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  • vendredi, juillet 01, 2022

    THE KILLING (STANLEY KUBRICK)

    Ou encore, L'Ultime Razzia, comme nous le disons en français... Il s'agit du second (ou du troisième film, si l'on compte le tout premier Fear and Desire) de Stanley Kubrick, alors seulement âgé de 28 ans en 1956 ! Ce qui ne l'empêchera pas de collaborer avec l'un des producteurs américains les plus influents de l'époque, James B. Harris,  qui travaillera d'ailleurs à nouveau avec lui pour Les Sentiers de la Gloire et le fameux Lolita, avant de se risquer à son tour en 1988 en tant que réalisateur, avec un trop méconnu Cop :

    Evidemment, il s'agit de l'histoire d'un braquage qui semble parfaitement dirigé, où pourtant toutes les attitudes vont se révéler peu à peu très négatives, ce qui va conduire tout le monde vers une mort certaine, ou dans le meilleur des cas, vers la prison. Nous voyons dès le début le principal responsable de ce casse spectaculaire, Johnny Clay (Sterling Hayden) et son épouse Fay, ainsi que l'adresse où tout le monde est censé se retrouver une fois le coup commis :
    Tout a l'air de parfaitement se dessiner, bien sûr... Mais dès le départ, Stanley Kubrick nous donne sans hésiter des indications sur l'autre couple marié, George et Sherry Peatty, où non seulement le mari est semble-t-il quelque peu paranoïaque dans sa future action, mais sa femme très peu compétente et surtout avide d'argent :
    Erreur fondamentale, car cela va pousser celui-ci à lui livrer certains détails, qu'il était censé conserver dans le plus grand secret :
    Et l'on découvre immédiatement après le vrai couple que forme Sherry Peatty avec Val Cannon, son amant préféré, à qui elle dit sans plus tarder tout ce qu'elle sait :
    A titre indicatif, Stanley Kubrick s'est d'ailleurs assuré de la collaboration de l'un des meilleurs directeurs de la photographie, Lucien Ballard. Il furent tout d'abord en grande discussion sur l'objectif utilisé et la distance appropriée, Lucien Ballard optant pour un objectif de 50 mm avec une caméra plus lointaine, alors que Stanley Kubrick avait déjà choisi un objectif de 25 m et une position très précise. Lucien Ballard tenta de s'y opposer, mais il eut en réponse juste ceci : "Vous faites comme je l'ai décidé, ou vous quittez mon plateau sur-le-champ". Après quoi, tout se passa sans la moindre contradiction.
    Ceci se voit également très nettement sur ce plan superbe, où l'on voit Johnny Clay en train d'expliquer à ses collaborateurs les deux hommes dont il aura besoin sans les tenir complètement au courant... Primo, celui qui abattra à coup sûr le cheval de la course en question. Secundo, l'autre qui déclenchera une très violente bagarre au sein du lieu de courses, afin de lui permettre une discrète intervention :
    Ceci semble parfait, n'est-ce pas ? Mais cela va commencer à se dégrader un tout petit peu, avec l'intervention de George Peatty face à Johnny Clay,  et surtout celle de Sherry Peatty, n'obtenant pas la moindre confiance de Johnny Clay, qui la prend pour une simple prostituée juste avide d'argent, et peut-être digne de mort :
    Enfin bon, ceci semble provisoirement s'arranger, et laisse tout le temps qu'il faut à Johnny Clay pour régler ses affaires avec les deux hommes indépendants, dont le premier est Maurice Oboukhoff :
    Celui-ci étant chargé de provoquer une grande bagarre sans conséquence, pour laquelle il gagnera 2500 dollars, sans chercher à savoir de quoi il retourne exactement :
    Ibidem pour Nikki Arane, le déclencheur idéal du casse en question, qui malgré sa grande compétence devra également ignorer le vrai but d'abattre un cheval, et se contenter lui aussi de 2500 dollars sans chercher à en savoir plus - ce qu'il a l'air naturellement compétent à faire :
    Il ne reste plus à Johnny Clay qu'à trouver un lieu où il pourra se planquer quelque temps, ce qu'il fait immédiatement avec Joe Piano, gérant d'hôtel de grande confiance :
    Et voilà, tout est en place ! Il ne reste plus à la course qu'à avoir lieu, ce qui va démarrer très vite - il est d'ailleurs à noter que nous entendons de plus en plus souvent la voix d'Art Gilmore, qui tenait sur ce film (comme sur des tas d'autres) le rôle de narrateur, nous disant au fur et à mesure ce qui est censé se passer :
    En l'occurrence, le premier plan spectaculaire que nous voyons est la bagarre que Maurice Oboukhoff a déclenché, rien que par son intervention au bar vis-à-vis d'un collègue :
    Bataille qui dégénère vite en lutte organisée de la police, laquelle parviendra - difficilement - à le maitriser :
    Ce que l'on commence à voir durant tout ce temps, c'est la porte que Johnny Clay tente de passer sans se faire voir, ce qui lui permettra d'accéder à l'endroit où l'on garde tout l'argent... Mais là est l'une des caractéristique fondamentale du film, c'est qu'à partir de ce moment-là, nous pouvons revoir la même scène plusieurs fois, filmée sous un angle différent et donnant lieu à une toute autre interprétation. Ce que l'on voit tout d'abord avec le départ de la course, pas du tout filmé de la même façon :
    Mais surtout avec l'abattage du cheval principal, Red Lightning, par le très doué Nikki Arane, qui est montré pour la seconde fois seulement de sa propre voiture :
    Le seul vrai problème, c'est que l'on voit cette fois la scène allant jusqu'au bout... Où il est à son tour abattu par l'employé du parking, auquel il ne faisait pas du tout confiance, et qui prendra d'ailleurs la responsabilité d'appeler toute la police :
    Peu importe, finalement, puisque c'est pour cette raison que Johnny Clay voulait juste lui donner une certaine somme, sans l'informer de la totalité du scénario... Qui se poursuit donc de la façon prévue, malgré l'annonce officielle, avec le port d'un masque et la récolte de la totalité de l'argent, ce qui est peut-être le point le plus menaçant de la mission :
    Tout compte fait, comme le constate Marvin Unger accompagné des autres protagonistes, le plan a donc très bien marché, et ils peuvent à juste titre s'estimer définitivement riches :
    C'était juste oublier une chose, que même Johnny Clay ne savait pas du tout... La connaissance de cette adresse de livraison par Val Cannon, ce qu'il sait bien sûr grâce à Sherry Peatty, qui a pris soin d'obtenir cela de son prétendu mari, George :
    Et comme ils ne veulent absolument pas lui donner la solution, ils sont tous abattus l'un après l'autre, jusqu'à ce que Val Cannon meure à son tour des balles de George Peatty, encore vivant pour un court moment :
    Dans le mauvais camp, il ne reste donc plus que lui et sa femme Sherry Peatty, également touchée, et qui finit par s'effondrer à ses côtés, dotée jusqu'au bout de sa vision cynique du mariage, "Tu n'es rien qu'un bouffon, une blague sans chute valable" :
    Résultat, provisoirement bien construit : il ne reste plus que les deux que nous avons vus au tout début du film, l'organisateur Johnny Clay et sa femme Fay, sur le point de prendre l'avion... Seul inconvénient, la taille légèrement trop grande de sa valise contenant tout l'argent, qui le conduit soit à abandonner le vol prévu, soit à se soumettre à la réglementation des transports aériens. Mais il prend le risque, quoi qu'il arrive :
    Et bien sûr, une vieille dame, qui n'a aucun rapport avec tout cela, s'avère finalement incapable de contrôler son petit chien :
    Lequel court à toute vitesse vers l'homme transportant les valises, l'obligeant à un léger virage, lequel offre inévitablement à la malle de Johnny Clay et à ses billets de banque une liberté absolue :
    Lui faut-il alors écouter sa propre femme, qui lui souffle "Il faut t'enfuir" ? Inutile, voir même impossible, étant donné la présence de deux inspecteurs de police déjà sur les lieux - ce qui donne aussitôt place au générique de fin, vu dans une opposition noir et blanc absolument parfaite :

    C'est officiellement le second film de Stanley Kubrick, qui faisait une année plus tard suite au déjà excellent Killer's Kiss (1955). Mais c'est oublier un peu vite les changements survenus depuis, d'une part en faisant appel au producteurs américains James B. Harris, ainsi qu'à l'un des meilleurs directeurs de la photographie, Lucien Ballard, d'autre part en multipliant le budget utilisé, qui passe de 75000 dollars à 320000 dollars !

    Cette œuvre était assez décalée à l'époque, car tout en étant un film noir, parlant de tous les membres d'une secte criminelle, elle souhaitait surtout en souligner individuellement chaque personnalité, allant de la perfection du couple initial Johnny Clay-Fay à la dégradation de l'autre couple George et Sherry Peatty - cette dernière étant en réalité follement amoureuse de Val Cannon -, sans oublier le caractère étrange du tueur de chevaux Nikki Arane, ou celui beaucoup plus raisonnable du lutteur Maurice Oboukhoff. On peut bien sûr y voir l'attention portée par Stanley Kubrick à l'aléatoire et à l'imprévisible, comme il le montrera avec éloquence dans son Opus suivant, Paths of Glory (1957), mais il est également possible d'y retrouver les traces initiales de Reservoir Dogs (1992), le premier film de Quentin Tarantino.

    Est-ce que je tiens à vous faire partager l'opinion que j'ai de Stanley Kubrick ? En tous cas, je l'ai toujours considéré comme un pur génie du cinéma, ayant tourné douze films tous parfaits, même s'ils sont très différents, et je dois malheureusement vous avouer qu'il y en a assez peu que je place dans cette même lignée, à l'exception de Martin Scorsese, David Cronenberg, Clint Eastwood, ou encore Quentin Tarantino. Si vous souhaitez me dire ce que vous en pensez, je vous en prie, laissez un commentaire !

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    4 Comments:

    Anonymous Anonyme said...

    Très intéressant! Et quel travail! ! Bravo Vincent!!
    Bises de Lausanne

    vendredi, 01 juillet, 2022  
    Blogger Vincent said...

    Quel travail ? Surtout pour Stanley Kubrick, en fait, dont ça a été le second film, et en fait le premier à si bien marcher ! Bises de Paris

    vendredi, 01 juillet, 2022  
    Anonymous Chah said...

    Quel long article ! Je ne savais pas que ce film l'avait rendu célèbre. Un Kubrick que je n'ai pas vu. Même si je n'adore pas les thèmes, je le verrai, car je trouve comme toi que c'est un excellent réalisateur. Et je suis d'accord, il fait des films très différents. Je le comparerais sur ce point, à un réalisateur français: François Ozon. Ses films ne se ressemblent pas du tout !

    vendredi, 01 juillet, 2022  
    Blogger Vincent said...

    Et si, c'était le film qui l'a rendu célèbre (à juste titre), juste avant LES SENTIERS DE LA GLOIRE et LOLITA ! Moi non plus, je n'adore pas spécialement ce thème, mais cela m'a beaucoup plu, la façon dont il est traité différemment ici, comparable au HEAT de Michael Mann, et surtout à RESERVOIR DOGS de Quentin Tarantino, son premier film ouvertement très influencé par celui-ci... Bon, sur François Ozon, je serais d'accord sur une chose, c'est qu'en effet ses films ne se ressemblent pas du tout... Mais par contre, je ne trouve pas du tout que tous apparaissent comme des chefs-d'œuvre, mille excuses ! Mais peut-être suis-je moins sensible ?

    vendredi, 01 juillet, 2022  

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