Un film de 1999 qui pourrait sembler assez dur à voir, ne serait-ce que par son titre assez provocateur... Et aussi par la signature de Spike Jonze (qui en réalité s'appelle Adam Spiegel, mais décide de changer de nom en hommage à Spike Jones).
Mais croyez-moi, il n'en va du tout ainsi. D'une part, parce que cet Opus est porté par de très grands acteurs, soit réels (John Malkovich, John Cusack, Cameron Diaz, Catherine Keener), soit en simple caméo (Sean Penn, Dustin Hoffman, Michelle Pfeiffer, Brad Pitt, Winona Rider) ; d'autre part, parce que sa musique est due à l'assez commun Cartel Burwell (qui a accompagné presque tous les films des frères Coen), mais surtout à l'excellente Björk.
Comme cette œuvre n'est pas évidente à comprendre, je vous ai pour une fois placé près de 50 photos, qui permettront de mieux évaluer la trajectoire insensée des principaux protagonistes. A commencer par Craig Schwartz (John Cusack), qui exerce le métier de marionnettiste, à l'occasion de l'interprétation d'un ballet superbe de Béla Bartok :
Tout va bien, a priori, pour lui... Sauf que cela ne rapporte pas un centime, et qu'il cherche désespérément un autre travail ;
Heureusement, il va trouver assez vite quelque chose qui lui convient parfaitement :
Même si la société en question se trouve au très étrange septième étage et demi, qui jouit en l'occurrence d'un très bas plafond :
C'est là qu'il rencontre enfin le très âgé Dr. Lester (Orson Bean), qui en fait se révèle être le principal responsable de toute l'histoire - mais ceci, on ne le saura qu'à la fin du film... Pour l'instant, il apparait seulement comme quelqu'un de très gentil, usant de tout son pouvoir afin de donner à Craig Schwartz sa réelle place :
Celle-ci apparaît toutefois nettement plus dure à tenir face à Maxine Lund (Catherine Keener), sa plus proche directrice, dont il tombe tout de suite éperdument amoureux, bien qu'étant déjà marié :
Du reste, Maxine Lund le traite comme un simple employé... Ce qui le contraint à se replier dans son coin, avec - croyez-moi sur parole - cette incroyable découverte, celle d'un trou menant pour 15 précieuses minutes dans le cerveau de John Malkovich :
Ainsi, il se trouve rendu pour la première fois dans la tête de John Horatio Malkovich (joué par John Malkovich, évidemment), vivant exactement ce qu'il fait, que ceci soit vraiment intéressant ou non :
Et quinze minutes plus tard, l'ensemble se termine de façon aussi improbable qu'il a débuté, sur une vague autoroute de la ville :
Aussitôt, il essaye d'expliquer à Maxine Lund ce qui se passe vraiment, en lui citant le fameux acteur et la possibilité d'être dans sa tête - apparemment, sans la convaincre vraiment :
Du coup, Craig Schwarz raconte toute l'histoire à sa vraie femme, Lotte Schwarz (Cameron Diaz), qui malgré son métier tout aussi risqué d'entomologiste, s'emballe véritablement pour ce projet :
Et le prend à cœur d'une tout autre façon que son mari, puisqu'elle se retrouve en tant que femme projetée dans le crâne d'un homme, ce qui la renverse totalement :
Pour la première fois, nous avons en outre un indice important sur le Dr. Lester, lorsque Lotte Schwarz, invitée avec son mari, découvre par hasard dans sa maison une pièce fort improbable, où toute la vie de John Malkovich figure en plein centre :
Elle va tenter d'expliquer tout ce qui la fascine absolument à son mari, mais celui-ci reste pour l'instant très perplexe à ce sujet :
En prime, Maxine Lund ne pense qu'à une seule chose, pour l'instant : comment rendre cela le plus rentable possible ?
Mais c'est très loin de décourager Lotte Schwarz d'entreprendre aussitôt un second voyage, qui va se trouver renforcé par la présence de John Malkovich et de Maxine :
Craig Schwarz, certes, entre dans une colère cinglante, du moins dans un premier temps :
Car dans un second temps, il prend lui aussi la route, et réalise dans la tête de John Malkovich ce dont il a envie depuis très longtemps, se retrouver au lit avec Maxine Lund :
Sauf que tout ne se passe pas tout à fait comme prévu :
Et décide le "vrai" John Malkovich à mener son enquête personnelle, où il découvre assez vite le septième étage et demi, qui donne toute l'entrée pour son cerveau :
Et à quel point la future clientèle est nombreuse, ce dont il finit tout de même par avoir raison :
Il ne reste donc qu'une seule chose à faire : prendre lui-même le voyage secret pour se rendre dans sa propre tête... Où devant la multiplication des John Malkovich, on a sans doute l'une des scènes les plus drôles du film :
C'est d'ailleurs à ce moment que plus personne ne sait où il en est, et là, cela traduit très bien le sentiment du spectateur, un peu perdu lui aussi, qu'il s'agisse de la mise au courant de Maxine Lund par Lotte Schwarz :
Du doute très renforcé de John Malkovich sur l'occupant de son cerveau :
Ou encore, de l'avertissement de Craig Schwarz à Maxine Lund :
Bref, c'est un délire assez phénoménal pour tout le monde... La seule parvenant encore à se repérer, c'est Lotte Schwartz, qui se souvient avoir découvert quelque chose dans l'appartement du Dr. Lester :
Et là, l'on s'aperçoit finalement que c'est lui-même qui maîtrise tout, depuis le début, et dans un but bien précis :
Fort heureusement, il prend la bonne décision pour tout le monde :
Que se passe-t-il donc, huit mois plus tard ? Et bien, disons que John Malkovich, habité désormais en permanence par Craig Schwarz, échange tout simplement son métier de comédien pour celui de marionnettiste - où il passe maître, évidemment :
Et qu'en très bonne position pour cela, il se marie sans plus tarder avec Maxine Lund - à laquelle il a bien prévu de donner un enfant :
En apparence, tout va donc très bien... Mais John Malkovich s'énerve de plus en plus vis à vis de Craig Schwarz, qu'il estime responsable de sa très récente conversion :
Chose qui démoralise totalement le Dr. Lester :
Et ouvre la porte à d'autant plus de cynisme, chacun ayant une bonne raison de courir après l'autre :
Soit par la propre déclaration de Maxine Lund à Lotte Schwarz - très étonnante, n'est-ce pas ?
Soit par l'incompréhensible rejet de John Malkovich par lui-même - à moins qu'il ne s'agisse de Craig Schwarz, allez savoir :
Quoiqu'il en soit, nous nous retrouvons pour finir sept ans plus tard... Où le Dr. Lester est finalement très content d'avoir bien incarné John Malkovich comme prévu - avec, en reformation, cette fameuse pièce de sa maison :
Où Lotte Schwarz, qui était à ce moment précis John Malkovich lui-même, a été "le père" de l'enfant attendu, qu'elle s'amuse à taquiner avec sa mère Maxine Lund :
Et où Craig Schwarz (ayons pitié de celui-ci) se retrouve finalement tout seul, pire qu'au début, et à livrer sa dernière déclaration à celle qu'il aimait en secret - en tous cas, loin de sa propre femme, Lotte Schwarz :
C'était le cinquantième photo, donc, point final ! Je ne sais pas ce que vous pensez de cette œuvre, mais de mon côté, je le trouve tout simplement extraordinaire... Pour plusieurs raisons, la première étant bien entendu qu'elle est magistralement interprétée par d'excellents acteurs, mais la seconde, plus subtile, résidant dans la façon dont nous est présenté l'amour confiant (sous-entendu : le mariage), l'amour insensé, l'homosexualité, et le lesbianisme. Autrement dit, Craig Schwarz et Lotte Schwarz, Craig Schwarz et Maxine Lund, John Malkovich face à lui-même, et finalement Lotte Schwarz avec Maxine Lund.
Allez, le trailer du film :
Je suis d'accord avec vous, le traitement de ces thèmes très ambigus aurait pu être raté dans beaucoup d'autres films, mais je trouve là le travail de Spike Jonze absolument exceptionnel ; d'une part, parce qu'il s'agit de son tout premier film (avec des acteurs aussi connus, incroyable, non ?) ; d'autre part, parce que son sens de l'humour et sa légèreté ont permis de faire passer les passages les plus délicats comme une lettre à la poste, si je puis dire...
Laisserez-vous un commentaire sur un sujet aussi délicat ? Je n'en suis pas si sûr, mais après tout, rien d'impossible, non ?
Et bien non, je ne suis pas très content ! Enfin, j'espère que tu verras ce film un jour, parce qu'il est très différent de ce à quoi tu t'attends... Je parle ainsi au nom de Spike Jonze, bien sûr !
Ca a l'air hallucinant! Incroyable, pour un premier film! C'est sûr je le verrai un jour. J'aurai du mal à comprendre, mais j'essaierai... J'ai entendu ce titre plein de fois mais sans jamais regarder le pitch: je ne m'attendais pas du tout à ça; j'adore l'idée de la porte d'entrée, trouvée par hasard (!!!), pour être dans la tête de quelqu'un.
Oui, comme tu dis, c'est hallucinant et incroyable ! Rassure-toi, moi aussi, j'ai eu un peu de mal à le comprendre, la toute première fois... Mais peu importe ; l'essentiel reste dans l'humour des faits, et aussi la profondeur avec laquelle c'est malgré tout raconté ! Bref, une grande réussite de ce "premier film", auprès duquel l'opus EVEN COWGIRLS GET THE BLUES de Gus Van Sant a du mal à se hisser...
6 Comments:
Oh les flemmards,toujours de comments,,,, y va pas être content le monsieur,,
Bel article ,peut être un jour je verrais .
Soleil froid ici
Et bien non, je ne suis pas très content ! Enfin, j'espère que tu verras ce film un jour, parce qu'il est très différent de ce à quoi tu t'attends... Je parle ainsi au nom de Spike Jonze, bien sûr !
Ca a l'air sympa ! Et j'aime bien JM...
Bises de Lausanne
Cha
C'est beaucoup plus que "juste sympa", si je puis me permettre... Mais tant mieux que tu aimes bien JM, cela ne réserve que du bon à ce film !
Ca a l'air hallucinant! Incroyable, pour un premier film! C'est sûr je le verrai un jour. J'aurai du mal à comprendre, mais j'essaierai... J'ai entendu ce titre plein de fois mais sans jamais regarder le pitch: je ne m'attendais pas du tout à ça; j'adore l'idée de la porte d'entrée, trouvée par hasard (!!!), pour être dans la tête de quelqu'un.
Oui, comme tu dis, c'est hallucinant et incroyable ! Rassure-toi, moi aussi, j'ai eu un peu de mal à le comprendre, la toute première fois... Mais peu importe ; l'essentiel reste dans l'humour des faits, et aussi la profondeur avec laquelle c'est malgré tout raconté ! Bref, une grande réussite de ce "premier film", auprès duquel l'opus EVEN COWGIRLS GET THE BLUES de Gus Van Sant a du mal à se hisser...
Enregistrer un commentaire
<< Home