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  • vendredi, septembre 20, 2024

    BRONCO BILLY (CLINT EASTWOOD)

    Tourné en 1980 juste après The Gauntlet (1977), Bronco Billy est un film qui, mine de rien, nous présente un scénario assez proche de celui-ci, notamment dans son opposition initiale entre Clint Eastwood et Sondra Locke, qui fort heureusement va de plus en plus se résoudre à l'approche de la fin très positive.
    Il faut bien savoir qu'ils sont en réalité amants, ceci depuis The Outlaw Josey Wales (1976) où ils se sont rencontrés, et même si ils ne se sont jamais véritablement mariés, ils resterons ensemble jusqu'à Sudden Impact (1983), date à partir de laquelle la situation va hélas se dégrader...
    Toujours est-il que Bronco Billy McCoy (Clint Eastwood), présenté par Doc Lynch (Scatman Crothers), se présente comme le patron d'un cirque ambulant digne des anciens Wild West Shows - autrement dit un spectacle itinérant scénarisant les stéréotypes du cowboy et de l'indien, et qui se passe dans l'Idaho et l'Oregon, contrairement au plus moderne Gauntlet, situé à Phoenix et Las Vegas :
    Auprès du public, tout a l'air de très bien marcher :
    Mais il en va bien différemment lorsqu'une fois son grand numéro terminé, il se dispute avec ses employés, qu'il n'a pas payé depuis au moins six mois :
    Pendant ce temps-là, et d'une façon qui à priori n'a rien à voir, Antoinette Lilly (Sondra Locke) doit se marier avec John Arlington (Geoffrey Lewis), avant d'avoir trente ans - telle est la volonté de son père... Mais John Arlington, exacerbé par son comportement, la quitte brusquement, en emmenant d'un seul coup ses papiers et son argent :
    Antoinette Lilly rencontre donc pour la première fois Bronco Billy - sous l'œil de Doc Lynch -, tout d'abord seulement afin de lui demander 10 cents pour téléphoner :
    Mais vu son comportement, Bronco Billy finit par la virer en pleine nuit de son camion... Ce n'est qu'au petit matin qu'il accepte finalement de lui prêter l'argent dont elle a besoin pour téléphoner, à la seule condition qu'elle s'intègre à l'équipe, au moins pour un temps :
    Au même moment, le juriste Edgar Lipton (William Prince) s'entretient avec Irène Lilly (Beverlee McKinsey), la belle-mère d'Antoinette Lilly - lui faisant plus ou moins croire que John Arlington l'aurait en fait assassinée :
    Une fois parvenue dans l'Idaho, Antoinette Lilly joue au départ le rôle pour lequel elle a été engagée - à ses yeux sans le moindre problème :
    Mais malgré son aspect heureux vis-à-vis du public, Bronco Billy finit par se disputer violemment avec elle, qui ne respecte ni son texte ni ses indications - ce qui le met hors de lui :
    Une fois repartie donc pour la seconde fois de son propre côté, elle découvre subitement qu'elle serait morte assassinée - comme l'annoncent les journaux :
    Son ex-mari John Arlington se voit vite convaincre par le conseiller de Irène Lilly, Edgar Lipton, d'accepter la somme d'un demi-million de dollars - en échange de quelques années passées dans un asile, selon lui bien plus sympathique que ce que l'on en dit habituellement :
    Finalement, Antoinette Lilly se voit finalement réengagée par Bronco Billy... Et peu de temps après, le chef Big Eagle (Dan Vadis) et Lorraine Running Water (Sierra Pecheur) annoncent leur futur bébé :
    Du coup, ils décident tous d'aller fêter cela dans un bar, mais peu de temps après, Bronco Billy devient de plus en plus nerveux face au comportement d'Antoinette Lilly, d'une froideur inconcevable... Il finit tout de même par l'inviter à danser, et tente de l'embrasser, ce qui provoque un immense chaos :
    Cette monstrueuse bagarre toujours en cours, Antoinette Lilly finit par sortir de l'établissement, mais se fait brutalement agresser par deux fermiers, qui l'insultent avant de se livrer à autre chose... Par miracle, ceux-ci se trouvent très vite confrontés à Bronco Billy, qui n'y va pas de main morte pour les éliminer :
    Une fois terminée cette mise au point, seul Leonard James (Sam Bottoms) décide de rester dans la boîte, afin de continuer à se battre... Tandis que les autres préfèrent se retirer pendant qu'il en est encore temps, notamment Bronco Billy et Antoinette Lilly, qui subitement apparaissent nettement plus sympathiques :
    Hélas, peu de temps après, la police locale arrête directement Leonard James, non seulement pour le fait de s'être livré à une simple bagarre, mais surtout pour son passé d'ancien soldat, qui n'aurait pas voulu combattre au Vietnam... Depuis le début, Leonard James voyait très mal Antoinette Lilly comme un porte-malheur, mais là, beaucoup de gens - à l'exception de Bronco Billy - sont du même avis :
    Sur son intention, Bronco Billy essaye de régler ça avec le shérif Dix, mais en vain... Au final, il fait tout ce qu'il peut pour ne pas le froisser, et s'en va après lui avoir dit tout ce qu'il voulait entendre, "Vous êtes le plus rapide"  - bien qu'il ne le pense pas vraiment :
    Instant crucial du film, qui semble de plus en plus donner raison à Leonard James et sa vision d'Antoinette Lilly comme porte-malheur : le chapiteau entier prend feu... Ce qui les met tous dans une situation impossible à gérer :
    Et ce n'est pas Doc Lynch - l'interprète de tout le groupe - qui va réussir à convaincre Bronco Billy de la malédiction d'Antoinette Lilly :
    Bien au contraire, Bronco Billy a une idée délirante de l'attaque du train - que même Antoinette Lilly ne va pas parvenir à empêcher :
    C'est la nature qui va s'en charger, rendant la vitesse de la voiture nettement inférieure à celle du train - qu'ils laissent du coup tomber faute de mieux :
    Il reste toutefois une dernière idée à Bronco Billy : rendre visite de toute la bande à l'hôpital du Dr Canterbury (Woodrow Parfrey), qu'il connait bien depuis fort longtemps...  Et c'est là où ils vont pouvoir refaire un nouveau chapiteau (entièrement en drapeaux des Etats-Unis), ce dont Bronco Billy s'empresse de remercier tout le monde :
    Et plus particulièrement Antoinette Lilly, avec qui il se sent en parfaite harmonie - ce qui est bien sûr le cas, dans la vie réelle des acteurs :
    Malheureusement, c'est aussi là qu'Antoinette Lilly rencontre son ancien mari, le détenu John Arlington - d'où s'entame une discussion assez tendue avec le FBI, qui ne va finalement se résoudre qu'avec l'acceptation de cette dernière de se rendre à New York, afin de rencontrer tous les gens concernés :
    Au cours de ce débat définitif à New York ente Antoinette Lilly et sa belle-mère Irène, cette dernière finit par se résoudre à l'inacceptable, faute de mieux :
    Suite à quoi l'on assiste à ce rappel urgentissime de Lorraine Running Water à Antoinette Lilly - qui nous fait brièvement croire à une fin quelque peu négative :
    Mais ce n'est bien sûr pas du tout le cas, évidemment :
    Comme il en fit cruellement l'expérience, ce film beaucoup plus comique que les précédents (Play Misty for Me, The Eiger Sanction ou The Gauntlet) marcha très bien, mais fut pour Clint Eastwood l'objet d'une polémique assez vivace, où la Warner déclare : "Les gens aiment voir Clint Eastwood avec un cigarillo dans la bouche et un flingue dans la main".
    Résultat ? Il restera près de vingt ans avant d'aborder à nouveau ce genre, avec le fameux Space Cowboys (2000), qui non seulement racontera avec brio une histoire plutôt drôle, mais surtout très réelle - contrairement à ce que l'on croit. Si vous n'avez pas encore vu Bronco Billy, je pense donc que vous aimerez vraiment ! 

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    lundi, juillet 01, 2024

    BROKEN FLOWERS (JIM JARMUSCH)

    Tourné en 2005, cet étrange film - qui se nommait au départ Dead Flowers - est profondément typique de Jim Jarmusch, qui en tant que réalisateur verseau provoque, tout comme David Lynch, des réactions vraiment différentes : soit les gens l'adorent par pur instinct, soit ils le détestent d'emblée, sans même l'avoir regardé...

    Inutile de vous dire que j'appartiens à la première catégorie, d'autant plus que j'avais déjà vu auparavant le génial Ghost Dog (1999) et surtout Night on Earth (1991), qui annonçait déjà la structure de l'Opus en plusieurs parties bien différentes, toutes ayant cependant un point commun.

    Alors qu'il s'agissait dans Night on Earth du chauffeur de taxi - différent et réparti dans cinq grandes villes du monde -, il est question cette fois de plusieurs femmes anonymes et énigmatiques, qui présentent à chaque fois une possibilité (ou non ?) au principal interprète de l'œuvre, Don Johnston (joué par l'excellent Bill Murray).

    Tout comme dans ce film plus ancien, le parcours va se dérouler de la même façon, allant de son côté absolument positif à sa phase la plus noire possible - ce qui m'oblige donc à répartir toutes ces rencontres en quatre points de vue bien différents...

    Avant qu'on en arrive là, on commence déjà à découvrir Don, son ennui visiblement profond dans ce vaste appartement, et son amie Sherry (Julie Delpy), qui le quitte implacablement sans grande émotion :

    Cela ne lui importe guère, dirait-on, mais Don est nettement plus embarrassé par la réception d'une lettre anonyme, toute rose, et entre en contact avec son voisin le plus proche, Winston (Jeffrey Wright) - un enquêteur amateur et véritable fan de romans policiers :
    Don lit à Winston l'essentiel de cette lettre, notamment la partie où cette femme inconnue lui avoue avoir été enceinte - peut-être de lui ? -, et qu'il s'agirait d'un fils d'environ vingt ans à la recherche de son père :
    Dans un premier temps, Don est incapable de voir plus loin :
    Mais Winston, père de famille de nombreux enfants, va en décider bien différemment, et s'occupe désormais de tout - autrement dit de l'adresse des femmes concernées, du moyen de s'y rendre, et même de leur offrir des roses à chaque fois - liées à la couleur de la lettre :
    Contre son gré prêt à se rendre dans les lieux concernés, Don se retrouve donc dans un aéroport - où au passage il admire beaucoup les escarpins que porte la femme à ses côté, ce qui comme chacun sait est typique des verseaux :
    1) Une fois débarqué, voici la première de ses ex-compagnes qu'il doit retrouver, Laura Miller (Sharon Stone) :
    Elle a l'air en pleine forme, sourit sans arrêt, lui raconte son métier d'ébéniste de meubles, puis parle avec son unique fille Lolita (Alexis Dziena)... Celle-ci ne porte pas pour rien ce prénom (qui fait allusion au fameux film de Stanley Kubrick), car elle se trouvait sur place avant sa mère pour accueillir Don, et s'est même présentée à lui sans aucun complexe entièrement nue :
    Contrairement à ce qu'il attendait, Don passe une nuit exceptionnelle avec Laura - et visiblement, la quitte de la façon la plus romantique possible, main dans la main :
    D'une très bonne humeur, il décide de mettre sur la route le disque que lui a prêté son voisin Winston - basé durant tout le film sur le jazz éthiopien de Mulatu Astakte, que vous pouvez découvrir ici :
    2) Il se rend ensuite chez Dora (Frances Conray), qui l'accueille d'une façon bien moins sympathique que Laura, à qui il offre néanmoins les même fleurs qu'à cette dernière :
    En fait, Dora lui parle un peu de son métier, dédié à l'immobilier, mais se demande surtout comment il a pu prendre contact avec elle :
    Heureusement, il mange cette fois-ci avec son mari Ron (Christopher McDonald), qui a l'air beaucoup plus agréable que sa femme... Manque de bol, il lui révèle son incapacité à avoir des enfants avec elle, ce qui n'a pas l'air de menacer leur couple :
    Don lui dit alors la même chose, qu'il n'a pas non plus d'enfants :
    Une fois rentré à l'hôtel, il se décourage visiblement, et s'entretient brièvement au téléphone avec Winston, ne serait-ce que pour marquer son incompréhension :
    3) Il se rend tout de même chez la troisième femme, mais celle-ci est impossible à voir sans que Don ne soit tout d'abord accueilli par son assistante (Chloë Sevigny) - qui a l'air particulièrement dure à ce sujet :
    Mais il se voit finalement accorder une discussion assez courte avec la vétérinaire Carmen (Jessica Lange) - où elle lui parle surtout de l'abandon de son ancien métier de magistrate pour celui-ci qu'elle préfère nettement, les animaux ayant la puissance de communiquer ce que jamais les hommes ne pourront envisager :
    Du coup, étant convaincu qu'elle n'a jamais été en couple ni eu d'enfant, Don adhère à son point de vue et lui avoue n'avoir non plus été jamais marié :
    4) Enfin, il se rend chez la dernière sur la liste, Penny (Tilda Swinton, célèbre pour ses rôles ambigus), que d'ailleurs il ne trouve pas tout de suite... Non seulement la maison est beaucoup plus délabrée que les trois précédentes, mais son entourage masculin de motards semble pour le moins bizarre :
    Quand il finit par la rencontrer, elle se montre très acide, lui parle franchement, et lui dit  avec une grande franchise toute la vérité sur leur soi-disant relation amoureuse :
    Mais cela n'empêche pas Don de continuer, avec ses interrogations :
    Résultat ? Il finit par se faire tabasser assez violemment par les copains de Penny... Et passe visiblement la nuit dans sa voiture perdue sur un champs, faute de mieux :
    5) Evidemment, cela serait censé se terminer ainsi... Mais il reste encore à Don un être mort à voir, Michelle Pepe, dont il aimerait bien découvrir la tombe. Comme il se trouve assez défiguré par sa bataille récente, il a la chance de tomber sur une jeune fille fort gentille, Sun Green (Pell James), qui non seulement lui arrange le visage, mais lui indique aussi la route précisément pour se rendre au cimetière :
    Cela aurait été une assez belle conclusion pour le film, non ?
    6) Finalement de retour chez lui, Don dit à Winston ce qu'il pense vraiment de toute cette histoire, à ses yeux complètement inutile :
    Mais il reste un élément dont il n'a encore aucune idée... Il s'agit d'un jeune homme (Mark Webber) rencontré à la sortie de l'aéroport, qui pourrait bien - ou non ? - être son fils :
    En fait, Don passe son temps à lui poser différentes questions... Hélas sans en obtenir de réponses convaincantes, allant même jusqu'à pousser Mark à fuir le plus vite possible dans les rues de New-Jersey :
    Résultat de sa longue route : sa tête profondément énigmatique et triste... Qui le montre sous un tout autre aspect que lors du début, où il se trouvait dans les bras de Laura :

    Juste histoire de vous le faire rapidement découvrir, un sympathique trailer, nous montrant bien les quatre phases de ce film :

    Evidemment, cela est absolument typique de Jim Jarmusch, non seulement par sa construction en différentes parties, mais aussi par sa grande lenteur apparente, sa traversée du pays (ou du monde), et surtout - chose qui lui semble très liée - son passage du plus optimiste des sentiments à la dépression la plus noire, sans nous en donner une véritable et convaincante explication...

    En tous cas, c'est un film qui dans l'ensemble a très bien marché, vu qu'il a rapporté environ cinq fois le montant du budget initial de 10 millions de dollars (très faible, vu la présence d'au moins trois grandes stars), et surtout du fait qu'il a obtenu en cette année 2005 le Grand prix du Festival de Cannes.

    Je ne peux donc - même si vous n'êtes pas verseau - que vous encourager à le voir, de même que Night on Earth ou Ghost Dog, dont je me suis déjà révélé comme un grand fan ici-même !

    Autres films du même réalisateur : Ghost Dog

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