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  • vendredi, juin 24, 2022

    LOLA RENNT (TOM TYKWER)

    Ou bien, en français, Cours, Lola, cours, ce qui ressemble encore plus à un ordre intérieur... Il s'agit du troisième film de Tom Tykwer, tourné en 1998, un réalisateur que l'on ne connaît pas énormément dans notre pays, mais qui a pour ainsi dire tracé toutes les nouvelles bases du cinéma allemand de l'an 2000, et que l'on découvre depuis à travers le monde entier (par exemple avec Le Parfum) :

    Ce film est en grande partie porté par Franka Potente (la fameuse Lola), qui grâce à sa prestation aura bientôt place sur la scène internationale (notamment au sein de The Bourne Identity de Doug Liman), alors qu'elle n'est âgée que de  24 ans :
    Mais ce n'est pas à elle seule qu'on doit le succès de ce film, évidemment... Tout d'abord, il faut mentionner le fait que Tom Tykwer en a non seulement assumé la réalisation, mais également la musique et le scénario. Et surtout l'aspect de ce dernier, qui est fondé sur trois parties de la même durée parlant de la même chose, la volonté de Lola de rendre service à Manni (Moritz Bleibtrau), qui vient bêtement de se faire voler dans le métro 100000 deutschemarks qu'il venait d'acquérir avec succès, ceci étant annoncé au téléphone :
    Tout cet argent, il devait le remettre à un homme visiblement terrifiant, faute de quoi, il pouvait s'attendre à une mort certaine... Ce qui laisse à Manni une vision très simple des choses, attendre précisément midi, puis ensuite dévaliser un supermarché pour obtenir la même somme. Mais bien sûr, c'est pour Lola bien trop dangereux, et elle décide de courir à pied dans tout Berlin pour l'empêcher de faire cet acte ultime :
    Du coup, nous la voyons courir seule face au métro, croisant un véhicule de pompiers, un homme à vélo, des sœurs religieuses, sans jamais s'arrêter... Passant faire une très courte visite à son père, le banquier, mais sans aucune conséquence, avec au final l'arrivée de Lola face à Manni légèrement trop tard face à midi précise :
    Certes, elle n'est pas mal du tout, ainsi habillée, courant sans arrêt, et jouissant de cheveux rouges... Mais elle n'arrive pas à temps pour empêcher Manni d'entrer armé dans ledit supermarché, avec pour conséquence l'arrivée quasi immédiate de la police : 
    Que font ils ? Evidemment, ils tirent... Mais celle qu'ils abattent en premier, c'est malheureusement Lola elle-même, qui tombe à terre comme elle n'y avait jamais pensé.
    C'est là, précisément, que le film se montre très original : il reprend exactement le même point de départ, nous montrant pour la seconde fois Lola répondant au coup de fil angoissé de Manni, se décidant à aller de toute urgence l'aider, refaisant du coup exactement la même balade que du premier coup, avec les mêmes rencontres des pompiers, de l'homme à vélo, ou des sœurs religieuses en question :
    Exactement au même point de départ ? Sans aucun doute. mais c'est ensuite que tout se modifie, notamment lors de l'arrivée de Lola face à la banque où travaille son père, où elle n'hésite pas à rentrer :
    Là, sa vision des choses est totalement différente, déjà parce qu'elle découvre celle qui a pris la place de sa vraie mère (Nina Petri), puis décide de faire chanter son père (Herbert Knaup), afin qu'il lui offre 100000 deutschemarks en guise de cadeau :
    Il n'a pas l'ait très emballé, mais de toute façon, il n'a pas le choix :
    Pendant ce temps, Manni passe des coups de téléphone qui ont l'air de plus en plus angoissants :
    Puis Lola finit par arriver sur place, ne comprenant pas ce qui arrive :
    Car cette fois-ci, ce n'est pas elle, mais bien lui qui meurt, abattu par la police en plein milieu de la route :
    Que reste-t-il à faire, alors ? Bien sûr, une troisième balade, encore plus musclée ! Avec évidemment le même départ, la rencontre des mêmes personnes, mais une vision déjà bien différente de la ville :
    Sans même parler de la nouvelle version de Lola version dessin animé, qui est déjà passée sur les deux précédentes balades, mais pas du tout de la même façon :
    Cette troisième et dernière marche se place en fait davantage sous le verdict de l'amour pur et simple, qui transforme Lola et Manni en êtres de couleur unique, s'adressant l'un à l'autre sur des questions fondamentales. Ce sont des plans particulièrement bien réussis, qui nous montre les deux sous leur vrai jour, accompagnés d'un dialogue minimaliste et d'un éclairage unique :
    Attention, ce n'est pas tout... Certes, Lola voit toujours dans son crâne l'image de Manni, accompagnée de l'horloge implacable sur midi :
    Mais étant donné l'attitude de son père, qui n'a rien donnée lors de la première balade, et qui a tragiquement fait finir la seconde, Lola se détourne complètement de la banque, et rentre contre toute attente dans le casino, où elle joue un maximum sur le numéro 21. Et bien sûr, elle gagne, rejoue et gagne encore, récupérant la totalité de l'argent de Manni, et s'offrant même le luxe d'un cri sans précédent - magistralement bien filmé par Tom Tykwer :
    Cela gène beaucoup le casino, qui se hâte d'appeler la police... Sans compter que durant ce temps-là, Manni est "comme par hasard" tombé sur le clodo qui lui avait volé tout son argent dans le métro, et finit par lui faire rendre la totalité de la somme escomptée. Résultat ? Non seulement Lola et Manni disposent de 200000 deutschemarks totalement propres, mais en plus, la police entreprend une action relativement musclée devant l'édifice en question :
    Et comme d'habitude, elle se trompe, et au lieu d'arrêter Lola, elle l'aide à partir, lui apportant même tout le soutien qu'il faut :
    Avec pour résultat le regard vraiment amoureux de Lola et Manni, se retrouvant à la tête de tout son argent, ayant la vie sauve vis-à-vis de son propriétaire, et pouvant désormais se lancer dans une aventure bien plus stable :

    Alors bon, il s'agit d'un film de 81 minutes, soit, grosso modo, de trois séquences de 27 minutes. Mais c'est très original, déjà en grande partie du fait que Lola est le seul personnage réellement existant, mais surtout parce que cet Opus mélange à peu près toutes les possibilités connues de filmer, format 35mm, vidéo, animation, photos instantanées, écran en plusieurs parties, etc...

    Le scénario est en outre très bien écrit, et même si le film ne vous apparaît pas comme un chef-d'œuvre, il reste bien meilleur que bien des réalisations françaises de la même époque, et il a d'ailleurs remporté sans surprise le Prix du film allemand en 1999, non seulement pour meilleur film et meilleure actrice (Franka Potente), meilleur réalisateur, meilleur second rôle masculin (Herbert Knaup) et féminin (Nina Petri). Je l'ai revu récemment sur ARTE (ce qui explique ma moins bonne qualité des images, que j'ai dû récupérer via Internet), et cela m'a donné un grand plaisir !

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    10 Comments:

    Anonymous Anonyme said...

    Intéressant comme construction et comme traitement de la dernière partie!
    Merci pour cet article! Bises de Lausanne

    mardi, 05 juillet, 2022  
    Blogger Vincent said...

    N'est-ce pas, que c'est plutôt très bien, comme film ? Effectivement, la troisième partie est encore supérieure aux deux autres, et ça démontre une belle expérience de la construction - qui est assez proche de la musique, finalement ! Surtout allemande ou autrichienne, il faut bien le dire...

    mardi, 05 juillet, 2022  
    Anonymous Anonyme said...

    Oui j’ai cherché un genre d’analogie, mais en Musique, les formes tripartites comportent en général une deuxième partie contrastante… Pas évident de trouver une analogie sur le principe de ce film….Ou alors, dans des proportions plus petites, on pourrait chercher une phrase qui se termine par une cadence rompue, qui se reprend et aboutit à nouveau à une cadence rompue, puis est présentée une troisième fois et finit par une cadence parfaite.

    mardi, 05 juillet, 2022  
    Blogger Vincent said...

    Oui, je crois que ta comparaison est plutôt bonne, avec cette image de la phrase qui est présentée trois fois, seule la dernière finissant par une cadence parfaite... Mais dans l'image de la musique classique, je mettrais également ce phénomène en liaison avec les variations, qui sont également sous l'image de reprendre la même phrase sous différents aspects, dont au final seule la gagnante réussit ! Enfin bon, nous sommes musiciens tous les deux, alors il est assez normal que nous ayons des réponses à cette question...

    mardi, 05 juillet, 2022  
    Anonymous Anonyme said...

    Bon, j'ai cru l'avoir vu, mais non.
    Par contre j'ai vu " le parfum ".
    De Sofia ou il fait beau

    jeudi, 07 juillet, 2022  
    Blogger Vincent said...

    C'est très dommage, car c'est un film qui a beaucoup révolutionné le cinéma allemand ! Je regrette d'ailleurs de ne pas avoir vu LE PARFUM, qui est lui aussi très réputé... De Paris, où il fait aussi beau !

    jeudi, 07 juillet, 2022  
    Anonymous Jean-Paul Desverchère said...

    Du bon travail alerte et passionnant de bout en bout. "Cours Lola cours" évite avec brio le piège de la récurrence en fournissant dans chacun de ses plans une énergie faisant oublier que l'ensemble est sous la dominance d'une répétition. Une suite d'images pétaradantes sur la finalité non acceptée d'une odyssée minutée, trois fois renouvelée dans un paysage traversé au sprint. Un Trajet constitué des mêmes éléments croisés aux mêmes endroits dont les apparitions et les destinées sont à chaque fois réactualisés. Une pépite urbaine rarissime et intelligente menée à un train d'enfer. Cà c'est du cinéma. Bravo.

    vendredi, 15 juillet, 2022  
    Blogger Vincent said...

    Merci du "Bravo", qui je trouve est bien justifié ! C'est vrai qu'au bout d'un moment - surtout la troisième fois -, on ne pense plus du tout à la répétition, mais surtout aux points de divergence entre les différentes interventions... Je crois qu'un film de ce genre n'a pas été refait, du moins pas sous une forme connue !

    vendredi, 15 juillet, 2022  
    Anonymous Jean-Paul Desverchère said...

    Vincent, est-ce que chaque interlude intercalé entre chaque nouvelle aventure est sa récurrence réactualisée représente une réplique de l'entre deux mondes (le bardo) comme je le pense. Une sorte de bilan intermédiaire entre deux états, l’un étant achevé et l’autre n’étant pas encore apparu ?

    dimanche, 17 juillet, 2022  
    Blogger Vincent said...

    Je ne sais pas du tout... Mais je n'ai vu ce sublime film qu'une seule fois, ce qui peut peut-être expliquer cela !

    jeudi, 21 juillet, 2022  

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