Sorti en 1997, peu après Alien 3 (1992) et surtout Seven (1995), ce film reste l'un des premiers à montrer les capacités de David Fincher à montrer les défauts et la perversité d'un homme a priori normal, mais qui en réalité se révèle bien plus complexe que prévu. C'est là l'un de ses Opus les plus parfaits dans le genre, avant évidemment le fabuleux The Curious Case of Benjamin Button (2008).
Le thème en était assez peu évident dès le départ : soumettre un grand patron à un jeu imaginé partiellement par son frère, un jeu qui va aller d'un début assez calme à une dégradation de plus en plus insidieuse - jusqu'à ce que le tout se termine finalement très bien, comme l'on ne s'y attendait pas du tout.
Depuis la réputation de Seven, David Fincher a choisi cette fois encore d'utiliser un acteur fort connu, Michael Douglas, qui a quelque peu hésité au départ en raison d'un budget restreint et d'une distribution trop limitée... Mais il a finalement accepté, et même si ce film n'a pas aussi bien marché que prévu, il reste néanmoins célèbre près de 30 ans plus tard, ce qui n'est pas donné à tout le monde !
Nicholas Van Orton (Michael Douglas) est donc le personnage principal, habitant une grand maison dans San Francisco, fabuleusement riche, mais solitaire, froid et distant avec tout le monde, y compris sa femme de chambre Ilsa (Carroll Baker) :
Le jour même de son anniversaire de 48 ans, il reçoit son frère cadet Conrad (Sean Penn), réputé pour son ancienne toxicomanie et son habitude de dépenser tout l'argent sans compter :
Lequel lui offre un cadeau inattendu, une offre de CRS (Consumer Recreation Service) - terme qui a bien sûr un sens particulier dans la langue française, mais qui va finalement très bien à ce film :
La nuit même, Nicholas Van Orton repense tragiquement à son père, qui s'est suicidé justement à l'âge de 48 ans :
Puis le lendemain, il se rend après quelques hésitations au CRS :
Où il se voit en train d'entamer une assez brève discussion avec l'apparent chef du lieu, Jim Feingold (James Rebhorn)... Mais cette courte conversation est aussitôt compensée par des tests interminables, ce qui finit par le mettre hors de lui :
Une fois rentré dans sa gigantesque propriété, il reçoit de plus un étrange cadeau - auquel se trouve fixée une clef :
Mais ne parvenant pas à en découvrir l'utilité, il écoute - comme d'habitude - le discours des infos financières à la télévision... Jusqu'à ce que curieusement, le narrateur change de voix et lui dise quelque chose de personnel - comme si ça lui était réellement destiné :
Jusqu'alors, on ne se trouvait que dans la phase préparatoire de The Game... Mais aussitôt après, Nicholas Von Orton rencontre une serveuse du restaurant, Christine (Deborah Kara Unger), qui fait tomber comme par hasard sur son costume une sauce bien rouge :
Et là, nous sommes déjà dans le jeu... Car après de multiples poursuites, ils se retrouvent mêlés à un accident imprévu, sur lequel intervient la police - qui leur demande d'accompagner le blessé à l'hôpital, en les prenant en plus pour mari et femme :
A la suite de délicates opérations de fuite - notamment dans un restaurant chinois -, ils finissent par se retrouver enfin dans sa propre maison, où elle prend finalement une douche. Au moment de partir, elle donne finalement son prénom de Christine, et avoue dans la foulée qu'elle a été bien payée pour cela - ce qui démontre évidemment qu'elle travaille pour CRS...
Ensuite, Nicholas Van Orton se rend chez Anson Baer (Armin Mueller-Stahl), l'un de ses meilleurs associés a priori, mais qui a l'air de faire des choses étranges, plutôt désagréables pour lui :
Et pour couronner le tout, Nicholas Van Orton découvre en rentrant chez lui sa maison totalement saccagée - un plan incroyable de David Fincher, auquel se mêle la musique d'Howard Shore :
Nous n'en sommes pourtant qu'au début... Car un peu plus tard, Nicholas Van Orton rencontre par hasard son frère, qui semble très inquiet de l'aspect général des faits, et tous les deux finissent par presque se battre, à force d'inconfiance mutuelle :
Pour finir, Nicholas Van Orton se résigne à prendre seul un taxi, mais celui-ci est piégé, et après la rapide descente du conducteur, il se retrouve comme par hasard presque noyé dans le fleuve :
Une fois revenu chez lui par miracle, il s'entretient brièvement avec un détective privé... Qui l'informe d'une seule chose capitale, c'est que la fondation CRS n'existe pas :
Une fois de plus, il se retrouve avec Christine, qu'il soupçonne de plus en plus... En étant pour la première fois dans son soi-disant appartement, il s'aperçoit bien vite que les meubles sont inutiles, vides, récemment achetés, et que toutes les photos sont truquées :
Nous en sommes à ce stade du film où il nous est impossible de prouver quoi que ce soit, ou bien son contraire... D'autant plus qu'avec Christine en voiture, Nicholas Van Orton s'aperçoit d'un seul coup que tous ses comptes sont liquidés, ceci dans tous les pays du monde :
Et peu de temps après, il tombe dans le coma - dont Christine est visiblement la seule responsable :
Il ne se réveille que sous terre, dans une tombe au Mexique !
Avec peu de difficultés, lié à sa fortune immédiatement reconnaissable par la police, il repart pour San Francisco... Où il retrouve par le plus grand des hasards Jim Feingold, accompagné de ses trois enfants. C'est le personnage dont il ses souvient le mieux au sein de CRS, et il n'hésite pas à le menacer pour obtenir enfin ce qu'il veut - le fonctionnement du groupe :
Peu de temps après, il tombe d'ailleurs sur Christine... Alors qu'il a une arme à la main, et se révèle prêt à tout pour savoir qui est à l'origine de cette savante oppression :
Hasard ou non ? C'est le moment précis que choisit David Fincher pour lui faire dire cette phrase, inséparable du film The Game : "Des effets spéciaux... Comme au cinéma ?" :
Sans compter qu'arrive à ce moment précis dans l'ascenseur son frère Conrad, bien décidé à lui fêter son anniversaire, et que Nicholas Van Orton le tue accidentellement - le prenant pour quelqu'un d'autre, encore rattaché à CRS :
Tragiquement désolé de son propre acte, il décide alors de sauter du toit, tout comme l'a fait son père à l'âge de 48 ans :
Heureusement, il se retrouve par miracle au centre d'une vaste fête, où tout semble préparé depuis longtemps, en grande partie par Conrad lui-même... Tous sont de nouveau amis avec lui, et semblent lui préparer ceci depuis très longtemps :
Comme d'habitude, Nicholas Van Orton s'en va un petit peu avant la fin... Mais il rencontre au dernier moment Christine - qui en réalité s'appelle Claire -, à qui il propose seulement de prendre un café à l'aéroport, sans que l'on connaisse vraiment la fin :
Si vous ne l'avez pas encore vu, voici un plutôt bon trailer :
Que dire d'autre sur ce film ? Au début, le rôle du frère Conrad devait être d'abord celui d'une sœur, que David Fincher proposa à la très célèbre Jodie Foster... Mais celle-ci ne pouvait pas, occupée qu'elle était sur Contact, un excellent film de Robert Zemeckis sorti la même année 1997, et le réalisateur se tourna donc vers Sean Penn.
Quoi qu'il en soit, cet Opus a plu à au moins 70% des spectateurs, a largement doublé le budget initial, et passe toujours très bien presque trente ans après sa sortie... Pour moi, c'est largement suffisant !
Tourné en 2009, ce film s'inspire du livre de Bryan Burrough (2004), qui porte comme sous-titre La plus grande vague de criminalité de l'Amérique et la naissance du FBI, 1933-1934. Autant dire qu'il s'agit d'un Opus important aux Etats-Unis, où le gangster et braqueur de banques John Dillinger fut le plus populaire de la Grande Dépression (1930), bien devant Bonnie and Clyde, Baby Face Nelson ou encore Pretty Boy Floyd.
Il ne s'agit pas vraiment d'un biopic, mais plutôt d'un docudrame (documentaire dramatique) - c'est à dire une recréation fictionnelle et dramatisée d'évènements factuels. Il toucha en outre le double de l'investissement initial (100 millions de dollars), ce qui est beaucoup mieux que Miami Vice.
John Dillinger (1903-1934) est magistralement interprété par Johnny Depp, qui porte quasiment tout le film sur ses épaules :
On le voit dès le départ, où en 1933 il fait évader ses complices du Pénitencier fédéral de l'Indiana au cours d'une scène rocambolesque, à la suite de laquelle il décide finalement de se rendre à Chicago :
Juste au même moment, l'on découvre alors Melvin Purvis (Christian Bale) en train d'arrêter Pretty Boy Floyd (Channing Tatum) - alors que dans la réalité, il l'a seulement eu exactement trois mois après la mort de John Dillinger :
Ces deux personnages, John Dillinger et Melvin Purvis, sont en apparence aussi discrets que possible - l'exact opposé du couple de policiers dans le précédent film, Miami Vice. Mais ceci n'empêche pas John Dillinger de faire son premier casse de façon fort réussie, où son autorité se dévoile sans perdre de parole :
Peu de temps après, l'on prend enfin conscience du véritable problème des Etats-Unis, que J. Edgar Hoover (Billy Crudup) tente de faire passer à son compte :
Bien qu'ayant raté la première audition, il se remet vite en position, et nomme à la tête de Chicago Melvin Purvis - qui lui renvoie aussitôt la balle d'une façon vénérable :
Grosso modo, ce fut la période où le BOI (Bureau of Investigation) céda enfin la place au FBI - Federal Bureau of Investigation, qui allait se révéler nettement plus efficace.
Pendant ce temps, John Dillinger rencontre par hasard celle qui va devenir la femme de sa vie, Billie "Blackbird" Frechette (Marion Cotillard) - et on le comprend :
C'est une actrice française fort connue depuis Taxi (1998), mais surtout célèbre aux Etats-Unis depuis son apparition dans Big Fish de Tim Burton (2003) et le fameux La Môme d'Olivier Dahan (2007) :
Quoiqu'il en soit, Melvin Purvis s'oppose à ses soi-disant dirigeants, quitte à répéter le même phrase trois fois de plus en plus fort... Et pendant ce temps, John Dillinger profite des derniers moments qu'il passe avec Billie Frechette :
Résultat ? L'équipe de Melvin Purvis rentre, le capture, et l'expédie sans plus tarder dans l'Ohio - où le grand responsable lui donne enfin la phrase qu'il sentait depuis longtemps :
En apparence, cela a l'air de bien fonctionner :
Mais en réalité, ça ne marche pas du tout, et permet à John Dillinger de s'évader une fois de plus - ce qui n'est si mal, mine de rien :
Melvin Purvis essaye alors de faire chanter une vieille amie de John Dillinger, afin qu'elle le dénonce, Anna Sage (Branka Katic)... Mais cela ne donne pas grand chose, et pendant ce temps-là, John Dillinger continue à rentrer vers Chicago, et il le dit à Billie Frechette - qu'il veut comme d'habitude protéger :
Hélas, il se voit de moins en moins appuyé par ceux envers lesquels il avait autrefois confiance :
Et le FBI devient de plus en plus fort, n'hésitant pas à utiliser des armes plus efficaces, "sans gants blancs" :
L'un d'entre eux finit enfin par parler, en révélant à Melvin Purvis le lieu de Little Bohemia, dans le Wisconsin :
Mais d'ores et déjà, John Dillinger et Billie Frechette sont en train de s'enfuir vers un autre endroit, où ils se cacheront bien plus efficacement :
L'appartement de John Dillinger est pourtant repéré rapidement dans Chicago, où il verra pour la dernière fois Billie Frechette :
Et il va ensuite aller voir L'ennemi public N°1 - film de 1934, avec Clark Gable, sans aucun rapport avec sa propre vie - dans le cinéma Biograph :
Moralité ? L'agent Charles Winstead (Stephen Lang) va abattre John Dillinger à la sortie du cinéma, ne pouvant faire autre chose :
L'adjoint de Melvin Purvis qui a tiré sur John Dillinger ne lui dit cependant pas tout :
Charles Winstead préfère réserver les mots pour Billie Frechette, et même si ceux-ci n'ont l'air de rien, ils représente énormément pour la jeune fille en question, "Bye-bye, Blackbird" :
La musique est particulièrement réussie - et c'est assez normal, puisqu'entièrement due à Elliot Goldenthal :
Que puis-je vous dire d'autre sur ce film ? En tous cas, j'ai réussi cette fois à vous trouver un bon trailer :
C'est un Opus assez proche de Michael Mann, à la fois dans ce qui le relie au milieu criminel, déjà présent dans Heat, Collateral ou Miami Vice, et d'autre part à l'amour chaleureux et impossible, que l'on retrouve dans ces mêmes œuvres. Cela dure 134 minutes, mais l'on n'a guère l'impression de les voir passer... En tous cas, j'espère que vous l'aimerez beaucoup !