L'INDEX DE TOUS LES FILMS COMMENTÉS :
  • C'EST ICI !
  • POUR EN REVENIR À L'ORIGINAL :
  • C'EST LÀ !

  • samedi, janvier 14, 2023

    MILLION DOLLAR BABY (CLINT EASTWOOD)

    Certes, il n'est pas très étonnant que je me consacre désormais à ce film prodigieux, après mon analyse du Raging Bull de Martin Scorsese (1980), car cette œuvre sortie en 2004 (en couleurs, cette fois-ci), est brillamment réalisée par Clint Eastwood, sur une nouvelle de F. X. Toole (La Brûlure des cordes). Non seulement il s'agit des deux plus grands films jamais tournés sur la boxe, mais surtout, l'on distingue une vision plutôt réticente des deux réalisateurs, qui n'ont jamais admiré ce sport outre mesure, et ont préféré en traiter les aspects les plus sombres et les plus pervers.

    Pour quelle raison ces deux films sont malgré tout très différents - hormis le traitement en N&B et en couleurs ? Déjà parce que celui de Clint Eastwood parle de la boxe féminine, ce qui était encore assez rare à l'époque... D'autre part, vu l'accident de la jeune fille, le film bascule au bout d'un moment sur les problèmes de l'hôpital et sa vision de l'euthanasie, ce qui n'est pas du tout le cas de celui de Martin Scorsese, qui se consacre par contre à la lente descente aux enfers de Jake LaMotta, et de son divorce qu'il n'avait pas vu venir.

    Dans le rôle principal, nous avons Margaret Fitzgerald - dite "Maggie" -, interprétée par Hilary Swank, déjà bien connue grâce au génial Insomnia de Christopher Nolan (2002), et que l'on voit dès le début :

    Aussitôt suivie par Frankie Dunn (Clint Eastwood), qui dit d'emblée sa propre vérité - quel que soit ce qu'il en coûte :
    L'on dispose, en guise de personnage vaguement humoristique, de Danger Barch (Jay Baruchel) - destiné à se faire insulter par presque tout le monde - ce qui déplaît profondément à Frankie :
    Mais l'on peut tout aussi bien parler du véritable double de Frankie, Eddie Dupris (Morgan Freeman), qui révèle toutes ses pensées d'une façon moins agressive, et parfois même plus logique :
    Au moment décisif de son action, Frankie se met à parler à Maggie du rôle essentiel du speed bag - ou punching ball -, qu'elle ne s'est pas encore acheté :
    Il commence par vouloir lui retirer... Mais petit à petit, il change complètement d'avis, et lui octroie finalement l'usage de cette boule tant qu'elle en aura besoin :
    Et une fois rentré chez lui, seul comme d'habitude, il se redéfinit pour la centième fois la vision qu'il a de la boxe :
    Une fois passée cette nuit, il se remet à écouter Maggie, qui lui dit toujours la même chose... Mais cette fois-ci, il est nettement moins agressif, et fixe juste certaines conditions - qui sont bien sûr essentielles à ses yeux : 
    Il n'empêche : pour son premier combat, il la place entre les mains de Sally... Lequel semble aller tout droit dans la direction de Maggie : 
    Mais Frankie a de sérieux doutes sur l'honnêteté de Sally... Et Maggie ne semble pas non plus l'apprécier beaucoup :
    Peu importe, en fait... L'essentiel, c'est que Frankie sache désormais mieux fixer Maggie, et se consacre bien plus à elle qu'il ne le pensait au début :
    Jusqu'ici, ce film n'est pas bien différent du Raging Bull de Martin Scorsese... Il est certes en couleur, et parle davantage des filles que des garçons, mais son thème essentiel en apparaît toujours la montée assez inattendue du principal concerné aux plus hautes sphères du pouvoir, sans que l'on sache vraiment pourquoi :
    Même avec des coups très bas ou mal reçus, la jeune fille parvient toujours à lutter avec succès, ce qui lui offre au passage une grande affection de Frankie :
    Désormais, avec tout l'argent qu'elle a gagné, Maggie se met en tête de faire plaisir à sa propre mère, Earline Fitzgerald (Margo Martindale), en lui montrant l'appartement qu'elle vient de s'offrir, et en lui promettant d'en récolter encore plus... Mais cela n'a pas l'air de plaire beaucoup à celle-ci, qui lui donne sa propre version des faits :
    Et en profite pour dévoiler son intention initiale, aidée en cela par son autre fille, Mardell Fitzgerald (Riki Lindhome), garder elle-même l'argent pour s'offrir ce qui lui semble plus important :
    Frankie est là, mais ne dit pour l'instant rien, ne sachant trop la réelle intention de la mère... Mais il a un autre projet, bien plus sérieux, celui d'opposer Maggie à la boxeuse allemande la plus connue aux USA, Billie "L'Ourse bleue" (Lucia Rijker), pour le titre de championne du monde :
    En dehors de l'Opus, Lucia Rijker est d'ailleurs une véritable boxeuse professionnelle - bien plus régulière que dans le combat avec Maggie, où cette dernière va être victime d'un premier coup illégal :
    Mais aussitôt revenue dans le film, elle lui en offre au passage un second, que Frankie ne parvient pas à rattraper, même avec l'aide bienvenue de son propre siège :
    C'est très court, mais il fallait absolument que je vous fasse revivre cet ultime combat, qui a l'air d'étonner tout autant Billie "L'Ourse bleue" :
    Il faut dire qu'à partir de ce moment (à environ 1h30), le film devient d'un seul coup fort différent du Raging Bull de Martin Scorsese - qui ne parle pas du tout d'hôpital -, et se concentre dans sa seconde partie sur le destin tragique du fameux couple de Jake LaMotta. Ici, bien au contraire, il n'y a pas du tout d'histoire d'homme ou de mari, et l'on ne voit plus Maggie autrement que dans un fameux lit, où elle est destinée à finir sa vie :
    De son côté, Frankie fait tout ce qu'il peut pour la sauver, et passe son temps libre à appeler différents docteurs, qui hélas lui disent tous la même chose... Raison de plus pour la déplacer dans une maison au moins accueillante, où elle pourra au minimum se détendre un petit peu plus :
    Sans compter qu'il a pour Maggie une bonne nouvelle, la visite improvisée de sa mère avec toute la famille, qu'il annonce d'une façon plutôt rassurante :
    Et il n'hésite pas à dire à cette mère que les pages pour Maggie ne sont pas urgentes, et qu'il faut lui laisser le temps de décider ce qu'elle veut - pour le bien de tout le monde :
    Mais Earline Fitzgerald (et toute sa famille - qui a d'ailleurs passé une semaine à s'amuser dans le parc du coin) ne semble pas du tout prête à le recevoir ainsi :
    Hélas pour elle, Maggie s'aperçoit très vite de ce qu'elle magouille, et décide de recracher le stylo que sa mère lui avait mis dans la bouche, afin de lui faire signer au plus vite le don d'argent qu'elle souhaitait :
    Et pour la première fois, Maggie lui dit enfin ce qu'elle pense, la condamnant pour ainsi dire à une rapide - et définitive - sortie de la pièce :
    Restée définitivement seule avec Frankie, Maggie lui pose enfin cette question, qui nous travaille tous depuis que nous avons entendu ce dialecte : "Mo Cuishle", qu'est-ce que cela veut dire ?
    Mais Frankie refuse pour l'instant de lui répondre, de même qu'il ne souhaite pas lui donner la mort - ce qui la conduit, avant même qu'il ait le temps de s'en rendre compte, vers une tentative solitaire de se couper volontairement la langue...
    C'est là où la fin du film est profondément différente de celle de Martin Scorsese : alors que dans les années 1980, Jake LaMotta, livré à la gloire, se condamnait tout seul à une chute émotionnelle irrattrapable, il en va tout autrement durant l'an 2000, où la pauvre Maggie n'a fait que frôler le plus haut niveau, avant  de laisser Frankie aux prises avec le problème de la vie et de la mort, et à quel point il doit se résoudre à en décider de lui-même :
    Histoire de faire une courte diversion, Clint Eastwood nous offre cette scène qui sera peut-être la dernière, entre Maggie et Eddie Dupris :
    Mais il fini par se décider pour de bon, expliquant à celle-ci comment il s'y prendra - bien que cela lui coûte énormément de se livrer à l'euthanasie :
    Non sans lui avoir donné auparavant la réponse tant attendue à la seule et unique question qu'elle lui a posé : "Mo Cuishle veut dire "ma chérie, mon sang" :
    Suite à quoi, il passe à l'acte très rapidement, et disparaît définitivement de son lieu de travail :
    Si vous faites partie du tout petit pourcentage qui n'a pas encore vu ce film fabuleux, sans doute serez-vous ravis de découvrir le très officiel trailer :
    Y aurait-il encore quelque chose à dire concernant ce film, intégralement lié au Raging Bull de Martin Scorsese ? Oui, bien sûr, en tant que musicien : c'est la seconde fois (et je l'espère pour lui, la dernière) qu'il tente de composer l'air répétitif qui s'envole du début à la fin de Million Dollar Baby, ce qui est presqu'aussi raté que dans le précédent Mystic River, réalisé juste l'année précédente.
    Sinon, bien peu de choses, étant donné qu'il s'agit, de mon point de vue et de celui de nombreuses personnes, des deux films les plus parfaits tournés sur le milieu de la boxe. Une seule exception, dont Martin Scorsese ne parlait absolument pas : celle de l'euthanasie... Est-ce autorisé, et dans quels pays ? Je ne veux pas ici parler des Pays-Bas (qui fut le premier à l'accepter en 2001), ni même de la Belgique, de la Suisse ou des USA, mais surtout de la France, où c'est toujours interdit. Nous reste-t-il encore beaucoup de temps à survivre dans ce pays, je n'en sais hélas rien... Mais si je dois y mourir, Dieu fasse que cela aille vite et sans problème, plutôt que très lentement, avec une foule de difficultés.

    Libellés : , , ,

    2 Comments:

    Anonymous Chah said...

    Très bel article sur un très beau film, cruel. J'aurais du mal à le revoir. Je me souvenais qu'il y avait du gaélique ;) Très émouvant.

    jeudi, 19 janvier, 2023  
    Blogger Vincent said...

    Tu as raison : c'est un film qui n'engendre que des "très" - exception faite de la musique, malheureusement signée par Clint Eastwood lui-même... Mais je le regarde aussi rarement que toi, tellement cet Opus me fait de l'effet (y compris quelques larmes, et oui) !

    vendredi, 20 janvier, 2023  

    Enregistrer un commentaire

    << Home