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  • lundi, juin 12, 2023

    MISSION (ROLAND JOFFE)

    Il est extrêmement rare que l'on parle des jésuites au XVIIIème siècle, surtout en Amérique du sud, et c'est bien ce que Roland Joffé a fait, ce qui lui valut la Palme d'or de Cannes en 1986. On retrouve la même chose dans Silence de Martin Scorsese, mais bien plus tard (2017), et surtout se passant au XVIIème siècle au Japon, un pays totalement différent.

    Ce film met en scène le drame de conscience que subirent les jésuites occidentaux en tentant d'aller vers les Guaranis, un peuple autochtone aux confins du Paraguay, de l'Argentine et du Brésil... Car alors que le pouvoir espagnol et pontifical allaient dans un premier temps en ce sens, ils firent soudain marche arrière vers 1750 et déclarèrent une guerre qu'ils n'eurent guère de mal à gagner. Ceci relate en deux heures près de 150 ans d'histoire, tragique et inattendue, que le cardinal Altimirano résume en cette phrase à la fin : "Vos prêtres sont morts, et moi vivant. Mais à la vérité, c'est moi qui suis mort, et eux qui vivent".

    Cette œuvre commence étrangement, avec durant plusieurs minutes la vue de cet homme sur sa croix qui descend de façon tragique les chutes d'Iguaçu en Argentine. A priori, on pourrait croire qu'il s'agit tout simplement de Robert De Niro :

    Mais en fait non, puisque celui-ci joue le rôle de Rodrigo Mendoza, un espagnol en pleine forme prêt à tout pour conquérir la région, de pair avec son frère Felipe Mendoza (Aidan Quinn) :
    Pourtant, cela ne va guère se poursuivre bien longtemps, puisque sa propre femme Carlotta (Cherie Lunghi) finit par lui dire à quel point elle aime ce dernier, sans qu'elle puisse lutter contre cela :
    Premier résultat ? Une bagarre entre les deux frères, qui va malheureusement mal se finir pour l'un d'entre eux :
    Second résultat ? Après une réclusion en prison depuis six mois, Rodrigo Mendoza se trouve enfin confronté à un jésuite plus patient que les autres, le frère Gabriel (Jeremy Irons), qui réussit à le faire sortir au grand jour, dans sa fameuse marche vers le peuple des Guaranis :
    Dans un premier temps, la question essentielle va être celle de Fielding (Liam Neeson) au frère Gabriel, concernant le port totalement inutile d'armes de la part de Rodrigo Mendoza :
    Mais celui-ci y tient, quel qu'en soit le but :
    Il faudra attendre la venue des Guaranis pour que Rodrigo Mendoza se décide finalement à tout jeter, en étant visiblement soulagé :
    Meilleure preuve ici, où vous pouvez le voir rire après la chute de toutes ses armes dans la vaste rivière :
    Finalement, Rodrigo Mendoza va finir par devenir prêtre au sein de l'organisation jésuite de frère Gabriel, avec les obligations qui s'imposent :
    C'est alors que nous voyons apparaître, bien plus souvent que dans le passé, le cardinal Altamirano (Ray McAnnaly) au milieu de la bourgeoisie portugaise et espagnole, qui s'empresse de lui faire passer son message très clair :
    Notamment l'espagnol Cabeza, qui ne voit chez les Guaranis que des impies indignes de Dieu, ceci pour de nombreuses raisons... Mais le cardinal Altamirano ne semble pas du tout prêt à l'accepter :
    Bien au contraire, il va plutôt dans le sens des Guaranis, notamment lorsqu'ils montrent leur talent en matière de musique - dont nous devons évidemment remercier Ennio Morricone, qui s'est bien inspiré par moments du Requiem de Verdi, et a remporté plusieurs prix à l'occasion.
    D'ailleurs, tout à la fin de cette plaidoirie injuste de Cabeza, intervient la voix de Rodrigo Mendoza, juste histoire de démasquer cette revendication, et de révéler à tout le monde ce mensonge :
    Mais les règles sont les règles, point final... Et Rodrigo Mendoza, bien qu'il n'en ait guère envie, va être obligé - en tant que jésuite - de s'excuser devant Cabeza, même de l'avis de frère Gabriel :
    Au bout d'une bonne heure de film, se dévoile enfin la dernière visite du cardinal Altamirano dans le domaine des Guaranis, qui va se révéler très importante, et pourrait même durant un temps montrer la bonne volonté de celui-ci, qui se combine bien avec celle de frère Gabriel :
    Mais c'est toute illusion, comme le savait d'ailleurs très bien le cardinal Altamirano avant même d'arriver en Amérique du Sud... Et comme commence à le comprendre le frère Gabriel, qui dévoile les véritables intentions des Guaranis :
    C'est alors le changement radical d'attitude de Rodrigo Mendoza (et aussi de Fielding), qui contrairement au frère Gabriel décident de s'engager totalement dans cette lutte - qui ne va pas être bien tendre :
    Commence alors la guerre de tous les occidentaux contre les Guaranis et les jésuites - qui se déroule au début de façon inégale entre eux au beau milieu des chutes d'Iguaçu, où durant un temps Rodrigo Mendoza et Fielding réussissent à s'imposer :
    Mais s'était sans compter avec la grande force de l'armée espagnole et portugaise, qui va finir par gagner d'une manière trop barbare - entre autres en détruisant la grande mission catholique par feu et flammes, sans grande possibilité de s'enfuir :
    Ce que va montrer tout d'abord Rodrigo Mendoza, définitivement atteint :
    Et ensuite le frère Gabriel, dévasté par balle au beau milieu de l'église en flamme :
    Le film se termine avec le doute profond du cardinal Altamirano, qui s'interroge toujours sur le carnage récemment vécu - et sur ce qu'il en reste de bien inexploitable, hélas :
    C'est là qu'il livre sa phrase fétiche, dont nous avons déjà parlé au début de l'article - et le résumé de Roland Joffé qui donne sa propre version actuelle, malheureusement presque toujours identique :

    Evidemment, vous avez déjà vu cette Palme d'or de 1986, n'est-ce pas ? Dans l'improbable cas contraire, vous avez toujours ce petit trailer à vous mettre sous la dent :

    Ai-je tout dit sur ce film stupéfiant ? Certes non, compte tenu du budget relativement sobre de 17 millions de dollars, de ses hallucinants effets spéciaux, de la très belle musique de Ennio Morricone, et aussi, hélas, de la dysenterie qui toucha à peu près tout le monde - exception faite de Robert De Niro !

    Mais je veux toutefois préciser que d'après la liste du Vatican établie par Jean-Paul II, ce titre fait partie des très rares cités parmi les meilleurs films religieux - de même d'ailleurs que le fort différent 2001, L'Odyssée de l'Espace de Stanley Kubrick, qui date précisément de dix ans plus tôt (1968).

    Autres films du même réalisateur : The Killing Fields

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    mardi, janvier 24, 2023

    ALI (MICHAEL MANN)

    Honte sur moi, je ne vous ai pas encore parlé de cet Opus remarquable, situé en 2002 entre Raging Bull de Martin Scorsese (1980) et Million Dollar Baby de Clint Eastwood (2005), sans aucun doute le troisième film du monde à parler le mieux de la boxe, notamment dans la description biopic de la vie de Mohamed Ali - qui se nommait à l'origine Cassius Clay -, magistralement joué par Will Smith.
    Il faut dire que ce réalisateur verseau - tout comme moi - fait exactement pareil que les deux autres, à savoir que sous le prétexte de la boxe, il décrit un tout autre univers de racisme et de religion lié à Mohamed Ali, ce qui est en fait le véritable prétexte du film.
    Celui-ci commence en 1964, sous un fond de musique, laissant le boxeur se définir lui-même, comme il se doit :
    Et chose inattendue, il a parfaitement raison... Le 25 février à Miami, il remporte aisément la bataille contre Sonny Liston (Michael Bentt), ce à quoi personne ne s'attendait parmi le public :
    Hormis peut-être Howard Cosell (Jon Voight), un présentateur de télévision, qui va bientôt devenir l'un de ses rares amis jusqu'à la fin de sa vie :
    A l'époque, on le qualifie encore de son nom de naissance, Cassius Clay... Mais il a de plus en plus envie de s'en débarrasser, et le remplace déjà par Cassius X - le X signifiant le rejet du nom d'esclave :
    Ceci est fait en association avec un autre ami très proche de lui, Malcolm X (Mario Van Peebles), le seul musulman à l'avoir soutenu dans son combat contre Sonny Liston, et qui a failli être le chef de Nation of Islam, une organisation toute nouvelle dirigée par Elijah Muhammad :
    Cassius Clay s'en prend aussi à son père, Giancarlo Esposito, qu'il soupçonne de l'avoir élevé dans la religion catholique - dont il vend les toiles faites par lui-même :
    Il change enfin définitivement son nom en celui de Mohamed Ali, ce qui est grandement favorisé par Elijah Muhammad, mais qui le sépare - de sa propre volonté - de Malcolm X :
    Il lui en fait part lors de sa dernière rencontre avec lui en 1964, durant son arrivée à l'ambassade du Nigéria :
    Cependant, il n'y a pas que des choses négatives... Il rencontre aussi sa deuxième femme Khalilah (Jada Pinkett Smith, en réalité la véritable femme de Will Smith)), laquelle lui donnera trois enfants :
    Et il l'aime d'autant plus qu'il rencontre tout de suite l'hostilité du propre fils de Elijah Muhammad, le très ambigu Jabir Herbert Muhammad (Barry Shabaka Henley), qui lui sert de manager à la place de Malcolm X :
    Malgré toutes les oppositions de ce dernier, il réussira à l'épouser, et parviendra même à la convertir à la religion islamique :
    Par contre, Malcolm X est assassiné le 21 février 1965 à Harlem, dans des intentions racistes évidentes, ce qui fait immédiatement regretter à Mohamed Ali sa séparation avec l'un de ses amis les plus proches :
    Je n'ai pas encore parlé des talents cinématographiques de Michael Mann, mais ceux-ci se voient très bien dans Heat (1995) ou dans le futur Collatéral (2004), et sont particulièrement évidents dans ce meurtre terrifiant de Malcolm X :
    Que faut-il à Mohamed Ali pour enfin sortir la tête du trou ? Sans doute se battre encore une fois en 1967 contre Sonny Liston... Sauf que sa propre qualification va se trouver soutenue par la plupart des gens, et cependant disqualifiée par la fédération WBA, qui prendra prétexte de l'illégalité de sa victoire pour lui retirer sa ceinture :
    C'est l'occasion pour Michael Mann de nous présenter rapidement Drew Bundini Brown (Jamie Foxx), qui était déjà en 1963 l'un des entraineurs de Mohamed Ali, malgré ses défauts dont il ne se gênait pas de faire la liste :
    Sauf que rien ne s'arrange, lorsqu'en 1966 il refuse de servir l'armée pour la guerre du Viêt Nam, et s'engage définitivement comme objecteur de conscience, prétendant "qu'aucun Vietnamien ne l'a jamais traité de nègre"... Ce en quoi il est soutenu par son ami Howard Cosell, mais avec fort peu de chances d'aboutir à ses fins :
    Pire que cela, il est même condamné en 1967 à 10000 dollars d'amende et à cinq ans de prison... Il finira par parvenir à éviter cette dernière, mais devra attendre 1971 pour ne plus avoir de problèmes financiers, ce qui lui semble très long :
    En 1970, Mohamed Ali renonce ainsi à son titre officiel, puis le reprend aussitôt son procès gagné... Ceci lui permettra, entre autres, de gagner la somme d'un million de dollars face à Jerry Quarry :
    Mais surtout, après son divorce hélas inévitable, de rencontrer une nouvelle femme, Belinda Ali (Nona Gaye), qu'il a d'ailleurs connue tout jeune à l'école, il s'en souvient petit à petit... Michael Mann n'en dit pas grand chose, mais il nous laisse tout deviner par ce plan très court, magnifiquement filmé :
    C'est le moment idéal pour Mohamed Ali de tenter d'affronter Joe Frazier (James Toney), ce qu'en 1971 on nommait "le combat du siècle"... Howard Cosell essaye tout d'abord de prévenir Joe Frazier :
    Mais il passe vite à la mise en valeur de Mohamed Ali, d'autant plus que le match a l'air de bien se passer pour lui - tout au moins au début :
    C'est d'ailleurs assez étonnant d'entendre ses mots, à cette occasion où il se croyait implacable :
    Mais le résultat s'avéra bien différent de ce qu'il avait prévu... Et après un début impressionnant aux premiers rounds, Mohamed Ali se fera complètement descendre au cours des rounds 11 et 15, ce qui lui restera toujours en travers de la gorge :
    Un mois plus tard, il a néanmoins la chance de voir son procès définitivement terminé, et sera durant trois ans la vedette absolue de quatorze combats contre les plus grands de la planète... Ce qui est fort bien annoncé par un présentateur TV, comme d'habitude très bien filmé par Michael Mann :
    Une fois parvenu en octobre 1974, il se décidera enfin à se rendre à Kinshasa (capitale du Zaïre, actuellement le Congo), pour participer à une lutte exceptionnelle contre le champion du monde Georges Foreman (Charles Shufford), intitulée "The Rumble in the Jungle" :
    On le découvre alors en train de se livrer à une marche le long de la capitale et du fleuve Congo, qui non seulement le rend plus dur face au manque d'endurance du champion, mais surtout le fait devenir l'icône du peuple et des enfants :
    Cette randonnée est fort bien filmée, et accompagné d'une excellente musique :
    Comme à son habitude, Mohamed Ali se laisse aller à pas mal d'ironie envers Georges Foreman :
    Et au passage, à rencontrer encore une nouvelle femme, Veronica Porche, qui sera d'ailleurs la (presque) dernière, et lui donnera encore deux enfants :
    Mais ceci n'est qu'une parenthèse, bien sûr... Le plus important restant l'entrée des deux athlètes, dans ce combat du 30 octobre 1974 retransmis dans le monde entier :
    Là, il faut constater que Michael Mann ne filme comme personne ce match, qui durera pratiquement aussi longtemps que le tout premier, celui contre Sonny Liston... Avec cette façon visiblement nouvelle d'utiliser la caméra numérique, comparable - sous un autre plan - avec la manière très spéciale dont Martin Scorsese s'en servait en 1980, pour filmer d'un seul point de vue Robert De Niro : 
    Pendant tout le début du combat, nous croyons de bonne foi en Georges Foreman... Mais cela se transforme rapidement grâce à l'endurance de Mohamed Ali, qui le fait non seulement poursuivre au-delà du 5ème round, et qui finit par le mettre définitivement par terre au 8ème round - ce qui lui redonne enfin son titre de meilleur athlète professionnel :
    Certes, Mohamed Ali continuera encore ses combats jusqu'en 1981, où se passent un certain nombre d'évènements, que vous pouvez lire sur son site... Mais c'est le moment précis où le film s'arrête, donnant juste un très bref résumé de la fin de sa vie en guise de conclusion :
    Au cas, très improbable, où vous ne le connaissiez pas encore, vous pourrez toujours le voir sur ce trailer :
    Bref, pour ma part, je pense que c'est l'un des meilleurs films qu'il ait jamais tourné - malgré sa durée de 2h37 -, et je crois que Michael Mann se révèle comme l'un des plus grands réalisateur de la planète, alliant sa vision spéciale de verseau à sa conception du monde, toujours orientée vers la lutte impossible entre le bien et le mal, entre la sagesse et la corruption, entre la paix et la guerre... J'espère beaucoup que vous aimerez cet Opus, et que vous daignerez laisser à l'occasion un commentaire !
    Autres films du même réalisateur : ManhunterThe Last of the MohicansHeatThe InsiderCollatéralMiami VicePublic Enemies
    Autres biopics (avec entre parenthèses la date du film, et le nom de la personne traitée) : Patton (1970, George Patton), Barry Lyndon (1975, Barry Lyndon), Raging Bull (1980, Jake LaMotta), Elephant Man (1980, John Merrick), Bird (1988, Charlie Parker), Ed Wood (1994, Ed Wood), Braveheart (1995, William Wallace), A Straight Story (1999, Alvin Straight), The Insider (1999, Jeffrey Wigand), Frida (2002, Frida Kahlo), Girl with a Pearl Earring (2003, Johannes Vermeer), Marie-Antoinette (2006, Marie-Antoinette), The Last King of Scotland (2006, Idi Amin Dada), La Môme (2007, Edith Piaf), Into the Wild (2007, Christopher McCandless), Silence (2017, jésuites portugais)

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