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  • samedi, juillet 01, 2006

    SERGE GRÜNBERG (DAVID CRONENBERG)

    Un très beau livre… 
    Que je ne saurais trop vous recommander, tellement il est intelligent et génial, les entretiens de David Cronenberg avec Serge Grünberg, aux éditions des Cahiers du Cinéma :
    Juste pour vous allécher, je vous mets un petit extrait de l'article sur eXistenZ"Cronenberg s'est toujours défini lui-même comme un cinéaste "existentialiste". Avec eXistenZ, on s'approche sans doute un peu mieux de ce que ce concept recouvre. Le film pourrait sembler presque théorique tant il se déploie dans l'épure, mais il n'en reste pas moins merveilleusement moderne, ne serait-ce que parce qu'il avance en nous proposant sans cesse des hypothèses qu'il détruit à mesure. Allegra Geller (la magnifique J.J. Leigh que Cronenberg s'est battu pour avoir dans son film) incarne ici le stade suprême de l'artiste : celle qui, littéralement, crée d'autres mondes. Dans le futur improbable que Cronenberg brosse (une civilisation hyper technologique qui serait revenue à la campagne), elle est même une figure mystique, une "déesse" est-il dit, qui bâtit des univers alternatifs grâce à une empathie avec sa "console" organique, dans une relation auto-érotique qui n'est pas sans rappeler certaines pages de Burroughs. Elle va devoir lutter contre une organisation terroriste, les "réalistes", qui pensent pouvoir interdire à l'esprit de ratiociner, de divaguer, pour revenir définitivement à la réalité. Mais où sommes-nous vraiment ? Dans la tête de qui, exactement, le déroulement de l'intrigue est-il perçu ? Sous des airs de modeste conteur de science-fiction, Cronenberg se livre à un délitement à peu près total de toute narrativité rationnelle, si bien que la créatrice, en chemin, ne sera plus qu'un personnage et que nous découvrirons, ébahis, que si cette histoire n'a pas de fin, elle n'a - et c'est beaucoup plus rare - pas de début ! Tout comme la phrase "Be afraid, be very afraid !" a due être citée cent fois depuis qu'on l'a entendue dans The Fly, "Are we still in the game ?" risque de devenir une réplique "culte". Le cinéaste a souvent dit que l'idée centrale du film lui était venue en interviewant Salman Rushdie (l'écrivain ne vivrait pas dans le même espace-temps que les mollahs qui l'ont condamné à mort), lequel lui rendit la politesse dans une tribune où il voyait dans la mort de Lady Diana une sorte de remake de Crash ! Nous sommes déjà, sans le savoir toujours, des personnages d'eXistenZ, tout comme nous décou­vrions, il y a vingt ans, que nous vivions dans Videodrome.
    Bien qu'il s'en défende, Cronenberg sait bien, au fond, que tout artiste véritable est un prophète (c'est d'ailleurs ce que dit lan Holm (Frost) dans Naked Lunch, à propos de Bill Lee, ce William Burroughs imaginaire mais plus "vrai" que le vrai), et qu'imperceptiblement la réalité commence à ressembler à ses films. Mais eXistenZ est aussi, comme toute l'œuvre de Cronenberg, une réflexion profonde et fine sur ce qu'est le cinéma, où chaque plan, même le plus apparemment banal, peut nous saisir, à l'improviste, par son intelligence et sa beauté (je pense à la fuite d'Allegra et de Pikul dans la Land Rover, sur fond de forêt nocturne (qui fait penser à North by Northwest d'Hitchcock), ou à la file des ouvriers à la démarche machinale qui vont de l'atelier de la Trout Farm au Restaurant Chinois (qui évoque Metropolis de Fritz Lang)).
    La présence de Cronenberg dans la "banlieue" d'Hollywood pose en fait la question "Le cinéma est-il un art popu­laire ?" Si c'est le cas, peut-on espérer que d'authentiques artistes en transgressent les normes et en ignorent la répétitive médiocrité ? Ce pari qu'il a fait, depuis presque trente ans, semble nous donner quelque espoir. Même si elle est toujours le fruit d'un malentendu, la notoriété, sans être une garantie, l'a jusqu'à présent préservé. Sa vitalité, son ironie mordante mais jamais condescendante et sa fantastique imagination permettent à Cronenberg de gagner, à chaque génération, de nouveaux admirateurs, tout étonnés de "découvrir" lors d'une séance de nuit à la télévision, chez un loueur de vidéo et, quand ils le peuvent, dans une salle de cinéma, des films si modernes et si déviants qu'ils semblent venir d'autre part. Comme Max Renn apprenant que l'émission Videodrome ne vient pas d'Extrême-Orient, mais de Pittsburgh... La porte à côté !".
    Bon. C'est grand, quand même, comme analyse... En tout cas bien mieux que mes tout petits commentaires, non ?
    Dans le même ordre d'idée, je vous conseille également très vivement la lecture de cet autre chef-d'œuvre, David Lynch (Entretiens avec Chris Rodley) :
    Ont-ils publié l'équivalent avec Kubrick, ou Eastwood, entre autres ?
    Dites-moi, si vous savez, please...

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