellente musique. il possède à mes yeux cette puissance incroyable, que l'on ne retrouvera que rarement par la suite. Je ne sais pas ce que vous en pensez ?

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    jeudi, juin 18, 2020

    SISTER ACT (EMILE ARDOLINO)

    Bon, ce n'est pas un réalisateur célèbre...
    Ce n'est pas non plus un film tout jeune (1992)...
    Ce n'était pas, à l'époque, une actrice fort connue, loin de là...
    Mais ça a eu l'immense avantage de bénéficier d'un bon scénario, d'une prise de vue habile, malgré sa rigueur, et surtout, d'une véritable ouverture à la musique, ce qui était encore plus rare qu'aujourd'hui (c'est pour dire)...
    L'histoire, en fait, est plutôt simple : dans un cabaret de Reno, la chanteuse Dolorès Van Cartier (Whoopi Goldberg), vêtu comme d'habitude de ses habits fracassants, se livre à son interprétation habituelle, puis va ensuite retrouver son amant, le propre gérant Vince LaRocca (Harvey Keitel)... Seul problème, elle le retrouve en train de tuer l'un de ses associé, et se voit donc menacée à son tour si elle ose en faire part à la police...
    Pourtant, elle ne peut pas - ou ne veut pas - s'en empêcher, ce qui va contraindre le lieutenant Eddie Souther (Bill Nunn, sur la gauche) à recourir à des solutions implacable, commençant déjà par une fausse identité, "Marie-Clarence" :
    Aussitôt suivie par son incarcération dans un couvent de San Francisco, ce dont seul ledit lieutenant et la mère supérieure (Maggie Smith) sont au courant, et qui dans un premier temps va plutôt assez mal se passer :
    C'est, entre autres, l'une des raisons pour lesquelles elle tente, une dernière fois, de convaincre son patron Vince LaRocca de sa bonne volonté, mais celui-ci n'est guère résolu de la croire... Il est à noter, d'ailleurs, que l'acteur Harvey Keitel, qui joue le rôle de Vince LaRocca, était déjà fort connu à l'époque, ayant joué très récemment dans Thelma et Louise (de Ridley Scott) et dans Reservoir Dogs (de Quentin Tarantino) :
    Vous trouvez sa nouvelle façon se s'habiller plutôt austère ? Rassurez-vous, elle non plus ne trouve pas cela très agréable à porter... Mais le pire, c'est quand elle entend le résultat donné par le chœur, faux et pas en mesure, ce qui fait bondir la chanteuse professionnelle qu'elle était auparavant : 
    Mais bon, elle a en quelque sorte trouvé le rôle à jouer dans ce couvent... Et après en être revenu à des bases assez solides, elle se livre à un premier essai, qui non seulement ne marche pas trop mal, mais semble en plus réjouir les choristes bien plus que d'habitude :
    Le mieux, c'est d'écouter en direct ce passage de l'ombre à la lumière, pour bien s'en rendre compte :
    Pendant ce temps, Vince LaRocca est toujours à la recherche de son ancienne amante et chanteuse, qu'il ne parvient cependant pas à retrouver :
    Mais celle-ci a bien d'autres choses à faire, notamment d'entraîner le chœur à se révéler de plus en plus à l'aise avec ce qu'on nommait le gospel, particulièrement avec ces deux sœurs qui semblent particulièrement douées, Marie-Robert (Wendy Makkena) et Marie-Patrick (Kathy Najimy) :
    Cela n'empêche pas Vince LaRocca de parvenir à ses fins - du moins, c'est l'impression qu'il a... Mais bien à tort, car ses deux collègues croient qu'elle incarne véritablement la volonté de Dieu, et non seulement refusent de l'abattre, mais l'empêchent de se servir de sa propre arme :
    Où en sont, durant ce temps-là, les relations entre la Mère supérieure (Maggie Smith) et Marie-Clarence (Whoopi Goldberg) ?
    Et bien, à vrai dire, pas très bonnes, pour ne pas en dire plus... Et cela se devine instantanément, rien qu'à voir sa tête :
    Il n'empêche... Cela ne ralentit pas du tout Whoopi Goldberg, qui tire cette fois-ci tous les avantages du chœur, tournant à la fois sur le gospel, le chant de plus en plus individuel, et même sur une sorte de danse, ce qui fait que beaucoup plus de monde se rend désormais à ce couvent : 
    Evidemment, nous en arrivons à un moment du film où se déroulent les choses les plus graves, et les plus inattendues... Entre autres, le déménagement de Whoopi Goldberg à Reno, accompagnée de ses deux sœurs très douées, sa recherche de plus en plus intensive menée par Vince LaRocca, et sa surveillance toujours plus étroite par le lieutenant Eddie Souther ! Mais fort heureusement, tout se passe plutôt bien, comme le laisse supposer le visage de la mère supérieure, Maggie Smith :
    Laquelle, bien que n'étant pas du même point de vue que l'évêque, décide de lui offrir tout d'abord un repas assez mémorable :
    Mais surtout, la laisse régner en maîtresse sur le chœur du couvent :
    Ce dont celle-ci va tirer tout profit, puisqu'elle se lance dans une vision de plus en plus torride du gospel :
    En sachant d'ailleurs très bien qu'en ce dimanche particulier, le pape Jean-Paul II fait partie en grand honneur de l'auditoire de la salle, cette fois archi-pleine :
    Bien sûr, je vous laisse vous en rendre compte par vous-mêmes, ne serait-ce que pour voir à quel point le chœur a progressé depuis le début :
    En résumé, donc : il s'agit d'un film qui n'a toujours pas vieilli depuis 1992, d'une interprète qui depuis est devenue fort populaire, et surtout, d'une des très rares œuvres sur la musique à être toujours d'actualité - ce qui n'est pas rien, vous le constaterez, puisqu'il n'en existe en réalité que trois, Amadeus, de Milos Forman, Bird, de Clint Eastwood, et Ray, de Taylor Hackford !
    Histoire de tenir un peu, un nommé Bill Duke essaiera de retourner un Sister Act, acte 2, en 1993... Mais même si Whoopi Goldberg est toujours là, le film est beaucoup moins bon, et cela n'est pas seulement dû à l'absence d'Harvey Keitel, mais surtout à l'insignifiance de la nouvelle mission de Marie-Clarence ! Je vous laisse donc le grand soin de revoir ce premier Opus, supérieur scéniquement et musicalement, et peut-être aussi, pourquoi pas, de laisser sur ce site l'un de vos commentaires...

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