Comme vous le savez peut-être déjà, il s'agit en l'an 2000 du dernier film américain de Paul Verhoeven, avant qu'il ne décide de retourner définitivement au pays dont il vient, la Hollande. Exception faite - et encore - de Showgirls (1995), tous furent de grands succès, à commencer par Robocop (1987), pour poursuivre avec Total Recall (1990), Basic Instinct (1992) et Starship Troopers (1997).
C'est donc très loin d'être une œuvre d'amateur, et même si s'agit d'une pièce un peu plus conventionnelle (dans la droite ligne du blockbuster), elle obtient plusieurs prix assez spectaculaires, dont le Saturn Award en 2001, destiné aux effets spéciaux - qui coutèrent environ 50 millions de dollars, soit quasiment la moitié du budget total.
Pour une fois, le scénario est relativement simple. On se base sur la vie de plusieurs scientifiques de haut vol, qui exercent des recherches sur l'invisibilité pour le compte de l'armée, dont le plus important - il le dit lui-même - est Sebastian Caine (Kevin Bacon) :
Placée en seconde position, vient ensuite Linda McKay (Elisabeth Shue), qui fut autrefois sa véritable amie - mais qui s'est maintenant désintéressée de cet homme orgueilleux, ne pensant qu'à lui :
Enfin, en tant que troisième larron, nous découvrons Matt Kensington (Josh Brolin), qui a l'avantage - quoiqu'en secret - de fréquenter la belle Linda McKay, mais hélas l'immense inconvénient d'être bien moins rapide scientifiquement que Sebastian Caine :
Néanmoins, tout cela se voit à peine durant la première partie du film... Où l'on découvre les deux en train de chercher, grâce à des lunettes particulières, un gorille sur lequel toute l'expérimentation d'invisibilité s'est très bien passée :
Puis à tenter de le rendre de nouveau visible, se qui - contre toute attente - se passe avec peu de problèmes :
Malgré une vague complication au début, tout se déroule finalement bien - surtout la masse d'effets spéciaux que vous voyez ici, assez chers, mais redoutablement efficaces :
Comme il se doit, tous vont en guise de commémoration fêter cela dans un grand restaurant de New York - ce qui les change, pour une fois, du laboratoire "secret" où ils exercent, situé à de nombreux étages au-dessous du sol :
Sebastian Caine aimerait bien rattraper son histoire épuisée face à Linda McKay... Mais leur motivation est bel et bien différente, et passe surtout pour lui dans la gloire et le renom :
Vient ensuite une confrontation obligatoire avec le comité de surveillance au sein de la Maison-Blanche, le plus important d'entre eux étant le Dr. Howard Kramer (William Devane)... Mais Sebastian Caine ne dit pas la vérité concernant le gorille et sa résurrection, préférant garder la bonne nouvelle pour plus tard :
Ce que Sebastian Caine voudrait, c'est se livrer - enfin - à l'expérimentation sur l'homme, et prouver ainsi que cela est utile pour l'armée... Ce qu'il réussit à faire lui-même avec l'approbation de tous, du moins dans le sens de l'invisibilité :
Il est à noter que Paul Verhoeven sait lui aussi bien se régaler, en montrant au passage le sein de Sarah Kennedy (Kim Dickens) dévoilé par Sebastian Caine - qui visiblement s'ennuie :
Hélas, le test ne marche pas comme prévu dans le retour à la visibilité, ce qui risque de lui coûter la vie - et le contraint à rester dans cette fameuse invisibilité - ce qui est assez drôle durant un moment, mais se révèle bien vite très angoissant :
Comme Sebastian Caine n'a plus ses paupières, il ne supporte plus la lumière... Du coup, Matt Kensington lui fabrique un masque en latex, faute de mieux - puis il décide avec tous ses collaborateurs de le placer en quarantaine dans le laboratoire, tant que le problème n'est pas résolu :
Cependant, c'est bien mal connaître Sebastian Caine, qui - comme d'habitude - fait ce qu'il veut... En l'occurrence, il décide de sortir malgré tout du laboratoire, il prend sa Porsche sans éveiller personne, et rentre chez lui dans l'indifférence générale. Au début, il s'ennuie un petit peu... Mais lorsqu'il prend vraiment conscience de son invisibilité, il se rend chez sa voisine, et en abuse littéralement :
Linda Mckay ne l'a pas encore découvert, mais elle se méfie de plus en plus de lui - et décide avec Matt Kensington de dévoiler au comité de l'armée ses sorties interdites, si cela se produit encore une fois :
Sebastian Caine a bien sûr la solution, un trucage sur la caméra de surveillance - qui pourra durant un certain temps faire croire qu'il est bien là, alors qu'il n'y est pas du tout :
Lorsqu'ils s'aperçoivent de ça, Linda McKay et Matt Kensington se rendent sans plus tarder chez le Dr. Howard Kramer pour tout lui expliquer... Ils sont malgré tout instantanément virés, et le docteur entreprend tout de suite de téléphoner aux personnes compétentes :
Mais Sebastian Caine intervient à temps, obligeant Dr. Howard Kramer à nager dans sa propre piscine - avec les conséquences diaboliques que l'on imagine :
Une fois rentré au laboratoire, Sebastian Caine coupe le téléphone, et change tous les codes de l'ascenseur - sauf le sien, bien entendu ! La première qu'il tue - gratuitement - est Janice Walton, et le second est Carter Abbey (Greg Grunberg)... Il ne reste donc plus que quatre personnes, dont Matt Kensington, qu'il réussit à bien blesser :
Puis il s'en prend, non sans plaisir, à Sarah Kennedy (Kim Dickens) - qu'il détestait pour son côté vétérinaire :
Enfin, histoire de finir en beauté, il décide d'enfermer Matt Kensington et Linda McKay dans la chambre glaciale, en espérant qu'ils meurent de froid... C'est d'ailleurs l'occasion de remarquer la musique de Jerry Goldsmith, un compositeur qui a écrit un nombre considérable de partitions mémorables (Alien, Rambo, Gremlins, Total Recall, Basic Instinct, etc...) :
Cependant, Linda McKay parvient contre toute attente à en sortir, et attaque Sebastian Caine avec un lance-flammes - qui malheureusement s'épuise assez vite, et laisse de nouveau celui-ci en pleine forme pour attaquer :
En outre, Sebastian Caine a programmé une bombe de nitroglycérine, qui ne va pas tarder à exploser - donnant place aux effets spéciaux encore plus que d'habitude :
Il est assez complexe de résumer le dénouement de tout cela, mais toujours est-il que c'est définitivement la fin pour lui :
Vous ne me croyez pas ? Regardez cet extrait, ça vaut vraiment le coup :
Et nos deux seuls survivants vont se rendre discrètement à l'hôpital - concluant tout à la fois le film lui-même, et la dernière apparition de Paul Verhoeven aux Etats-Unis :
Bon, ce n'est sans doute pas son chef-d'œuvre, mais la barre reste malgré tout très haut, plaçant le jeu des acteurs et les trucages au sommet du genre - sans parler de la musique fabuleuse de Jerry Goldsmith ! Comme l'écrivit François Forestier, "les effets spéciaux sont hallucinants et le délire total. Verhoeven a mauvais esprit, on l'aime pour ça"... Vous pensez la même chose, j'espère bien !
Serait-ce le premier film de Paul Verhoeven, en 1987 ? Certes non, vu sa longue expérience de réalisateur aux Pays-Bas, où il est né... Mais la politique lui déplaisant de plus en plus, il décida de s'installer aux Etats-Unis, où il entra grâce à Steven Spielberg, et entreprit aussitôt de faire une œuvre dont Terminator était en quelque sorte le frère ainé, son idée avant tout basée sur le scénario de Edward Neumeier et Michael Miner, qui avait déjà travaillé sur Blade Runner. Comme quoi, ce n'est pas basé sur rien, n'est-ce pas ?
Il y avait pas mal d'acteurs envisagés, notamment Rutger Hauer, Arnold Schwarzenegger, ou encore Michael Ironside, mais pour des raisons de taille et de finesse, on engagea Peter Weller, qui interpréta du même coup le plus grand rôle de sa vie, celui de Alex Murphy / RoboCop :
Côté femme, il n'y en avait par contre qu'une seule pour jouer Anne Lewis, Nancy Allen. C'était en réalité la première femme de Brian De Palma, avec qui elle collabora à Carrie au bal du diable, Pulsions et le génial Blow Out, avant de se tourner vers RoboCop, puis d'arrêter définitivement le cinéma :
Mais le plus important prend lieu dès le début, lors d'une réunion symbolique de OCP (Omni Consumer Products)...
Où le second grand chef, Richard "Dick" Jones (Ronny Cox), présente son robot ultrapuissant, ED-209, qui ne mange ni ne boit, ne dort jamais, et dispose en outre d'armes extrêmement puissantes :
Aussitôt, il décide de le tester devant tout le monde, quelle que soit sa véritable intention, en réalité fonder une nouvelle ville sur l'ancienne de plus en plus dégradée, Delta City :
Mais c'était un petit peu se tromper sur l'intelligence du robot, très limitée... Meilleure preuve avec ce carnage douteux, qui touche irrémédiablement l'un des employés d'OCP :
Aussitôt, nous passons donc à la deuxième phase, la nomination de Alex Murphy - accompagné d'Anne Lewis - dans l'un des secteurs les plus mal famés de Détroit... Où hélas, il se fait bientôt piéger par Clarence Boddicker (Kurtwood Smith), le chef des mafieux :
Pour se faire descendre peu de temps après par le reste de la bande :
Fort heureusement, cela coïncide bien avec un plan déjà monté par Robert Morton (Miguel Ferrer), depuis longtemps en réaction à l'échec du ED-209... Placer un policier dans une zone impossible, attendre qu'il meure, et s'en charger pour le transformer en flic impeccable :
Il ne lui reste plus qu'une ou deux choses à faire, et voilà, tout est quasiment bon - y compris l'apprentissage de phrases mythiques :
Là, nous avons plusieurs fois l'occasion de voir Alex Murphy - rebaptisé RoboCop - au plus haut de sa forme, par exemple en train d'empêcher un pur braquage de supermarché :
Ou encore, sauvant in extremis une jeune fille des mains de plusieurs prédateurs insouciants :
Voire même le maire, ce qu'il réussit à chaque fois très bien :
Ce qui laisse la télévision sans voix, devant un tel miracle :
C'est là le point le plus haut que peut atteindre Robert Morton, et il ne se prive pas d'en donner les véritables raisons à son collègue :
Durant tout ce temps, néanmoins, il se passe quelque chose de relativement important, lorsqu'Emil Antonowsky (Paul McCrane) braque une station-service avec beaucoup de violence :
Cet homme est en réalité l'un de ceux de Clarence Boddicker, ce dont Robocop se souvient très bien, au point que ceci ramène à la surface des faits que l'on avait décidé d'enterrer :
Notamment sur ce qu'était sa propre vie, avant sa mort :
C'est alors là que nous visitons, avec lui, sa propre maison (désormais mise en vente), et retrouvons même son fils :
Ses meubles préférés :
Et bien sûr, son unique femme - de laquelle il a, tout comme son propre fils, une vision irréelle, rien de plus :
Du coup, cela éveille de plus en plus ce qu'il lui reste comme conscience... Et il décide d'ignorer provisoirement les ordres de OCP, pour partir personnellement à la recherche de Leon Nash (Ray Wise) et de Clarence Boddicker, le grand chef :
Sauf que Clarence Boddicker n'est pas du tout où on l'attend, mais bien au contraire sur le point de faire subir le pire au yuppie de Détroit, Robert Morton, qui pour l'heure s'enivre surtout de femmes et de coke :
Mais cela dure peu de temps, inutile de le dire - surtout avec les propos du "vrai chef", Dick Jones, qui sont retransmis grâce à un DVD très explicite :
Inutile de citer son ultime phrase, "on aurait pu être amis !", n'est-ce pas ? Car ce n'est pas le cas :
Il reste cependant à RoboCop à arrêter Clarence Boddicker, ce qu'il va enfin réussir par faire... Sauf qu'il se trompe à peu près sur tout, ne voyant pas la connexion complexe qui s'engage entre Clarence et Dick Jones, bien plus alliés qu'ennemis :
C'est la raison principale pour laquelle il a fixé la Directive 4, qui le met à l'abri des éventuelles prérogatives de RoboCop :
Redoutable, non ?
Surtout que Dick Jones a toujours sous la main son propre robot du début, l'ED-209 :
Lequel, rendu sur les escaliers de l'immeuble principal, n'hésite pas à tirer :
Sinon qu'il est toujours aussi intelligent, et ne voit pas que Robocop parvient à le réduire à néant, après sa descente catastrophique sur l'escalier en question :
Le problème se résume donc, pout l'instant, à une sérieuse prise de bec entre les deux chefs de la ville de Détroit :
Ainsi qu'à une bien plus amicale relation entre RoboCop et Anne Lewis, où celle-ci le reconnait rapidement sous son masque :
C'est le moment pour RoboCop de se mettre en route pour une vieille usine désaffectée, sachant très bien les risques qu'il encourt :
Mais peu importe, au fond... Déjà, il fait tomber Emil Antonowsky dans une flaque mortelle, ce qui place à dépourvu Leon Nash, l'un des derniers survivants du groupe de terroristes :
Lequel s'en va rapidement vers les hauteurs du bâtiment, afin de laisser tomber toute une série de poutrelles sur RoboCop :
C'est là où l'on pourrait croire à la victoire finale de Clarence Boddicker... Mais hélas pour lui - et tant mieux pour nous - RoboCop le tue à la dernière minute, le frappant à la gorge de son impitoyable crochet d'interfaçage :
Il ne reste donc plus que Dick Jones, le second grand chef de l'OCP, qui fait comme d'habitude la grande erreur de s'en remettre à ED-209 pour le défendre :
Sauf que là, sa mise en ridicule va bien plus loin que les deux premières fois :
Le contraignant bientôt lui-même à prendre en otage le véritable chef de l'OCP (Dan O'Herlihy), avec de graves menaces sur lui :
Mais celui-ci ne renonce pas, il le vire d'emblée, ce qui le prive de l'usage de la Directive 4, et le précipite du haut de la tour en question :
Il ne reste donc plus que le principal chef de l'OCP, et RoboCop... Qui trouve aussitôt le moyen de se rebaptiser lorsqu'on lui demande son nom, inutile de le préciser :
Lors de sa sortie, RoboCop créa une petite panique au sein des critiques et des intellectuels : s'agissait-il d'un pamphlet gauchiste contre la politique du président alors en place, Ronald Reagan, ou au contraire d'une vision droitière d'un monde au bord du chaos, qu'il convient de contrôler ? Ecoutons la réponse de Paul Verhoeven :
Dans ce cas, c'est très réussi comme film, n'est-ce pas ? Bien qu'utilisant des acteurs assez peu connus, et confiant la musique à Basil Poledouris - en attendant Jerry Goldsmith -, il a connu un très grand succès, remportant 11 récompenses, et multipliant le budget initial par cinq ! Histoire de ne pas vous laisser sur votre faim, je vous donne tout de même un court - mais éloquent - trailer, entièrement en VO :
Mais rassurez vous, j'ai aussi une très touchante chronique, cette fois-ci entièrement en français :
Même 35 ans après, il reste toujours (hélas) d'actualité, et vous pourrez le constater en lisant attentivement ce qui en est dit sur Wikipédia - ce qui vous laisse, bien sûr, l'occasion de laisser un commentaire, merci d'avance !