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  • samedi, janvier 01, 2022

    THE MISFITS (JOHN HUSTON)

    Voilà, c'est pour moi l'occasion de montrer à quel pont ARTE fut la seule chaîne capable de diffuser, le 31 décembre 2021, ce film exceptionnel daté de 1961, rebaptisé en français Les Désaxés. C'est une grande œuvre, tournée dans des conditions relativement difficiles par John Huston, mais qui répond assez justement à son budget conséquent de 4 millions de dollars, et surtout qui met en scène pour leur ultime apparition Clark Gable et Marylin Monroe.

    Avant d'en revenir sur ces points, je dois en effet préciser ceci : Clark Gable est mort d'une crise cardiaque à 59 ans juste à la fin du tournage de The Misfits, Marylin Monroe en 1962 à 36 ans, pour des causes fort mystérieuses, à peine un an après cet ultime film, et enfin, Montgomery Clift à l'âge de 45 ans, à la suite de sérieux problèmes d'homosexualité, d'alcoolisme et d'accident de la route, qui décéda en 1966 d'un infarctus...  Seul Eli Wallach a vécu jusqu'en 2014, où il disparaitra à l'âge de 98 ans. Incroyable, n'est-ce pas ?

    Mais bon, commençons avec ce film, qui démarre de fait sur un thème plutôt agréable : Roslyn Taber (Marylin Monroe) se rend en effet dans la ville de Reno (dans le Nevada), spécialisée dans les mariages et les divorces très rapides... C'est pourquoi elle y recourt, avec succès, aidé en cela par son amie Isabelle Steers (Thelma Ritter), qui est aussi sa logeuse :
    Une fois le divorce de Roslyn Taber prononcé, tout va donc pour le mieux, inutile de le dire :
    D'autant plus que tout se passe très bien aussi entre Roslyn Taber et Guido Delinni (Eli Wallach), un garagiste qu'elle ne connaît pas encore, mais qui lui offre immédiatement son aide et sa voiture :
    Ils s'amusent un petit peu tous les deux, cela va de soi :
    Mais ceci va un petit peu changer, lorsque que Guido Delinni décide de sortir avec Roslyn Taber au Harrah's Reno, un bar du coin, où ils vont rencontrer Gay Langland (Clark Gable), un ami de longue date :
    Alors certes, Guido Delinni a l'air de passer encore un peu de bon temps avec Roslyn Taber :
    Mais il est maintenant en vive concurrence avec Gay Langland, c'est clair, et il décide de se mettre un tout petit peu à l'ombre, en attendant mieux :
    Même si Gay Langland ne sait encore trop quoi faire, afin de réconcilier son passé de cowboy, autrement dit, son ambition de gagner beaucoup d'argent grâce à la traque de quelques mustangs dans le désert du coin, et l'amour de Roslyn Taber pour les animaux, qui va se révéler de plus en plus puissant :
    C'est alors qu'ils décident tous les trois de se rendre à un rodéo, afin de récupérer un homme de plus - nécessaire à cette traque, comme nous allons bientôt le voir... Ils rencontrent d'ailleurs au passage Perce Howland (Montgomery Clift), qui malheureusement souffre beaucoup de cette compétition : 
    Par chance, Perce Howland ne s'en sort pas trop mal, exception faite de son nez... Et ceci ne l'empêche pas, tout en acceptant de venir à la chasse aux mustangs, de tomber lui aussi amoureux de Roslyn Taber - d'où vient peut-être le titre du film, The Misfits :
    On se demande, du reste, comment ne pas tomber en extase devant Marylin Monroe... Car même si celle-ci a eu hélas une vie assez perturbée et bien courte, elle a au moins fait sensation dans trois des plus grands films de l'époque, Les hommes préfèrent les blondes de Howard Hawks (1953), Sept Ans de réflexion (1955) - avec la scène la plus célèbre de sa carrière, où sa robe blanche se soulève sur la grille de métro -, et du même réalisateur Billy Wilder, Certains l'aiment chaud, en 1959 :
    Elle est sublime, n'est-ce pas ? En plus, sa voix est absolument magnifique... Adoncques, on comprend assez facilement l'attitude des trois autres, qui en sont grosso modo au même point :
    Il faut dire que ce film, qui rentra tout juste dans son budget sa première année de sortie, marque la fin de plusieurs mythes typiquement américains... Celui de la frontière, celui de l'ouest américain, et surtout, celui des cowboys libres dans la nature :
    Tous les trois ne peuvent s'empêcher de le manifester sombrement, alors qu'ils sont de plus en plus concentrés sur leur chasse de mustangs... Il est d'ailleurs essentiel de redonner à Arthur Miller ce qui lui appartient le plus, le scénario du film. Il l'a en effet écrit en 1961 dans ce même territoire du Nevada, marié depuis cinq ans à Marylin Monroe (mais oui, le record de celle-ci !), et découvrant qu'en réalité, ce désert est "un refuge des déracinés, des vagabonds, des paumés, et des criminels en cavale" :
    Il n'empêche : tous les trois se lancent dans leur course contre les fameuses bêtes... A commencer par Guido Delinni, qui se sert de son ancien avion pour poursuivre les sept mustangs, et les faire tous se rassembler au même endroit : 
    Evidemment, cela fut la partie la plus délicate à tourner de l'Opus... Non seulement à cause des difficultés à filmer dans le désert, accompagné seulement d'un unique camion :
    Mais surtout du fait que la plupart des acteurs, notamment Montgomery Clift et Clark Gable, ont effectué en direct la plupart des cascades exigées - avec les conséquences que l'on sait sur Clark Gable, mort seulement quelques jour après la fin du tournage :
    C'est là que se manifestent de plus en plus les contradictions entre les opinions de tous les trois, tant vis à vis des chevaux, que concernant Roslyn Taber, qui se trouve pour sa part encore davantage opposée à cette chasse qu'elle estime complètement nulle, et en plus relativement cruelle la nuit, où toutes leurs pattes sont attachées ensemble :
    Résultat ? Contrairement à ce que croyaient tous les spectateurs durant leur première vision, ce n'est ni Guido Delinni, ni Perce Howland qui vont finalement renoncer à cette action... Ce qui les rendra au contraire bien plus remontés envers Roslyn Taber, au point qu'ils iront jusqu'à dénier ce fameux amour qui les rapprochait d'elle :
    Ce qui se voit de plus en plus vers la fin, où Roslyn Taber ne peut tout simplement plus supporter tout cela :
    Mais de façon beaucoup plus étrange et imprévisible, c'est à Gay Langland que l'on confiera ce rôle... Alors qu'il était, et depuis le début, le plus impitoyable à ce niveau, voire même le seul à continuer la chasse, tout en étant fort conscient du très peu d'argent qu'il allait pouvoir tirer de l'assassinat de ces sept mustangs. Finalement, donc, c'est bel et bien lui qui tombe le seul d'accord avec Roslyn Taber, jusqu'alors la seule respectueuse et pleine d'amour envers les animaux :
    Le film se termine donc sur leur relation très harmonieuse, à laquelle personne ne croyait, et qui se traduit par cet ultime regard en commun, le seul vraiment possible dans cette vie "de désaxés" :
    Comme je l'ai déjà dit, on doit beaucoup ce chef-d'œuvre à Arthur Miller, qui en a écrit pour son épouse Marylin Monroe tout le scénario, mais aussi, bien sûr, au réalisateur John Huston, qui a tourné pas loin d'une quarantaine de films aux USA... Les plus connus étant Le Faucon maltais(1941), Le Trésor de la Sierra Madre (1948) - tous deux avec Humphrey Bogart -, et aussi Moby Dick (1956), avec cette fois-ci Gregory Peck :
    C'est sûr, il a l'air assez âgé sur cette photo - ce qui est bien normal, vu qu'il est mort en 1987, à 81 ans ! Mais j'ai pu aussi retrouver celle-ci, qui me semble bien plus proche de l'époque de The Misfitts :

    Bien qu'il ait représenté une véritable catastrophe lors de sa sortie, accompagné de son très faible rendement, et de la mort de Clark Gable et Marylin Monroe, ce film a quelques années plus tard connu enfin sa célébrité mondiale, due à ses excellents acteurs et à sa thématique fort puissante.

    Je remercie donc grandement ARTE, qui nous a offert ce plaisir le 31 décembre 2021, alors que toutes les autres chaînes se laissaient aller soit à des films minables, soit carrément à des productions soi-disant enchanteresses, basées sur le nouvel an... Comme quoi, gloire à John Huston, et bien sûr à Marylin Monroe, qui n'a jamais joué de personnage aussi terrifiant et tendre en même temps !

    Allez, juste pour la route, un extrait bien connu de Sept Ans de réflexion de Billy Wilder, sorti en 1955 - et pour une fois, en VO :

    Et oui, on tournait déjà en couleurs, dans les années 50...

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