Avant de commencer, une seule question : quelqu'un connait-il un couple plus charmant, plus attirant, plus mythique et plus sensuel que George Clooney et Jennifer Lopez ? C'est possible, mais très improbable, surtout lorsque l'on a vu - au moins une fois - ce film de Steven Soderbergh sorti en 1998 (Hors d'atteinte en français).
Comme souvent, le réalisateur se base sur des œuvres littéraires existant déjà auparavant, en l'occurrence Loin des yeux d'Elmore Leonard, qui avait déjà servi l'année précédente à la conception de Jackie Brown de Quentin Tarantino, grâce à son roman Punch créole (1992). En outre, Steven Soderbergh ne se prend pas trop au sérieux, de sorte que cet Opus est toujours très agréable à voir, se fondant tout à la fois dans une histoire invraisemblable, une bande de déjantés assez grave, un couple adorable à voir, et surtout un sens de l'humour irremplaçable !
Commençons tout de suite avec Jack Foley (George Clooney), en train de se livrer au moins pour la cinquantième fois à l'attaque très discrète et bien étudiée d'une banque :
Sauf que... Manque de chance ou pas, sa voiture ne veut pas démarrer, et le livre ainsi d'emblée à la police :
Il se retrouve donc en prison, où comme d'habitude, il met un plan en route pour s'en évader le plus vite possible... Cela marche pour lui comme pour cinq autres personnes, et il vont finir - sans un seul mort - par sortir de l'autre côté du mur en passant sous la terre :
Malheureusement, une marshal qui cherchait l'un des cinq, Karen Sisco (Jennifer Lopez) se pointe immédiatement... Et ne serait-ce sans l'intervention rapide de Jack Foley et son incomparable ami Buddy Bragg (Ving Rhames), elle y parviendrait sans doute :
Résultat ? Pendant que Buddy Bragg conduit la voiture, Jack Foley et Karen Sisco se retrouvent dans le coffre... Où ils ont d'abord une discussion assez agitée, mais ceci se relativise bien vite, et se termine en toute beauté par une conversation élégante au sujet du cinéma - le tout sous une très belle lumière rouge :
Il n'empêche : Jack Foley et Buddy Bragg doivent se tirer de leur côté, en laissant toute seule Karen Sisco... Et en plus, en lui retirant son arme, qui lui avait été offerte peu de temps avant par son père :
Voilà, l'on en sait plus sur ces différents personnages... Mais pas encore assez pour comprendre l'essentiel de l'histoire, qui s'explique mieux en remontant deux ans plus tôt, où Jack Foley, Buddy Bragg et le détraqué Glenn Michaels (Steve Zahn, couvert de lunettes au centre de l'image), tous encore en prison, s'interrogeaient beaucoup sur la prétendue fortune d'un nommé Richard Ripley :
De retour aujourd'hui, Jack Foley en profite pour dire à son ami Buddy Bragg tout ce qu'il pense de cette histoire dans le coffre avec la belle marshal :
Et pendant ce temps-là, Karen Sisco pense exactement la même chose... C'est troublant, non ?
Sauf que l'on s'aperçoit qu'en fait, il s'agit tout simplement d'un rêve, et l'on s'en rend bien compte lorsque son père, Marshall Sisco (Dennis Farina), vient la réveiller :
Nous revenons encore une fois deux ans auparavant, avec le très riche Richard Ripley (Albert Brooks), sévèrement encadré par le diabolique Maurice Miller (Don Cheadle) - qui va se révéler de plus en plus comme un malfrat déjanté :
Jack Foley est juste là pour dire ce qu'il pense de toute cette histoire - mais il le dit vraiment :
De retour à notre époque, l'on découvre d'ailleurs l'ancienne femme de Jack Foley, Adele (Catherine Keener), qui s'entretient avec Karen Sisco, tout d'abord à propos de lui :
Puis qui s'avère inquiète des coups à la porte frappés par Chino (Luis Guzman), l'un des cinq évadés de la prison avec Jack Foley... Mais peu importe, Karen Sisco est bien là, et va l'arrêter immédiatement. Ce qui va enfin l'aider à rejoindre le groupe principal, chose dont elle a toujours rêvé :
Mais ce n'est plus du tout un rêve, cette fois-ci, surtout lorsque malgré sa restriction au rez-de-chaussée, elle voit - très peu de temps - le fameux Jack Foley, qui a la gentillesse de lui dire bonjour :
Croyez-moi, cela vaut vraiment le coup :
En tous cas, beaucoup mieux que lorsque l'on voit, dans la sinistre ville de Detroit, Maurice Miller en tête d'un groupe de losers (parmi lesquels figure évidemment Glenn Michaels, auquel il s'adresse) :
Surtout que Jack Foley s'est déplacé dans le même coin, et s'entretient à propos de tout et de rien avec Maurice Miller :
En fait, comme le braquage en question concerne directement Richard Ripley - auquel Jack Foley à aussi l'intention de se rendre -, ce dernier repense à la soi-disant remise au travail que lui avait promis Richard Ripley suite à la prison, et qui s'est très mal passée, finalement :
Mais l'on en vient à la scène mythique du film, où celle qui a donné un faux prénom - Celeste - attire involontairement trois hommes à sa table. Mais elle sait très franchement quoi leur dire :
Sauf pour un, devinez qui ? Evidemment, c'est Jack Foley... Et elle tombe aussi sous le charme, il va sans dire :
Résultat, ils se retrouvent tous les deux dans une chambre d'hôtel, où ils échangent tout d'abord des propos plutôt légers :
Avant d'en passer à quelque chose de bien plus sérieux, cela va de soi :
Mais l'on ne verra rien de plus, hélas... Désormais, il faut travailler sérieusement - si l'on peut dire - , et Jack Foley accepte la proposition de Maurice Miller de se joindre à son groupe, afin de cambrioler la maison de Richard Ripley :
Ils rentrent d'ailleurs facilement dans ce pavillon, où selon les aveux de la soubrette Midge (Nancy Allen, l'ex-femme de Brian De Palma, jusqu'en 1983), Richard Ripley est parti en vacances, ce qui gêne beaucoup Maurice Miller dans un premier temps... Mais Jack Foley ne met pas longtemps à découvrir que cette absence n'est que prétexte, et retrouve Richard Ripley caché dans une petite pièce :
Pendant ce temps, Maurice Miller en profite pour fendre difficilement le coffre, dans lequel il ne découvre pourtant que des perruques :
Comme d'habitude, c'est Jack Foley le meilleur de tous... Surtout lorsqu'après avoir découvert Richard Ripley à l'insu de tout le monde, il s'aperçoit avec son ami Buddy Bragg où sont réellement les diamants :
Jack Foley conseille à Buddy Bragg de partir de son côté, pendant qu'il est encore temps, tandis que Richard Ripley se lamente sur celle qu'il aime, Midge :
En fait, nous sommes là exactement comme dans un opéra : il y a eu la présentation des personnages, leurs histoires individuelles, un ou deux petits retours dans le passé, le thème essentiel de l'amour, alors que manque-t-il ? Oui, vous avez bien raison, la scène finale qui concentre tout cela en un seul endroit au même moment, et vous allez voir, c'est vraiment très bien fait !
Toujours dans la maison de Richard Ripley, Jack Foley commence tout d'abord à marcher prudemment, afin de voir ce qui s'y passe... Mais il manque bien de se faire tuer par l'un des associés de Maurice Miller :
Fort heureusement, celui-ci nous est présenté comme un débile profond, qui par pure maladresse trébuche et se tire lui-même dessus :
Il n'empêche, il reste encore Maurice Miller en personne, peu décidé à se faire avoir... Mais Karen Sisco rentre à ce moment précis dans la pièce, et l'abat sans plus tarder :
Résultat final ? Il ne reste plus dans la maison que deux personnes, Karen Sisco et Jack Foley, et ceci ne va se résoudre qu'avec une "petite balle" tirée par la marshal :
Ce n'est pas tout à fait la véritable conclusion, mais ceci reste très agréable à voir :
Bien sûr, c'est elle qui a tout gagné, et elle n'en tire que des déductions parfaitement logiques sur Jack Foley :
Mais il reste malgré tout un dernier voyage à faire vers la prison, et contre l'avis général, celui-ci ne se passe pas tout seul, mais en compagnie de Hejira Henry (Samuel L. Jackson, qui a effectué ce petit caméo non crédité)... Et je suis sûr que vous pourrez deviner pourquoi :
Comme chacun le sait, "La route est longue jusqu'en Floride", et il peut donc s'y passer beaucoup de choses :
Voilà, c'est ainsi que l'œuvre se conclut, et je ne sais pas ce que vous en pensez, mais personnellement, je trouve toujours ceci excellent, très bien réalisé, et joué par des acteurs à leur sommet !
Dans LA Weekly, on écrivait : "Ce n'est pas un film profond, ou encore un film majeur, mais il n'essaye pas de l'être. C'est si divertissant et si rempli de petits plaisirs satisfaisants que vous ne réalisez pas combien c'est bon jusqu'à ce que ce soit fini". C'est grosso modo ce que j'en pense, et je vous laisse regarder un tout petit spoiler pour en être convaincu :
Voilà, j'en ai fini pour aujourd'hui, et je vous souhaite d'en tirer autant de plaisir que je le fais !