GOOD BYE LENIN ! (WOLFGANG BECKER)
Oui, je parle aussi de temps à autre de films comme celui-ci, sorti en 2003, et dû à un réalisateur allemand relativement peu connu, Wolfgang Becker, qui s'est d'un seul coup imposé avec cette œuvre unique, dont le résumé tient en un mot : "La droite et la gauche, c'est bonnet blanc et blanc bonnet" !
Au départ, on ne voit qu'une relation très bonne entre le fils Alexander - ou Alex - (Daniel Brühl) et sa mère Christiane Kerner (Katrin Sass), qui a l'air entièrement dévoué à la RDA :
Mais cela va bien vite se transformer pour lui, en occasion de lutter contre ledit parti (République démocratique allemande), et pour cela de se rendre à l'une des fameuses "manifestations du lundi" 1989 :
Manque de bol : il est très sévèrement arrêté par la police... Et surtout, il voit le corps de sa mère affalé au sol le 7 octobre 1989 (date de l'anniversaire des 40 ans de la RDA), sans que personne ne fasse quoi que ce soit pour la sauver :
Résultat : elle est soumise à un coma, qui durera hélas pratiquement huit mois... Où entretemps, la RDA a définitivement quitté les lieux, et s'est montrée très claire lors de sa chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989 :
Voilà le moment où un film tel que lui pourrait se révéler conditionnel, ou lourd, tout simplement : soit prendre parti d'un côté ou de l'autre, soit s'avérer tellement grave et sérieux qu'il n'est bon qu'à un ennui mortel d'une heure et demie...
Mais ce n'est pas du tout le cas de Wolfgang Becker, qui voit tout au travers des yeux encore naïfs d'Alex, et aussi de ceux de sa petite sœur, Ariane (Maria Simon), qui n'a rien trouvé de mieux qu'arrêter le lycée pour se reconvertir dans le service de Burger King, et se marier avec un certain Rainer (Alexander Beyer) :
Sans compter le visage éloquent de Lara (Chulpan Khamatova), l'infirmière de sa mère, qui va inspirer Alex durant un bon bout de temps :
Fort heureusement, la mère finit par sortir de l'hôpital... Mais c'est contre toute la volonté des médecins, ce qui provoque la réaction brutale d'Alex, lui fait taire la dissolution de la RDA, pour continuer à faire croire Christiane à la perfection de ce parti :
On voit déjà à quel point il a redécoré la pièce "à l'identique"... Mais cela n'est pas très facile, surtout étant donnée le tempérament de sa sœur, très vite irritable :
D'autant que celle-ci a un enfant dont s'occuper, désormais :
Enfin bon, Alex s'assure de tout, qu'il s'agisse de la décoration militante en faveur des 40 ans du parti :
Ou, bien plus difficile, de l'approvisionnement en nourriture RDA, qu'il s'agisse du café Mocca Fix, ou bien des célèbres cornichons du Spreewald, devenus introuvables :
Mieux encore, il fait participer - sous salaire - des enfants à une chorale sur des airs célèbres, dirigés par une bonne professeur de musique :
Voire s'occupe lui-même du journal télévisé, puisqu'il est désormais dans le domaine, et que son ami Denis l'aide autant qu'il peut :
Jusqu'au jour où, hasard ou non, sa mère se sent suffisamment en forme pour aller se promener toute seule :
Ce qu'elle n'aurait jamais dû faire, bien sûr :
Mais bon, ça ne se passe pas trop mal... Et dans sa maison de campagne, leur mère décide enfin de leur dire toute la vérité : son mari Robert n'est pas parti aux fins de les abandonner, mais plutôt de tous les amener en Allemagne de l'ouest, bien plus solide et capitaliste qu'à l'est :
Bien sûr, ça n'a rien donné... Mais l'idée d'un faux journal télévisé est de plus en plus dans la tête d'Alex, qui compte sur le soutien de Denis (Florian Lukas) à la fois pour tourner et pour jouer le principal représentant :
D'autant que juste à ce moment précis, il a rencontré son propre père, Robert Kerner (Burghart Klaussner), qu'il va dans un premier temps emmener vers son ex-femme :
Puis le présenter dans un second temps comme quelqu'un de très important de la RDA, qui explique extrêmement brièvement les dernières nouveautés du parti, et sa récente capacité à admettre des gens de l'ouest :
Que dire de ce film ? Et bien ça me paraît magistral, remarquablement bien servi par le jeu de Daniel Brühl et de Katrin Sass, et surtout parlant davantage des relations humaines quelle qu'elles soient, plutôt que des mensonges incessants de la part de tous les partis, qu'ils soient de gauche ou de droite. Ceci vous ramène à la bande-annonce que vous connaissez sûrement déjà, mais qu'importe ?
A noter également, la musique de Yann Tiersen, qui a choisi certains morceaux et en a composé d'autres ... En résumé, un film que j'ai beaucoup aimé - même vingt ans après -, et j'espère qu'il en va de même pour vous !
4 Comments:
Moi aussi, j'ai revu ce film avec plaisir quand il est passé sur Arte, 20 ans après !
Cette "sainte" est quand même vache d'avoir caché tant de choses à ses enfants...
J'ai trouvé le frère et la sœur fort sympathiques, ainsi que leur moitié.
Musique émouvante.
Heureusement qu'il y a ARTE, sinon, on ne saurait parfois quoi regarder... En tous cas, c'est vrai que le frère (Daniel Brühl) et sa future moitié sont très sympathiques - opinion que je partage déjà beaucoup moins sur sa sœur, bien plus caractérielle. Mais la musique, sans la mettre au niveau de celles que choisit Stanley Kubrick, n'est pas mal non plus !
Alex Kerner est un bon fils, parachuté sur terre dans un contexte collectiviste, il ne fait pas le procès d'un régime côtoyé depuis sa naissance, pour lui il n’existe rien d’autre que son quotidien.
Christiane, sa maman, fervente socialiste, en reconnait néanmoins certaines faiblesses.
Cependant malgré les excès d’une propagande un peu trop chargée, elle croit vraiment aux bienfaits de ce régime.
La transformation soudaine et radicale de la RDA, permettant l’installation des Burger Kings et des logos Coca Cola, est dérangeante pour certains esprits, ayant basculé subitement de la communauté à la réalisation de soi.
L’allégresse populaire éradiquant 45 ans de l’identité d’un pays, retombe rapidement.
Quelle tristesse de voir Ariane serveuse mécanisée dans un fast food, remercier les clients d’avoir choisi la restauration rapide comme symbole alimentaire.
Le regard d’une mère, effrayée par cette déferlante d’approches nouvelles que l’on devine à court terme est représentatif d’un esprit loyal envers un pays dont la pluralité se berçant d’illusions, se répand sans résister dans les mirages d’une fausse lumière.
Nommée richesse et abondance, ne faisant le bonheur que de quelques privilégiés.
Le démantèlement du buste de Lénine, une précipitation pour un pays se débarrassant pratiquement du jour au lendemain de ses institutions idéologiques.
La coupe du monde de football de 1990 remportée par l’Allemagne réunifiée, annihile les systèmes de défense des derniers réticents au changement.
Les meubles et la Trabant du voisin ne sont plus à l'image de ce que l'on possédait préalablement.
Le symbolisme de la réussite collective d’un pays par l’envoi dans l’espace d’un Allemand de l’est, disparait au profit des grandes surfaces, de la malbouffe et des compagnies pétrolières.
Dilemme compliqué entre un respect envers un régime, de toujours, accepté par la population et un attrait non contrôlé vers l’ouest, orgasme temporaire montrant rapidement ses faiblesses.
Situation générant un plan d’urgence permettant à une collectivité nostalgique de se mettre en place, en entretenant habilement la continuité des principes de base d’une militante sincère.
Les faux journaux télévisés sont savoureux de nostalgie.
Les chants patriotiques entamés par les purs et durs du régime, au chevet de la maman d'Alex sont désopilants dans un tel contexte de nouveauté.
L’interview du chauffeur de taxi, sosie du cosmonaute, est pathétique.
Par les miracles de la technique et l’ingéniosité d’un faux journaliste, la RDA défunte, reprend des couleurs.
Une idée géniale d’Alex offrira un départ heureux et reposé à cette Mère Courage n’ayant jamais altérée les valeurs de ses convictions premières.
Une fois de plus, je te remercie beaucoup pour ton commentaire, toujours approprié... Quoiqu'il en soit, moi aussi, j'adore ce film - et je regrette de ne pas l'avoir en DVD !
Enregistrer un commentaire
<< Home