Sorti en 1981, il s'agit du troisième film de Terry Gilliam, après le succès bien connu de Monthy Python : Sacré Graal ! (qu'il a co-réalisé avec Terry Jones), et juste avant son génial Brazil (1985), avec lequel il a conquis la scène internationale, qu'il revendiquera avec encore plus de force grâce à l'exceptionnel 12 Monkeys (1995).
C'est donc un tout puissant réalisateur, dont - honte sur moi - je n'ai découvert cet Opus que tout récemment sur ARTE, et que le titre anglais qualifie bien mieux que l'appellation française de Bandits, bandits, faisant disparaître l'élément essentiel de toute l'histoire, le temps :
Comme le montrent les premiers plans, c'est un film conçu pour être regardé aussi bien par les parents que par les enfants, et l'on découvre alors que les enthousiasmes de ces derniers sont bien différents de ceux des deux vieux, sans cesse en train de s'engueuler pour des détails insignifiants, ou pour des questions de technique :
Pour être exact, ce fils unique, Kevin (Craig Warnock), a des vues tout à fait différentes de celles matérialistes de ses deux parents, et il s'en aperçoit bien vite lorsque sa chambre est envahie d'un seul coup par six personnes venues du moyen-âge - contre lesquels il ne peux rien faire, même si ceux-ci sont en fait de très petite taille pour des adultes :
Certes, leur chef Randall (David Rappaport) tient entre les mains une carte qui a l'air très importante - et nous n'allons pas tarder à le découvrir via l'insistance dont fait preuve un vaste crâne pour la récupérer :
Mais cette image terrifiante n'est que l'une des possibilités dont dispose le génie du mal, autrement dit le maître de l'enfer - disposant selon son bon vouloir de tout ce qu'il désire, et le pourra encore mieux dès qu'il aura récupéré cette fameuse carte, qui lui a été volée :
En attendant, Kevin et ces six individus relativement inquiétants (amis, ou ennemis ?) se retrouvent au vrai moyen-âge, et assistent sans pouvoir les aider à la prise en otages de deux individus - Pansy (Shelley Duvall) et Vincent (Michael Palin, coscénariste du film et de Monty Python, dont il est l'un des concepteurs et un incroyable acteur) :
Mais cela ne dure pas longtemps... Avant même de comprendre pourquoi, les sept personnes se retrouvent d'un coup à une époque très différente, où Napoléon (Ian Holm) règne en maître absolu :
Et bien que celui-ci ait l'air de s'amuser beaucoup à la fameuse représentation des six nains, cela ne l'empêche pas d'être fort riche - ce pourquoi ils sont tous venus ici, n'hésitant pas à en repartir aussi vite que possible, dès qu'ils auront récupéré ce qu'il y a de plus beau dans ses affaires (entre lesquelles se trouve bien sûr la fameuse Joconde de Léonard de Vinci) :
Nous en sommes à peine au tiers du film, et cela est déjà hallucinant de voir avec quelle insistance Terry Gilliam nous a transporté au travers du temps, et surtout avec le perfection de ces effets spéciaux, en cette année 1981 !
Raison de plus pour revenir dès que possible au moyen-âge, où les sept découvrent avec la plus grande surprise Robin des Bois (John Cleese, lui aussi un grand concepteur de Monthy Python), ainsi que toute sa bande organisée :
Néanmoins, sa façon de s'approprier tout ce qu'ils viennent de dérober à Napoléon les choque beaucoup - surtout qu'il ne veut surtout pas les conserver, mais les donner à des gens encore plus pauvres que lui et ses hommes, ce dont vous pourrez vous rendre compte dans cette courte vidéo :
En fait, c'est en passant au travers d'une porte virtuelle que les sept parviennent aussi facilement à se déplacer... Mais à ce moment, il y en a deux, et Kevin prend apparemment la plus mauvaise :
Ce que la lutte dans laquelle il débarque a l'air de lui confirmer, tombant sur deux hommes masqués qui se battent avec violence, jusqu'à ce que l'un d'entre eux finisse par y passer :
Regardez, ça vaut vraiment le coup, surtout entre Kevin et le mythique Agamemnon - a priori de la culture grecque, mais en réalité filmé dans le splendide Ksar d'Aït-ben-Haddou du Maroc :
Agamemnon est bien sûr l'acteur déjà fort célèbre Sean Connery, qui se conduit envers Kevin avec une grande bonté, lui offrant tout d'abord le masque qu'il portait :
Mais le faisant de plus participer à une grande fête en présence de son épouse Clytemnestre, et en lui donnant par héritage tous les biens de Mycènes :
Malheureusement, les six manquants ont finalement réussi à prendre la bonne porte virtuelle, et l'emmènent aussitôt dans un autre endroit, et devinez lequel ? Il s'agit, en 1912, du Titanic, sur lequel on retrouve à bord, comme si rien ne leur était arrivé, Pansy et Vincent (Michael Palin), qui sont en train de se draguer à l'ancienne :
Bien avant que le fameux Titanic ne soit sur les écrans grâce à James Cameron (1997), Terry Gilliam semble faire preuve d'un bon instinct en évoquant déjà la rencontre de ce bateau avec un iceberg, d'où seuls quelques personnes purent être sauvées :
Tout ça pour se retrouver dans un autre bateau bien plus dangereux, dirigé à l'ancienne par l'ogre Winston (Peter Vaughan) et sa femme, qui vont tenter de mettre ces sept personnes dans une bonne marmite - chose dont ils échappent à la dernière minute, jetant par-dessus bord l'ogre et son épouse affamée :
Pour passer dans un troisième bateau, lequel n'avance pas, mais se borne à être soutenu sur la tête d'un très grand homme - et là, l'on ne sait plus trop de quelle période il s'agit :
Peu importe, au fond... Car en suivant toujours les portes en question, les sept personnes arrivent finalement à un endroit beaucoup plus inquiétant, où ils finissent tous dans une prison suspendue en l'air, dont ils ne peuvent sortir qu'en faisant usage des cordes :
Bien sûr, tout cet endroit est la propriété du maître de l'enfer... Et bien que tout le monde ait réussi à sortir de cette prison, et même à ramener des armes bien plus efficaces, le génie du mal ne se prive de rien pour réussir à récupérer sa propre carte, ce qu'il vise depuis le début :
C'était hélas compter sans la présence de Dieu lui-même, habillé en costume et très bien élevé, qui après les avoir gentiment grondé à cause de leurs armes inefficaces, se décide finalement à tuer le maître de l'enfer - comptant bien tout refaire d'une façon bien plus appropriée :
On aurait pu croire qu'à ce moment précis, se révélerait soudain le manque de pouvoir du réalisateur sur les effets spéciaux, mais pas du tout ! Ceux-ci sont remarquablement bien faits, surtout pour l'époque, et cela se termine exactement de la même façon dont ça a commencé, tout d'abord avec le rapatriement du jeune Kevin sur son lieu habituel :
Ensuite avec l'incendie qui a dévasté tout l'appartement, laissant ses deux parents débattre - comme d'habitude - de problèmes inintéressants, et de technologie déjà désuète :
Vous souhaitez savoir qui est le valeureux pompier (qui fait un clin d'œil à Kevin), ainsi que connaître la fin du film ? Libre à vous de regarder cette très courte vidéo, qui ne dure que 1'30" :
En tous cas, c'est l'un des très rares films à pouvoir être admiré aussi bien par les parents que par les enfants, ce qui ne se produit pas souvent dans ce genre de voyage à travers la planète et le temps - entre autres, dans 2001, l'Odyssée de l'espace, voire pire dans L'Armée des douze singes, réalisé bien plus tard par le même Terry Gillian... Evidemment, cela tient beaucoup au fait que le principal héros est Kevin (Craig Warnock, qui a tout juste 11 ans), mais aussi dans sa grande variété de situations et de périodes, sans jamais monter trop loin dans la violence ou l'hystérie - ce qui sera bien loin d'être le cas dans Brazil, un film assez traumatisant daté de 1985.
Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup aimé cet Opus, même si Terry Gilliam est un auteur bien particulier, auquel on peut faire confiance à tort (entre autres, avec Las Vegas Parano ou Les Frères Grimm), mais souvent s'en relever grandi, comme c'est le cas avec Bandits, bandits, Brazil, ou L'Armée des douze singes... J'espère que vous en penserez la même chose, et vous souhaite une très bonne vue de cette œuvre bien particulière !
Vous voulez savoir pourquoi je décide de parler d'un film de 1995, au second degré très ironique, d'une certaine façon ? Tout simplement parce que j'en ai eu un tout petit peu marre de fouiller ma bibliothèque DVD, afin d'en ressortir dans l'indifférence générale trois Opus très puissants (Amores perros, 21 grammes et Babel), un véritable chef-d'œuvre absolu (Silence), ou encore - plutôt rare - un excellent film d'horreur (The Ring)...
Alors cette fois-ci, je me suis juste mis devant la rediffusion sur FR3 de Desperado, en espérant que cette seconde création de Robert Rodriguez me fera gentiment participer à une bonne soirée, avec rire, dérision, et évidemment sentiments :
Connaissez-vous Robert Rodriguez ? C'est un réalisateur texan, presque mexicain comme Alejandro Iñarritu, et qui bien avant le succès planétaire de Sin City ou de Planet Terror, s'est déjà bien imposé grâce à son premier film El Mariachi (1992), dont il envisage donc la suite avec Desperado, et une musique et des acteurs bien plus connus du grand public.
Meilleure preuve avec Buscemi (Steve Buscemi), auquel l'auteur a donné le même nom que dans la vie réelle, tellement il pensait à lui dès l'écriture du scénario... C'est ainsi lui qui démarre le film, en racontant mine de rien face au patron indifférent l'histoire de El Mariachi, propos qui semblent l'ennuyer, jusqu'à ce que Buscemi cite le nom de son principal ennemi, Bucho :
L'on découvre alors El Mariachi en personne, le fameux Antonio Banderas - qui joue de la guitare et chante lui-même, notamment le premier titre du film, Cancion Del Mariachi :
Vous pouvez le voir et l'entendre, c'est sacrément bien interprété :
Mais ceci n'est que le début, qui se passe dans une autre ville... Lorsqu'il a fini de chanter, il se dirige comme il peut vers Ciudad Acuña, plus grande, et surtout bien équipé dans son étui de guitare - qui outre le fameux instrument, renferme un grand nombre d'armes :
C'est pour Robert Rodriguez l'occasion de mettre en scène un vague client du bar - qui hormis la vanne qu'il balance vite fait, se révèle en fait être Quentin Tarantino, un autre cinéaste très complice et ami de notre réalisateur, avec lequel il a d'ailleurs tourné plus tard le double programme Grindhouse, comportant Planet Terror et Death Proof :
L'on découvre au passage un peu mieux ce qui est renfermé dans l'étui de la guitare, relativement impressionnant :
Juste avant de voir El Mariachi manquant tout juste de se faire tuer, secouru en dernière minute par Carolina (Salma Hayek, qui fut rendue très connue par ce film, et quelques années plus tard grâce au superbe Frida de Julie Taymor) :
Dès lors transformée en chirurgienne inattendue, elle ne se fixe pour tâche que de traiter au mieux El Mariachi, dont elle tombe bien vite amoureuse - ceci étant évidemment partagé de l'autre côté :
On croise Buscemi une dernière fois, où après un bref entrevue avec El Mariachi dans l'église Sainte-Cécile, il laisse finalement ce dernier se débrouiller tout seul :
Ce qui certes ne se révèle pas du tout facile, lorsque l'on découvre enfin son adversaire fétiche Bucho (Joaquim de Almeida), et tous les moyens et les puissances dont il dispose :
Surtout qu'il tente déjà de l'assassiner via Navajas (Danny Trejo), une attaque au couteau très impressionnante - dont je n'ai malheureusement trouvé aucune trace en vidéo, désolé :
Mais El Mariachi va encore s'en tirer, et c'est là l'occasion de combiner les trois facettes de ce film : le chant, l'amour, et enfin la destruction de tout ce beau monde... On va débuter avec la belle voix de Carolina, qu'elle sort finalement sans guitare :
Pour poursuivre aussitôt après par une vaste attaque combinée par Bucho, et là, ils vont utiliser tous les moyens pour y mettre fin :
Il faut dire que la philosophie de cette longue scène est à proprement parler typique de ce film, qui jouit maintenant d'un fond de 7 millions de dollars - autrement dit, rien à voir avec le précédent El Mariachi, dont le budget était seulement de 7000 dollars (incroyable en 1992, mais vrai !) :
Robert Rodriguez a ainsi l'occasion d'en sortir pas mal d'humour, de scènes impossibles, d'extravagantes sautes d'humeur et de surréalistes conclusions - tel l'incendie de la librairie que tenait Carolina, qui va désormais contraindre El mariachi à en recourir à ses options cachées :
Pour une fois, j'en ai trouvé une très belle vidéo, que je vous conseille vivement :
Mais El Mariachi n'est pas du tout prêt à se laisser aller, et il convoque à la dernière minute ses deux amis guitaristes comme lui, Campa et Quino - lesquels disposent de deux étuis encore pires que le sien, pouvant à tout instant se transformer en lance-grenade ou en tireur de missile :
Là encore, il s'agit d'une scène assez longue, mais particulièrement bien filmée - quel que soit le surréalisme et l'impossibilité du genre :
Toujours est-il que El Mariachi parvient finalement à son but, réussir à coincer Bucho, parmi tous ses gens... A cette occasion, Bucho tente donc une dernière possibilité, celle de redevenir celui qu'il a toujours été, César - autrement dit, le frère de El Mariachi lui-même :
Hélas - ou tant mieux, pour ceux qui ont déjà vu El Mariachi -, Antonio Banderas ne voit qu'une seule solution : lui tirer dessus, et pas qu'une seule fois ! Désormais résolu à quitter la ville, il marche un petit peu sur la route... Juste avant que Carolina lui propose, sans grande surprise, de monter dans sa voiture, pour aller où bon leur semble :
Alors, que dire de tout cela ? Et surtout, où s'inscrit-il dans la vaste trilogie qui retrace la destinée du musicien dans ce vaste pays (à savoir, El Mariachi (1992), Desperado (1995), et Il était une fois au Mexique... Desperado 2 (2003) ?
Pour être honnête, je trouve que c'est le meilleur des trois films, pour la bonne raison qu'il sait instantanément s'installer dans la bonne limite entre logique et absurdité, rationalisme et surréalisme, pieds sur terre et grand délire - d'où le résultat obtenu, digne de Last Action Hero de John McTiernan, de Groundhog Day de Harold Ramis, ou encore de La Cité de la peur de Alain Berbérian, tous sortis au maximum deux ans auparavant...
Il y a beaucoup de choses dont nous devons pardonner le tout premier El Mariachi - ne serait-ce que son minuscule budget de 7000 dollars, ce qui obligea son auteur à utiliser des acteurs quasiment inconnus, à se passer du sens de l'humour, et à recourir à des processus délicats de la part des caméramans... Mais ça reste tout de même un bon film, le tout premier de son réalisateur.
Par contre, il en va tout autrement avec Il était une fois au Mexique... Desperado 2, qui malgré son budget hallucinant de 29 millions de dollars, et la conservation d'Antonio Banderas et de Salma Hayek, s'est perdu dans une logique et une exagération impossibles à digérer, de même que dans le choix d'acteurs qui visiblement ne se sont pas beaucoup amusés, Johnny Depp, Mickey Rourke et Eva Mendes... Je n'ai pas du tout aimé ce film (surtout comparé à Desperado), et je crois que comme moi, vous préférerez prendre le meilleur que le pire dans l'œuvre de Robert Rodriguez, qui a heureusement beaucoup de choses à nous offrir !