LA MAUVAISE REPUTATION (IRAM HAQ)
Bon, c'était hier le 13 juillet, mais ce n'est pas si grave, étant donné qu'ARTE a été la seule chaîne à nous proposer quelque chose de vraiment bien - un film tout récent (2018), qui se nomme Hva vil folk si dans sa langue d'origine, le norvégien.
Cet Opus est dû à une femme, qui en a tout à la fois écrit le scénario (inspiré de sa vie personnelle) et réalisé tous les plans, Iram Haq :
Et bien sûr, il parle de la vie en apparence normale d'une fort belle jeune fille du Pakistan, Nisha (Maria Mozhdah), qui en pleine Norvège va au lycée comme tout le monde, et se laisse parfois un tout petit peu aller - mais rien de grave, c'est du moins ce qu'elle se dit :
Sauf qu'un jour comme un autre, elle tombe un peu amoureuses d'un vrai norvégien aux cheveux roux, et qu'elle n'hésite guère à danser avec lui et à l'embrasser :
C'est là que nous découvrons alors son père Mizra (Adil Hussain), qui on l'espère va comprendre sa fille, d'autant qu'il l'aime comme la plus douée de ses enfants :
Mais ce n'est pas du tout le cas... Et rien que parce qu'il se voit discrédité en tant que bonne famille pakistanaise, il entraîne immédiatement sa fille à l'aéroport vers Islamabad, capitale du pays dont il est originaire :
C'est là que nous découvrons, tout comme Nisha, un monde totalement différent, où rien que les vendeuses à bord du bus ont l'air de les énerver beaucoup tous les deux :
Néanmoins, dans un premier temps, tout a l'air de bien se passer, avec un gigantesque dîner de toute la famille - l'oncle, la tante et la grand-mère de Nisha :
Mais plus le temps passe, plus cette jeune fille se sent abandonnée, ne disposant plus d'aucun moyen de communication, et passant ses journées à arpenter le sommet de la maison de son oncle... Même à l'école, elle s'ennuie, n'y découvrant pas du tout la même chose qu'en Norvège :
Cela dure déjà depuis huit mois, et c'est assez triste, non ?
Heureusement, son cousin Amir (Rohit Saraf) lui prête énormément attention, et cela se transforme assez vite en meilleure preuve d'amour - dont elle est finalement très fière :
Mais à ce moment précis, son oncle (Lalit Parimoo) décide de la garder définitivement au Pakistan, et lui fait brûler pour cela son passeport :
Pour ne rien arranger, Nisha et Amir se font surprendre lors d'une sortie discrète par trois policiers - qui se livrent à une scénographie obscène dans l'unique but d'obtenir en échange beaucoup d'argent... Je n'ai pas trouvé d'images de cette scène particulièrement traumatisante, mais toujours est-il que l'on découvre dès le lendemain le père profondément touché par cette histoire :
Son but apparent : ramener Nisha en Norvège, afin qu'elle reprenne ses études... Mais en réalité, il ne cherche qu'une chose - et cela est aussi très choquant : la pousser au suicide volontaire du haut de ces pentes, afin de n'être pas responsable de sa mort :
Mais elle refuse, et revient du coup en Norvège, où elle se trouve au passage fort mal accueillie par sa mère... Qui non seulement la place dans une école beaucoup plus sécurisée que la précédente, mais en outre l'offre en mariage à un docteur pakistanais qui vit au Canada, avec l'air d'en être bien contente :
Ultime plan du film : Nisha - autant que nous - n'en peut plus, et décide de partir toute seule vers un endroit que l'on ne connaîtra jamais... Et son mauvais père, qui est le seul à l'avoir vue sur la route déserte, ne fait absolument rien, et la laisse filer vers l'inconnu.
Je ne sais pas si je vous ai fait un bon résumé, mais en tous cas, c'est un film à voir absolument... Remarquablement écrit, très bien fait des mains de Iram Haq et superbement joué par Maria Mozhdah, il obtint le prix du public au Festival de Fribourg en 2018 :
Et voici un excellent trailer :
J'espère que vous pourrez le voir sans problème, et vous souhaite en attendant un bon 14 juillet - si du moins cela est possible !