Vous ne connaissez pas encore ce film, sorti en 1997 ? Impossible, car il fut cette même année premier des plus gros succès français au niveau mondial (statut qu'il conservera durant 11 ans), et reste encore aujourd'hui cinquième de la liste après le tout premier Lucy (2014), autre film de Luc Besson. Il s'agit certes d'un Opus tourné avec des acteurs majoritairement américains, mais l'esprit reste bien français, de même que l'équipe principale - et c'est ce que je vais tenter de prouver grâce à l'analyse suivante, bien servie par une quarantaine de photos et huit vidéos !
1) PROLOGUE
En 1914, dans un temple en Egypte, un archéologue italien décrit à son assistant un plan de bataille, concernant la lutte entre le mal absolu et le bien - une incarnation des quatre éléments essentiels, en entourant un cinquième autre - ce qui a l'air de bien l'étonner :
Puis arrive un vaisseau extraterrestre, dont les occupants envisagent de prendre les cinq éléments, pour les ramener lorsque la guerre sera sur le point d'avoir lieu, 300 ans plus tard !
Nous avons là, en un petit quart d'heure, un point de vue global de l'œuvre dans son ensemble... Il y a l'Egypte, le prêtre, la doctrine des quatre éléments - suivis de l'énigmatique cinquième -, les extra-terrestres, et bien sûr la grande guerre à venir.
2) LA MENACE DU MAL
Il ne nous reste donc plus qu'un seul pas à franchir, et nous voici subitement à Brooklyn en 2263, où Korben Dallas (Bruce Willis, excellent acteur) occupe la place de chauffeur de taxi - tout en étant également un ancien major des Forces spéciales :
On découvre également Vito Cornelius (Ian Holm), un prêtre spécialisé en astro-phénomènes, qui a extrêmement conscience de l'entrée prochaine du mal dans la planète, et parvient donc à autoriser un vaisseau extra-terrestre Mondo-Shawan à atterrir - qui est malheureusement détruit lors de son arrivée :
Heureusement, il en reste une main, qui finit par être reconvertie en cinquième élément, une jeune fille aux cheveux orange dotée de capacités physiques et mentales exceptionnelles :
Mais celle-ci, ne parlant pas encore la langue terrestre, s'enfuit au plus vite de ces militaires, qu'elle a le plus grand mal à supporter. Elle se nomme Leeloo (Milla Jovovich, une artiste ukrainienne dont c'était le premier film international à vraiment bien marcher) :
Cernée par la police, elle saute désespérément dans le grand vide de New York, sauvée au dernier moment par Korben Dallas dans son taxi - dont elle a d'ailleurs détruit le toit :
Celui-ci a un mal fou à communiquer avec Leeloo, et c'est bien normal - vu qu'elle ne parle pas encore la langue terrestre. D'autant qu'il a bien d'autres problèmes à régler de toute urgence, notamment sa prise en chasse par toute la police de New York... Qu'il va finir in extremis par larguer via sa brusque plongée dans le brouillard local, fort heureusement !
La jeune fille débarquée dans son taxi le persuade alors de voir le prêtre Vito Cornelius - qui parle, lui, couramment sa langue -, et lui dit enfin la vérité sur les cinq pierres, qui n'étaient pas à bord du vaisseau Mondo-Shawan, ni même en son sein :
En tous cas, elles ne sont pas là où elles devraient être, en possession du mal - autrement dit, de Zorg (Gary Oldman) et d'un groupe d'extraterrestres polymorphes, pour ainsi dira capables de se changer instantanément, les Mangalores :
3) KORBEN DALLAS GAGNE LE CONCOURS
A ce moment là, on pourrait se croire parvenu vers la fin du film, mais pas du tout... En fait, Korben Dallas va devoir se rendre sur le vaisseau paradisiaque Fhloston Paradise, accompagné de Leelo et de Vito Cornelius :
Le président de la république Lindberg (Tommy Lister) sait très bien où se trouve les cinq pierres, mais c'est pour l'instant l'un des rares :
Les Mangalores, au service de Zorg, partent également pour Fhloston :
Et ils croient emprisonner Korben Dallas, mais embarquent à sa place David (Charlie Creed-Miles)... C'est une scène particulièrement remarquable, où les changements d'allure des Mangalores (entre autre, grâce à Mathieu Kassovitz) et leur confusion finale entre Korben et David sont bien représentés :
4) LA CROISIÈRE AGITEE
Une fois rendu sur la planète Fhloston, Korben Dallas est accueilli en premier lieu par un présentateur de radio complètement déjanté, Ruby Rhod (Chris Tucker), qui va tellement exiger de lui que cela va presque lui faire regretter d'avoir - on ne sait comment - gagné ce concours :
Mais le vrai but n'est pas là du tout, évidemment :
A ce moment là, les Mangalores ne tardent pas à arriver sur la planète, eux aussi :
Et Korben Dallas sait enfin qui détient l'objet, Diva Plavalaguna (Maïwenn), une cantatrice qui va bientôt chanter Lucia de Lammermoor de Donizetti - aussitôt suivie par la très étonnante Diva Dance de Eric Serra lui-même :
Le concert de Diva Plavalaguna débute donc, Korben Dallas fort bien habillé en costume, tandis que Maïwenn reste assez surprenante dans cet habit imaginé par Jean-Paul Gaultier - comme d'ailleurs la plupart des vêtements du Cinquième Elément :
Outre le fait d'écouter éventuellement cet air sublime, sachons rendre grâce à l'albanaise Inva Mula, qui en a chanté l'essentiel :
Pendant ce temps, Zorg et les Mangalores se livrent à une bataille terrible contre Leeloo, restée dans sa chambre plutôt que d'assister au concert... Mais une fois de plus, Zorg n'a toujours pas les pierres :
En fait, c'est Diva Plavalaguna qui les a en elle, et qui profitera des derniers instants de sa vie pour informer Korben Dallas de l'endroit où elles se trouvent :
Durant tout ce temps, les Mangalores et Zorg se sont introduit au cœur de Fhloston Paradise, et ont bien entendu tenté de récupérer les pierres... Mais ils ne savent pas encore la vraie nature de celui qu'ils ont ainsi défié, et qui s'organise avec tout le monde lors d'une gigantesque bataille - l'un des (nombreux) points forts du film :
5) DERNIER ACTE
Résultat ? Zorg et les Mangalores sont définitivement détruits.. Non pas de la façon que l'on soupçonnait, mais bien plus étrangement par l'ultime ruse du premier, aussitôt détruite par les seconds - juste histoire de sauver l'honneur :
Korben Dallas et ses amis vont donc profiter des quelques secondes qu'il leur restent pour rapidement quitter la planète de Fhloston - c'est la dernière chance, soyons-en conscient :
Mais il reste une dernière force du mal, la plus terrifiante d'entre toutes, encore au-dessus des défunts Zorg et Mangalores, et qui ne possède ni nom ni visage... Le temps du voyage, Leeloo apprend enfin les dernières lettres de l'alphabet, précisément le W de War (Guerre) :
Et les voici tous rendus en Egypte, où comme au début, ils cherchent à comprendre comment lancer les cinq éléments - sachant ceux-ci seuls capables de lutter contre le mal absolu :
Puis David trouve, en somme par hasard, la façon de faire démarrer la pierre de l'air, à l'aide du vent sorti de sa bouche... Aussitôt, Korben Dallas comprend tout, et parvient à donner à chacun des instructions très claires pour lancer chacun des quatre éléments :
Certes, Leeloo a encore des doutes - du reste pas du tout infondés... Mais Korben Dallas détient bien sûr son explication à lui :
Ainsi, le mal qui a failli gagner à quelques secondes près, est-il définitivement détruit :
Le film est-il fini ? Pas tout à fait, car le président Lindberg cherche à voir le fameux couple, une fois tout le monde rentré sur la planète... Mais très franchement, Korben Dallas et Leiloo, en train de récupérer à bord d'un appareil mystérieux, n'en ont rien à faire :
Est-ce un très bon film, porté par un excellent scénario (Luc Besson était encore au lycée quand il écrivit sa première version !), servi par de bons acteurs, subtil grâce à son traitement typiquement français des costumes et de la musique, et bien commercial parce qu'à la fois tourné en Angleterre et financé par Gaumont ? Je crois qu'on va absolument dans ce sens, non seulement du fait qu'entre 1997 et 2018, l'Opus est sélectionné dans 51 catégories et a remporté 10 récompenses, mais aussi qu'il reste toujours aussi fascinant en 2023 qu'il l'a été lors de sa création.
Cela ne veut pas dire que j'adore tous les films qu'a fait Luc Besson, loin de là... Mais plutôt que de vous donner ceux que j'apprécie le moins, permettez-moi juste de citer Léon (1994), Lucy (2014), et plus curieusement Malavita (2013), détesté par pas mal de gens. J'espère en tous cas que je vous ai donné envie de voir Le Cinquième Elément, un soir d'envie de fiction, de rêve, et pour une fois, de votre retour dans votre propre pays !
Oui, pour une fois, il s'agit d'un film de Olivier Megaton, sorti en 2011, qui a remporté un succès limité à 45%... Mais rassurez-vous, je fais absolument partie des 55% restants, car pour des raisons que je connais bien, cette œuvre m'apparaît très riche sur un triple plan : son thème fondamental - celui de la vengeance d'une jeune fille assez éprouvée -, sa prise de vue et sa lumière superbes, et aussi sa musique excellente, due à Nathaniel Méchaly.
Etant donné que j'ai mis pour une fois près de 40 photos, je vais me permettre de raconter l'histoire dans son ensemble - attention si vous avez peur du spoiler -, qui commence par ce double plan assez contradictoire au sein du plus grand cartel de Colombie, entre ce que le grand chef Don Luis (Beto Bentites) dit, et ce qu'il va faire en réalité :
Reste malgré tout un certain nombre de personnes à éliminer, dont toute une famille, à commencer par Cataleya Restrepo jeune (Amandla Stenberg, qui deviendra plus tard une actrice célèbre), sa mère, et son père, donnant un seul conseil avant sa mort :
Voici, pour ainsi dire, le sens de son prénom :
Je peux me permettre de vous offrir une courte vidéo, à ce sujet :
Résultat ? La petite fille est désormais toute seule, n'ayant pas encore tranché la question :
Mais elle va le faire très rapidement, lorsque Marco (Jordi Mollà), l'un des chefs les plus puissants de Don Luis, va lui demander de lui remettre sa "cataleya" :
Ce qui va lui donner une envie folle de se barrer par la fenêtre, pour donner lieu à une course-poursuite absolument hallucinante, dont je regrette de ne pas avoir trouvé de vidéo, tellement ceci est bien filmé, avec une horde de voitures et de motos à la poursuite de la jeune fille dans la capitale colombienne :
Rassurez-vous, elle s'en sort totalement indemne - ce qui est assez inexplicable, vu son âge très jeune :
Elle se retrouve aussitôt à la police, qui devine très rapidement ce dont il s'agit - le collier de Cataleya comprenant un fichier très important sur tous les cartels de Colombie :
Mais doit lui payer le prix évident en retour, un trajet définitif en Amérique du Nord :
Une fois ce gigantesque parcours étant fait, elle se retrouve donc face à la seule personne encore en vie, son oncle Emilio Restrepo (brillamment interprété par Cliff Curtis, qui participa notamment au célèbre film de Martin Scorsese, A Tombeau Ouvert) :
Que reste-t-il à faire, durant la longue période qui suivra ? Peu importe, en fait... Sinon que la jeune actrice interprétant Cataleya (Amandla Stenberg) laissera la place à Zoe Saldana, jouant le même rôle, mais quinze ans plus tard en Californie :
Cette jeune fille incarnant Cataleya Restrepo était d'ailleurs déjà bien connue à l'époque, en participant en 2009 au célèbre Avatar de James Cameron... Sinon qu'on la découvre ici quelque peu différente, royalement bourrée, en fait juste dans le but de rentrer en prison :
Pour y faire quelque chose de bien précis, qui une fois de plus est magistralement filmé :
En fait, elle a tout simplement décidé de flinguer petit à petit tous ceux qui sont près de la mort de ses parents - en dessinant au passage sur leur corps une orchidée cataleya, ce qui va bien sûr permettre de l'identifier relativement rapidement :
Sinon que le seul destiné à résoudre cette enquête, l'agent spécial Ross (Lennie James), va se trouver confronté à de nombreux problèmes, à commencer par l'identité de la tueuse, aussitôt suivi de la très mauvaise volonté du FBI de l'aider dans ce domaine :
Même chose pour Marco et Don Luis, bien que ceux-ci voient la chose d'un œil assez différent, qui se résume à un bon reproche du second - le plus puissant - envers le premier :
Pendant ce temps, on en apprend un tout petit peu plus sur Cataleya... Qu'elle vit seule, dans un appartement semble-t-il très bien équipé (d'armes, d'ordinateurs, etc...), qu'elle entretient une vague relation amoureuse vis-à-vis d'un jeune peintre, totalement innocent et pas du tout au courant de tout ce qu'elle fait :
Et surtout, que le seul sur lequel elle peut compter reste son oncle Emilio, qui lui donne volontiers quelques tuyaux sur le prochain :
Mais se montre toujours réticent face au choix initial de la jeune fille, à savoir tuer le principal responsable du meurtre de ses deux parents :
En tous cas, celle-ci va déjà se pencher sur le premier cas mentionné par son oncle, celui d'un homme très puissant, qui se cache provisoirement aux Caraïbes bien entouré :
Sauf que pour le plaisir, il possède, outre de nombreuses femmes qui lui sont acquises, une très jolie piscine assez inquiétante :
Ce que savait bien sûr dès le départ Cataleya, qui joue avec lui comme avec les requins :
Parvenant ainsi à le tuer sans problème, ce que vous pouvez - pour une fois - découvrir sur cette vidéo magistrale :
Incidemment, il ne s'agit d'ailleurs pas du deuxième meurtre qu'elle commet, mais au moins du vingtième, ce qui désappointe grandement l'agent spécial Ross, et met tout aussi mal son oncle Emilio, qui lui donne la dernière information possible avant sa mort - tué lui aussi par Don Luis :
En fait, tout va mal - du moins, en apparence... D'une part, l'oncle est mort, d'autre part, l'agent spécial Ross se trouve embarqué dans quelque chose de bien plus complexe qu'il l'avait prévu, et enfin, sans le faire exprès, l'amant de Cataleya a envoyé une photo d'elle dans leur lit, ce qui va déclencher une intervention assez peu prévue :
Sauf par Cataleya elle-même, qui a depuis longtemps mis au point un processus pour quitter à temps son appartement, avant qu'il croule sur une explosion voulue par Ross :
Résultat de tout ceci : avant même qu'on le devine, Cataleya se dirige déjà vers la maison de Don Luis... Où se trouve Marco, encore vivant, qui essaye de faire comprendre à son propre chef les aléas de son apparition :
Que Don Luis qualifie plus simplement de disparition :
Ici intervient alors l'une des scènes les plus fracassantes du film... Celle où cette superbe maison se trouve prise d'emblée par une vaste explosion - dont hélas, je n'ai pas réussi à trouver la vidéo :
Mais Cataleya a pas mal de choses de son côté, en fait :
Et elle a pratiquement éliminé tout le monde, sauf bien sûr Don Luis - qui s'est caché en attendant dans un endroit assez machiavélique -, et surtout le véritable responsable de la mort de son père, Marco :
Lequel va se battre de façon assez incroyable durant une bonne dizaine de minutes avec Cataleya :
Sans arme, juste avec les petits moyens du bord, tous deux vont lutter comme des fous furieux... Jusqu'à ce que Marco finisse par y passer à son tour :
Laissant ainsi comme seul survivant de l'incroyable bataille Don José, qui se moque d'elle dans un ultime coup de fil :
Sauf que là comme ailleurs, elle a encore quelque chose à lui dire :
On se demande de quoi il s'agit, certes... Mais si on déjà vu le film une fois, on sait que vers le milieu se déroule cette scène incroyable, où Cataleya donne soigneusement à manger à ses trois chiens affamés :
Ce qui se justifie entièrement à la fin, où Don José disparaît lors de son ultime fuite en voiture, lors d'une attaque mémorable de ces bêtes :
Est-ce la dernière image du film, avec la disparition totale de tout ce cartel ? En fait, il reste sûrement à Cataleya quelque chose à faire, mais l'on n'en saura pas plus... Juste que son amant périodique a eu droit à un unique coup de fil de sa part, certes durant juste une minute, mais laissant augurer d'un avenir plus généreux et plus loyal envers eux :
Vous voulez que je vous dise ? J'adore ce film, pour différentes raisons assez évidentes - qu'il s'agisse du pouvoir de la femme, ou de sa grandiose mise en scène -, mais aussi pour son réalisateur à mon avis trop mal connu de nos jours, Olivier Megaton, né en France (mais oui !) et auteur entre autres de Le Transporteur 3, de Taken 2 et de Taken 3.
Il est bien sûr très lié avec Luc Besson, lui aussi français, qui a pratiquement écrit tous les scénarios de ses films américains, y compris celui de Colombiana... Vous trouvez cela étonnant ? Pas moi, et si je vous disais à quel point ce film se trouve proche de Léon, tourné et écrit par Luc Besson en 1994, vous y croiriez à peine... D'une part, la mission s'avère relativement impossible pour les deux hommes concernés, Jean Reno et Gary Oldman ; de l'autre, la seule actrice en question, Natalie Portman (qui a joué son tout premier rôle au cinéma à l'âge de 12 ans), reste la seule vivante à la fin, après la perte des deux autres ! Incroyable, non ?
Quoiqu'il en soit, je pense qu'il s'agit de l'un des meilleurs films de Luc Besson, de même que Colombiana est à mon avis le chef-d'œuvre de Olivier Megaton... Et sinon, oui, vous avez le droit de laisser un commentaire, que vous ayez aimé ce film ou non !