Avez vous déjà vu et aimé ce film, qui en 2010 marquait la première intrusion d'Edward Zwick dans le domaine comique, sept ans après son chef-d'œuvre que fut The Last Samurai ? Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais à mes yeux, il s'agit d'un Opus excellent, non seulement très drôle, mais en outre bien réaliste, puisqu'il traite sans hésiter de la maladie de Parkinson, la seconde après celle d'Alzheimer à frapper les êtres humains vieillissants, et beaucoup plus rarement les jeunes personnes.
Cela pourrait être complètement raté ou vulgaire, mais ce n'est pas du tout le cas, entre autre grâce à la présence essentielle de Jamie Randall (Jake Gyllenhaal, le principal acteur du film)... Au début, il joue le rôle d'un simple vendeur de hi-fi, très expressif vis-à-vis des jeunes filles, mais fini par se faire virer par le patron dont il a couché avec la femme, et se retrouve comme par hasard comme délégué médical pour Pfizer - marque qui existe vraiment, avec laquelle Jamie Reidy, l'auteur du livre qui a inspiré Edward Zwick, a longuement collaboré :
Au fond, peu importe... Jamie Randall ne vend plus la même chose, mais toujours aussi efficacement, d'autant plus que la marque pharmaceutique ne se gène pas du tout pour mettre en valeur ses médicaments anti-Parkinson - l'ensemble se déroulant dans la ville de Pittsburgh, véritable centre médical des Etats-Unis :
Il se retrouve accompagné de son petit frère Bruce Jackson (Oliver Platt)... Lequel est évidemment moins beau, déjà marié, légèrement grossissant, mais absolument expert en matière de vente :
Il ne lui reste plus qu'à rencontrer dans un hôpital Maggie Murdock (Anne Hathaway), pour que tout le film se base sur ce fabuleux couple... Elle aussi est absolument extraordinaire dans ce rôle complexe, et avait déjà joué avec Jake Gyllenhaal cinq ans auparavant, dans Brokeback Mountain de Ang Lee :
Evidemment, tout ne se passe pas très bien entre tous les deux, au début, où elle s'offre le privilège de le frapper :
Mais ceci s'améliore très vite dans un bar :
Où elle finit, en dépit de ses propos, par se l'offrir vite fait bien fait :
En fait, toute la première partie du film se base sur cette attirance incontrôlable pour le sexe, qu'ils connaissent tous les deux à la perfection - bien qu'ils le vivent de façon fort différente, on comprendra mieux pourquoi par la suite. C'est la grande particularité de cette relation, qui au lieu de commencer par des sentiments et finir par l'acte sexuel, suit exactement le sens inverse :
Certes, il y a aussi des fois où ça ne marche pas... Mais ceci n'est pas dû à elle, comme elle se permet de le lui faire remarquer, non sans une certaine ironie :
Du coup, Jamie Randall décide de la suivre au Canada, où il l'a vu effectuer son travail d'accompagnatrice de personnes âgées, et lui propose avec sincérité une relation plus sérieuse... Mais celle-ci y pose tout de suite ses limites, en refusant d'emblée d'habiter le même appartement, ou de se présenter des amis :
Petit à petit, il commence à deviner sa maladie, sans bien savoir qu'il s'agit de Parkinson... Mais comme par hasard, son frère lui présente peu de temps après un médicament extrêmement efficace pour l'érection, le Viagra - évidemment fabriqué par Pfizer :
Cela ne les concerne pas, vu qu'ils n'ont pratiquement aucun problème de ce côté... Bien au contraire, ils se montrent de plus en plus près l'un de l'autre, et vont même jusqu'à se filmer :
Résultat ? Ils finissent par se dire ce qu'ils ressentent vraiment l'un pour l'autre... Mais ceci a une influence étrange sur Maggie Murdock, qui ne sait plus vraiment où elle en est :
Du coup, Jamie Randall lui dit ce qu'il pense vraiment, qu'elle devrait l'accompagner à Chicago pour assister à une conférence sur la maladie de Parkinson :
Comme par hasard, il tombe sur un homme marié avec une femme atteinte au dernier degré de cette maladie, qui lui déconseille fortement de se lancer dans une telle aventure... Mais cela ne déconcerte pas du tout Maggie Murdock, qui ne l'a pas entendu, et a au contraire capté toutes les opinions positives :
Enthousiastes dans un premier temps, ils entreprennent donc une balade immense à travers tous les hôpitaux du coin :
Mais celle-ci se révèle rapidement trop longue, trop variée, trop difficile à mettre en place... De sorte que Maggie Murdock préfère renoncer à tout pendant qu'il en est encore temps - y compris à sa cohabitation avec Jamie Randall :
Complètement déprimé par cette rupture incompréhensible, il accepte finalement - bien qu'il n'en ait pas franchement envie - d'accompagner son frère à une soirée nettement orientée sexe à Chicago :
Tout le monde est en pyjama ou complètement nu, et s'invite visiblement au sexe sans le moindre complexe :
Comme il en donnait l'impression, Jamie Randall s'est visiblement ennuyé au plus haut point... Mais son frère pas du tout, qui n'arrête pas de le complimenter dans la voiture vis-à-vis de ce qu'il a éprouvé pour la première fois de sa vie :
Puis comme par hasard, Jamie Randall revoit Maggie Murdock dans un café, en apparence avec un nouveau mec - dont elle ne se rappelle même pas le prénom :
Ils se quittent en bons termes... Mais cela n'empêche pas Jamie Randall de se livrer, une fois rentré chez lui, à son activité préférée - regarder les cassettes de Maggie Murdock :
En fait, il n'en peut plus... Il prend sa voiture, et poursuit le car de Maggie Murdock jusqu'au Canada, en attendant qu'il s'arrête enfin :
Et ils se disent enfin la vérité :
Mais c'est bien plus intéressant à découvrir sur ce petit clip, qui nous dévoile leurs attitudes très embarrassées - accompagnés en outre par la fort belle musique de James Newton Howard :
Vous n'aimez pas cette fin ? J'en doute fort :
Si jamais c'est le cas, regardez le trailer, et vous allez tout de suite changer d'avis :
Certes, je ne pense pas que cet Opus soit le plus grand de Edward Zwick, qui a davantage l'habitude de se consacrer à des sujets bien plus sensibles et véridiques, comme il l'a fait avec The Last Samourai (2003), Blood Diamond (2006) ou Les Insurgés (2008). Néanmoins, le thème est plutôt original, rarement traité à l'écran, en grande partie authentique, et surtout très drôle - ce qui n'est pas rien concernant ce genre de film, souvent déplorable dans 90% des cas...
En tous cas, Jake Gyllenhaal et Anne Hathaway remportèrent tous deux en 2011 le prix Golden Globe de meilleur acteur (et actrice) dans un film musical ou une comédie, ce qui montrent suffisamment la présence qu'ils occupent dans ce chef-d'œuvre. Personnellement, j'en suis très content !
Il s'agit sans conteste de l'un des films les plus brillants que j'ai jamais vu sur le sujet, en l'occurrence la rébellion de Satsuma, qui s'est produite en 1877. Ceci eut lieu au Japon, en pleine période de modernisation et de changement de culture, de langue et de vêtements, et ce fut la dernière manifestation des samouraïs, avec à leur tête Saigô Takamori - ici rebaptisé Katsumoto.
L'œuvre sera tournée en 2003 par Edward Zwick, en grande partie en Nouvelle-Zélande, avec ces deux acteurs fondamentaux : Tom Cruise, vraiment excellent dans ce rôle capital (situé juste entre Eyes Wide Shut et Collateral), et Ken Watanabe, son rival japonais, qui deviendra bientôt son ami.
Cela débute peu avant 1877, le capitaine Nathan Algren (Tom Cruise) - en grande partie inspiré du militaire français Jules Brunet - semblant mettre une certaine mauvaise volonté à se montrer lors d'un discours, qui lui semble de plus en plus lamentable :
Mais le lieutenant-colonel Benjamin Bagley (Tony Goldwyn) réussit tout de même à le convaincre par l'argent - même si Nathan Algren semble le détester depuis longtemps :
Peu de temps après, une fois tous rendus au Japon, ils doivent rencontrer l'empereur Meiji (Shichinosuke Nakamura), qui va leur dicter ses principales volontés, notamment celle de remettre bien à sa place le légendaire chef des samouraïs, Katsumoto :
Cela a l'air bien trop facile pour Nathan Algren, qui semble avoir déjà gagné cette bataille :
Mais lorsqu'il dort, il se revoit en 1876 aux côtés du général Custer et de Benjamin Bagley - tout à la fois en train de perdre en beauté, et de voir des sioux et des cheyennes en train d'agoniser :
Le lendemain, Monsieur Omura, un puissant homme industriel et politique (Masato Harada) - largement inspiré par Ôkubo Toshimichi - donne son ordre définitif, celui d'abaisser définitivement les samouraïs à la reddition... Ce dont Nathan Algren doute fortement, d'après ce qu'il a vu et entendu :
Mais il importe peu : c'est Monsieur Omura qui paye, et donc lui qui décide d'attaquer de nuit les samouraï... Nathan Algren a beau se sentir fort, un court instant, il est rapidement encerclé par ces guerriers impitoyables, vêtus à l'ancienne :
Ceux-ci décident, après l'avoir vaincu, de l'épargner, et de l'emmener dans le village qu'ils dominent encore, vraisemblablement Kagoshima... Il est à noter que les costumes des samouraïs, s'ils paraissent quelque peu extravagants, sont absolument authentiques !
Voici donc le second personnage le plus important de l'histoire, Katsumoto (Ken Watanabe), qui parait totalement opposé à Nathan Algren... Mais il décide malgré tout de le garder en vie, sachant très bien qu'il n'y a aucune façon de s'enfuir du village :
Ceci ne se passe pas très bien, au début, où Nathan Algren a l'impression d'être suivi en permanence - par des gens ne parlant pas un mot d'anglais :
Mais Katsumoto fait bien sûr exception, et veut déjà au départ connaître le nom de celui-ci - ce qu'il finit par obtenir, et cela lui suffit, dans un premier temps :
Curieusement, Nathan Algren, de peur de s'ennuyer, participe à pas mal de jeux - qui sont en réalité des ébauches de batailles relativement délicates... Mais il semble que finalement, il se sent paradoxalement plutôt bien, et continue à jouer tout seul une fois rentré à l'intérieur :
Et cela lui fait beaucoup de bien, finalement :
Il se sent de moins en moins américain, et après avoir appris quelques mots de japonais, comme goûté leur excellente cuisine et leur saké, il assiste avec un grand plaisir au spectacle que tout le monde organise, le théâtre Kabuki :
Cela devrait bien se passer, et pourtant... Une meute de guerriers, probablement envoyée par Monsieur Omura, entreprend d'un seul coup de les attaquer, se servant d'armes traditionnelles et de feu. Mais c'est évidemment sous-estimer les samouraïs, qui réussissent à les vaincre sans problème, et en plus aidés par Nathan Algren :
Résultat ? Monsieur Omura est bien obligé de se montrer un tant soit peu civilisé, et invite du coup tout le monde à venir à Tôkyô - dont on peut voir (c'est désormais une pure illusion) le château impérial d'Edo :
Katsumoto se livre à l'empereur Meiji, de la façon la plus appropriée possible, mais il est dans un premier temps rejeté :
Pire encore, Monsieur Omura décide contre toute attente de l'arrêter, et de le garder dans un endroit théoriquement bien protégé... Katsumoto tente son dernier atout, livrer à l'empereur Meiji son sabre ancestral, mais visiblement sans grand succès :
Nathan Algren a sa propre version des faits, et décide de s'y attaquer en toute légitimité - bien que cela ne soit pas spécialement facile :
Dans un premier temps, avec l'aide de Simon Graham (Timothy Spall), un photographe, il parvient à entrer dans l'intérieur... Et au grand étonnement de Katsumoto, il s'avère totalement de son côté, de plus en plus attaché à l'ancien Japon, à ses yeux beaucoup plus positif que celui qu'essayent de créer tous les gens autour de Monsieur Omura :
Il reste cependant à sortir et à regagner le village de Katsumoto, ce qui est nettement moins facile que prévu :
Néanmoins, ils arrivent à bien s'enfuir... Et une fois rendus à Kagoshima, tous les deux sentent la grande bataille se préparer, et tentent d'y trouver des solutions :
Ceci est nommé la rébellion de Satsuma, et il est vraisemblable que Edward Zwick ait choisi d'en traiter sa dernière phase, la bataille de Shiroyama, qui mettait en jeu en septembre 1877 près de 30000 soldats officiels, contre 500 samouraïs restants... Il n'est pas certain que la sœur de Katsumoto, Taka (Koyuki Katô), ai vraiment aidé Nathan Algren à porter l'armure de son défunt mari - mais l'idée est très agréable, malgré tout :
Toujours est-il que nous en sommes à contempler les deux armées, l'une trop moderne et déprimante en même temps, l'autre bien ancrée dans la tradition et prête à tout pour accueillir la première :
Une situation à laquelle Monsieur Omura et Benjamin Bagley sont naturellement préparés - tellement confiants dans les tout nouveaux obusiers (les mitrailleuses Gatling) qu'ils ne doutent pas une seconde de l'issue de cette bataille :
Dans un premier temps, pourtant, ils se trompent largement, et ne soupçonnent pas toutes les possibilités qu'ils restent aux samouraïs - que Nathan Algren les a aidé à concevoir :
Ils se lancent au final à cheval, provoquant ces monstrueuses paroles de Monsieur Omura :
Ceci va se résoudre pour Nathan Algren dans un premier temps plutôt bien, puisqu'il réussit à abattre son pire ennemi américain, Benjamin Bagley :
Mais cela ne va pas durer, et Katsumoto va finir par se faire descendre à son tour :
Et bien que leur dernier échange soit très touchant, ceci n'empêchera pas Katsumoto à se donner la mort lui-même par seppuku - ou, comme on le dit faussement en occidental, harakiri :
Nathan Algren était lui aussi bien touché, mais il parvient à s'en remettre... Et décida alors, une fois tout ceci passé, de se rendre au château impérial d'Edo, afin de remettre à l'empereur Meiji le sabre ancestral de Katsumoto :
Ce qui, une fois passée la vague de silence à laquelle l'empereur était obligé de s'accrocher, lui valu cette déclaration :
Il va de soi que cette attitude n'a été adoptée qu'un bref moment, avant de donner cours à la modernisation du pays, à la suppression du système féodal et du shogunat, en rendant l'éducation obligatoire, en créant un parlement et une constitution, etc... Mais ceci n'apparaît pas dans le film, qui se conclut en 1877 avec les dernières paroles émouvantes de Nathan Algren, "je vous raconterai comment il a vécu" :
Que vous dire de plus flatteur ? Certes, il s'agit d'un Opus magnifique sur l'histoire du Japon, tourné d'une façon intelligente, et avec au moins deux excellents acteurs... Mais si l'on se tourne vers l'histoire occidentale des films traitant de ce pays, on tombe à un nombre extrêmement limité, dont j'ai déjà parlé dans ce site - sauf le tout dernier de Mel Gibson, qu'hélas je n'ai pas encore vu.
Si l'on classe ces œuvres par rapport à l'époque où elles se situent, nous avons tout d'abord Ghost Dog de Jim Jarmusch (1999), qui parle surtout de la culture asiatique du principal héros (Forest Whitaker) ; et ensuite, également se passant de nos jours, Lost in Translation de Sofia Coppola (2003), qui traite sur un ton assez ironique de la rencontre improbable de deux protagonistes américains sur le sol japonais.
En retournant plus en arrière, nous nous retrouvons confronté à la seconde guerre mondiale, tout d'abord avec le remarquable Letters from Iwo Jima de Clint Eastwood (2006), basé sur la bataille sur cette île (avec, une fois de plus, Ken Watanabe) ; puis avec Tu ne tueras point de Mel Gibson (2016), lui aussi dédié à cette guerre et à la bataille d'Okinawa, un film paraît-il très prenant.
Enfin, axé sur l'histoire plus ancienne du Japon, il n'y a guère que The Last Samurai (2003), absolument fascinant sur la rébellion de Satsuma en 1877, et très récemment Silence de Martin Scorsese (2017), basé sur la persécution des jésuites au XVIIème siècle dans ce même pays. Ce ne sont que des statistiques dues à Sens Critique, mais je les trouve largement fondées et notées - puisque je n'ai sélectionné que celles comprises entre 7/10 et 10/10. En tous cas, je vous remercie d'avance pour un commentaire, et vous souhaite grandement de voir ce film - si ça n'est pas déjà fait !