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  • mardi, janvier 24, 2023

    ALI (MICHAEL MANN)

    Honte sur moi, je ne vous ai pas encore parlé de cet Opus remarquable, situé en 2002 entre Raging Bull de Martin Scorsese (1980) et Million Dollar Baby de Clint Eastwood (2005), sans aucun doute le troisième film du monde à parler le mieux de la boxe, notamment dans la description biopic de la vie de Mohamed Ali - qui se nommait à l'origine Cassius Clay -, magistralement joué par Will Smith.
    Il faut dire que ce réalisateur verseau - tout comme moi - fait exactement pareil que les deux autres, à savoir que sous le prétexte de la boxe, il décrit un tout autre univers de racisme et de religion lié à Mohamed Ali, ce qui est en fait le véritable prétexte du film.
    Celui-ci commence en 1964, sous un fond de musique, laissant le boxeur se définir lui-même, comme il se doit :
    Et chose inattendue, il a parfaitement raison... Le 25 février à Miami, il remporte aisément la bataille contre Sonny Liston (Michael Bentt), ce à quoi personne ne s'attendait parmi le public :
    Hormis peut-être Howard Cosell (Jon Voight), un présentateur de télévision, qui va bientôt devenir l'un de ses rares amis jusqu'à la fin de sa vie :
    A l'époque, on le qualifie encore de son nom de naissance, Cassius Clay... Mais il a de plus en plus envie de s'en débarrasser, et le remplace déjà par Cassius X - le X signifiant le rejet du nom d'esclave :
    Ceci est fait en association avec un autre ami très proche de lui, Malcolm X (Mario Van Peebles), le seul musulman à l'avoir soutenu dans son combat contre Sonny Liston, et qui a failli être le chef de Nation of Islam, une organisation toute nouvelle dirigée par Elijah Muhammad :
    Cassius Clay s'en prend aussi à son père, Giancarlo Esposito, qu'il soupçonne de l'avoir élevé dans la religion catholique - dont il vend les toiles faites par lui-même :
    Il change enfin définitivement son nom en celui de Mohamed Ali, ce qui est grandement favorisé par Elijah Muhammad, mais qui le sépare - de sa propre volonté - de Malcolm X :
    Il lui en fait part lors de sa dernière rencontre avec lui en 1964, durant son arrivée à l'ambassade du Nigéria :
    Cependant, il n'y a pas que des choses négatives... Il rencontre aussi sa deuxième femme Khalilah (Jada Pinkett Smith, en réalité la véritable femme de Will Smith)), laquelle lui donnera trois enfants :
    Et il l'aime d'autant plus qu'il rencontre tout de suite l'hostilité du propre fils de Elijah Muhammad, le très ambigu Jabir Herbert Muhammad (Barry Shabaka Henley), qui lui sert de manager à la place de Malcolm X :
    Malgré toutes les oppositions de ce dernier, il réussira à l'épouser, et parviendra même à la convertir à la religion islamique :
    Par contre, Malcolm X est assassiné le 21 février 1965 à Harlem, dans des intentions racistes évidentes, ce qui fait immédiatement regretter à Mohamed Ali sa séparation avec l'un de ses amis les plus proches :
    Je n'ai pas encore parlé des talents cinématographiques de Michael Mann, mais ceux-ci se voient très bien dans Heat (1995) ou dans le futur Collatéral (2004), et sont particulièrement évidents dans ce meurtre terrifiant de Malcolm X :
    Que faut-il à Mohamed Ali pour enfin sortir la tête du trou ? Sans doute se battre encore une fois en 1967 contre Sonny Liston... Sauf que sa propre qualification va se trouver soutenue par la plupart des gens, et cependant disqualifiée par la fédération WBA, qui prendra prétexte de l'illégalité de sa victoire pour lui retirer sa ceinture :
    C'est l'occasion pour Michael Mann de nous présenter rapidement Drew Bundini Brown (Jamie Foxx), qui était déjà en 1963 l'un des entraineurs de Mohamed Ali, malgré ses défauts dont il ne se gênait pas de faire la liste :
    Sauf que rien ne s'arrange, lorsqu'en 1966 il refuse de servir l'armée pour la guerre du Viêt Nam, et s'engage définitivement comme objecteur de conscience, prétendant "qu'aucun Vietnamien ne l'a jamais traité de nègre"... Ce en quoi il est soutenu par son ami Howard Cosell, mais avec fort peu de chances d'aboutir à ses fins :
    Pire que cela, il est même condamné en 1967 à 10000 dollars d'amende et à cinq ans de prison... Il finira par parvenir à éviter cette dernière, mais devra attendre 1971 pour ne plus avoir de problèmes financiers, ce qui lui semble très long :
    En 1970, Mohamed Ali renonce ainsi à son titre officiel, puis le reprend aussitôt son procès gagné... Ceci lui permettra, entre autres, de gagner la somme d'un million de dollars face à Jerry Quarry :
    Mais surtout, après son divorce hélas inévitable, de rencontrer une nouvelle femme, Belinda Ali (Nona Gaye), qu'il a d'ailleurs connue tout jeune à l'école, il s'en souvient petit à petit... Michael Mann n'en dit pas grand chose, mais il nous laisse tout deviner par ce plan très court, magnifiquement filmé :
    C'est le moment idéal pour Mohamed Ali de tenter d'affronter Joe Frazier (James Toney), ce qu'en 1971 on nommait "le combat du siècle"... Howard Cosell essaye tout d'abord de prévenir Joe Frazier :
    Mais il passe vite à la mise en valeur de Mohamed Ali, d'autant plus que le match a l'air de bien se passer pour lui - tout au moins au début :
    C'est d'ailleurs assez étonnant d'entendre ses mots, à cette occasion où il se croyait implacable :
    Mais le résultat s'avéra bien différent de ce qu'il avait prévu... Et après un début impressionnant aux premiers rounds, Mohamed Ali se fera complètement descendre au cours des rounds 11 et 15, ce qui lui restera toujours en travers de la gorge :
    Un mois plus tard, il a néanmoins la chance de voir son procès définitivement terminé, et sera durant trois ans la vedette absolue de quatorze combats contre les plus grands de la planète... Ce qui est fort bien annoncé par un présentateur TV, comme d'habitude très bien filmé par Michael Mann :
    Une fois parvenu en octobre 1974, il se décidera enfin à se rendre à Kinshasa (capitale du Zaïre, actuellement le Congo), pour participer à une lutte exceptionnelle contre le champion du monde Georges Foreman (Charles Shufford), intitulée "The Rumble in the Jungle" :
    On le découvre alors en train de se livrer à une marche le long de la capitale et du fleuve Congo, qui non seulement le rend plus dur face au manque d'endurance du champion, mais surtout le fait devenir l'icône du peuple et des enfants :
    Cette randonnée est fort bien filmée, et accompagné d'une excellente musique :
    Comme à son habitude, Mohamed Ali se laisse aller à pas mal d'ironie envers Georges Foreman :
    Et au passage, à rencontrer encore une nouvelle femme, Veronica Porche, qui sera d'ailleurs la (presque) dernière, et lui donnera encore deux enfants :
    Mais ceci n'est qu'une parenthèse, bien sûr... Le plus important restant l'entrée des deux athlètes, dans ce combat du 30 octobre 1974 retransmis dans le monde entier :
    Là, il faut constater que Michael Mann ne filme comme personne ce match, qui durera pratiquement aussi longtemps que le tout premier, celui contre Sonny Liston... Avec cette façon visiblement nouvelle d'utiliser la caméra numérique, comparable - sous un autre plan - avec la manière très spéciale dont Martin Scorsese s'en servait en 1980, pour filmer d'un seul point de vue Robert De Niro : 
    Pendant tout le début du combat, nous croyons de bonne foi en Georges Foreman... Mais cela se transforme rapidement grâce à l'endurance de Mohamed Ali, qui le fait non seulement poursuivre au-delà du 5ème round, et qui finit par le mettre définitivement par terre au 8ème round - ce qui lui redonne enfin son titre de meilleur athlète professionnel :
    Certes, Mohamed Ali continuera encore ses combats jusqu'en 1981, où se passent un certain nombre d'évènements... Mais c'est le moment précis où le film s'arrête, donnant juste un très bref résumé de la fin de sa vie en guise de conclusion :
    Au cas, très improbable, où vous ne le connaissiez pas encore, vous pourrez toujours le voir sur ce trailer :
    Bref, pour ma part, je pense que c'est l'un des meilleurs films qu'il ait jamais tourné - malgré sa durée de 2h37 -, et je crois que Michael Mann se révèle comme l'un des plus grands réalisateur de la planète, alliant sa vision spéciale de verseau à sa conception du monde, toujours orientée vers la lutte impossible entre le bien et le mal, entre la sagesse et la corruption, entre la paix et la guerre... J'espère beaucoup que vous aimerez cet Opus, et que vous daignerez laisser à l'occasion un commentaire !
    Autres films du même réalisateur : ManhunterThe Last of the MohicansHeatThe InsiderCollateralMiami VicePublic Enemies
    Autres biopics (avec entre parenthèses la date du film, et le nom de la personne traitée) : Patton (1970, George Patton), Barry Lyndon (1975, Barry Lyndon), Raging Bull (1980, Jake LaMotta), Elephant Man (1980, John Merrick), Amadeus (1984, Wolfgang Amadeus Mozart), Bird (1988, Charlie Parker), Ed Wood (1994, Ed Wood), Braveheart (1995, William Wallace), A Straight Story (1999, Alvin Straight), The Insider (1999, Jeffrey Wigand), Frida (2002, Frida Kahlo), Girl with a Pearl Earring (2003, Johannes Vermeer), Marie-Antoinette (2006, Marie-Antoinette), The Last King of Scotland (2006, Idi Amin Dada), La Môme (2007, Edith Piaf), Into the Wild (2007, Christopher McCandless), Zodiac (2007, Arthur Leigh Allen & Robert Graysmith), Invictus (2009, Nelson Mandela), J. Edgar (2011, J. Edgar Hoover), Silence (2017, jésuites portugais)

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    6 Comments:

    Anonymous princecranoir said...

    Un très beau film de mon réalisateur préféré.
    Bravo pour cette chronique au détail !

    mercredi, 08 février, 2023  
    Blogger Vincent said...

    Merci grandement - surtout que j'y ai passé, mine de rien, beaucoup de temps ! Ce n'est pas tout à fait mon réalisateur préféré (devant passent juste Scorsese ou Kubrick), mais il n'en est pas loin... Surtout que j'adore particulièrement HEAT, ou encore COLLATERAL, tourné très peu de temps après ALI !

    mercredi, 08 février, 2023  
    Anonymous Anonyme said...

    Très bonne critique pour un très bon Michael Mann ! Juste une petite erreur c’est glissée tu as confondue ça n’est pas Veronika Porsche qui était en primaire mais sa précédente épouse "l’indienne" comme il l’appelait ,en dehors de ça bravo pour cette critique ludique 👌🏼👌🏼👌🏼

    jeudi, 09 février, 2023  
    Blogger Vincent said...

    Merci beaucoup de ta remarque ! Voilà, j'ai rectifié tout comme il le faut, alors je pense que ce texte ne comprendra plus d'erreurs, désormais... J'espère que je t'ai satisfait, dans tous les cas, et te conseille de voir le film qu'il a réalisé peu de temps après, COLLATERAL - c'est vraiment exceptionnel !

    vendredi, 10 février, 2023  
    Anonymous Anonyme said...

    J’aime beaucoup Collateral également, il faut dire que monsieur Mann filme L.A comme personne et qu’il se fait clairement plaisir avec les caméras numériques ; cependant c’est la relation entre Vincent et Max qui est vraiment intéressante pour ma part c’est dans ce film que j’ai mesuré la capacité dramatique de Foxx (la scène avec Bardem est incroyable)! En tout cas continue à nous régaler avec tes critiques inspirées 👌🏼💪🏻

    vendredi, 10 février, 2023  
    Blogger Vincent said...

    Tu as raison, la scène avec Javier Bardem est l'une des meilleures du film, juste avant la fin... Et Michael Mann filme L.A comme personne, c'est clair ! En tous cas, merci de qualifier mes critiques d'inspirées - là, je m'attaque à SHINING de Stanley Kubrick, et je sens d'avance que ça ne va pas être facile...

    vendredi, 10 février, 2023  

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