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  • dimanche, octobre 20, 2024

    SWITCH (BLAKE EDWARDS)

    Un excellent film, l'avant-dernier réalisé en 1991 par Blake Edwards, spécialiste de la comédie et de l'humour, notamment avec The Party (1968) et toute la série de The Pink Panther, que vous connaissez par cœur. Mais cette fois-ci, il en va de toute autre chose :

    Switch veut avant tout dire "Le Changement", mais comme cela n'est pas très expressif en français, on a choisi le titre Dans la peau d'une blonde, bien meilleur. Il s'agit de l'un des films les plus drôles que j'ai jamais vu ces derniers temps, avec True Lies de James Cameron (1994) ou Last Action Hero de John McTiernan (1993).
    Le point commun avec ce dernier, c'est qu'il ne parle pas d'un inspecteur totalement farfelu (comme dans The Pink Panther), mais bien d'une histoire à moitié réelle, basée sur cette hypothèse incroyable et fantastique : le fait qu'un homme se réincarne en femme, chargé de purger ainsi tous les actes macho et misogynes qu'il a pu commettre.
    Je crois que ce thème était encore très rarement traité dans l'Amérique de cette époque, et qu'il fait énormément de bien à être regardé - surtout grâce à l'actrice principale, Ellen Barkin, qui est tout simplement extraordinaire !
    L'on commence tout d'abord avec Steve Brooks (Perry King), un chargé de publicité véritablement ambitieux, et suffisamment calculateur  - et radin - pour piquer les trois roses qu'il va offrir aux femmes de sa vie, en premier lieu à Margo, qui fait semblant de bien l'accueillir :
    Mais les trois femmes qui l'attendent, Liz, Margo, et Felicia, ont toutes bien autre chose en tête : tuer cet homme insupportable en le noyant au cœur d'un jacuzzi. Ce qui ne va pas bien se passer durant un premier temps, mais Margo sait ce qu'elle veut, et va sortir de son tiroir un révolver au résultat cette fois implacable :
    Résultat, Steve Brooks est bien mort, déporté dans le fleuve, et devinez quoi ? On le voit en train de débattre de son avenir avec le diable en personne (Bruce Payne), lui laissant cette unique possibilité d'aller droit au ciel : incarner une femme, et se dévouer à rendre celles-ci bien plus heureuses qu'il avait l'habitude de le faire :
    Naît alors la (soi-disant) demi-sœur de Steve Brooks, Amanda Brooks (Ellen Barkin), qui n'a au départ aucune conscience de sa mutation, et s'en aperçoit tout d'abord en allant uriner - ne trouvant plus la chose en question -, puis ensuite en s'apercevant dans une glace, et se mettant alors à hurler comme si elle ne le supportait pas :
    Amanda va ainsi démontrer dans un premier temps toute la haine qu'elle a envers cette espèce humaine, que ce soit dans sa façon étrange de montrer son slip, ou les étranges chaussures qu'elle n'aime pas du tout porter. Mais comme elle le comprend rapidement, il va bien falloir faire avec, histoire de passer inaperçue :

    La seule personne en qui elle a confiance au sein de la boîte de publicité s'avère être Walter Stone (Jimmy Smits, très connu pour son rôle dans la série La Loi de Los Angeles) - et qui était autrefois le très bon ami de Steve Brooks, mais bien sûr, elle/il ne veut pas encore lui expliquer la complexité de cette transition :
    Nous découvrons au passage la secrétaire de son demi-frère Steve (Catherine Keener, dont c'était le premier véritable rôle au cinéma) - et qui s'avère le détester tout autant que lorsqu'il était encore en vie :
    Puis plus important le patron de la boîte de publicité, Arnold Freidkin (Tony Roberts), envers lequel Amanda a l'air plutôt positive  - en compagnie de Walter Stone, dont elle se rapproche de plus en plus :
    Cela peut vous paraître étrange, mais je n'ai pas ce film en DVD - ce qui m'a contraint à effectuer toutes les recherches d'images possibles sur Internet, un travail réellement difficile...
    Heureusement, je l'ai vu récemment 3 ou 4 fois, et je me souviens très bien des intrigues principales, non seulement de la relation d'Amanda avec Walter Stone - qui s'avère de plus en plus claire concernant son passé d'homme -, mais aussi de ses rapports avec Margo Brofman (JoBeth Williams), la fameuse meurtrière de Steven Brooks, vis à vis de laquelle elle se cache le moins possible de sa relation avec lui :
    En résumé, nous sommes donc trois à savoir qui Amanda était dans le passé : Walter Stone, Margo, et le public... De temps en temps, Amanda en vient même à téléphoner à d'anciennes amies, histoire de sonder la réputation de Steve Brooks - autrement dit d'elle-même -, mais elle se voit systématiquement insulter, quand on ne lui raccroche pas au nez :
    En tous cas, elle sait très bien comment se comporter avec les hommes... Meilleure preuve avec l'arrivée du nouveau Dan Jones (Kevin Kilner), dont elle élimine d'emblée la proposition de l'inviter au restaurant - qu'elle sait bien sûr immédiatement suivie par une invitation à l'hôtel :
    Reste à se concentrer sur la phase la plus importante de sa soi-disant accession au paradis : savoir se montrer bien plus sympathique avec une autre femme qu'elle avait l'habitude de le faire, du temps où elle était encore Steve Brooks...
    Peut-être est-ce le côté le plus ambigu du film : le point où elle décide - plus ou moins contre son gré - de séduire la célèbre lesbienne Sheila Faxton (Lorraine Bracco)...
    Celle-ci est une puissante créatrice de parfum, avec laquelle la boîte d'Arnold Freidkin cherche à tout prix à travailler, et mine de rien, cela va se passer du mieux qu'il est possible - malgré les vraies difficultés qu'Amanda éprouve à ce sujet :
    En gros, la détente règne donc partout... Jusqu'à ce qu'Amanda, de pair avec Walter Stone, finit par se saouler complètement lors d'une soirée improvisée, qui se dégrade vite en une vaste bagarre ingérable :
    Souhaitez-vous que je vous dise ce qui se passe par la suite ? 1) Elle rentre chez elle complètement bourrée, et met au lit Walter Stone, sans même s'apercevoir que celui-ci lui fait l'amour - apparemment avec toute sa volonté 2) Furieuse de sa toute première fois en tant que femme, elle découvre du même coup à la télévision que que le corps de Steve Brooks vient d'être retrouvé dans le fleuve...
    Histoire de se détendre un peu, elle décide donc de se livrer à un match de volley-ball avec Walter Stone - au cours duquel elle perd, ce qui ne l'empêche pas de se trouver malgré tout bien contente que ce soit à un seul point près :
    Ceci dit, la découverte du corps de Steve Brooks - suivie de près par Margo, qui cherche à tout prix à être disculpée de cet assassinat - ne lui laisse qu'une unique solution : se rendre à l'aéroport, et fuir à l'étranger... Malheureusement, deux inspecteurs l'attendent, et elle est aussitôt enfermée dans un hôpital psychiatrique :
    Cinq mois plus tard, toujours dans cet endroit, elle apprend subitement qu'elle est enceinte d'une petite fille... Et mine de rien, elle s'en entretient avec Walter Stone, lequel n'a pas l'air du tout choqué, et est même bien content qu'il/elle soit vraiment contente de la situation :
    Il ne leur reste donc plus qu'une seule chose à faire : se marier, avant la naissance de l'enfant... Ce qui va se passer en privé, au cours d'une cérémonie fort émouvante :
    Hélas, Amanda est toujours - d'un certain côté - Steve Brooks. Et lors de la venue au monde de l'enfant, elle a le choix entre ces deux seules possibilités : ou bien sa future fille meurt, ou bien c'est elle-même... 
    Elle choisit sans hésiter l'ultime version... Tout en se doutant que son mari et sa fille vont venir lui rendre visite autant que possible :
    Le dernier plan ? Celui où on l'entend parler avec Dieu lui-même, au sujet du sexe qu'elle souhaite adopter pour son paradis... Elle ne le sait pas encore vraiment, hésite un peu, mais Dieu lui dit : "Peu importe, tu as tout le temps qu'il te faut" !
    C'est formidable, non ? Un film magnifiquement conçu par Blake Edwards, joué d'une façon magistrale par Ellen Barkin et Jimmy Smits, et qui reste - plus de trente ans après sa sortie - non seulement hilarant d'un bout à l'autre, mais surtout diaboliquement à la page, puisque les discriminations homme/femme sont toujours d'actualité...
    Vous voulez bien sûr le trailer :
    Serait-ce vous dire que je souhaite naturellement un commentaire de votre part ? Bien sûr que oui - et ceci d'autant plus que je n'ai pas parlé depuis bien longtemps d'un Opus aussi drôle !

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    jeudi, juin 20, 2024

    LOVE AND OTHER DRUGS (EDWARD ZWICK)

    Avez vous déjà vu et aimé ce film, qui en 2010 marquait la première intrusion d'Edward Zwick dans le domaine comique, sept ans après son chef-d'œuvre que fut The Last Samurai ? Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais à mes yeux, il s'agit d'un Opus excellent, non seulement très drôle, mais en outre bien réaliste, puisqu'il traite sans hésiter de la maladie de Parkinson, la seconde après celle d'Alzheimer à frapper les êtres humains vieillissants, et beaucoup plus rarement les jeunes personnes.

    Cela pourrait être complètement raté ou vulgaire, mais ce n'est pas du tout le cas, entre autre grâce à la présence essentielle de Jamie Randall (Jake Gyllenhaal, le principal acteur du film)... Au début, il joue le rôle d'un simple vendeur de hi-fi, très expressif vis-à-vis des jeunes filles, mais fini par se faire virer par le patron dont il a couché avec la femme, et se retrouve comme par hasard comme délégué médical pour Pfizer - marque qui existe vraiment, avec laquelle Jamie Reidy, l'auteur du livre qui a inspiré Edward Zwick, a longuement collaboré :

    Au fond, peu importe... Jamie Randall ne vend plus la même chose, mais toujours aussi efficacement, d'autant plus que la marque pharmaceutique ne se gène pas du tout pour mettre en valeur ses médicaments anti-Parkinson - l'ensemble se déroulant dans la ville de Pittsburgh, véritable centre médical des Etats-Unis :
    Il se retrouve accompagné de son petit frère Bruce Jackson (Oliver Platt)... Lequel est évidemment moins beau, déjà marié, légèrement grossissant, mais absolument expert en matière de vente :
    Il ne lui reste plus qu'à rencontrer dans un hôpital Maggie Murdock (Anne Hathaway), pour que tout le film se base sur ce fabuleux couple... Elle aussi est absolument extraordinaire dans ce rôle complexe, et  avait déjà joué avec Jake Gyllenhaal cinq ans auparavant, dans Brokeback Mountain de Ang Lee :
    Evidemment, tout ne se passe pas très bien entre tous les deux, au début, où elle s'offre le privilège de le frapper :
    Mais ceci s'améliore très vite dans un bar :
    Où elle finit, en dépit de ses propos, par se l'offrir vite fait bien fait :
    En fait, toute la première partie du film se base sur cette attirance incontrôlable pour le sexe, qu'ils connaissent tous les deux à la perfection - bien qu'ils le vivent de façon fort différente, on comprendra mieux pourquoi par la suite. C'est la grande particularité de cette relation, qui au lieu de commencer par des sentiments et finir par l'acte sexuel, suit exactement le sens inverse :
    Certes, il y a aussi des fois où ça ne marche pas...  Mais ceci n'est pas dû à elle, comme elle se permet de le lui faire remarquer, non sans une certaine ironie :
    Du coup, Jamie Randall décide de la suivre au Canada, où il l'a vu effectuer son travail d'accompagnatrice de personnes âgées, et lui propose avec sincérité une relation plus sérieuse... Mais celle-ci y pose tout de suite ses limites, en refusant d'emblée d'habiter le même appartement, ou de se présenter des amis :
    Petit à petit, il commence à deviner sa maladie, sans bien savoir qu'il s'agit de Parkinson... Mais comme par hasard, son frère lui présente peu de temps après un médicament extrêmement efficace pour l'érection, le Viagra - évidemment fabriqué par Pfizer :
    Cela ne les concerne pas, vu qu'ils n'ont pratiquement aucun problème de ce côté... Bien au contraire, ils se montrent de plus en plus près l'un de l'autre, et vont même jusqu'à se filmer :
    Résultat ? Ils finissent par se dire ce qu'ils ressentent vraiment l'un pour l'autre... Mais ceci a une influence étrange sur Maggie Murdock, qui ne sait plus vraiment où elle en est :
    Du coup, Jamie Randall lui dit ce qu'il pense vraiment, qu'elle devrait l'accompagner à Chicago pour assister à une conférence sur la maladie de Parkinson :
    Comme par hasard, il tombe sur un homme marié avec une femme atteinte au dernier degré de cette maladie, qui lui déconseille fortement de se lancer dans une telle aventure... Mais cela ne déconcerte pas du tout Maggie Murdock, qui ne l'a pas entendu, et a au contraire capté toutes les opinions positives :
    Enthousiastes dans un premier temps, ils entreprennent donc une balade immense à travers tous les hôpitaux du coin :
    Mais celle-ci se révèle rapidement trop longue, trop variée, trop difficile à mettre en place... De sorte que Maggie Murdock préfère renoncer à tout pendant qu'il en est encore temps - y compris à sa cohabitation avec Jamie Randall :
    Complètement déprimé par cette rupture incompréhensible, il accepte finalement - bien qu'il n'en ait pas franchement envie - d'accompagner son frère à une soirée nettement orientée sexe à Chicago :
    Tout le monde est en pyjama ou complètement nu, et s'invite visiblement au sexe sans le moindre complexe :
    Comme il en donnait l'impression, Jamie Randall s'est visiblement ennuyé au plus haut point... Mais son frère pas du tout, qui n'arrête pas de le complimenter dans la voiture vis-à-vis de ce qu'il a éprouvé pour la première fois de sa vie :
    Puis comme par hasard, Jamie Randall revoit Maggie Murdock dans un café, en apparence avec un nouveau mec - dont elle ne se rappelle même pas le prénom :
    Ils se quittent en bons termes... Mais cela n'empêche pas Jamie Randall de se livrer, une fois rentré chez lui, à son activité préférée - regarder les cassettes de Maggie Murdock :
    En fait, il n'en peut plus... Il prend sa voiture, et poursuit le car de Maggie Murdock jusqu'au Canada, en attendant qu'il s'arrête enfin :
    Et ils se disent enfin la vérité :
    Mais c'est bien plus intéressant à découvrir sur ce petit clip, qui nous dévoile leurs attitudes très embarrassées - accompagnés en outre par la fort belle musique de James Newton Howard :
    Vous n'aimez pas cette fin ? J'en doute fort :

    Si jamais c'est le cas, regardez le trailer, et vous allez tout de suite changer d'avis :

    Certes, je ne pense pas que cet Opus soit le plus grand de Edward Zwick, qui a davantage l'habitude de se consacrer à des sujets bien plus sensibles et véridiques, comme il l'a fait avec The Last Samourai (2003), Blood Diamond (2006) ou Les Insurgés (2008). Néanmoins, le thème est plutôt original, rarement traité à l'écran, en grande partie authentique, et surtout très drôle - ce qui n'est pas rien concernant ce genre de film, souvent déplorable dans 90% des cas...

    En tous cas, Jake Gyllenhaal et Anne Hathaway remportèrent tous deux en 2011 le prix Golden Globe de meilleur acteur (et actrice) dans un film musical ou une comédie, ce qui montrent suffisamment la présence qu'ils occupent dans ce chef-d'œuvre. Personnellement, j'en suis très content !

    Autres films du même réalisateur : The Last SamuraiBlood Diamond

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