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  • samedi, février 12, 2022

    BLACK RAIN (RIDLEY SCOTT)

    Oui, je vous parle encore de Ridley Scott, désolé... Ce film, situé entre les exceptionnels Alien (1979), Blade Runner (1982) et le très étonnant Thelma & Louise (1991), n'est certes pas un chef-d'œuvre, comme le sont les trois autres. Tourné en 1989, il raconte une histoire plus classique, mais néanmoins assez originale, dans le fait qu'elle est censée se dérouler au Japon, menée par deux policiers n'ayant aucune connaissance de ce pays, qu'il s'agisse des yakuzas - la mafia - ou de la langue, tout simplement.

    En résumé, ça reste donc un très bon film, non seulement à cause de l'environnement très particulier, mais aussi grâce à ses trois acteurs bien connus, dont le premier, Michael Douglas, joue le rôle d'un policier particulièrement exigeant, Nick Conklin.

    Dès le début du film, d'ailleurs, Nick Conklin est décrit comme un motard sans pareil, qui n'a pour but que de renforcer ses fins de mois en gagnant systématiquement des courses improvisées - ce que l'on reverra plusieurs fois, même si ce sera évidemment pour des raisons très différentes :

    Plus jeune, Charlie Vincent (joué par Andy Garcia) n'a certes pas son expérience, mais il est beaucoup plus à l'aise en ce qui concerne le charme naturel, sa passion pour les beaux vêtements, ou sa faculté à ne prendre rien véritablement au sérieux :
    Malgré leur différence d'âge, d'une bonne dizaine d'années, les deux s'entendent remarquablement bien, et Charlie Vincent apporte tout son soutien à Nick Conklin dans son procès à venir, basé sur le détournement d'argent - qui restera toujours très important aux yeux de ce dernier :
    Pour l'instant, il n'a pas grand chose à dire, puisqu'il se sent complètement innocent... Ce qu'il n'hésite pas à rendre au juge principal dans des paroles assez torrides, il faut bien le dire :
    Mais peu importe, en fait... Il suffit à Charlie Vincent d'emmener Nick Conklin dans un très bon restaurant, pour que tout se résolve en apparence. Sauf que bien qu'à New York, ce bel endroit est peuplé de japonais tous aussi importants les uns que les autres, dont l'un d'entre eux s'en sort très mal, pour ne pas en dire plus :
    Plutôt que de déguster leurs plats, voici donc les deux policiers partis à la poursuite du criminel, dans des conditions assez difficiles :
    Mais ils finissent par attraper Koji Sato (Yusaku Matsuda), le responsable du meurtre, pas encore connu aux Etats-Unis, mais déjà très célèbre au Japon :
    C'est la principale raison pour laquelle ils n'ont pas le droit de le condamner aux USA, étant obligés de l'extrader - en leur compagnie - dans son propre pays :
    Jusqu'ici, tout se passe donc à peu près bien... Sauf qu'à l'arrivée de l'avion, Koji Sato ne tarde pas à s'enfuir, aidé par de faux policiers parés de papiers illisibles en japonais, qu'ils ont réussi à faire signer en toute hâte par les deux américains :
    C'est là que les problèmes commencent pour de bon... Déjà, on leur interdit de faire toute enquête sans être entouré et supervisé par Masahiro Matsumoto (Ken Takakura, acteur bien connu au Japon) :
    Secundo, comme le précise Ohashi (Shigeru Kôyama), ils n'auront pas d'arme, et se verront envoyés sur place comme de simples et dociles observateurs :
    Pour eux, c'est la première fois qu'ils se rendent dans ce pays... Ils sont donc étonnés par pas mal de choses, déjà de découvrir une chanteuse américaine exilée au Japon, Joyce Kingsley (Kate Capshaw), puis la vitesse à laquelle les news se répandent sur tout le monde ici :
    Sans parler de cette fausse prise en otages, une fois de plus en motos, dont les deux policiers sont un court instant victimes, sans bien comprendre ce dont il s'agit :
    Du coup, c'en est trop, pour Nick Conklin... Et même s'il ne l'a pas encore avoué à son "supérieur" Masahiro Matsumoto, il décide d'en faire un peu plus que ce qui est autorisé aux étrangers dans ce pays :
    C'est là qu'il décide de voler un billet de 100 dollars, apparemment en toute innocence. Mais Masahiro Matsumoto l'a vu, et le prend tout d'abord très mal... Jusqu'à ce que Nick Conklin finisse par lui expliquer pour quelle raison il a fait cela, prouver que Koji Sato a pour vision la production de faux billets, et ceci en ne suivant pas tout à fait les règles imposées :
    Il n'empêche : Masahiro Matsumoto a beau se montrer très rassurant, apportant même une boîte cruciale, cela ne convainc toujours pas son propre chef, Ohashi :
    C'est donc le moment, tant souhaité par Charlie Vincent, de se rendre enfin dans une grande boîte, afin de se réconcilier le mieux possible avec Masahiro Matsumoto :
    Et quoi de mieux pour cela, que de se rendre avec lui sur la scène, et d'interpréter ce morceau de Ray Charles bien connu de tous, What'd I Say :
    Il faut bien le dire : cela s'est passé très bien, et a même fini par réconcilier le japonais avec l'américain le plus dur, Nick Conklin... C'est donc plutôt rassurés sur l'avenir que tous les deux quittent la salle, pour regagner leur hôtel à pied :
    Mauvaise idée, car de même que la première fois, un groupe inquiétant de motards se pointe sur leur chemin, cette fois-ci nettement plus agressifs :
    Surtout de la part de Koji Sato, présent cette fois-ci, et qui traîne un katana sur la route :
    Juste avant de s'en servir sur la tête de Charlie Vincent pour le décapiter... Scène certes assez dure à voir, mais qui est sans doute l'une des meilleures du film :
    C'est d'ailleurs à ce moment précis que l'œuvre se révèle un peu moins intéressante que ce qu'elle promettait au départ... Certes, on a le soi-disant retour aux USA du dernier policier vivant, accompagné du cercueil de Charlie Vincent, mais Nick Conklin s'extrait aussi vite qu'il peut de l'avion en question, pour observer, en compagnie de Masahiro Matsumoto, les pires ennemis qui soient :
    Ceux-ci ont l'air de planifier quelque chose avec Koji Sato, mais l'on ne sait pas exactement quoi :
    Toujours est-il que ça ne sert à rien, pour l'instant, même pour les spectateurs, qui se demandent à juste titre à quoi rime cette balade imprévue, à part dévoiler certaines intentions de Koji Sato, qui sonnent à vrai dire bien trop anciennes et liées aux samouraïs depuis longtemps disparus. Il en va de même avec la scène où Masahiro Matsumoto et son fils se trouvent confrontés avec Nick Conklin, dans des thèmes trop récurrents pour être rappelés encore une fois :
    Ne vous inquiétez pas, nous en sommes presque à la fin du film... Tout d'abord avec cette immense réunion dans la maison de Kunio Sugai (Tomisaburo Wakayama), où pour une fois, Nick Conklin est autorisé à rentrer et à répondre calmement aux questions :
    Ensuite, avec cette conclusion (au moins répétée pour la dixième fois) que Koji Sato semble être le vrai responsable de tout ce qui arrive aux samouraïs, avec ces fausse plaques permettant de fabriquer l'argent :
    Seule nouveauté : Kunio Sugai décrit enfin à Nick Conklin ce qu'il a ressenti durant la seconde guerre mondiale, vécue à Hiroshima - et qui, petit détail, vaut ainsi au film son titre assez étonnant :
    Il n'empêche que la menace pesante se révèle de plus en plus réelle, magnifiquement tournée par Ridley Scott, mais décrivant tout de même la mise à mort, par arme ou par feu, d'une bonne dizaine de personnes :
    Cela est bien sûr dû à Koji Sato, auquel il ne reste bientôt qu'une seule possibilité : s'enfuir au plus vite de l'endroit en question à l'aide d'une moto... Sauf qu'il ne sait pas encore que Nick Conklin est bien meilleur que lui, ce qui a été montré au tout début du film :
    Certes, ce dernier pourrait assez volontiers se laisser aller... Mais il en décide curieusement autrement :
    Et ramène ainsi, avec Masahiro Matsumoto, l'ennemi public N°1 au commissariat central bien vivant... Ce pourquoi il se voit peu de temps après accorder ce qu'il y a de plus haut pour un étranger, ce qui lui fait enfin très plaisir : 
    Ce qui lui fait encore plus plaisir : le fait que son désormais ami Masahiro Matsumoto lui livre un cadeau destiné aux gaijins (aux étrangers), afin de placer leur départ sous bonne protection... Mais c'est oublier que, pour une fois, Nick Conklin s'est livré au même acte typiquement japonais - sauf qu'il y a placé les deux fameuses plaques, que personne n'avait réussi à récupérer :
    On peut toujours dire qu'on est contre, mais bon...  Cela supposerait que Nick Conklin peut encore entendre sa voix une fois rentré dans l'avion, n'est-ce pas ?
    Alors, qu'est-ce qui m'a gêné dans ce film ? Comme tout le monde, je crois que nous avons totalement apprécié la force et la grande puissance de sa première heure, racontée d'une façon très explicite, et basée sur l'évolution des caractères des trois héros principaux. Néanmoins, beaucoup plus gênante, la seconde partie, qui non seulement se perd un tout petit peu à toujours raconter la même chose, mais en outre se base sur un Japon bien antérieur, qui n'existe quasiment plus au XXème siècle :
    J'ai trouvé cette image dans ce film, qui nous montre la vision du Japon qu'en avait peut-être Ridley Scott, en tous cas fort pollué et sans grand chose d'intéressant à voir :
    Et voici la photo que j'aime toujours personnellement, celle du volcan Fujisan, que je trouve d'une perfection pure et simple :
    Oui, je sais que j'ai été cinq fois dans ce pays (à voir sur seize articles ici), que j'ai été marié dix ans avec une japonaise, et qu'en plus je me suis offert une fois l'ascension du fameux Fujisan. Cela est facile, certes, de ma part, mais je ne cherche pas du tout à m'opposer à Ridley Scott dans ma vision personnelle de ce pays, loin de là... 
    Bien au contraire, je trouve que ce film, tout en n'étant pas dans le genre un chef-d'œuvre, va tout de même très loin, et se regarde aisément près de 33 ans après sa sortie, ce qui est tout de même assez rare (surtout chez nous)... C'est bien suffisant, vous ne trouvez pas ? En tous cas, vous avez comme d'habitude la possibilité de laisser un commentaire, bien que cette tâche soit particulièrement difficile pour certains d'entre vous !
    Autres films du même réalisateur : AlienBlade RunnerThelma et Louise

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    jeudi, février 10, 2022

    THELMA & LOUISE (RIDLEY SCOTT)

    Il s'agit cette fois d'un autre film de Ridley Scott, daté de 1991, dont le scénario est dû à Callie Khouri, et failli ne jamais voir le jour, du fait de son engagement féministe, et de sa fin on ne peut plus noire. Finalement, il est bel et bien sorti, doté d'un budget de 16 millions de dollars, et nous raconte au travers de tous les Etats-Unis l'histoire de deux femmes amies de longue date, dont l'excursion va hélas se transformer assez vite en cauchemar...

    Comme le dit fort justement Wikipédia à ce propos, il s'agit d'un film assez étonnant, non seulement parce qu'il prend pour thème principal le parcours insensé du territoire par deux femmes de plus en plus angoissées, mais surtout parce qu'il remet en valeur plusieurs types de cinéma, qu'il s'agisse de buddy movies, de road movies, de films policiers et de westerns. Je vous conseille donc de bien consulter cette longue note, de la même façon que je m'en suis donné la peine au sujet de Blade Runner, autre œuvre monumentale de Ridley Scott...

    Nous pouvons maintenant commencer la vision de l'Opus, en nous demandant : mais qui sont ces deux femmes ? Dès le début, ceci nous est montré en commençant par - apparemment - la plus solide et organisée des deux, Louise Sawyer (Susan Sarandon), qui profite de son métier de serveuse et de son week-end pour inviter sa meilleure amie à une petite randonnée :

    Coup de téléphone qui charme bien sûr Thelma Dickinson (Geena Davis), bien que celle-ci soit à priori totalement l'opposée de Louise, puisqu'elle est au départ la femme au foyer frustrée et docile de Darryl, son mari :
    Louise vit de son côté seule, mais Thelma doit supporter son époux Darryl Dickinson (Christopher McDonald) à longueur de journée, ce qui ne rend pas la décision de partir aussi facile que prévue :
    Néanmoins, elles y arrivent tout de même, malgré déjà de grosses différences dans leurs façons d'organiser ce départ, et décident finalement de s'arrêter après un peu de route dans une boîte de nuit, où se pratique la danse... Apparemment, tout semble bien se passer, avec au départ un grand engouement de Thelma pour l'alcool, et surtout un homme, Harlan Puckett (Timothy Carhart) :
    Au départ, celui-ci est charmant et pacifique... Mais cela se dégrade très vite, et Thelma se trouve pris dans un viol absolument sordide, dont elle n'a pas les moyens de se tirer :
    Heureusement, elle n'est pas toute seule, et Louise se pointe bientôt avec une menace très claire :
    Qu'elle semble ne pas vouloir exécuter au début de la scène... Mais qui, avec les mots très crus et injurieux de Harlan Puckett, ne semble pas lui donner d'autres alternatives : 
    Résultat ? A court terme, c'était la seule chose à faire, personne n'en doute.... Mais à plus long terme, sachant que Louise, contrairement à Thelma, ne veut absolument pas prévenir la police, la seule solution restante est de transformer cette petite randonnée en balade bien plus vaste, la fuite vers le Mexique :
    Nous en sommes presque à la fin de la première phase du film, où tout s'est du reste pas mal transformé depuis ce qui était prévu au début... Nous reste seulement à découvrir Jimmy Lenox (Michael Madsen), non pas le mari, mais simplement le petit ami de Louise, qui a pour l'instant pour seule tâche celle consistant à avancer un peu d'argent à cette randonnée, bien plus longue que prévue :
    Et mine de rien, cela plait énormément à Louise :
    C'est d'ailleurs le meilleur moyen pour Ridley Scott d'opposer ce couple, qui malgré son inexistence officielle semble bien solide, à celui de Thelma et Darryl, où ce dernier - malgré leur véritable mariage - semble toujours sur le point de disjoncter :
    Avec ce fait relativement troublant, celui que Thelma lui dit seulement avec qui elle se trouve, puis lui raccroche tout simplement au nez :
    Ceci montre déjà à quel point elle est en train de changer progressivement, passant du statut de femme ennuyeuse et obéissante à celui de jeune fille, de plus en plus indépendante, et libre de faire ce qu'elle veut... Ce qu'elle va tenter d'accomplir avec un jeune homme, bien plus poli et courtois que le précédent Harlan Puckett, l'auto-stoppeur J.D :
    Dans un premier temps, Louise envoie bouler ce dernier, comme s'il s'agissait de quelqu'un d'ordinaire et de prévisible, sachant que Thema va se rallier à ses opinions... Mais il en va différemment lors d'une seconde rencontre, J.D se retrouvant donc comme le troisième passager de la voiture - et là, il faut tout de même rappeler que ce rôle fut confié à Brad Pitt, alors pour la première fois dans un vrai film, ce qui allait tout simplement lancer définitivement sa carrière :
    C'est d'ailleurs lui qui se pointe "comme par hasard" dans l'hôtel, sous une pluie battante, et prétexte son manque d'auto-stop pour provisoirement se réfugier auprès de Thelma :
    Et mine de rien, ils s'entretiennent tous les deux de leur passé lourd ou ennuyeux, jusqu'à ce que J.D finisse par lui révéler son activité actuelle, peu dangereuse et rapportant beaucoup d'argent :
    Cela n'a pas l'air très compliqué, n'est-ce pas ? Il suffit de se montrer poli, de bien préciser ses règles, et de partir aussi vite qu'on est arrivé :
    Je ne vous parlerai pas de la suite, qui est assez évidente... Mais toujours est-il que ceci satisfait grandement Thelma, qui ne s'est pas éclaté comme ça depuis une éternité, ceci se voit tout de suite avec l'air radieux de son visage :
    Sauf que cela va malheureusement dans un tout autre sens pour Louise, qui s'aperçoit que le fameux J.D en a profité pour tirer tout l'argent, et partir de la façon la plus incognito possible :
    Nous en sommes rendus de fait à la moitié du film, où l'inversion des deux mentalités va d'abord s'exercer d'une façon plutôt subtile :
    Avant d'éclater au grand jour, lorsque Thelma décide - inspirée par J.D - de cambrioler une petite épicerie, sans la plus petite gène ou le moindre complexe :
    Elles repartent avec ce qu'il faut pour vivre, et la pauvre Louise, totalement en rupture avec elle-même, s'avère pour l'heure incapable de comprendre comment cela a-t-il été possible :
    Et du reste, elle fait bien... Car les policiers, représentés par Hal Slocombe (Harvey Keitel) et dirigés par Max du FBI (Stephen Tobolowsky), sont à la recherche de ces deux femmes depuis que tout a commencé, jusqu'à ce qu'ils parviennent à intercepter toute une vue du cambriolage de Thelma :
    Pour l'instant, on ne les voit pas encore beaucoup... Mais l'on peut déjà déchiffrer sur le visage du mari de Thelma une totale incompréhension, qui ne va pas s'améliorer avec le temps :
    C'est le moment précis où le film devient, disons, marqué d'un certain humour - ce que réalise très bien Ridley Scott, en entrelaçant de plus en plus la fuite en avant de Thelma et Louise, avec des épisodes divertissants tel celui concernant le camionneur attiré par le sexe (Marco St. John) :
    On a pu penser, comme certains, que ces images sont la marque d'un caractère misandre... Mais je ne le crois pas du tout, et me doute fort bien que ce genre de plaisanterie - qui a l'air d'un hommage ironique - soit relativement répandu aux USA :
    Le résultat sur les deux jeunes filles est du reste assez évident, n'est-ce pas ?
    En tous cas, il est très important de distiller les deux courants, car plus l'humour des femmes s'envole, plus les policiers se rapprochent d'elles... Notamment avec cette arrestation de J.D, lequel est considéré comme un vaste pervers par Darryl (le mari de Thelma), malgré ce qu'il tente d'expliquer :
    En tous cas, c'est très loin de ce que pense l'enquêteur Hal Slocombe (Harvey Keitel), qui en quelques secondes lui met tout sur le dos, cherchant à protéger coûte que coûte les deux femmes de la volonté masculine... Il est du reste à noter que c'est la première fois de sa vie qu'Harvey Keitel exécute un rôle sympathique, toujours marqué dans le passé par le côté négatif des personnages (notamment dans Taxi Driver de Martin Scorsese) :
    Plus cela va dans ce sens, et plus l'humour intervient afin de rattraper la fuite éperdue des victimes... En commençant par cette scène totalement insolite, où un policier au profil en apparence très "nazi" (Jason Beghe) se retrouve, l'espace de quelques secondes, comme l'otage potentiel des deux femmes, et surtout de Thelma :
    Il n'empêche... Elles restent très courtoises jusqu'au bout, où elles le plongent dans le coffre de sa voiture, non sans lui avoir demandé en cadeau une paire de lunettes et une ceinture :
    La phase d'après est par contre nettement plus tendue, avec le retour une fois de plus du camionneur pornographique, lequel trouve l'immense bêtise de s'arrêter sur la route afin de se les faire toutes les deux, ce qu'il va avoir beaucoup de mal à effectuer - meilleure preuve avec ce plan directement tiré des films westerns :
    Pourtant, elles sont plutôt sympathiques, non ? Elles ne tirent pas tout de suite, et lui laisse même la possibilité de s'en sortir avec quelques paroles d'excuse :
    Mais rien à faire, il ne s'améliore pas... C'est la raison pour laquelle Thelma et Louise, plutôt que de tirer sur lui, visent directement la "grosse bête" de l'homme, le camion-citerne :
    Il s'agit de l'une des scènes les plus frappantes, surtout dans l'incompréhension qui oppose l'homme et la femme, apparemment incapables de se supporter... Mais ceci en revient à un point civilisé avec le cycliste noir (Noel Walcott), qui tombe comme par hasard sur le policier séquestré dans son propre coffre, et le délivre d'une façon très particulière - mais je vous laisse revoir le film pour bien apprécier ce dernier point humoristique :
    Car il s'agit hélas du dernier, et nous arrivons au final bien plus nerveux, avec pour commencer la chasse des deux femmes à l'aide de voitures très puissantes - bien que souvent recadrées à leur juste place :
    Il n'empêche... Max, l'agent du FBI, décide de leur envoyer aussi l'hélicoptère afin de les traquer jusqu'au bout :
    Ce qui va bien sûr se produire, mais pas du tout de la façon dont on s'y attendait... Et là encore, les principales décisions viennent de Thelma, même si Louise, faute de mieux, ne peut qu'approuver :
    Il ne reste plus qu'à Hal Slocombe, pratiquement le seul homme à avoir encore une vision positive de ces deux femmes, à se précipiter pour tenter de sauver celles-ci, que tout le monde prend désormais pour de graves criminelles :
    Mais bon, comme chacun (ou presque) le sait, il en va tout à fait différemment :
    En pure théorie, ce film devrait finir par une happy end bien classique... Mais comme cela est mis en place par la scénariste elle-même, Callie Khouri, cette scène - qui fut la toute première du scénario - met en place une fin tout à la fois tragique et mystique, ce qui tient beaucoup à la pure réaction des spectateurs :

    Vous ne l'avez jamais vue, et vous disposez d'une minute ? Je vous en prie, regardez cette fin sublime, quel que soit le point de vue où l'on se situe :

    Bon, de même que Thelma et Louise, j'en ai terminé avec ce film - d'une fin tellement particulière pour l'époque, que cela a failli rendre le tournage impossible, par la mauvais volonté des producteurs et leur opposition au féminisme alors naissant... Bien sûr, j'aurais énormément de chose à vous dire sur ce chef-d'œuvre visiblement apprécié dans le monde entier, mais comme je l'ai déjà dit précédemment, je préfère vous recommander l'énorme article de Wikipédia, et vous offre juste un tout petit résumé, faute de mieux :

    C'est pas mal, non ? Film prenant d'un bout à l'autre, très belle lumière, paysages hallucinants, bonne dose d'humour, et même l'une des premières musiques de Hans Zimmer, on peut difficilement offrir quelque chose d'autre, je crois... La seule chose qui me rend triste, c'est que plus de trente ans après, ce scénario reste hélas toujours d'actualité ; comme si l'homme était incapable de s'améliorer un tout petit peu, en l'espace de tant d'années stériles, et d'une vision de plus en plus mondiale de tous ces évènements. C'est triste, non, vous ne trouvez pas ? (16 décembre 2021)
    Tiens, ARTE vient de reprojeter hier soir ce grand film de Clint Eastwood, The Gaunlet, et qui montre curieusement le même genre de situations propre au film de Ridley Scott, alors qu'il date de 1977 ! Le projet est certes un peu différent, puisqu'il se fixe sur les rapports complexes entre un homme et une femme, mais hormis ce détail, les thèmes sont les mêmes, qu'il s'agisse des raisons de fuite (liée à un viol dans les deux cas), des caractères complètement opposés des deux êtres, qui finissent par s'inverser, puis par s'harmoniser, ou enfin du road movie délirant dans lequel cela finit par nous embarquer...
    A se demander si, quelque part, Callie Khouri - qui a écrit intégralement le scénario de Thelma & Louise - ne s'en est pas inspiré quelque peu ? En tous cas, pas pour la fin, vu que celle-ci est nettement plus optimiste chez Clint Eastwood, qui a l'art de bien finir les choses !
    Autres films du même réalisateur : AlienBlade RunnerBlack Rain

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